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  • : In hoc signo vinces. Parousie by ROBLES Patrick
  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
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  • Patrick ROBLES
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)

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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 18:27
Cependant, au bout de quelque temps, accablé par la fatigue du travail et les austérités de ses jeûnes, il succomba, et, peu de temps après il mourut. L'abbé ordonna, par charité, qu'on lui rendît les derniers devoirs comme à un autre religieux ; mais, que pour donner plus d'horreur de ce vice, on l'enterrât loin du monastère, afin qu'on en perdît le souvenir. Mais, Dieu voulut faire connaître son innocence qu'elle avait tenue cachée si longtemps. Ayant reconnu que c'était une fille : « O mon Dieu, s'écrièrent-ils en se frappant la poitrine, comment cette sainte fille a-t-elle pu souffrir avec tant de patience, tant d'opprobres et d'afflictions, sans se plaindre, lui étant si facile de se justifier ? » Ils courent au père abbé, pous-sant de grands cris et répandant des larmes en abon-dance : « Venez, mon père, disent-ils, venez voir le frère Marin. » L'abbé, étonné de ces cris et de ces lar-mes, court vers cette pauvre fille innocente. Il fut saisi d'une si vive douleur, qu'il se mit à genoux, frappant la terre de son front et versant des torrents de larmes. Ils s'écrièrent tous ensemble, lui, et ses religieux éplorés : « O sainte et innocente fille, je vous conjure, par la miséricorde de Jésus-Christ, de me pardonner toutes les peines et les injustes reproches que je vous ai faits ! - Hélas ! s'écriait l'abbé, j'ai été dans l'ignorance, et vous avez eu assez de patience pour tout souffrir, et moi, trop peu de lumières pour reconnaître la sainteté de votre vie. » Ayant fait déposer le corps de cette sainte fille dans la chapelle du monastère, ils portèrent cette nouvelle au père de la fille qui avait accusé le frère Marin. Cette pauvre malheureuse, qui avait faussement accusé sainte Marine, était, depuis son péché, possédée du démon, et vint toute désespérée avouer son crime aux pieds de la sainte, lui en demandant pardon. Elle fut sur-le-champ délivrée par son intercession.
Voyez, M.F., combien la calomnie et la médisance font souffrir de pauvres innocents ! combien y a-t-il, même dans le monde, de pauvres personnes que l'on accuse faussement, et qu'au jugement nous reconnaîtrons innocentes. Cependant, ceux qui sont accusés de cette manière doivent reconnaître que c'est Dieu qui le permet, et que le meilleur moyen pour eux est de laisser entre les mains de Dieu leur innocence et ne point se tourmenter de ce que leur réputation peut en souffrir ; presque tous les saints ont fait cela. Voyez en-core saint François de Sales, qui fut accusé devant un rand nombre, d'avoir fait tuer un homme pour vivre avec sa femme. Le saint laissa tout entre les mains de Dieu, ne se finit point en peine de sa réputation. A ceux qui lui conseillaient de la défendre, il répondait qu'il laissait à celui qui avait permis que sa réputation fût flétrie, le soin de la rétablir dès qu'il le trouverait bon. Comme la calomnie est quelque chose de très sensible, Dieu permet que presque tous les saints aient été calom-niés. Je crois que le meilleur parti que nous ayons à prendre dans ces choses-là, c'est de ne rien dire, de bien demander au bon Dieu de souffrir tout cela pour l'amour de lui et de prier pour eux. D'ailleurs, Dieu ne permet cela que pour ceux sur lesquels il a de grandes vues de miséricorde. Si une personne est calomniée, c'est que Dieu a résolu de la faire parvenir à une haute perfection. Nous devons plaindre ceux qui noircissent notre répu-tation et nous réjouir par rapport à nous ; parce que ce sont des biens que nous ramassons pour le ciel. Reve-nons à notre matière, parce que notre principal but est de faire connaître le mal que le médisant se fait à lui--même.
Je vous dirai que la médisance est un péché mortel, lorsque c'est quelque chose de grave, puisque saint Paul met ce péché au nombre de ceux qui excluent du royaume des cieux . Le Saint-Esprit nous dit que le médisant est maudit de Dieu, qu'il est en abomination à Dieu et aux hommes . Il est vrai que la médisance est plus ou moins grande, selon la qualité, la proximité et la dignité des personnes de qui on parle. C'est, par conséquent, un plus grand péché de faire connaître les défauts et les vices de ses supérieurs, comme de son père et de sa mère, de sa femme, de son mari, de ses frères et sœurs et de ses parents, que ceux des étran-gers, parce que l'on doit avoir plus de charité pour eux que pour les autres. Parler mal des personnes consa-crées et des ministres de l'Église, c'est encore un plus grand péché, à cause des suites qui sont si funestes pour la religion et à cause de l'outrage que l'on fait à leur caractère. Écoutez, voici ce que le Saint-Esprit nous dit par la bouche de son prophète : « Médire de ses ministres, c'est toucher à la prunelle de son œil ; » c'est-à-dire, que rien ne peut l'outrager d'une manière si sensible, et par conséquent, crime toujours si grand que jamais vous ne pourrez le comprendre... Jésus-Christ nous dit aussi : « Celui qui vous méprise, me méprise . » Aussi, M.F., quand vous êtes avec des personnes d'une autre paroisse, qui sont toujours après parler mal de leur pasteur, il ne faut jamais y prendre part ; vous retirer, si vous le pouvez, ou bien, si vous ne le pouvez pas, ne rien dire.
