Jean-Benoît (Johannes Benoit "Ivan") « Yvan » de Hemptinne
Frère Pie à l'Abbaye de Maredsous
né le 21 avril 1880 à Temse (België) - Tamise (Belgique)
mort le 27 janvier 1907 à Genk (Genk - Limburg)
Écrits
« Aspirations et Pensées »
« Carnet du Bon Dieu »
Nombreuses correspondances
Dates clés
- 21 avril 1880 : Baptême le même jour que sa naissance. Il aura 7 frères et 2 sœurs. Un de ses frères entrera à la Trappe de Chimay (Belgique), au moment de l’entrée du jeune Yvan à l’Abbaye de Maredsous le 8 décembre 1897.
- Avril 1896 : à 16 ans, après un pèlerinage, Yvan parle à ses parents de son projet de vie religieuse.
- 8 décembre 1897 : à 17 ans et demi, Yvan entre à l’Abbaye Saint-Benoît de Maredsous (Belgique). Maître des novices : Dom Benoît d’Hondt, mort en 1908.
- 16 décembre 1897 : prise d’habit bénédictin.
- 21 mars 1899 : Profession simple (premiers vœux monastiques).
- 24 septembre 1900 : début de la rédaction de « Carnet du Bon Dieu ».
- 21 mars 1902 : Profession solennelle.
- 17 août 1902 : ordonné diacre.
- 30 août 1903 : ordonné Prêtre.
- 27 janvier 1907 : mort à 26 ans et 9 mois.
Prière d’abandon de Dom Pie de Hemptinne
« Ô Jésus, je m’abandonne entre Vos bras comme à la direction du Saint-Esprit ; faites de moi tout ce que Vous Voulez, directement ou par mes supérieurs, ou par les frères, et je tâcherai d’obéir parfaitement. Je ferai tout, Ô Amour, pour ne mettre aucun obstacle à Votre action. »
« Carnet du Bon Dieu », septembre 1900.
Prière d’amour de Dom Pie de Hemptinne
« Ô mon Dieu et mon unique Bien ! Mon cœur est plein de joie, parce que Vous venez de me faire comprendre que tout est amour, qu’en dehors de l’amour, il n’y a rien. Oui, Jésus ! Mon âme le comprend pratiquement, et désormais ne vivra plus que par l’amour… Pour me jeter plus entièrement sous la direction du Saint-Esprit, je ne veux plus qu’aimer en tout et partout. »
« Carnet du Bon Dieu », 2 octobre 1900.
« Très Sainte et très Aimable Trinité, Vous avez daigné jeter, en ce jour, un regard d’infinie Miséricorde sur ma très petite âme en l’appelant à Vous et en la recevant d’une façon solennelle, malgré son indignité et sa faiblesse ; mais, revêtue des mérites du Christ Jésus, et forte en Lui par Votre Divine Grâce, elle veut répondre à Votre appel, en toute plénitude d’amour. »
Jour de sa Profession solennelle, le 21 mars 1902.
« L’humble existence de ce jeune religieux ne se signale par aucune action d’éclat, par aucun phénomène mystique de nature à attirer l’attention des foules. Dans son monastère même, Dom Pie n’occupa aucune charge importante ; il fut simple religieux et ne se distingua que par la perfection de l’ordinaire : il sut obéir et aimer. Ce fut là toute sa grandeur : ce fut le secret de ce parfum divin qui embaume son souvenir, et qu’on respire encore dans ses modestes récits »…
« Sans effort, sans prétention aucune, il exerçait une salutaire influence sur ses compagnons, les entraînant, par exemple, à la Communion fréquente. »
Source : ouvrage des années 1920 (titre inconnu, peut-être "Dom Pie de Hemptinne", Éditions de Maredsous, 1963 (première édition : 1912), sur la vie de Dom Pie de Hemptinne, par « Dom Jean » (de Hemptinne ?).
Citations
« Aimer uniquement son excellent Maître. »
« Il n’y a de vraie vertu que dans l’amour absolu de Dieu ! »
Yvan de Hemptinne en classe de seconde.
« C’est le cœur qui chante le premier, les lèvres ne font que suivre ! »
« La relique vivante de mon bienheureux Père. »
Règle de Saint-Benoît qu’il portait toujours sur lui.
« Vivre au Ciel sur la terre, c’est demeurer en son âme : qui sait l’habiter y devient l’intime de Jésus et le contemplateur assidu de la Trinité bienheureuse. »
« Aspirations et Pensées », XXII.
« Oui, l’Amour divin est une sainte folie. Vous êtes la passion de nos âmes, Seigneur Jésus ! Vos dons les captivent, Vos tendresses les passionnent. »
« Aspirations et Pensées », XXIV.
