"Resse pas dan’ fénoir viens dans la Lumière. Mette par côté çaq l’a pas bon et marche droite avec zot conscience droite. Soleil y lève, soleil y dort, la lune y lève, la lune y dort ; zot même la lumière y éteinde pas."
Traduction : "Ne restez pas dans les ténèbres ; venez à la lumière. Laissez de coté ce qui n’est pas bon et allez tout droit avec votre conscience droite. Le soleil se lève et puis il se couche ; la lune se lève et puis elle se couche ; mais vous êtes la lumière qui ne s’éteint pas."
Extrait de la Messe pour la béatification de Frère Scubilion, Homélie du Saint-Père Jean-Paul II lors de son voyage apostolique à Saint Denis (La Réunion) le mardi 2 mai 1989.
Jean Bernard Rousseau
Frère Scubilion
né le 21 mars 1797 à Annay-la-Côte (Yonne)
mort le 13 avril 1867 à Sainte-Marie (la Réunion)
Prière au Bienheureux Frère Scubilion
Seigneur,
Tu as fait du Frère Scubilion,
un éducateur plein d’esprit de foi et de zèle
pour évangéliser les pauvres,
conduire les esclaves à l’Espérance,
appeler les pécheurs à la réconciliation ;
accorde-nous de suivre son exemple,
pour qu’avec l’aide de la Vierge Marie,
nous puissions vivre de Ton Amour
dans la lumière de l’Eucharistie
et le rayonnement de la Croix glorieuse.
Par Jésus-Christ, Ton Fils,
notre Seigneur et notre Dieu,
qui règne avec Toi et le Saint-Esprit,
maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen.
Avec l'aimable autorisation de Frère Vincent (des Frères des Écoles Chrétiennes), auteur de cette prière. Remerciements chaleureux à Frère Vincent et aux responsables du site du diocèse de la Réunion.
Homélie pour la fête du Bienheureux Frère Scubilion,
le dimanche 11 juin 2007, à Tharoiseau,
par Mgr François Tricard, curé-recteur de Vézelay.
Nous célébrons la fête du Corps et du Sang du Christ, la "Fête-Dieu" en ce lieu (l'église actuelle a été entièrement reconstruite au XIXe siècle) où Jean Bernard Rousseau a fait sa première communion, sans doute avec le vieux curé l'abbé Petitier de Chaumail (curé de Tharoiseau de 1754 à 1811). Il prit ensuite l'habitude de la communion fréquente sous l'influence de l'abbé Darcy qui n'était pas janséniste. Les jansénistes exigeaient une grande perfection pour communier. Dans l'Yonne, en Puisaye, on parle encore de ce prêtre qui avait écrit à son évêque : "grâce à Dieu, Mgr, il n'y aura eu aucune communion sacrilège cette année" parce qu'il n'avait donné la communion à personne.
Dans la mouvance de la Confrérie du Sacré-Coeur de Notre Seigneur Jésus Christ, le 25 octobre 1819 – il avait 22 ans – il fit une consécration au Sacré Coeur en son église paroissiale. Il s'était engagé à une heure d'adoration de 5h à 6h du matin chaque Jeudi-Saint. Il sera fidèle à cette heure, mais surtout à l'adoration de Jésus dans le Saint Sacrement jusqu'à sa mort – pendant 48 ans. Nous retiendrons de cette période de sa vie, en cette fête, une première orientation pour nous : que notre communion soit fréquente et qu'elle soit une affaire de coeur. Le Pape Benoît XVI aimait à redire ces derniers jours que la communion était pour tous, pour tout l'univers.
Notre frère Scubilion nous invite aussi à vivre de l'Eucharistie de désir. Il n'est pas toujours possible d'aller à la messe selon les circonstances de la vie. Lorsqu'il partit pour l'Île Bourbon, le voyage en bateau durait près de trois mois. Il n'y avait pas de prêtre pour célébrer sur le bateau. Le jour de la Fête-Dieu il voulut fêter le Seigneur à sa manière. Il entreprit de discuter avec le capitaine du bateau sur des sujets religieux. Il nous invite à notre tour à donner à notre vie eucharistique une dimension missionnaire.
A Saint-Leu, à la Possession, il eut souci de permettre aux esclaves, puis aux affranchis d'être catéchisés, baptisés et surtout de recevoir la communion. Il vivait la parole du psaume 21, 27 : "les pauvres mangeront et seront rassasiés". Toute sa vie il a fait le lien entre le service des pauvres et l'Eucharistie. Dans l'évangile de saint Jean (ch 13) là où les autres évangélistes et saint Paul que nous venons de lire (première lecture) font le récit de la Cène, nous trouvons le lavement des pieds des apôtres par Jésus. Le frère Scubilion a vécu dans la foi au Christ présent dans l'Eucharistie et dans les plus malheureux. Il nous demande de le suivre sur ce chemin.
Il avait le souci de la fidélité à la messe du dimanche : "Quiconque les dimanches la messe entendra, dans toutes ses activités Dieu le bénira".
Il proposait le salut du Saint Sacrement et lorsqu'il adorait – comme le Curé d'Ars - son visage était irradié.
"Qui regarde vers le Seigneur, resplendira, sera illuminé". Le frère faisait à pied et à jeun les 12 km qui séparent Sainte-Marie de Saint-Denis. C'est un exemple qu'il nous laisse à nous qui parfois voudrions la messe à notre porte.
(C'est une parenthèse, mais je pense à un homme vénéré tout près d'ici, à 20 km, Vauban. Il ne voulait pas que les ouvriers travaillent à ses fortifications le dimanche pour respecter le jour du Seigneur. Il avait le souci d'avoir des prêtres en nombre suffisant pour que les soldats puissent se confesser et communier.)
À Sainte-Marie, le frère Scubilion accompagnait le curé lorsqu'il allait porter le viatique. Lui-même reçu six ou sept fois la communion pendant les trente derniers jours de sa vie. S'il avait vécu aujourd'hui, il n'aurait pas hésité à porter la communion aux malades. Il nous inviterait à le faire.
Un de ses frères avait échangé avec le frère Scubilion son manteau. Ce frère, Charles Vourron, fut pris pendant la messe d'une grande dévotion pour Notre Seigneur dans l'Eucharistie. En cette fête, échangeons notre vêtement avec lui et demandons à notre bienheureux frère de nous revêtir de son amour pour le Christ dans l'Eucharistie. Amen.