D'après cela, M.F., vous conviendrez avec moi que pour faire une bonne confession il ne suffit pas de dire que l'on a médit du prochain ; il faut encore dire si c'est par légèreté, par haine, par vengeance, si nous avons cherché à nuire à sa réputation ; dire de quelles per-sonnes nous avons parlé : si c'est d'un supérieur, d'un égal, d'un père et d'une mère, de nos parents, des personnes consacrées à Dieu ; devant combien de per-sonnes : tout cela est nécessaire pour faire une bonne confession. Beaucoup de personnes se trompent sur ce dernier acte ; l'on s'accusera bien d'avoir médit du pro-chain, mais on ne dit ni de qui, ni quelle était l'in-tention en disant du mal de ces personnes, ce qui est cause de bien des confessions sacrilèges. D'autres, si on leur demande si ces médisances ont porté perte au prochain, vous répondront que non. - Mon ami, vous vous trompez ; toutes les fois que vous avez dit une chose qui n'était pas connue de la personne à qui vous parlez, cela porte perte au prochain, parce que vous avez toujours diminué dans l'esprit de cette personne la bonne estime qu'elle pouvait avoir de lui. De là, nous pouvons facilement conclure que presque jamais l'on ne médit sans nuire ou affaiblir, en quelque manière, la réputation du prochain. - Mais, me direz-vous, quand c'est public, il n'y a point de mal. - Mon ami, quand c'est public, c'est comme si une personne avait tout le corps couvert de lèpre, sinon un petit endroit, et que vous disiez, parce que ce corps est presque tout couvert de lèpre, il faut achever de l'en couvrir. C'est la même chose. Si la chose est publique, vous devez au contraire avoir de la compassion de ce pauvre malheureux, cacher, et diminuer sa faute autant que vous pouvez. Voyez s'il est juste, envoyant une personne malade sur le bord d'un précipice, de profiter de sa faiblesse et de ce qu'elle est prête à tomber, pour l'y pousser ? Eh bien ! voilà ce que l'on fait quand on renouvelle ce qui est déjà public. - Mais, me direz-vous, lorsqu'on le dit à un ami, avec promesse de ne le dire à personne ? - Vous vous trom-pez encore ; comment voulez-vous que les autres ne le disent pas, puisque vous ne pouvez pas vous empêcher de le dire ? C'est comme si vous disiez à quelqu'un : « Tenez, mon ami, je vais vous dire quelque chose, je vous prie d'être plus sage et plus discret que moi ; ayez plus de charité que moi ; ne faites pas, ne dites pas ce que je vous dis. » Je crois que le meilleur moyen, c'est de ne rien dire ; quoi que l'on fasse, que l'on dise, ne vous mêlez de rien, sinon de travailler à gagner le ciel. Jamais l'on n'est fâché de ne rien avoir dit, et presque toujours l'on se repent d'avoir trop parlé. L'Esprit--Saint nous dit que « tel qui parle tant, ne parle pas tou-jours bien . »

II. - Voyons maintenant quelles sont les causes et les suites de la médisance. Il y a plusieurs motifs qui nous portent à médire du prochain. Les uns médisent par envie, c'est ce qui arrive, surtout parmi les gens du même état, pour s'attirer les pratiques ; ils diront du mal des autres : que leurs marchandises ne valent rien ; ou qu'ils trompent, qu'il n'y a rien chez eux et qu'il leur serait impossible de donner la marchandise à ce prix ; que plusieurs personnes s'en sont plaintes... qu'ils verront bien qu'elle ne leur fera pas bon usage... ou bien : que le poids n'y est pas ni la mesure. Un jour-nalier dira qu'un autre n'est pas bon ouvrier ; que voilà combien de maisons où il va, et qu'on n'en est pas trop content ; il ne travaille pas, il s'amuse ; ou bien : il ne sait pas travailler. « Ce que je vous dis, il n'en faut rien dire, ajoutent-ils, parce que cela lui porterait perte. » « Il faut », lui dites-vous ; il valait bien mieux vous -même ne rien dire, cela aurait été bien plus tôt, fait.