« L’amour nous transporte là où il nous attire : qui aime Dieu s’élève donc à Lui : voilà la prière. Aimer beaucoup, c’est par conséquent beaucoup prier ; toujours aimer ou vivre d’amour, c’est donc prier sans cesse et ne point s’en lasser. »
« Aspirations et Pensées », XXIX.
« Rien ne satisfait mon âme sinon Vous, Dieu très bon. Je ne trouve de joie qu’en Vous, Vous êtes seul ma consolation, en Vous seul je puis me délecter, Ô souverain Bien de mon âme. »
« Carnet du Bon Dieu », 1er avril 1903.
« Les Personnes de l’Adorable Trinité s’aiment infiniment parce qu’Elles n’ont qu’une même Essence. Et nous, qui participons tous à la nature divine, comment ne serions-nous pas unis dans un seul amour, si profond qu’il bannisse l’égoïsme d’entre nous comme d’entre les Personnes de la Très Sainte Trinité ? »
Lettre à une parente religieuse, le 7 octobre 1901.
« Dans ton cœur comme dans le mien, Notre-Seigneur a déposé une étincelle que nous sentons, n’est-ce pas ? Eh bien ! le secret consiste à veiller à une seule chose, qui est de laisser grandir cette étincelle, sans jamais entraver son progrès. »
Lettre à une sœur, le 10 avril 1902.
« La raison d’être de l’homme, c’est d’aimer ; son unique besoin, c’est d’aimer ; sa seule force, toute sa joie, c’est d’aimer. Mais c’est pour Vous aimer, Ô Amour Incréé, que l’homme existe ; le besoin qui le presse, c’est Votre Amour ; il devient fort en Vous aimant ; le repos qu’il prend en Vous lui donne seul la vraie joie. Aussi ne cesse-t-il de chercher, tant qu’il ne se trouve à jamais perdu en Vous ! »
« Aspirations et Pensées », 1901.
« Je suis tourmenté par toutes sortes de pensées, et quoi que je fasse, elles ne me quittent que rarement. Papa me recommande de dire au Bon Dieu : "Je suis prêt, Seigneur, parlez et je viendrai" ; puis d’envoyer promener tous les tracas. Je trouve que, en théorie, le système est fort beau ; mais, en pratique, je ne parviens pas à le faire réussir. »
Avant son entrée à l’Abbaye de Maredsous où il était élève.
« Me voilà enfin à Maredsous. On ne m’a pas encore donné le saint habit et je suis pressé de le recevoir. Pour le moment, il m’épouvante encore et j’ai hâte de faire sa connaissance. En attendant, que le service de Dieu est aride, qu’il est triste ! On ne sait ce qu’on est ni ce qu’on fait, et si je ne voyais en tout cela la main de Dieu, je ne pourrais supporter une vie aussi pénible… Enfin, demandons à Dieu de nous embraser de Son Amour, c’est la seule chose désirable. Il faut nous y consumer entièrement. »
11 décembre 1897.
« Trois mots suffiront pour vous dire ce que mon âme ressent : je suis heureux… Je sens en moi quelque chose qui me dit que j’ai fait ce que je devais faire. Et puis, on voit qu’il faut aimer, aimer beaucoup, et que, sans l’amour, le moine est imparfait »…
« Quand on a l’ineffable bonheur de pouvoir y passer quelque temps (dans la chapelle du Saint-Sacrement) et qu’on se trouve là muet et comme fasciné par Jésus qui vous regarde de l’intérieur de Son Tabernacle, on y resterait des heures : encore faut-il un effort de volonté pour quitter cet endroit béni »…
« La paix y règne (dans sa cellule), on y est seul avec Dieu et, dans ce profond recueillement, on voit ce qu’on est. L’âme est alors saisie d’un véhément désir de la perfection et d’une union toute sainte avec son Dieu. »
À son Père Abbé Dom Hildebrand de Hemptinne.
Yvan en famille
« J’aime beaucoup ce beau nom (Pie (Pius), en rapport avec le Pape Pie V, grand dévot de la Vierge Marie). J’ai la conviction intime de la protection de la Sainte Vierge dans le choix de ce patron. Cette bonne Mère m’a obtenu la grâce de la vocation. C’est le jour de Son Immaculée Conception que j’ai embrassé la vie monastique et voilà qu’Elle me confie aux soins d’un de Ses plus fidèles enfants. Mon saint patron m’obtiendra l’amour de Celle par qui l’on va à Jésus. »
Lettre à son grand-père.
