Paroles du Christ inspirées à Sœur Olive Danzé
sur le désespoir et l'Espérance
« L'Espérance est la lumière vivante qui éclaire l'âme dans l'obscurité de la nuit ; elle éclaire son chemin couvert d'obstacles et entouré de dangers ; elle est donc la force aussi qui fait surmonter tout obstacle afin qu'elle demeure fidèle en celui qu'elle espère. L'espérance est surtout la vie ; sans elle, il n'y aurait pas moyen de vivre ni d'espérer. Elle porte en son cœur les divines paroles du Christ-Sauveur qui répète sans cesse dans Son Evangile : « celui qui espère en Moi ne peine point ; celui qui M'aime met en Moi toute sa confiance. » Qu'est-ce donc ? C'est la ferme confiance absolue en Celui qui a promis à ses élus, à ses serviteurs fidèles, à ses enfants, à ses épouses, à ses vierges consacrées, le bonheur Eternel, la récompense et la béatitude, dans Son céleste Royaume.
L'Espérance est le fidèle Cyrénéen qui porte elle-même la croix de l'âme éprouvée, qui marche dans le rude chemin de la douleur, vers le Calvaire. L'espérance parle sans cesse à l'âme accablée sous le poids de son fardeau, afin qu'elle ne tombe dans la défaillance du désespoir. Elle est donc l'envoyée de Dieu et surtout elle est en Dieu car Il est l'espérance même, puisqu'Il est la vie éternelle.
Grâce à la douce et noble espérance, l'âme gravira le sommet rempli de toutes sortes de souffrances. Elle sera forte par sa fidèle espérance qui lui murmure tout bas à l'oreille de son cœur : courage, bientôt tu arriveras au but où Celui que tu espères sera ta récompense et te couronnera de sa main divine, pour que près de Lui, tu demeures heureuse pendant toute l'éternité, dans le bonheur qui n'aura point de fin. Oui, sainte espérance, vous êtes mon âme ; avec vous, j'irai au bout du monde et je donnerai ma vie pour Celui en qui j'espère. Ma confiance, ma foi sont basées sur toi, ô grande protectrice espérance.
Le désespoir, au contraire, est l'ennemi mortel de l'âme. C'est un dragon qui semble être fort lorsqu'il s'avise de jeter l'âme dans l'abîme du désespoir. Oui, le désespoir, c'est le manque de confiance en Celui qui est et qui a donné sa vie pour nous sauver. Le désespoir ne vient pas à nous du ciel ; mais il est envoyé par le malin esprit infernal qui faisait tomber Judas dans la crise du désespoir et cela parce qu'il ne connaissait point la miséricorde et l'amour de Son Dieu. Le désespoir est la mort d'une âme, si elle persiste à écouter l'ennemi acharné ! si elle ne revient pas à aimer la belle espérance, fleur vivante qui fleurit chaque fois que l'âme lui tend la main pour la cueillir.
Le désespoir n'est que tristesse et souffrance, torture, amertume, ténèbre. Tout cela est concentré dans le désespoir et plus encore l'âme qui se désespère demeure loin de Dieu puisqu'elle ne vit qu'avec la désespérance. Ce dragon rugissant cherche à la dévorer et veut sa perdition. Il n'y a pas d'espérance sans la foi et il n'y a pas de foi sans espérance, ces deux vertus ne font qu'une comme la mèche et la cire de la bougie qui provoque le feu. La foi, c'est la croyance de l'âme aux paroles divines dans son Evangile, dans son Eglise, dans les commandements de Dieu, dans Son Amour Miséricordieux, dans la Sainte Eucharistie au Calvaire et au Ciel et surtout vivant dans Ses mystères. L'espérance ne saurait être notre force si la foi n'est pas invincible en nous. La foi donc est une avec l'espérance et pour vivre d'espérance, il faut en vérité croire non seulement par crainte, mais par amour pour Celui qui s'est livré par amour pour nos âmes aux supplices cruels de la mort et qui aujourd'hui demeure vivant, ressuscité pour nous donner l'espérance qu'un jour nous tous prendrons part à Sa Résurrection.
