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  • : In hoc signo vinces. Parousie by ROBLES Patrick
  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
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  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)

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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 12:32

LES RÉVÉLATIONS DE SAINTE GERTRUDE

LIVRE TROISIÈME

PRÉFACE, D'APRÈS LANSPERG.

La vierge Gertrude, à cause de sa grande humilité, n'a pas écrit elle-même ce troisième livre ni les suivants; mais on peut dire plutôt qu'elle les a dictés, car, forcée par un ordre divin, elle révéla à une docte vierge ce que celle-ci devait écrire. Gertrude se trouvait indigne de raconter elle-même ces grâces célestes, car elle croyait les perdre et les négliger. C'est pourquoi elle voulut qu'une autre les mît en lumière, afin que Dieu reçût un digne hommage de louanges et d'actions de grâces, par toutes les âmes qui connaîtraient (pour cet unique motif) les secrets divins. Elle pensait retirer d'un bourbier une perle précieuse et l'enchâsser dans l'or en révélant à d'autres lES dons de le Bonté divine, car le Seigneur recevrait ainsi, pensait-elle, une gloire et des actions de grâces qu'elle désespérait de jamais pouvoir lui rendre elle-même. A ces raisons néanmoins se joignit l'autorité des supérieurs, obligeant l'une à faire connaître ses révélations, et l'autre à les écrire.

Ce troisième livre est tout rempli d'instructions et de consolations. II contient grand nombre de pieux exercices dans lesquels chacun, selon son état, peut apprendre comment il doit servir Dieu et lui plaire ; comment il doit offrir à Dieu le Père les, mérites et le fruit de la Passion de son Fils pour l'expiation de ses péchés et de ses fautes, et s'approprier les mérites du Sauveur ; comment encore il doit aimer Dieu de tout son cœur; avec quelle dévotion il doit recevoir les sacrements, et enfin comment il doit toujours se tenir prêt à se conformer au bon plaisir de Dieu. Toutes ces choses et beaucoup d'autres du même genre contenues dans ces livres, sont l'expression continuelle de l'amour de Dieu envers ses élus. Cet amour rend en ces derniers temps le seigneur si compatissant à la faiblesse humaine qu'il nous prodigue, pour ainsi dire avec autant d'abondance que de miséricorde, et ses dons, et ses saints, et lui-même sans aucune réserve, pourvu que notre bonne volonté se montre disposée à tout recevoir. Continue donc, lecteur, tu ne regrettera, pas d'avoir lu ces pages.

PROLOGUE

Sa grande humilité et surtout une forte impulsion de la divine volonté l'obligèrent à faire connaître ce qui suit à une autre personne. Elle se trouvait trop indigne pour répondre à la grandeur des dons de Dieu par une reconnaissance suffisante ; aussi, après les avoir manifestés à une autre, elle s'en réjouit pour la gloire de Dieu, parce qu'il lui semblait que cette perle précieuse de la grâce avait été retirée de la boue pour être enchâssée dans un or éclatant. Ce fut donc par ordre des supérieurs que cette personne écrivit les pages suivantes.

1. Avec ce livre troisième commence la deuxième parte, de l'œuvre de sainte Gertrude, qui fut achevée vingt ans après la réception des premières faveurs, c'est-à-dire en 1301, comme nous l'avons dit dans le prologue du premier livre. (Note de l'édition latine.)

CHAPITRE I

D'UNE SPÉCIALE PROTECTION DE LA MÈRE DE DIEU.

1. Une révélation lui avait appris que pour croître en mérite elle souffrirait l'adversité. Cette annonce l'avait remplie de crainte à cause de sa fragilité ; mais le Seigneur en eut pitié et lui donna sa Mère, l'auguste Reine des cieux, pour dispensatrice de la grâce nécessaire, pendant cette adversité : il voulait que si le fardeau de la souffrance dépassait ses forces, elle invoquât cette Mère de miséricorde qui lui accorderait un puissant secours.

2. Peu de temps après, elle se trouva dans la désolation parce qu'une personne consacrée à Dieu la contraignait de découvrir les faveurs spéciales qu'elle avait reçues à la fête précédente. Pour diverses raisons, elle jugeait difficile d'accéder à ce désir, et cependant un refus ne s'opposerait-il pas à la volonté divine? Dans ce doute elle recourut à la Consolatrice des affligés et reçut cette réponse : « Donne largement tout ce que tu as, car mon Fils est assez riche pour te rendre avec surabondance ce que tu auras dépensé pour sa gloire. » Mais elle avait dissimulé son secret avec tant d'adresse et de précautions, qu'il lui semblait pénible et difficile de le dévoiler. Elle se prosterna aux pieds du Seigneur, le suppliant de lui manifester sa volonté et de lui donner la force de l'accomplir. La divine Bonté daigna l'éclairer par ces paroles: « Place mes richesses à la banque, afin qu'à mon retour j'en obtienne les intérêts.»