« Car vous ne croiriez pas le sentiment qu’on éprouve, le matin, au grand air, en pensant à Dieu : on Le trouve partout devant soi ; on tombe alors dans des considérations telles qu’on est suspendu dans le vague. »
Le jeune Yvan de Hemptinne, dans un écrit au Collège, exalte la Nature qu’il aime tant et qui le fascine, voyant Dieu jusque dans les plus petites choses de Sa Création.
« Je me suis abandonné entièrement entre les mains de mon bon père et je lui ai demandé de me donner cet amour divin qui seul peut remplir nos âmes. »
En parlant de Saint-Benoît, semble-t-il, lors d’une retraite annuelle prêchée par Dom Columba Marmion (1858-1923), Prieur du monastère du Mont-César de Louvain (Leuven, België - Belgique).
« Plus on connaît ce cher enfant, plus on l’aime. La divine sagesse habite dans son âme si pure. Il est d’une prudence qui m’étonne et d’une fraîcheur d’affection qui me ravit. »
Dom Columba Marmion, le Bienheureux Joseph Aloysius (Louis) Marmion, moine bénédictin irlandais, 3e Abbé de Maredsous, béatifié par Jean-Paul II le 3 septembre 2000.
Homélie du Saint Père Jean-Paul II
pour la béatification de Columba Marmion
« Cet enfant transpire le Bon Dieu ! »
Une tante de Dom Pie de Hemptinne
« Daignez, Ô mon Dieu, manifester dans cette petite âme les merveilles de Votre Saint Amour ! »
Sa mère l’offrant à Dieu dès avant sa naissance.
« Que de bonnes heures, trop courtes, hélas ! nous avons passées à causer du Bon Dieu. Oui, lorsqu’on aime Jésus, on se comprend bien vite. »
Une jeune fille écrivant à Dom Pie de Hemptinne, rencontré lors d’un séjour à « N... ».
« Je me souviens qu’un jour où mon âme était fort troublée, elle reprit son équilibre en regardant ce jeune frère qui, au chœur, se trouvait près de moi. Son attitude, son respect, sa dévotion me remuèrent profondément et me firent du bien. Souvent, je m’efforçai, sans qu’il le sût, de lui ressembler quelque peu. »
Témoignage d’un moine parlant de Dom Pie de Hemptinne.
Dom Pie de Hemptinne
Dessin d'Olivier Schmidt (Nice)
« Unissons-nous au Te Deum que,
pour la première fois, il chante au Ciel ! »
Son père, inondé de larmes, après la mort de son fils le 27 janvier 1907.
Sources principales de cet article : Revue « Sainte Rita », juin 2011 (n° 604) et juillet-août 2011 (n° 605).
Vierge Marie, "étude"
Sanguine de Jean-Yves Robles
Juin 2011
Marie Lataste et la Sainte Trinité
LIVRE PREMIER, Dieu, la Sainte Trinité.
Gloire et louange, amour et reconnaissance soient à jamais rendus à Jésus au saint sacrement de l’autel, au Père et au Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles, Amen.
Chapitre 1
Le Sauveur Jésus m’a ainsi parlé de la divinité : « Dieu est un en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Les trois personnes sont Dieu et ne forment pourtant qu’un seul Dieu. Le Père est le principe du Fils et du Saint-Esprit, mais non leur créateur, parce qu’ils sont éternels comme le Père et qu’ils n’ont jamais eu de commencement. De toute éternité, le Père engendre son fils par la connaissance qu’il a de lui-même. Le Père se comprend, et cette intelligence de Dieu le Père, c'est Dieu le Fils. Le Saint-Esprit n’est point engendré par le Père et le Fils, mais il procède de l’un et de l’autre. Dieu le Père se comprend, et se plaît dans son intelligence qu'il aime et dans laquelle il trouve son repos : cet amour du Père pour son intelligence, c'est le Saint-Esprit, union du Père et du Fils.
« Le Père est souverainement parfait et communique ses perfections au Fils, qui les communique avec le Père au Saint-Esprit. Ainsi le Fils est semblable au Père, le Saint-Esprit au Père et au Fils, les trois personnes semblables entre elles. Le Père est distinct du Fils, le Saint-Esprit distinct du Père et du Fils. Le Père est la première personne de la Trinité ou la personne sans principe autre qu’elle-même ; le Fils est l’intelligence du Père ou la deuxième personne; le Saint-Esprit, l’union amoureuse du Père et du Fils, ou la troisième personne ; et ces trois personnes ne font qu’un seul Dieu parce qu’elles n’ont qu’une même nature divine.