Voilà donc la foi qui nous ouvre la porte, où nous trouverons la plus belle vertu, l'espérance, fleur d'amour et de salut. Au ciel, tous respireront son parfum. La foi est en vérité plus crucifiante ; l'espérance est déjà plus adoucissante car elle vient à l'aurore comme une belle étoile lumineuse nous montrer le bercail de la Vie Céleste, comme l'étoile au-dessus de la crèche montra le Sauveur aux Rois Mages. L'âme qui n'a pas la foi n'espère pas. Pourquoi l'âme est-elle forte ? Parce qu'elle vit uniquement dans la foi et qu'elle espère tout de Celui qui est sa vie et sa récompense. Etre fort, c'est être armé de la foi ; être fort, c'est quitter sa faiblesse naturelle pour vivre de la force divine qui est la foi et la douce espérance. L'ancre jetée au fond de la mer est forte et puissante ; elle retient le navire attaché au port afin que les flots ne l'entraînent au large et ne le heurte à des rocs où il sera brisé pendant que le chef est absent de cette nacelle. De même, l'espérance est la puissante ancre qui tient fortement l'âme unie à Dieu pendant même que l'épreuve l'agite et que celui qui la guidait est absent ou demeure loin d'elle. Etre fort, ce n'est pas posséder toutes les richesses des vertus, ce n'est pas même opérer de miracle, ni convertir et être couronné de succès ; être fort, c'est vivre dans la foi, c'est espérer, c'est mettre sa confiance en Celui qui est amour et miséricorde et le Père de tous.
Etre fort, c'est aimer dans la foi ; être fort, c'est espérer malgré le nombre incalculable de fois que Dieu notre Père nous pardonnera et nous sauvera. Etre fort, c'est être faible et s'offrir avec sa faiblesse à Celui qui est force divine, c'est manger le Pain de Vie, dans lequel Dieu demeure vivant, mystère d'amour et mystère de foi et ensuite triomphante espérance qui après avoir cru, nous place en face de Celui qui est la vraie lumière, la beauté, le bonheur infini. Celui qui enlève le voile mystérieux de l'âme contemple sa splendeur.
L'espérance pratique dans la vie de notre Père Saint Benoît se composait d'une seule chose : fidèle dans la foi - fortes in fide - fort dans la foi. Pourtant, lisez la vie du saint patriarche : vous ne trouverez que ces paroles vivantes : la foi, l'espérance étaient le fondement de ses actes, de ses désirs, de ses miracles et surtout de sa charité, de sa sagesse et de sa force trouvées dans la foi et l'espérance. Après l'infidélité, espérer en la bonté et la puissance de Dieu, en Sa Miséricorde infinie. Dans notre vie, nous voyons de loin cette espérance, nous la considérons selon nos propres lumières et nos désirs et nous espérons bien souvent avec doute ou avec perplexité. Alors, l'espérance est sombre ou parfois même incertaine parce que nous n'espérons pas vraiment, qu'en considération ou nous voulons et cherchons encore un signe d'espérance. Nous nous accrochons à l'humain comme étant plus fort que la sainte espérance seule : espérer dans notre vie, c'est donc en vérité se nourrir des paroles de Dieu, les vivre, les pratiquer dans la foi ; c'est ce qui fait notre vie dans l'espérance. Inclinons notre volonté et ne cherchons que celle de Celui en qui nous espérons contre toute espérance : « Qui espère en Moi vivra ; qui croit en moi sera sauvé. »
Maria Christi Regis, Sancta Oliva Galliae
1906-1968
Note de Parousie : je dédie ce texte à Dany LEBON, à sa famille, à l'Île de la Réunion et à tous nos frères et soeurs Ultramarins.
Patrick R.
Source : « la Messagère du Christ-Roi », Henri-Pierre Bourcier, éditions Résiac, mars 1997, chapitre II, pages 236 à 238.
commenter cet article …