Un habitant verra que le bien de son voisin prospère mieux que le sien : cela le fâche, il en dira du mal. D'autres parlent mal de leurs voisins par vengeance si vous avez dit ou fait quelque chose à quelqu'un, même par devoir ou charité, ils chercheront à vous décrier, à inventer mille choses contre vous, afin de se venger. Si l'on dit du bien, cela les fâche, ils vous diront : « Il est bien comme les autres, il a bien ses défauts ; il a fait cela, il a dit cela ; vous ne le connaissez pas ? c'est que vous n'avez jamais eu à faire avec lui. » Plusieurs médisent par orgueil, ils croient se relever en rabaissant les autres, en disant du mal des autres ; ils feront valoir leurs prétendues bonnes qualités ; tout ce qu'ils diront et feront sera bien, et tout ce que les autres feront ou diront sera mal. Mais, la plupart médi-sent par légèreté, par une certaine démangeaison de parler, sans examiner si c'est vrai ou non ; il faut qu'ils parlent. Quoique ceux-là soient moins coupables que les autres, c'est-à-dire que ceux qui médisent par haine, par envie ou vengeance, ils ne sont pas sans péché ; quelque motif qui les fasse agir, ils ne flétrissent pas moins la réputation du prochain.
Je crois que le péché de médisance renferme presque tout ce qu'il y a de plus mauvais. Oui, M.F., ce péché renferme le poison de tous les vices, la petitesse de la vanité, le venin de la jalousie, l'aigreur de la colère, le fiel de la haine et la légèreté si indigne d'un chrétien ; c'est ce qui fait dire à saint Jacques, apôtre, « que la langue du médisant est pleine d'un venin mortel, qu'elle est un monde d'iniquité . » Si nous voulons nous donner la peine d'examiner, rien de si clair à concevoir. N'est-ce pas, en effet, la médisance qui sème presque partout la discorde, la division, qui brouille les amis, qui empêche les ennemis de se réconcilier, qui trouble la paix des ménages, qui aigrit le frère contre le frère, le mari contre la femme, la belle-fille contre sa belle--mère, le gendre contre son beau-père. Combien de ménages bien d'accord, qu'une seule mauvaise langue a mis sens dessus dessous, qui ne peuvent ni se voir, ni se parler. Qui en est la cause ? La seule mauvaise langue du voisin ou de la voisine...
Oui, M.F., la langue d'un médisant empoisonne toutes les bonnes actions et met à jour toutes les mau-vaises. C'est elle qui, tant de fois, répand sur toute une famille des taches, qui passent des pères aux en-fants, d'une génération à une autre, et qui, peut-être, ne s'effaceront jamais ? La langue médisante va même fouiller jusque dans le tombeau des morts, elle remue les cendres de ces pauvres malheureux, en faisant revi-vre, c'est-à-dire en renouvelant leurs défauts qui étaient ensevelis avec eux dans le tombeau. Quelle noirceur ! M.F., de quelle indignation ne seriez-vous pas pénétrés, si vous voyiez un malheureux acharné contre un ca-davre, le déchirer en mille pièces ? Cela vous ferait gé-mir de compassion. Eh bien ! le crime est encore bien plus grand d'aller renouveler les fautes d'un pauvre mort. Combien de personnes, qui ont cette habitude en parlant de quelqu'un qui sera mort : « Ah ! il en a bien fait en son temps, c'était un ivrogne accompli, un adroit fini, enfin, c'était un mauvais vivant. » Hélas ! mon ami, peut-être que vous vous trompez, et quand cela serait tel que vous le dites, peut-être qu'il est mainte-nant dans le ciel, le bon Dieu l'a pardonné. Mais où est votre charité ? Ne faites-vous pas attention que vous flétrissez la réputation de ses enfants, s'il en a, ou de ses parents ? seriez-vous content que l'on parlât de la sorte de vos parents ?
Avec la charité, nous n'aurions rien à dire de per-sonne, c'est-à-dire nous ne nous mettrions en peine d'examiner que notre conduite et non celle des autres. Mais, si vous mettez la charité de côté, vous ne trouverez pas un homme sur la terre en qui vous n'aperceviez quelque défaut ; de sorte que la langue du médisant trouve toujours de quoi dire. Non, M.F., nous ne con-naîtrons qu'au grand jour des vengeances, le mal que la langue d'un médisant a fait. Voyez, la seule calomnie qu'Aman fit contre les Juifs, parce que Mardochée n'a-vait pas voulu plier le genou devant lui, avait déterminé le roi à faire mourir tous les Juifs . Si la calomnie n'avait pas été découverte, la nation juive allait être définie : c'était le dessein du général. O mon Dieu ! que de sang répandu pour une seule calomnie ! Mais Dieu, qui n'abandonne jamais l'innocent, permit que ce mal-heureux périt par le même supplice dont il voulait faire périr les Juifs .