3. Son intelligence s'ouvrit alors à la lumière de l'Esprit de Dieu : elle comprit qu'elle n'avait si bien dissimulé les faveurs divines que par des motifs humains basés sur l'amour-propre. Aussi dans la suite découvrit-elle plus facilement les dons de Dieu, selon cette parole du livre des Proverbes : « Gloria regum est celare verbum gloria autem Dei est investigare sermonem : La gloire des rois est de tenir cachée la parole; mais celle de Dieu consiste à la rechercher avec soin»1.

1. Au livre des Proverbes il est dit: «Gloria Dei est celare verbum et gloria regum investigare sermonem " Et au livre de Tobie XII 7, r "Sacramentum redis abscondere bonum est, opera autem Dei revelare et confiteri honorificam est. »

CHAPITRE II

DES ANNEAUX DE L'ALLIANCE SPIRITUELLE.

Comme elle offrait au Seigneur, par une courte prière, les souffrances de son âme et de son corps, en même temps que les délices spirituelles et le repos physique dont elle ne pouvait jouir, le Seigneur lui apparut portant cette double offrande sous le symbole d'anneaux enrichis de brillants et passés à ses doigts divins. Après avoir reçu cette lumière, elle renouvela souvent la même offrande. Quelque temps après, elle la réitérait encore avec ferveur, quand elle sentit le Seigneur Jésus lui toucher l'œil gauche avec l'anneau de sa main gauche, symbole de la douleur physique. Aussitôt elle éprouva une vive souffrance à cet oeil sur lequel le Seigneur avait posé sa main ; cet oeil ne recouvra jamais son ancienne vigueur. L'acte du Seigneur lui fit comprendre que l'anneau est le signe des noces, comme les souffrances corporelles et spirituelles sont le signe infaillible de l'élection divine et des fiançailles de l'âme avec Dieu. En vérité celui qui souffre peut dire avec confiance : « Annulo suo subarrhavit me1 : Il m'a donné son anneau comme gage. » Si l'âme affligée sait de plus offrir à Dieu ses louanges et lui rendre grâces, elle peut encore avec une joie toute spirituelle ajouter ces autres paroles : « Et tamquam sponsam decoravit me corona 2 : Et il m'a couronnée comme une épouse », parce que la reconnaissance envers Dieu au milieu des peines procure une glorieuse couronne plus précieuse que l'or et la topaze.

1. Pontifical romain : De consecratione Virginum.
2. Ibid.

CHAPITRE III

DU MÉRITE DE LA SOUFFRANCE.

Il fut un jour prouvé que la répugnance naturelle que nous sentons pour la souffrance peut nous donner un accroissement de gloire, Vers la Pentecôte, elle éprouva une si forte douleur au côté que les personnes présentes auraient craint la voir mourir le jour même, si elle ne s'était déjà tirée saine et sauve de pareilles crises. Le divin Consolateur et Amant des âmes voulut alors l'instruire de la manière suivante : lorsqu'elle se trouvait délaissée par la négligence de ceux qui la soignaient, le Seigneur se montrait à elle et, par sa douce présence, tempérait sa douleur. Mais si les attentions et les soins se multipliaient autour d'elle, le Seigneur se retirait, et les souffrances augmentaient. Elle comprit par là que, plus nous sommes abandonnés des hommes, plus Dieu nous regarde dans sa miséricorde. Vers le soir comme elle était tourmentée par la violence de la douleur et demandait un peu de répit, le Seigneur, levant les bras, lui montra qu'il portait comme un ornement sur sa poitrine les souffrances qu'elle avait supportées dans la journée. Cet ornement lui parut achevé et sans aucun défaut, aussi concluait-elle avec joie que le mal allait finir. Mais le Seigneur, voyant sa pensée, lui dit : « Ce que tu souffriras encore augmentera la splendeur de cette parure. » En effet, la parure était enrichie de pierres précieuses , mais ces pierres n'avaient aucun éclat. Elle fut alors attaquée d'une peste assez bénigne, pendant laquelle elle souffrit beaucoup plus de l'absence de toute consolation que de la maladie elle-même.

CHAPITRE IV

DU MEPRIS DES SATISFACTIONS TEMPORELLES.

1. Dans les jours qui suivirent la fête de saint Barthélemy, elle se trouva envahie par une tristesse profonde et indéfinissable qui lui fit perdre la patience. A la suite de cette faiblesse, son âme fut plongée dans des ténèbres si profondes qu'il lui semblait avoir perdu les joies de la divine présence. Enfin, le samedi, comme on chantait l'antienne Stella maris Maria elle retrouva la joie spirituelle par la très puissante intercession de la Mère de Dieu.