« Le Père est éternel, le Fils est éternel, le Saint-Esprit est éternel, et cette trinité d’éternités ne forme qu’une éternité, l’éternité de Dieu.
« Le Père est saint, le Fils est saint, le Saint-Esprit est saint, et cette trinité de saintetés ne forme qu’une sainteté, la sainteté de Dieu.
« Le Père est infiniment sage, le Fils infiniment sage, le Saint-Esprit infiniment sage, et cette trinité de sagesses ne forme qu’une sagesse, la sagesse de Dieu.
« Le Père est tout-puissant, le Fils tout-puissant, le Saint-Esprit tout-puissant, et cette trinité de toutes-puissances ne forme qu’une toute-puissance, la toute-puissance de Dieu.
« Le Père est miséricordieux, le Fils miséricordieux, le Saint-Esprit miséricordieux, et cette trinité de miséricordes ne forme qu’une miséricorde, la miséricorde de Dieu.
« Le Père est juste, le Fils juste, le Saint-Esprit juste, et cette trinité de justices, ne forme qu’une justice, la justice de Dieu.
« Le Père a une volonté, le Fils une volonté, le Saint-Esprit une volonté, et cette trinité de volontés ne forme qu’une volonté, la volonté de Dieu.
« Quant le Père veut une chose, le Fils et le Saint-Esprit la veulent aussi, et chacune des trois personnes divines coopère à toute action de la Divinité.
« Il n’y a point de lieu ni d’espace pour les trois personnes divines : elles occupent l’immensité. Elles sont partout au ciel et sur la terre ; mais elles manifestent plus particulièrement dans le ciel leur gloire et leur majesté aux êtres intelligents et raisonnables qu’elles ont créés. »
Chapitre 2
« Le Père est le principe du Fils et du Saint-Esprit, il est aussi le principe de tout ce qui a été fait, il doit en être, il en est aussi la fin.
« L’âme humaine vient de ce principe ; elle doit se le proposer pour dernière fin, diriger par conséquent vers lui ses pensées, ses désirs, ses affections, ses actions, ses prières, et ne rien désirer dans toutes ses œuvres que le parfait accomplissement de la volonté de Dieu le Père. En agissant ainsi, l'âme rend hommage au Père, au Fils et au Saint-Esprit, parce qu’en faisant la volonté du Père, elle fait aussi la volonté du Fils et du Saint-Esprit. »
Ces dernières paroles firent impression sur mon esprit qui cherchait, mais inutilement, à en connaître le sens. Le Sauveur Jésus s’en aperçut, et voyant ce qui se passait en moi, il ajouta :
« Après le péché de l'homme, Dieu envoya son Fils au monde pour le sauver. Le Fils, pendant sa vie, accomplit en tout la volonté du Père. Le Père veut que l'homme suive l’exemple de son Fils et qu'il lui rende hommage en l’imitant. Le Fils veut que l'homme suive la volonté du Père, comme il l’a suivie lui-même, et se trouve honoré de ce que l'homme marche sur ses traces quand il était sur la terre. Le Saint-Esprit, premier opérateur du bien dans les âmes, donne le mouvement à la volonté, éclaire l’esprit par ses lumières, et désire que l'homme corresponde à tout ce qu'il fait pour lui, en suivant l’exemple du Fils et se soumettant à la volonté du Père, par l’observation de ses commandements. Il se trouve honoré de ce que l'homme ne résiste pas à ce qu'il opère en lui. C'est ainsi que les trois volontés du Père, du Fils et du Saint-Esprit ne forment qu’une volonté, et en accomplissant celle du Père, on accomplit aussi celle du Fils et du Saint-Esprit. »
Telles sont les pensées qui, de la bouche du Sauveur Jésus, sont venues en mon esprit ; je les ai conservées par le souvenir ; mais je dois faire remarquer dès ce commencement que je ne puis exprimer tout ce qu'il m’a dit, tout ce qu'il lui a plu de me montrer, tout ce qu'il a voulu me faire sentir. Jésus est vraiment la parole de Dieu, et tout est parole en lui. Ce n’est point seulement quand il parle que je l’entends ; je l’entends aussi et le comprends dans son regard, dans son maintien, dans ses marques d’affection, de près, de loin, au ciel, sur la terre, dans mon cœur, partout. Cette parole n’est point comme la parole de l'homme ; voilà pourquoi la parole des hommes est insuffisante pour exprimer la parole de Jésus ; je tâcherai pourtant de l’exprimer de mon mieux et aussi bien qu'il me le permettra.
Soeur Marie Lataste, « Dieu, la Sainte Trinité », Livre Premier, chapitres 1 et 2.