Mais, sans aller si loin, combien de mal ne fait pas une personne qui dira à son enfant du mal de son père ou de sa mère ou de ses maîtres. Vous lui en avez donné mauvaise opinion, il les regardera avec mépris ; s'il ne craignait pas d'être puni, il les outragerait. Les pères et mères, maîtres ou maîtresses les maudiront, leur jureront après, les traiteront durement ; qui sera la cause de tout cela ? votre mauvaise langue. Vous avez parlé mal des ministres de l'Église, et peut-être même de votre pasteur ; vous avez affaibli la foi en ceux qui vous écou-taient, ils ont abandonné les sacrements, ils vivent sans religion ; et qui en est la cause ? votre mauvaise langue. Vous êtes cause que ce marchand et cet ouvrier n'ont plus les mêmes pratiques, parce que vous les avez décriés. Cette femme, qui faisait bien bon ménage avec son mari, vous l'avez calomniée auprès de lui ; main-tenant, il ne peut plus la souffrir, de sorte que, depuis vos rapports, ce n'est plus que haine et malédiction.

III. - Si les suites de la médisance, M.F., sont si terribles, la difficulté de la réparer n'en est pas moins grande. Lorsque la médisance est considérable, M.F., il ne suffit pas de s'en confesser ; je ne veux pas dire qu'il ne faut pas s'en confesser ; non, M.F., si vous ne confessez pas vos médisances, vous serez damnés, malgré toutes les pénitences que vous pourrez faire ; mais je veux dire qu'en les confessant, il faut absolu-ment, si l'on peut, réparer la perte que la calomnie a causée à votre prochain, et comme le voleur qui ne rend pas le bien qu'il a volé ne verra jamais le ciel, de même, celui qui aura ôté la réputation à son prochain ne verra jamais le ciel, s'il ne fait pas tout ce qui dépendra de lui pour réparer la réputation de son voisin.
Mais, me direz-vous, comment faut-il donc faire pour réparer la réputation de son prochain ? - Le voici. Si ce que l'on a dit contre lui est faux, il faut absolument aller trouver toutes les personnes à qui on a parlé mal de cette personne, en disant que tout ce que l'on a dit était faux, que c'était par haine, par vengeance ou par légè-reté ; quand même nous devrions nous faire passer pour un menteur, un fourbe, un imposteur, nous devons le faire. Si ce que nous avons dit est vrai, nous ne pouvons pas nous dédire, parce qu'il n'est jamais permis de mentir ; mais l'on doit dire tout le bien que l'on connaît de cette personne, afin d'effacer le mal que l'on en a dit. Si cette médisance, cette calomnie lui ont causé quelque tort, l'on est obligé de le réparer autant qu'on le peut. Jugez d'après cela, M.F., combien il est difficile de réparer les suites de la médisance. Voyez, M.F., combien il est sensible d'aller publier que l'on est un men-teur ; cependant, si ce que nous avons dit est faux, il faut le faire, ou jamais de ciel ! Hélas ! M.F., que ce défaut de réparation va damner du monde ! Le monde est rempli de médisants et de calomniateurs, et il n'y en a presque point qui réparent, et, par conséquent, presque point qui seront sauvés. II n'y a pas de milieu, M.F., ou la réparation, si nous le pouvons, ou la dam-nation. C'est comme le bien que nous aurions pris ; nous serons damnés, si nous pouvons le rendre et que nous ne le rendions pas. Eh bien ! M.F., sentez-vous à présent le mal que vous faites par votre langue et la difficulté qu'il y a de le réparer ?
Il faut cependant comprendre que tout n'est pas médi-sance, lorsqu'on fait connaître les défauts d'un enfant à ses parents, d'un domestique à son maître, pourvu que ce soit dans la pensée qu'ils s'en corrigeront, qu'on n'en parle qu'à ceux qui peuvent y remédier et toujours guidé par les liens de la charité.
Je finis en disant que, non seulement, il est mal fait de médire et de calomnier, mais encore d'écouter la médisance et la calomnie avec plaisir ; car si personne n'écoutait, il n'y aurait pas de médisants. Par là, on se rend complice de tout le mal que fait le médisant. Saint Bernard nous dit qu'il est très difficile de savoir qui est le plus coupable de celui qui médit ou de celui qui écoute ; l'un a le démon sur la langue et l'autre dans les oreilles. - Mais, me direz-vous, que faut-il faire lors-qu'on se trouve dans une compagnie qui médit ? - Le voici. Si c'est un inférieur, c'est-à-dire, une personne qui soit au-dessous de vous, vous devez lui imposer silence de suite, en lui faisant voir le mal qu'elle fait. Si c'est une personne de votre rang, vous devez adroitement détourner la conversation en parlant d'autre chose, ou ne faisant pas semblant d'entendre ce qu'elle dit. Si c'est un supérieur, c'est-à-dire une personne qui est au-dessus de vous, il ne faut pas la reprendre ; mais faire paraître un air sérieux et triste, qui lui montre qu'il vous fait de la peine, et, si vous pouvez vous en aller, il faut le faire.