2. Le dimanche suivant, tandis qu'elle se, réjouissait de goûter les douceurs de son Dieu, elle se ressouvint de son impatience, de ses autres défauts, et conçut d'elle-même un grand mépris. Alors elle demanda au Seigneur la grâce de se corriger, mais ce fut avec un tel abattement à cause de ses grandes et nombreuses misères, qu'elle s'écria, comme toute désespérée : « O Père très miséricordieux, veuillez mettre un terme à des maux auxquels je ne sais moi-même mettre ni bornes ni mesure. « Libera me Domine et pone mie juxta te, et cujuvis manus sit contre me : Délivrez-moi, Seigneur, et placez-moi près de vous, et que la main de qui que ce soit s'élève contre moi » (Job, xvii, 3). Le Seigneur qui désirait la consoler et l'instruire, lui montra alors un petit jardin planté de fleurs variés, entouré d'épines et arrosé par un ruisseau de miel. Il lui dit : « Veux-tu me préférer le plaisir que tu trouverais dans la beauté de ces fleurs? -Oh! jamais, Seigneur Dieu! » s'écria-t-elle. Et le Seigneur, lui indiquant un jardin fangeux, où poussait une maigre verdure et quelques fleurs sans parfum ni éclat, dit encore : « C'est peut-être ce jardin que tu préférerais? » Elle s'en détourna avec indignation: « Comment pourrais-je jamais fixer mon choix sur ce qui est méprisable et mauvais, quand je possède en vous, ô mon Dieu, le seul bien vrai, durable et éternel? » Le Seigneur ajouta : « Les dons par lesquels j'enrichis ton âme sont une preuve assurée que tu possèdes la charité, pourquoi donc alors tomber dans le trouble et le désespoir à la vue de tes péchés? N'est-il pas écrit : « Caritas operit multitudinem peccatorum : La charité couvre la multitude des péchés »? (I Pet., iv 8.) Par ce jardin fangeux et aride que tu méprises j'ai voulu représenter 1a vie charnelle. Par le jardin fleuri, la vie douce, agréable et exempte d'adversités, dans laquelle tu aurais pu jouir de la faveur des hommes et d'une réputation de sainteté si, à ta volonté propre, tu n'avais préféré ma divine volonté. - O mon Bien-Aimé, dit-elle, plût à Dieu mille fois que j'eusse renoncé à ma volonté propre en délaissant le jardin fleuri, mais je crois n'avoir si facilement méprisé ce jardin qu'à cause de son exiguïté. - En effet, reprit le Seigneur, lorsque je vois les âmes de mes élus plongées dans les joies d'ici-bas, la délicatesse de ma bonté infinie me porte à exciter en eux le remords de la conscience, afin que cet aiguillon puissant restreigne pour eux les agréments de la vie, et qu'ils soient ainsi amenés à les rejeter. »

3. Celle-ci, renonçant alors constamment aux joies de ce monde, et même aux célestes consolations, s'abandonna tout entière à la volonté du Seigneur. Comme enlacée dans les bras de son divin Epoux, fortement appuyée sur sa poitrine sacrée, il lui semblait que toutes les créatures uniraient en vain leurs efforts pour l'arracher à cet asile de repos, où elle avait la joie de puiser une liqueur vivifiante et plus douce que le baume à la plaie sacrée du côté du Seigneur.

CHAPITRE V

COMMENT LE SEIGNEUR S'INCLINA VERS ELLE APRÈS QUELLE SE FUT HUMILIÉE DEVANT LUI,

En la fête de l'apôtre saint Matthieu, le Seigneur la combla des douceurs de sa bénédiction, et comme le prêtre à la messe élevait le calice du précieux Sang, elle-même présenta cette offrande à Dieu en actions de grâces. Elle réfléchit ensuite que cette oblation sainte lui servirait peu, si elle ne s'unissait au Christ, en s'exposant à souffrir pour son amour toutes sortes de tribulations. Se détachant par un généreux effort, du sein du Seigneur où elle reposait avec délices, elle s'étendit par terre comme un vil cadavre: « Me voici, ô mon Dieu, dit-elle, prête à supporter les souffrances qui pourront servir à augmenter votre gloire. » Le Seigneur plein de bonté se leva aussitôt; s'étendit par terre à côté d'elle et la serra tendrement contre lui : « Vraiment, dit-il, ceci est à moi (hoc est meum). » Fortifiée par la vertu divine, elle se releva et répondit : « Oui, ô mon Seigneur, je suis l'œuvre de vos mains. - J'ajouterai, reprit le Seigneur, que je ne puis vivre heureux sans toi. » Pleine d'admiration à ces paroles d'une condescendance infinie : « Pourquoi , ô mon Dieu , dit-elle , parlez-vous ainsi , puisque , après avoir trouvé vos délices dans la création, vous possédez au ciel et sur la terre des amis innombrables avec lesquels vous pourriez vivre heureux même si je n'avais pas été créée ? » Le Seigneur répondit : « Celui qui a toujours été privé d'un membre ne souffre pas de cette privation, comme celui à qui on aurait coupé un membre dans sa jeunesse. Ainsi, puisque j'ai établi et affermi mon amour dans ton âme, je ne pourrai jamais souffrir que nous soyons séparés. »

CHAPITRE VI

DE LA COOPÉRATION DE L'AME AVEC DIEU.

