Jeanne Le Ber
née le 4 janvier 1662 à Ville-Marie
ancienne iroquoienne Hochelaga,
aujourd'hui Montréal (Québec)
morte le 3 octobre 1714 à Ville-Marie
"Voilà ma pierre d'aimant : c'est notre Seigneur
présent dans le Saint-Sacrement."
Jeanne Le Ber
Prière pour obtenir une faveur
par l'intercession de Jeanne Le Ber
Dieu Éternel et Tout-Puissant,
nous Te louons pour Ta Servante
Jeanne Le Ber.
Fidèle à la Grâce de Ton appel,
elle a tout quitté pour vivre en silence
dans une solitude absolue,
afin de s'unir toujours plus à Ton Fils Jésus
présent dans l'Eucharistie.
À sa prière,
ravive notre Foi en l'Eucharistie,
rends-nous attentifs aux appels de Ta Grâce
et accorde-nous la faveur
que nous Te demandons en ce moment...
Nous T'en prions par Jésus-Christ,
Ton Fils, notre Seigneur.
Amen.
Prière à Jeanne Le Ber
Bienheureuse la femme que Dieu a visitée.
Elle a remis sa vie, elle a donné sa Foi
à Celui qui ouvre nos cœurs à Sa présence.
Tu nous conduis, Seigneur,
par un chemin de sainteté.
Bienheureuse la femme que Dieu a purifiée.
Elle a livré sa vie, elle a choisi la Croix de Celui
qui ouvre nos cœurs à la patience.
Tu nous convies, Seigneur,
à cet amour de la pauvreté.
Office des Recluses Missionnaires
Éloge funèbre de la Vénérable
Sœur Jeanne Le Ber *
« L'illustre vierge et l'admirable solitaire pour qui nous prions aujourd'hui, messieurs, je veux dire, la vénérable sœur Jeanne Le Ber, a trop bien mérité de sa patrie, elle a fait trop d'honneur à cette ville et à cette Église, pour qui nous puissions nous dispenser de rendre à sa mémoire des marques de distinction et d’une estime toute particulière. Elle a tant attiré de grâce céleste sur les âmes par les exemples de sa vertu, tant de fois détourné par ses prières de dessus nos têtes les fléaux de la guerre et de la peste, que nous ne pouvons sans ingratitude nous abstenir d’accompagner son départ de ce monde, ou plutôt sa triomphante sortie de cet exil, du témoignage de nos admirations. D’ailleurs, messieurs, la vie toute extraordinaire de cette admirable recluse va donner un relief à notre ville et un avantage au nouveau monde par-dessus l’ancien, qui égalera ces derniers temps aux premiers âges de l’Église. Comment cette Église se pourrait-elle taire l’honneur qu’elle fait à la grâce ? »
« Oui, mes sœurs, à peine trouvera-t-on dans l’étendue de la chrétienté de l’Ancien monde une fille qui ait eu le courage de renouveler la vie sublime des anciens anachorètes ; notre âge est trop déchu, il faut remonter jusqu’à l’antiquité la plus reculée de la vie des saints pour trouver dans tout le sexe de tels exemples de vie érémitique. ».....
« Perçons donc après sa mort ces murs confidents de sa belle vie. Nous y découvrirons les vestiges édifiants des vertus les plus imitables par tous les états, et les remèdes et la victoire de tous les vices. Nous y verrons la dévotion la plus fervente au saint sacrement de l’autel, sa religion et son zèle pour la parure des autels. Nous y verrons son imitation fidèle de la vie de la sainte Vierge renfermée dans le temple et dans le saint des saints. Nous y verrons sa dévotion aux anges, et son imitation de la vie angélique dans son oraison continuelle. Mais que n’y verrons-nous point quel amour pour la pauvreté et pour les pauvres, quelle humilité et simplicité. »......
« Mais vous, ô Sainte Vierge, modèle général des saints, comme il n'y a point de saint qui ne vous soit ressemblant, qu'on ne le peut être qu'on ne soit conforme à l'image parfaite de votre fils qui est vous-même et vous seule. Dites-nous, dites-nous jusqu’où est allée la ressemblance que la vénérable sœur Jeanne Le Ber a eue avec vous. Vous avez été recluse dans le temps et dans le sanctuaire, dans le saint des saints, privilège accordé à vous seule, et notre admirable recluse a passé les vingt dernières années de sa vie dans une habitation faite sur le modèle de celle de Lorette qui fut votre chambre dans le petit appartement qu’on appelle aujourd’hui "sacro camino", dans un voisinage immédiat du véritable saint des saints.
C’est là, ô Vierge sainte, que votre disciple, votre élue apprenait à faire comme vous, à faire des robes et des habits à Jésus, je veux dire des ornements à ses autels. C’est là dans votre école, ô admirable maîtresse, qui cette vierge, votre novice, se fit aussi les yeux de ceux qui admirent nos beaux devants-d’autel et nos chasubles de sa façon ; c’est vos enseignements, ô vierge sainte, qui lui ont appris à répandre des fleurs plus belles qui nature, à répandre l’or sur les ornements, et à inspirer la dévotion et le zèle à tous ceux qui aiment la beauté de la maison de Dieu.
Et vous, anges, qui ne vites presque ni terre ni matière ni chair en cet ange terrestre, mais des inclinations toutes semblables aux vôtres, puisque la sympathie et la longue conversation font l’amitié, qu’a-t-elle gagné avec vous, avec qui elle a uniquement conversé "conversatio nostra in coelis" ?
Ce qu’elle a gagné : le don de l’oraison sublime, de sapience qui est cette sagesse de goût, expérience, conviction de la vérité.
1. Que Dieu est le grand tout : qui l’a, possède tout, qui ne l’a n’a rien;
2. Que rien n’est véritablement réel que Dieu, les sentiments des choses spirituelles, le salut de notre âme, l’éternité.
Que rien ne nous est si précieux que nôtre âme, cette substance pensante, cette pensée substantielle qui a Dieu pour père et ne vient point de la chair; que rien n’obscurcit, n’avilit et n’afflige tant à la fin l’âme que l’amour des plaisirs, des honneurs et des richesses qui ne fournissent à l’âme que des idées, des impressions, des goûts, des penchants corrompants dans la vie et désolants à la mort.
Voilà les sentiments goûtées et expérimentalement sentis que cette grande âme a retirés de ses oraisons, je veux dire, de sa communication et commerce avec les anges. ».....
« Quand une sainte est morte, elle inspire de l’amour, de la confiance, de la dévotion ; personne n’en a peur, il semble que de sa face il sort des rayons de gloire, que les anges sont ses gardiens.
Vous ne voulez pas être sainte canonisée, chantez-vous, vous serez dans le jour du jugement, ou réprouvée ou canonisée, jugée ou condamnée par votre concitoyenne. Mais non ! Ô âme sainte, soyez plutôt notre avocate, je me repends, je ne veux pas coudre en mon cœur, que rien ne m’empêche d’appeler sainte que la défense de l’Église, nous nous repentons tous et toutes de vous imiter si peu ; priez pour vos concitoyens, que nous puissions être imitateurs de vos vertus, et compagnons de votre gloire. Amen »
* Abrégé de l’Éloge funèbre de la Vénérable Sœur Jeanne Le Ber prononcé le 5 octobre 1714 par François Vachon de Belmont, Supérieur de Saint-Sulpice à Montréal.
Tombeau de Jeanne Le Ber