Que devons-nous conclure de tout cela, M.F. ? Le voici. C'est de ne pas prendre l'habitude de parler de la conduite des autres, de penser qu'il y aurait bien à dire sur notre compte si l'on nous connaissait tel que nous sommes, et de fuir les compagnies du monde autant que nous pouvons, de dire souvent comme saint Augus-tin : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de me connaître tel que je suis. » Heureux ! mille fois heureux, celui qui ne se servira de sa langue que pour demander à Dieu le pardon de ses péchés et chanter ses louanges ! C'est ce que je .....
11ème dimanche après la Pentecôte
Sur les péchés cachés en confession

Adducunt et surdum et mutum.
Voici que l'on présenta à Jésus-Christ un homme qui était sourd et muet.
(S. Marc, VII, 32.)

Ce sourd et muet, M.F., que l'on présenta à Jésus-Christ pour être guéri, est la triste peinture d'un grand nombre de chrétiens, lorsqu'ils se présentent au tribu-nal de la pénitence. Les uns sont sourds à la voix de leur conscience, qui les presse de déclarer leurs péchés ; les autres sont muets, quand il faut les accuser ils se taisent, et par là, profanent les sacrements. O mon Dieu ! quel malheur ! Oui, M.F., cacher un péché mortel par honte ou par crainte, ou l'accuser de manière à ne pas le faire connaître tel que la conscience le reproche, c'est mentir à Jésus-Christ lui-même, c'est changer en poison mortel le remède sacré que la misé-ricorde de Dieu nous offre pour guérir les plaies que le péché a faites à notre pauvre âme. Ah ! que dis-je ? c'est nous rendre coupables du plus grand de tous les crimes, qui est le sacrilège. Ah ! plût à Dieu que ce crime fût aussi rare parmi les chrétiens que les mons-tres ! Ah ! plaise à Dieu que tout ce que je vais dire n'attaque personne de ceux qui sont ici ! Mais, hélas ! M.F., disons-le en pleurant amèrement, il est plus commun qu'on ne le pense ! O mon Dieu ! que le grand jour du jugement va faire trouver de confessions sacri-lèges ! O mon Dieu ! que de péchés qui n'ont jamais été connus, et qui vont paraître en ce moment ! O mon Dieu, un chrétien peut-il bien se rendre coupable d'un tel outrage envers son Dieu et son Sauveur !... Pour vous en donner autant d'horreur qu'il me sera possible, M.F., je vais dépeindre à vos yeux combien, en le commettant, un chrétien est barbare et cruel envers Jésus-Christ son Rédempteur, et combien il faut que la miséricorde de Dieu soit grande pour souffrir sur la terre un tel monstre, après un attentat aussi affreux.

I. - Oui, M.F., vous parler de la confession, c'est vous parler de tout ce qu'il y a de plus précieux dans notre sainte religion, si nous en exceptons la mort de Jésus-Christ et le sacrement de Baptême. Allez, M.F., allez interroger tous les damnés qui brûlent dans les enfers ; tous vous répondront qu'ils ne sont réprouvés que parce qu'ils n'ont pas eu recours à ce sacrement, ou parce qu'ils l'ont profané. Montez dans le ciel, demandez à tous les bienheureux assis sur ces trônes de gloire, ce qui les a conduits dans ce lieu si heureux ; presque tous vous diront que la confession a été le seul remède dont ils se sont servis pour sortir du péché et se réconcilier avec le bon Dieu. O belle religion, si l'on te méprise, c'est bien parce que l'on ne te connaît pas ! O consolante religion, que vous nous fournissez des moyens efficaces et faciles, pour revenir à Dieu quand nous avons eu le malheur de nous en éloigner par le péché ! - Mais, me direz-vous, qu'est-ce donc qui peut rendre nos confessions mauvaises ? - Mon ami, bien des choses sont cause de ce malheur. C'est 1° lorsque nous ne donnons pas assez de temps à nous examiner ; 2° lorsque nous ne déclarons pas nos péchés tels que nous les connaissons ; 3° lorsque nous n'avons pas assez de contrition pour recevoir l'absolution ; 4° lorsque en recevant l'absolution, nous ne sommes pas dans la réso-lution d'accomplir la pénitence que le prêtre nous donne ; et 5° quand nous ne voulons pas faire les resti-tutions que nous pouvons et devons faire, que le prêtre nous commande. Je vous assure, M.F., que la seule pensée d'entrer dans ce détail, me fait trembler ; je suis comme sûr que si la foi n'est pas éteinte en vous, et que si vous désirez véritablement votre salut, il y en aura bien peu parmi vous qui ne soient inquiets sur leurs confessions passées.