Le jour de la fête de saint Maurice, pendant la messe, au moment où le prêtre allait prononcer à voix basse les paroles de la consécration, elle dit au Seigneur: «Ce que vous opérez à cette heure, ô mon Dieu mérite tant de respect à cause de son prix inestimable, que ma bassesse n'ose même pas lever les yeux pour le considérer. Je descendrai, je me prosternerai dans la profonde vallée de l'humilité, et là j'attendrai ma part de ce sacrifice qui procure à tous le salut. » Le Seigneur répondit : « Quand une mère habile veut faire un ouvrage de soie et de perles, elle place parfois son petit enfant plus haut qu'elle-même, afin qu'il tienne le fil et les perles et les lui présente pour l'aider. C'est ainsi que je te place bien haut pour entendre cette messe car si tu consens, même au prix d'un dur labeur, à élargir ta volonté, jusqu'à lui faire souhaiter que cette oblation produise son plein effet pour tous les chrétiens vivants et morts, alors, malgré la faiblesse de ton pouvoir, tu m'auras très bien aidé dans l'accomplissement de mon oeuvre. »

CHAPITRE VII

DE LA COMPASSION DO SEIGNEUR A NOTRE ÉGARD.

Le jour des saints Innocents, comme elle désirait se préparer à recevoir la sainte communion, et s'en trouvait empêchée par de nombreuses distractions, elle implora le secours divin et reçut du Seigneur cette miséricordieuse réponse : « Si une âme éprouvée par la tentation se réfugie près de moi, c'est bien d'elle que je puis dire : « Una est columba mea, tanquam electa ex millibus, qui in uno oculorum suorum transvulnerat Cor meum divinum : Ma colombe est unique, choisie entre mille ; par un seul de ses regards elle a transpercé mon divin Cœur. » Si je croyais ne pouvoir la secourir dans ce péril, mon âme en éprouverait une si profonde douleur que toutes les joies du ciel ne suffiraient pas à adoucir ma peine. Dans mon humanité unie à la divinité, mes bien-aimés trouvent sans cesse un avocat qui me force à prendre pitié de leurs diverses misères. - Mais, mon Seigneur, reprit-elle, comment votre corps immaculé qui ne fut en proie à aucune contradiction, pourra-t-il vous incliner à la compassion pour nos misères si diverses? » Le Seigneur répondit: « On s'en convaincra aisément, pour peu que l'on comprenne cette parole que I'Apôtre a dite de moi : « Debuit per omnia fratribus assimilari, ut misericors fieret (Heb., II, 17): II a dû être en tout semblable à ses frères, pour devenir miséricordieux. » Puis il ajouta : « Le regard unique par lequel ma bien-aimée me perce le cœur est cette espérance tranquille et assurée, qui l'oblige à reconnaître que je peux et que je veux l'aider fidèlement en toutes choses. Cette confiance fait pour ainsi dire violence à ma tendresse, et je deviens impuissant à lui résister.- Seigneur, reprit celle-ci, si l'espérance est un si grand bien et que nul ne la possède sans un don spécial de votre part, en quoi donc peut démériter celui qui ne l'a pas? » Le Seigneur répondit: « II est au moins possible à tous de vaincre la pusillanimité en méditant les nombreux passages des Écritures qui inspirent la confiance, et chacun peut s'efforcer de dire de bouche, sinon de tout son cœur, ces paroles de Job : « Etsi in profundum inferni demersus fuero, inde me liberabis », et cette autre : « Etiamsi occideris me, in te sperabo : Quand même je serais plongé dans les profondeurs de l'enfer, vous m'en délivreriez », et « Quand même vous me tueriez, j'espérerais en vous » (Job, xiii, 15.)

CHAPITRE VIII

DES CINQ PARTIES DE LA MESSE.

Un jour que, retenue au lit elle ne pouvait assister à la messe où elle aurait dû communier, son cœur en éprouva un vif regret: « Voici, ô mon très aimé Seigneur, dit-elle, que par la disposition de votre divine providence je ne puis aller à la messe ! Comment donc pourrai-je recevoir dignement votre chair sacrée et votre précieux sang, puisque ma meilleure préparation est de m'unir d'intention au ministre qui célèbre, en suivant les différentes parties du sacrifice ? » Le Seigneur répondit : « Puisque tu sembles m'adresser un reproche, écoute, ô ma bien-aimée, je vais te chanter un épithalame plein de douceur et d'amour : Apprends de moi que je t'ai rachetée de mon sang, et considère que les trente-trois années où j'ai travaillé sur la terre ont été consacrées à préparer mes noces avec toi ; que cela te serve pour la première partie de la messe. Apprends de moi que tu as été dotée par mon esprit, et comme mon corps a travaillé trente-trois ans â la préparation de tes noces, mon âme aussi a célébré les noces si joyeuses qu'elle désirait contracter avec toi ; que cela te serve pour la deuxième partie de la messe. Apprends de moi que tu as été remplie de ma divinité, et que cette divinité pourra te procurer, au milieu des souffrances corporelles, les délices spirituelles les plus enivrantes ; que cela te serve pour la troisième partie de la messe. Apprends encore de moi que tu as été sanctifiée par mon amour, et reconnais que tu n'as rien par toi-même, mais que tu tiens de moi tout ce qui peut te rendre agréable à mes yeux ; que cela te serve pour la quatrième partie de la messe. Apprends enfin à quelle hauteur tu es élevée par cette union avec moi, et reconnais que, toute puissance m'ayant été donnée au ciel et sur la terre, rien ne peut m'empêcher de te faire partager ma gloire, et de vouloir que celle qui est vraiment l'épouse du Roi soit appelée Reine et reçoive les honneurs dus à son rang. Prends tes délices à méditer ces faveurs, et ne te plains plus de n'avoir pas assisté à la messe. »

