Serge de Laugier de Beaurecueil
né à Paris le 28 août 1917
mort à Rouen le 2 mars 2005
Frère de l'Ordre des Prêcheurs
Ordo Prædicatorum (O.P.)
Il est le cofondateur, au début des années 1950, de l'I.D.E.O.
(Institut Dominicain d'Études Orientales).
Friar Serge de Beaurecueil, o.p.
"C'est le soir..., comme pour la Cène. Selon la volonté du Prêtre, en mémoire de lui, j'ai fait ce qu'il a fait, j'ai dit ce qu'il a dit... En consommant le Pain, en buvant à la Coupe, j'ai annoncé sa mort et sa résurrection, les yeux fixés sur son retour, et j'ai anticipé le festin du Royaume, où l'on viendra du nord et du midi, et du levant, et du couchant, et donc aussi d'Afghanistan...
Notre Père en Dari ( دری )
Le jour durant, je suis allé par les chemins des hommes, recueillant les trésors de leur coeur, partageant leur travail et leur pain, faisant route avec eux comme un frère, et c'est en précurseur de tout un peuple que je suis revenu, pour le Repas, leur donnant part ainsi à la Divine Liturgie, celle de tous et pour toujours..."
Kaboul, Saint-Abraham, mars 1967.
Poème au Frère Serge de Beaurecueil
« Cher Frère de Beaurecueil,
par ton tendre cœur d’accueil,
tes fraternels et beaux recueils,
malgré d’innombrables écueils,
tu as rassemblé sans trompe-l’œil.
Telles des fleurs que l’on cueille,
Tu as semé l’amour jusqu’au cercueil ;
Remplis-nous de ta joie malgré notre deuil,
Intercède pour nous afin que Dieu le Veuille. »
Poème de Patrick ROBLES composé à Puget-Théniers le 9 janvier 2011.
Notre Père en Pachto (Pashto, Pachtoune, پښتو)
« J’ai rencontré Quelqu’un, le Dieu vivant, qui m’a “séduit", pour parler comme Jérémie. Je ne crois guère aux idéologies, mais je crois à Jésus de Nazareth. Je ne crois guère à la morale, mais je crois à l’Esprit Saint, guidant mes pas, de l’intérieur. Je ne crois pas “posséder" la Vérité que je pourrais, du haut de ma supériorité, dispenser aux autres. Je souhaite seulement, avec eux, souvent par eux et à travers eux, pas à pas, jour après jour, aller vers elle, afin que ce soit elle qui me possède. Quelle que puisse être par moments l’obscurité de notre nuit, je crois, pour eux et pour moi, de tout mon être, à la radieuse Étoile du matin. »
Serge de Beaurecueil, extrait de son livre : « Je crois en l’étoile du matin » (Cerf 2005), vendu au profit de l’ONG « Afghanistan demain ».
"Sandales aux pieds, bâton en main, il faut manger l'Eucharistie ; elle est le pain du voyageur, que l'on se partage à l'étape, avant de repartir ensemble... Ce soir, je suis seul à l'autel ; la caravane, éparpillée dans les maisons, dans les vallées, sur les montagnes, devise avant de s'endormir... Ils sont las !... Et cependant demain il faudra repartir.
Perdu au milieu d'eux, épousant leur destin, j'orienterai leurs pas vers le Soleil... là où le Prêtre les attend. C'est pour eux que dans un instant, en manière de viatique je vais manger son corps, je vais boire son sang… En leur nom, je n'ai plus qu'une prière à dire : "A toi Dieu vivant et bon Seigneur, nous nous confions, nous et nos compagnons de route, dans l'espérance de la vie future que nous attendons dans le Christ.. Rends nous dignes de t'invoquer en te confessant d'une conscience pure, Père saint, en te disant : Notre Père...."
"... La nuit, lorsque mon peuple dort, pieds nus, accroupi dans le fond de ma petite chapelle, je me fais son intercesseur. Comme Abraham, comme Jacob, comme Moïse, comme Jésus...
Un bâtonnet de santal répand son parfum, symbole de tous ceux qui se sont consumés aujourd'hui, dans le dur labeur, dans la souffrance, ou dans l'amour...
Et je suis là, accablé de toutes les fautes de mon peuple, affligé de toutes ses peines, lourd de tous ses espoirs...
Tous ceux qui se sont endormis aujourd'hui pensant ne rencontrer qu'un Juge, je les présente à leur Sauveur et je les introduis aux Noces Éternelles. Tous les petits qui sont nés aujourd'hui, j'en fais des enfants de Dieu. Toutes les prières accomplies aujourd'hui, dans les maisons, dans les mosquées, je les transforme en Notre Père....
Mon cœur n'est plus que le creuset où, au feu de l'amour du Christ, tous les alliages de chez nous se métamorphosent en or. Et à travers mes lèvres que je lui prête, c'est l'Afghanistan tout entier qui clame vers le Père cet Abba! que lui souffle l'Esprit..."
"...Il faut donc que je reste avec mon peuple, afin de les aimer, comme Jésus, jusqu’à la fin.
Pour moi, c’est la seule grâce que je demande, par l’intercession d’Ansârî, de Ghaffâr, et de
tous nos saints..."
1965.
Les 10 Commandements en arabe, Exode XX