Allons, M.F., demandons à ces pauvres consciences, qui, depuis tant d'années, sont déchirées par les remords ; prenons d'une main ce flambeau des grands jours de vengeance, et de l'autre cette balance qui pèsera toutes les actions des hommes, et nous verrons ce que nous n'avons jamais vu, ou, du moins, ce que nous n'avons jamais voulu voir ; et nous entendrons les cris de cette conscience que vous avez tâché d'étouffer jusqu'à présent. Lâchez, M.F., la bride à tous vos remords, trop heureux, si vous n'avez pas encore perdu le don précieux de la foi, si le désespoir ne vous gagne pas en considérant l'abîme où vous vous êtes précipités. Entendez-vous cette pauvre âme, qui vous crie d'avoir pitié d'elle, car si la mort vous frappait dans cet état, elle serait damnée : « Ah ! de grâce, ayez pitié de moi, arrachez-moi de cet abîme où vous m'avez jetée ! Faut-il que je sois séparée pour jamais de mon Dieu, qui devait faire tout mon bonheur ? O mon Dieu ! ne vous voir jamais, quel malheur épouvantable ! » Mais non, M.F., venons-en à la preuve, et nous connaîtrons encore mieux si nous sommes du nombre de ces malheureux dont nous allons vous parler aujourd'hui.
Je dis donc 1°, M.F., que si nous ne prenons pas assez de temps pour nous examiner, nos confessions ne valent rien, pour ne pas dire qu'elles sont sacrilèges. Il est vrai qu'il n'est guère possible de déterminer le temps que nous devons employer pour notre examen. Celui qui est resté longtemps sans se confesser doit rester plus longtemps que celui qui se confesse souvent. D'après cela, nous devons y donner du temps selon l'état dans lequel nous sommes engagés, et selon le temps que nous ne nous sommes pas confessés. Don-nons-y le temps et les soins que nous donnerions à une affaire dont nous aurions bien à cœur la réussite.
L'examen est donc la première chose que nous devons faire pour espérer une bonne confession. On doit le commencer par la prière, en implorant de tout son cœur les lumières du Saint-Esprit et la protection de la sainte Vierge. Il faut faire quelque bonne action, comme d'entendre la sainte Messe ; et, si nous pou-vons, faire pour cela quelques petites privations dans nos repas, dans notre sommeil ; offrir nos peines de la journée au bon Dieu pour commencer à fléchir sa jus-tice. Ensuite il faut se retirer dans un coin, si l'on peut, ou du moins, à son réveil, ou pendant que l'on est en chemin, à mesure que le bon Dieu vous fait connaître vos péchés, lui en témoigner votre douleur. Il ne faut pas vous contenter de voir vos péchés une fois, mais plusieurs, et au point que vous les graviez dans votre mémoire, de manière à ne pas les perdre de vue, pour le moment où vous aurez le bonheur de vous en con-fesser ; car vous savez aussi bien que moi que si vous laissez quelques péchés mortels, faute de vous être examinés, quand même vous les auriez dits, si vous les aviez connus, cela n'empêcherait pas que votre confes-sion ne soit un sacrilège.
Si, avant de communier, vous vous rappelez de quel-ques péchés mortels, il faut bien prendre garde : si vous les avez laissés par votre faute, ou parce que vous n'avez pas assez donné de temps à votre examen, il faut, si vous le pouvez, vous réconcilier, et, si vous ne le pouvez, il faut encore examiner devant le bon Dieu si, en vous confessant de ce péché, le prêtre vous a donné la permission de communier Si vous êtes dans le doute, il vaut mieux laisser votre communion pour une autre fois. Hélas ! M.F., si nous prenions autant de précautions pour le salut de notre âme que nous en pre-nons pour bien faire nos affaires temporelles, toutes nos confessions seraient très bonnes et nous assureraient notre pardon ! Hélas ! que de confessions faites presque sans examen, sans préparation ! D'après cela, peut-on bien vivre tranquille dans un état si malheureux ?