CHAPITRE IX

DE LA DISPENSATION DE LA GRÂCE DIVINE.

1. Dieu avait révélé à une personne qu'il voulait, par les prières de la Congrégation, délivrer du purgatoire un grand nombre d'âmes, et des oraisons spéciales avaient été demandées à tout le convent. Celle dont nous parlons en ce livre se mit avec ferveur à réciter comme les autres, un jour de dimanche, la prière prescrite, lorsque, s'approchant plus près du Seigneur, elle le vit entouré de gloire et distribuant ses bienfaits autour de lui. Comme elle ne pouvait discerner clairement ce qui occupait le Seigneur à ce point, elle lui dit : « O Dieu plein de bonté, à la dernière fête de sainte Madeleine, vous avez daigné révéler à votre indigné servante que vous accordiez avec une bonté spéciale des grâces de miséricorde aux personnes qui en ce jour venaient se prosterner à vos pieds, pour imiter cette bienheureuse pécheresse, votre véritable amante. Daignez donc aujourd'hui encore me révéler l'action que vous accomplissez en ce moment. » Le Seigneur répondit : « Je distribue me dons. » Elle comprit à ces mots qu'il appliquait aux âmes des défunts les prières du convent, et, bien que ces âmes fussent présentes, celle-ci ne pouvait les voir. Le Seigneur ajouta : « Ne veux-tu pas aussi m'offrir tes mérites pour que je puisse augmenter mes libéralités ? » Son âme fut attendrie par l'onction de ces douces paroles, et comme elle ignorait que toute la communauté fût en union de prières, elle éprouva une grande reconnaissance de ce que le Seigneur voulait bien lui demander quelque chose de spécial et répondit avec joie : « Oui, ô mon Dieu, je vous donne non seulement mes biens qui sont peu de chose, mais aussi ceux de notre communauté dont je puis disposer en vertu des liens de douce fraternité que votre divine grâce a formés entre nous. C'est avec une volonté libre et une joie sans bornes que je vous présente cette offrande dans le but d'honorer votre infinie perfection. » Alors le Seigneur, comme distrait de son occupation par le plaisir que lui causait cette offrande, étendit une blanche nuée qui le couvrit ainsi que son épouse bien-aimée, puis il s'inclina vers elle et l'attira doucement à lui en disant: « Occupe-toi de moi seul, et jouis de la douceur de ma grâce.» Mais elle reprit : « Pourquoi, ô Dieu si bon, avez-vous révélé à cette personne ce que vous vous proposiez de faire pour les âmes souffrantes, et me privez-vous de cette lumière, lorsque vous avez coutume de me dévoiler la plupart de vos secrets ? » Le Seigneur répondit : « Souviens-toi que souvent mes dons ne servent qu'à t'humilier, car tu t'en juges indigne, tu sembles les recevoir comme un mercenaire dont on paie les services. Tu crois volontiers que la fidélité dépend uniquement de ces bienfaits, et alors tu exaltes les âmes qui, sans aucune faveur spéciale, se montrent néanmoins fidèles en toutes choses. Je t'ai fait partager leur sort en cette circonstance, afin que ton zèle pour les âmes souffrantes et tes prières assidues n'étant motivées par aucune faveur, tu reçoives toi. même le privilège que tu semblais envier aux autres. » Tandis quelle écoulait ces ineffables paroles, elle fut ravie hors d'elle-même par la contemplation de cette bonté divine, qui tantôt déverse sur nos âmes le fleuve impétueux de ses grâces, tantôt refuse de moindres faveurs pour garder plus sûrement ces mêmes grâces. La vue de cette admirable conduite de Dieu qui faisait tout concourir au bien de son âme excita en elle une si grande admiration et une si profonde reconnaissance, que, ravie en extase et défaillante sous l'action divine, elle se jeta sur le sein du Seigneur en disant : « O Dieu, ma faiblesse ne peut supporter la vue de tant de merveilles ! » Le Seigneur voulut bien alors atténuer la splendeur de cette lumière, et lorsqu'elle eut recouvré ses forces, elle lui dit : « Puisque votre providence, dans son incompréhensible sagesse, ô mon Dieu, a jugé convenable de me priver de ce don, je ne veux plus désormais le désirer. Cependant, je vous prierai de me dire si vous m'exaucez lorsque je vous implore en faveur de mes amis. » Et le Seigneur affirma avec serment : « Par ma vertu divine, dit-il, je t'exauce. - Alors je vous prie pour cette personne qui m'a été souvent recommandée. » Elle vit aussitôt s'échappe, de la poitrine du Seigneur un ruisseau d'une eau limpide comme le cristal, qui pénétra jusqu'au centre de l'âme pour qui elle priait. Elle interrogea encore le Seigneur: « Cette personne, dit-elle, ne sent pas l'effusion de cette grâce, pourra-t-elle en profiter? - Lorsque le médecin fait prendre à son malade une potion salutaire, répondit le Seigneur, ceux qui le soignent ne peuvent en constater sur l'heure le bon effet, et le malade ne se sent pas guéri à l'instant. Cependant le médecin, qui connaît la vertu de son remède, en voit aussi à l'avance l'heureux résultat. - Mais pourquoi, Seigneur, n'enlevez-vous pas à cette âme ses mauvaises habitudes et ses autres défauts, comme souvent je vous en ai prié? - N'as-tu pas lu, répondit le Seigneur, ce qui est écrit de moi lorsque j'étais enfant : « Proficiebat aetate et sapientia coram Deo et hominibus: II avançait en âge et en sagesse devant Dieu et devant les hommes » (Luc., II, 52) ; de même cette personne, par un progrès journalier, changera bientôt ses défauts en vertus, et je lui pardonnerai tout ce qui provient de la faiblesse humaine, afin de pouvoir lui donner au ciel les récompenses que j'ai destinées à l'homme en me proposant de l'exalter au-dessus des anges ».

2. L'heure de la sainte Communion approchait. Elle demanda au Seigneur de vouloir bien ce jour-là anticiper le moment de sa grâce pour autant de pécheurs qu'il délivrerait d'âmes souffrantes en écoutant les prières de la personne nommée plus haut. (Elle avait l'intention de prier pour les pécheurs qui devaient être sauvés, car il lui semblait téméraire d'intercéder pour ceux qui étaient en voie de damnation.) Mais le Seigneur lui reprocha cette timidité : « Par la présence réelle et adorable de mon corps immaculé et de mon précieux sang que tu vas bientôt posséder en toi, lui dit-il, ne pourrais-tu pas obtenir que les pécheurs en voie de damnation soient ramenés à une bonne vie? » L'immense miséricorde renfermée dans ces paroles la jeta dans l'admiration : « O mon Dieu, dit-elle, puisque votre infinie bonté daigne écouter mes prières, je lui demande, en m'unissent au désir et à l'amour de toutes vos créatures, qu'autant elle délivrera d'âmes souffrantes, autant elle sauve, par sa grâce, de pécheurs vivant en état de damnation; que cette grâce, ô mon Dieu, soit accordée à ceux qu'il vous plaira, en quelque lieu qu'ils habitent, et au temps marqué par votre providence. En vous adressant cette prière, je ne veux avoir en vue ni mes amis, ni mes parents, ni aucun de mes proches. » Le Seigneur accueillit cette demande et promit de l'exaucer. Elle dit encore : « Je voudrais savoir, ô mon Dieu, ce que je pourrais ajouter pour suppléer à l'insuffisance de ces prières. » Mais le Seigneur ne répondit pas : « O mon Seigneur, reprit-elle, vous gardez le silence, parce que vous connaissez le fond des cœurs, et vous ne voulez pas demander à ma faiblesse ce qu'elle ne pourrait donner. » Le Seigneur lui répondit avec un visage plein de douceur : « La seule confiance peut aisément tout obtenir; cependant si ton zèle désire m'offrir un surcroît d'hommages, récite trois cent soixante-cinq fois le psaume: Laudate Dominion omnes gentes, etc., et j'y trouverai un supplément aux louanges que les Créatures ont négligé de me rendre. »

CHAPITRE X

DE TROIS OFFRANDES.