Nous avons dit, en second lieu, qu'après avoir bien examiné notre conscience, il faut accuser nos péchés autant bien que nous le pouvons, si nous voulons en obtenir le pardon. Si je parlais à des impies ou à des incrédules, je commencerais à leur prouver toute la cer-titude de cette nécessité d'accuser ses péchés, mais, non, M.F., à vous cela serait inutile. Personne ne doute d'une grâce si précieuse, qui fait tout le bonheur d'un chrétien ici-bas ; car, après le péché, c'est sa seule et unique espérance pour obtenir le ciel. Je dis donc, M.F., que cette seconde condition est absolument né-cessaire pour que notre confession soit bonne. C'est l'accusation qui coûte le plus aux pécheurs orgueilleux ; c'est elle aussi qui fait le plus de confessions sacrilèges. Vous allez voir combien ces mauvais chrétiens prennent de détours pour paraître moins coupables : nous sommes plus occupés de la manière dont nous accuserons nos péchés pour éprouver moins de confusion, que de la manière de les dire tels que le bon Dieu les connaît. Combien de fois avons-nous senti notre conscience qui nous faisait connaître que nous ne les disions pas comme il faut, et nous nous tranquillisions en pensant que c'était bien la même chose. Combien de fois avons -nous été fâchés de si bien connaître nos péchés, et même d'en tant connaître, parce que nous nous trou-vions trop coupables ; au lieu de remercier le bon Dieu de tout notre cœur, de cette grande grâce. Combien de fois n'avons-nous pas choisi le moment où le prêtre a moins de temps, pour qu'il n'ait pas celui de nous faire aucune interrogation ? Combien de fois n'avons-nous pas dit nos péchés avec précipitation, sans laisser au prêtre le temps de nous faire dire les circonstances notables, qu'il est absolument nécessaire de découvrir pour faire une bonne confession.
Je ne parlerai pas, M.F., de ceux qui prient le bon Dieu de trouver des confesseurs qui ne les forcent pas à quitter leurs mauvaises habitudes. II ne veulent pas cependant y mourir ; mais ils ne sont pas résolus de les quitter pour le moment. Hélas ! ce sont de pauvres aveugles, qui courent en enfer à pas de géant et peut--être sans y penser. Mais combien en est-il qui, par ignorance ou par crainte, ne veulent pas seulement prendre la peine de s'examiner ni de distinguer les circonstances qui rendent le péché plus grave, ou qui le changent d'espèce. Je n'entrerai pas dans un grand détail, parce que, l'année passée, je vous ai assez expli-qué tout cela. Vous vous accusez bien d'avoir travaillé le dimanche ; mais vous ne dites pas pendant combien d'heures, ni combien de personnes vous avez fait tra-vailler, ni si c'est pendant les saints offices ; combien de personnes vous ont vues, ce qui les a scandalisées. Vous vous accusez bien d'avoir mangé de la viande les jours défendus ; mais vous ne dites pas combien de personnes en ont mangé à cause de vous, et combien vous ont vu, ce qui les a scandalisées, et, peut-être, les a portées à faire de même ; vous ne dites pas si vous avez sollicité vos enfants ou vos domestiques. Vous vous accusez bien d'avoir mangé de la viande ; mais vous ne dites pas si c'est par impiété, en vous raillant des commandements de l'Église ; vous dites bien que vous avez fait gras sans y penser ; mais vous ne dites pas que c'est votre gourmandise qui en a été la cause. Vous vous accusez bien d'avoir manqué à vos prières : votre Benedicite, vos grâces, vos Angelus, le signe de la croix passant devant une croix ou une église ; mais vous ne dites pas que c'est par respect humain, ce qui augmente considérablement votre péché. Vous vous accusez bien d'avoir eu des distractions dans vos prières ; mais vous ne dites pas que c'est pendant la sainte Messe et pen-dant vos pénitences, ce qui est souvent un péché mortel, et ce qui ne l'est pas dans les autres prières du jour. Vous dites bien que vous avez chanté de mauvaises chansons ; mais vous ne dites pas combien elles avaient de mauvaises raisons, et combien il y avait de personnes qui les ont entendues ; vous ne dites pas si vous les avez apprises à d'autres, si vous avez prié d'autres personnes de vous en apprendre. Vous vous accusez bien d'avoir dit du mal de votre prochain ; mais vous ne dites pas si c'est de votre père, de votre mère, ou des personnes consacrées à Dieu, ce qui rend votre péché plus considé-rable ; vous ne dites pas même que vous avez mal parlé de votre prochain par haine, par vengeance ou par jalousie, et que vous avez cherché les personnes qui lui voulaient du mal, afin d'en parler mieux à votre aise.
Mon Dieu, que de choses auxquelles l'on ne pense pas ! mon Dieu, que de confessions sacrilèges !
Mais voilà, M.F., une ruse dont le démon se sert pour en tromper et en perdre un grand nombre. Une personne aura caché un péché, il y a deux, ou trois ou dix ans, si vous voulez : étant trop tourmentée, elle s'en accuse comme si elle l'avait commis depuis sa der-nière confession, et après, pour cela, elle se croit tran-quille, bien qu'elle n'ait pas dit combien de confessions et de communions elle a faites, ni accusé de nouveau tous les péchés qu'elle a commis et confessés depuis ce temps-là. Mon Dieu, quel aveuglement ! Bien loin d'ef-facer son péché, elle ne fait qu'ajouter un nouveau sacrilège aux anciens. Ah ! qui pourrait, M.F., vous raconter le nombre d'âmes que le démon traîne en enfer de cette manière ? D'autres, qui auront commis quelques gros péchés, n'osant pas les accuser, demanderont à faire une confession générale ; afin d'envelopper ce péché avec les autres, comme l'ayant commis depuis longtemps. Vous vous trompez, votre confession ne vaut rien. Il faut accuser en particulier tous les péchés que vous avez commis depuis que vous avez reçu l'absolu-tion, si vous voulez que votre confession soit bonne.