1. En la fête de saint Mathias, elle avait résolu, pour plusieurs raisons, de s'abstenir de la sainte communion, et pendant la première messe elle tenait son esprit attentif à Dieu et à elle-même. Le Seigneur lui témoigna alors, par de nombreuses marques de tendresse, l'affection la plus vraie qu' un ami puisse avoir pour son ami, mais elle ne s'en montra guère satisfaite, habituée qu'elle était à recevoir des faveurs plus élevées par un mode supérieur. Ce qu'elle eût souhaité, c'était de sortir d'elle-même pour adhérer au Bien-Aimé qui est appelé un feu consumant ; c'était encore de se voir liquéfiée pour ainsi dire par l'ardeur de la charité, afin de s'unir le plus intimement possible à l'objet de son amour. Mais l'action de la grâce ne secondant pas en ce jour ses aspirations, elle y renonça pour la gloire de Dieu et reprit sa pratique ordinaire. Cette pratique consistait à louer l'immense bonté et la condescendance de l'adorable Trinité, pour tous les bienfaits sortis des abîmes infinis de ses richesses pour se répandre sur les bienheureux, à lui rendre grâces pour toutes les faveurs accordées à l'auguste Mère de Dieu, à la bénir enfin pour tous les dons infus dans la très sainte humanité de Jésus Christ. Elle suppliait encore tous les saints réunis, et chacun en particulier, de daigner, en supplément de ses négligences, offrir à la resplendissante et toujours tranquille Trinité l'amour et la perfection avec lesquels, au jour de leur mort, ils se présentèrent devant le Dieu de gloire pour recevoir leur récompense. Dans ce but elle récita trois fois le psaume : Laudate Dominum omnes gentes, en l'honneur de tous les saints, de la bienheureuse Vierge et du Fils de Dieu. Mais le Seigneur lui dit: « Comment remercieras-tu les saints des prières qu'ils vont m'adresser à ton intention, puisque tu te disposes aujourd'hui à supprimer l'oblation par laquelle tu ma rendais pour eux mille actions de grâces? » A cette question elle garda le silence.

2. Lorsqu'on arriva à la consécration de l'hostie, elle eut le désir de trouver une offrande digne d'être présentée à Dieu le Père comme tribut de louange. Le Seigneur lui dit: « Si tu te préparais aujourd'hui à recevoir le Sacrement vivifiant de mon corps et de mon sang, il te serait possible d'obtenir les trois bienfaits que tu souhaitais pendant cette messe, à savoir: de jouir de la douceur de mon amour; de sentir ton âme liquéfiée par l'ardeur de ma divinité, au point qu'elle puisse s'écouler en moi comme l'argent se coule avec l'or dans le creuset ; enfin tu posséderais ce trésor précieux digne d'être offert au Père tout-puissant comme éternelle louange, et tous les saints verraient croître leur récompense. » Convaincue par ces divines paroles, elle fut enflammée d'un si grand désir de recevoir ce très salutaire Sacrement, qu'il ne lui eût pas semblé difficile de voler à travers des épées nues. Elle alla donc communier, et comme elle rendait à Dieu de dévotes actions de grâces, le véritable Ami des hommes lui dit: « Aujourd'hui, par un mouvement de volonté propre, tu ne songeais qu'à me rendre le devoir d'un vulgaire serviteur qui apporte à son maître le mortier, la paille et les briques. Mais je t'ai élue dans mon amour, et je t'ai placée parmi les heureux convives qui se rassasient à ma table royale. » Comme, en ce même jour, une personne s'était abstenue aussi de la sainte communion sans raison sérieuse, celle-ci dit au Seigneur: « Pourquoi avez-vous permis, ô Dieu plein de miséricorde, qu'elle soit tentée ainsi ? » Le Seigneur répondit: « II ne faut pas m'en accuser, car elle a si bien couvert ses yeux du voile de son indignité, qu'elle n'a plus même aperçu la tendresse de mon amour paternel. »

CHAPITRE XI

D'UNE INDULGENCE ET DU DESIR DE LA DIVINE VOLONTÉ.

1. Elle apprit une fois qu'on prêchait une indulgence de plusieurs années, selon l'usage pour attirer les offrandes, et dit au Seigneur avec dévotion : « O mon Dieu, si je possédais de grandes richesses, je donnerais cet or et cet argent afin de recevoir l'indulgence et le pardon de tous mes péchés, pour la gloire de Dieu et l'honneur de votre nom. » Le Soigneur, répondit avec bonté : « De par l'autorité et la puissance de ma divinité, reçois la rémission de tes fautes et de tes imperfections. » Aussitôt son âme lui parut entièrement purifiée et blanche comme la neige.

2. Quelques jours après, elle vit son âme encore parée de l'éclatante blancheur dont Dieu l'avait ornée, et craignit d'être dans l'illusion, car il lui semblait que cette pureté si elle eût été réelle, se serait trouvée déjà ternie par quelques négligences commises par fragilité humaine. Le Seigneur, avec sa bonté ordinaire, voulut la rassurer et lui dit : « Penses-tu que je me réserve un pouvoir inférieur à celui que j'ai donné aux créatures? Si j'ai communiqué au soleil la vertu d'effacer en un instant, par la chaleur de ses rayons, les taches qui paraissent sur une étoffe blanche, et même de rendre la partie souillée plus nette et plus éclatante, à combien plus forte raison, moi qui suis le Créateur du soleil, puis-je diriger le regard de ma miséricorde sur l'âme que je désire voir pure de toute faute et de toute négligence, et la garder sans tache par la force indomptable de mon amour.»

3. Une autre fois, la vue de son indignité et de sa faiblesse l'avait si fortement découragée, qu'elle ne pouvait comme de coutume célébrer les louanges de Dieu, ni aspirer aux jouissances de la contemplation. Cependant, elle retrouva bientôt sa vigueur, par la miséricorde de Dieu et les mérites de la très sainte vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et il lui fût possible de s'avancer selon son désir vers la majesté du Roi des rois, revêtue de cette beauté qui brillait dans la reine Esther en présence d'Assuérus. Le Seigneur lui dit alors dans sa bonté : « Qu' ordonnes-tu, ô ma Reine et Maîtresse? » Elle répondit: « Je demande, ô mon Roi, et je désire de tout cœur que votre adorable volonté s'accomplisse entièrement en moi. » Ensuite le Seigneur, lui nommant les unes après les autres toutes les personnes qui s'étaient recommandées à ses prières : « Que souhaites-tu, lui dit-il, pour celle-ci, et pour celle-là, et encore pour cette autre qui a sollicité particulièrement tes suffrages ? - O mon Dieu, dit-elle, je ne demande autre chose pour elles, que l'accomplissement parfait de votre volonté sainte. Et pour toi, ajouta le seigneur, que désires-tu que je fasse? - Je souhaite par-dessus tout voir votre aimable et pacifique volonté se réaliser en moi et dans toutes les créatures ; et pour cela j'exposerais volontiers aux supplices chaque membre de mon corps. »

4. L'infinie bonté de Dieu, qui lui avait inspiré de si parfaits désirs, voulut aussi l'en récompenser et répondit : « II me plaît de reconnaître par un don spécial ce zèle plein d'amour avec lequel tu as souhaité l'accomplissement de mon divin vouloir; aussi dès ce moment tu seras agréable à mes yeux, comme si tu n'avais jamais transgressé ma volonté sainte. »

CHAPITRE XII

DE LA TRANSFIGURATION ACCOMPLIE PAR LA GRÂCE.

1. Comme on chantait l'antienne : In lectulo meo, etc. (Cantic, III), où se trouvent répétés quatre fois ces mots : « quem diligit anima mea, celui que chérit mon âme », elle comprit que l'âme fidèle peut chercher Dieu de quatre manières différentes. Par ces paroles: « In lectulo meo per noctem quaesivi quem diligit anima mea : sur ma couche, pendant la nuit, j'ai cherché celui qu'aime mon âme » (Cantic , III), elle connut la première voie par laquelle on cherche Dieu, et qui est de lui offrir des louanges dans le repos sacré de la contemplation. L'antienne continue: « Quaesivi illum et non inveni : Je l'ai cherché et je ne l'ai pas trouvé », parce que l'âme, captive dans cette chair mortelle, ne peut arrivera louer Dieu parfaitement. La seconde manière de chercher Dieu lui fut montrée dans ce verset : « Surgam et circuibo civitatem per vicos et plateas, quaerens quem diligit anima mea : Je me lèverai, je ferai le tour de la ville, par les rues, sur les places publiques, je chercherai celui qu'aime mon âme », parce que l'âme parcourt les rues et les places, c'est-à-dire s'exerce dans l'action de grâces à reconnaître les divers bienfaits de Dieu envers ses créatures, et là, encore, la reconnaissance ne pouvant égaler les bienfaits du Créateur, c'est avec raison qu'elle ajoute : quaesivi illum et non inveni Par le troisième verset : « Invenerunt me vigiles qui custodiunt civitatem : Ceux qui veillent pour garder la ville m'ont rencontrée », il lui fut donné de comprendre que les avertissements de la justice et de la tendresse de Dieu font rentrer l'âme en elle-même. C'est après avoir comparé les bontés de Dieu avec sa propre indignité quelle commence à gémir, à faire pénitence de ses péchés, et à rechercher la miséricorde divine en disant : « Num quem diligit anima mea vidistis ? N'avez-vous pas vu celui qu'aime mon âme ? » N'ayant aucun secours dans ses propres mérites, elle se tourne vers le Seigneur par une humble confiance, et trouve sans tarder le Bien-Aimé de son âme, soit dans une fervente prière, soit par une illumination de la grâce.

2. Après le chant de cette antienne, pendant laquelle elle avait goûté les consolations que nous venons de raconter et d'autres faveurs inexprimables, elle sentit son coeur et tous ses membres si puissamment ébranlés par la vertu divine que ses forces défaillirent : « O mon Bien-Aimé, dit-elle, c'est maintenant que je puis m'écrier que les profondeurs de mon être et tous mes membres ont tressailli à votre douce approche. » Le Seigneur répondit : « Je connais l'onction divine qui s'écoule de moi et revient en moi, mais tant que tu vis dans une chair mortelle tu ne peux comprendre combien la tendresse de Dieu s'est déversée en toi. Il importe que tu saches cependant que, par la force de cette grâce, tu as reçu une gloire analogue à celle qui resplendit au mont Thabor sur mon corps transfiguré en présence des disciples. Dans la douceur de mon amour, je puis dire désormais de toi : « Hic est filius meus dilectus in quo mihi bene complacui (Matth., xvii, 5) : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me suis complu », car c'est le propre de cette grâce de communiquer au corps et à l'âme par un mode admirable une éclatante gloire.

1. Antienne des Vierges tirée du chapitre iii du Cantique des cantique.


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