Voici un autre piège que le démon nous tend. Quand il voit que les péchés que nous avons cachés nous tour-mentent trop, il tâche de nous calmer en nous disant que nous les confesserons la première fois que nous y retournerons, toujours dans l'espérance que, d'ici-là, nous serons morts ou que le bon Dieu nous aura aban-donnés. Oui, M.F., le sacrilège est un crime qui nous éloigne tellement de Dieu, qui éteint si vite la foi en nous, que, souvent, malgré tous les moyens que nous avons de sortir de cet état, nous ne le faisons pas, et cela, par un juste châtiment de Dieu, que nos sacrilèges nous ont attiré ; en voici un exemple effrayant. Le Père Lejeune rapporte un trait, qu'il nous dit tenir de la bouche de celui qui en a été témoin. Il nous dit qu'il y avait près de la ville de Bruxelles, une pauvre qui, aux yeux du monde, remplissait parfaitement bien ses devoirs de religion. Les gens la considéraient comme une sainte ; mais la pauvre malheureuse cachait toujours un péché honteux qu'elle avait commis dans sa jeunesse. Etant tombée malade de la maladie dont elle mourut, s'était comme évanouie un moment, et ayant repris la connaissance, elle appelle sa sœur qui la servait, en lui disant : « Ma sœur, je suis damnée. » Cette pauvre fille s'approcha de son lit et lui dit : « Ma sœur, vous rêvez réveillez-vous et recommandez-vous au bon Dieu. » - « Je ne rêve point, lui dit-elle, je sais bien ce que je dis ; je viens de voir la place qui m'est préparée en enfer. » Sa sœur court promptement chercher monsieur le curé. Celui-ci n'y étant pas, son frère, qui était son vicaire, vint vite à sa place pour voir cette pauvre malade ; et c'est de lui, nous dit le Père Lejeune, que je l'ai appris sur les lieux, faisant une mission. En nous accompa-gnant, il nous fit voir la maison ou était cette pauvre femme ; il nous fit tous pleurer en nous racontant ce trait. Il nous dit qu'étant entré dans la maison, il s'ap-procha de cette malade : « Eh bien ! ma bonne, qu'avez--vous donc vu qui vous a paru si effrayant ? » - « Mon-sieur, lui répondit-elle, je suis damnée ; je viens de voir la place qui m'est préparée en enfer, parce que, autre-fois, j'avais commis un tel péché. » Elle l'avoua devant tout le monde qui était dans la chambre. « Eh ! ma bonne, dites-le-moi en confession, et je vous en absou-drai. » - « Monsieur, lui dit-elle, je suis damnée. » - « Mais, lui dit le prêtre, vous êtes encore en vie et dans la voie du salut ; si vous voulez, je vous donnerai un billet signé de mon sang par lequel je m'obligerai, âme pour âme, à être damné pour vous dans le cas où vous le seriez, si vous voulez demander pardon à Dieu et vous confesser. » - « Je sais bien, lui dit-elle, que si je veux demander pardon de tout mon cœur au bon Dieu, il me pardonnera ; je sais que je puis réparer tous mes sacri-lèges ; mais je ne veux pas lui demander pardon, parce qu'il y a trop longtemps que j'abuse de ses grâces et que je le crucifie par mes sacrilèges. » Le prêtre resta trois jours et trois nuits à pleurer auprès de cette malade, sans pouvoir seulement lui faire faire un acte de contrition ni l'amener à se confesser ; au contraire, un moment avant de mourir, elle renia le bon Dieu, elle renonça à son baptême et se donna au démon. O mon Dieu, quel malheur ! Comprenez-vous, M.F., ce que c'est que de profaner les sacrements ? Ne voyez-vous pas que malgré tous les moyens que nous avons de réparer le mal que nous avons fait, nous n'en faisons rien ? Hélas ! une fois que le bon Dieu nous abandonne en punition de nos horreurs, que devenons-nous ? Hélas ! qu'il y en a qui sont de ce nombre, sans être si visibles aux yeux du monde ; mais qui, aux yeux de Dieu, ne sont pas moins coupables. Combien en est-il qui sont dans cet état, non parce qu'ils cachent leurs péchés, mais parce qu'ils n'ont point de contrition, parce qu'ils ne se corrigent nullement de leurs mauvaises habitudes ; qui vivent tou-jours de même, chez qui l'on ne voit point de change-ment. Mon Dieu, que de chrétiens damnés, et qui, aux yeux du monde, semblent être de bons chrétiens !

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