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  • : In hoc signo vinces. Parousie by ROBLES Patrick
  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
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  • Patrick ROBLES
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 17:03

INTRODUCTION

L'auteur de ce petit livre est un écrivain religieux bien connu et très autorisé, le Père Jean-Baptiste Saint-Jure (1588-1657) , de la Compagnie de Jésus (et Saint-Claude de la Colombière). Les pages qu'on va lire ont été, en effet, extraites à peu près textuellement du livre IIIe, chapitre VIIIe de son grand ouvrage intitulé : "de la connaissance et de l'amour de notre-Seigneur Jésus-Christ", qui faisait les délices du Saint Curé d'Ars et était comme son manuel ascétique. Voilà, sans doute, un titre de recommandation plus que suffisant aux yeux des âmes pieuses, auxquelles cet opuscule est principalement destiné. Qu'elles nous permettent, néanmoins, d'y ajouter quelque chose de plus direct et de plus pressant. Le 1er février 1851 mourait saintement, à Lyon, le neveu de l'illustre général Marceau et l'unique héritier de son nom. D'abord incrédule, pour ne pas dire impie fieffé, « apôtre exalté du saint-simonisme, tout à fait homme du monde et même passablement libertin », Auguste Marceau fut l'une des plus belles conquêtes de l'Archiconfrérie de Notre-Dame-des-Victoires. Or, un jour qu'il avait à parler devant une réunion d'ouvriers, il leur dit avec une touchante candeur : « Mes amis, il y a sans doute parmi vous des hommes qui ne sont pas chrétiens et n'aiment pas la religion. Eh bien ! sachez-le, j'ai été impie comme vous ; nul plus que moi n'a détesté le christianisme ; mais je dois lui rendre cette justice que, tant que je n'ai pas été chrétien, j'ai été malheureux... » Voyons-le maintenant, une fois devenu fervent chrétien.

Dans une visite qu'il fit au Supérieur des Maristes, à Lyon, en octobre 1849, celui-ci fut frappé de la violence d'une toux qui l'épuisait, en même temps que d'un mal de jambe qui ne pouvait guérir. Il enjoignit à Marceau de garder la chambre ; et, docile comme un enfant, l'intrépide navigateur obéit sans réplique. « Je suis aussi content - dit-il alors - de glorifier Dieu en buvant de la tisane dans ma chambre qu'en éprouvant des coups de vent sur la mer ». Il passa la dernière année de sa vie dans une solitude absolue, d'où il écrivait à un ami : « Je puis vous assurer que j'ai rencontré le bonheur qu'on peut espérer sur la terre, dans le petit coin ignoré où ma vie s'écoule, loin de ma famille, de mes amis et de mes connaissances ». Il disait encore ailleurs : « Là est tout le secret du bonheur sur cette terre : correspondre à la volonté de Dieu !... » Mais où donc Marceau avait-il puisé des sentiments si élevés, et si pleins d'encouragement pour nous ? Écoutons l'historien de sa vie : « C'est lui qui a fait réimprimer à Lyon le livre de la Divine Providence, si petit de format, si grand de choses. Déjà, en 1842, Marceau avait rencontré cet opuscule à Nantes. Je puis vous assurer, dans toute la sincérité de mon cœur, disait-il au commandant Le Bobinnec, que Dieu ne m'eût-il accordé que la faveur d'avoir connu ces quelques pages, en échange des ennuis de toutes sortes qui m'ont accablé dans le commandement du yacht (l'Arche d'alliance), je trouverais cette grâce à bon marché. C'est un livre d'un prix inestimable. « On ne s'étonnera pas de ces éloges, quand on saura que deux mots résument toute la doctrine de ce livre : Voir Dieu en toutes choses. En toutes choses se soumettre à la Volonté de Dieu ». On n'a point cru nuire à la valeur de cet opuscule, en y introduisant quelques légères modifications plutôt matérielles et en marquant les divisions moins faciles à saisir dans les éditions précédentes.

Saint-Claude de la Colombière (1641-1682)
Compagnie de Jésus

 

† GEORGES CABANA, Archevêque de Sherbrooke
Nihil Obstat : G. Courtade, S.J. Vanveis, die 7a Maii 1940.
Imprimi Potest : A. Larouche, Ch. Sherbrookii, die 9a Januarii 1954
Imprimatur : Georgius Cabana, Arch. Sherbrookii, die 9a Januarii 1954.


LA DIVINE PROVIDENCE

I


La Volonté de Dieu a fait et gouverne toutes choses. Traitant de la Volonté de Dieu, Saint-Thomas enseigne, après Saint-Augustin, qu'Elle est la raison, la cause de tout ce qui existe. En effet : « Le Seigneur - dit le Psalmiste - a fait tout ce qu'il a voulu, au Ciel, sur la terre, dans la mer et dans tous les abîmes ». Il est écrit encore, au livre de l'Apocalypse : « Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir gloire, honneur et puissance, parce que c'est vous qui avez créé toutes choses, et que par votre volonté, elles étaient et ont été créées ». C'est donc la Volonté Divine qui a tiré du néant les cieux, avec leurs habitants et leurs magnificences, la terre avec tout ce qu'elle porte à sa surface et renferme dans son sein ; en un mot, toutes les créatures visibles et invisibles, vivantes et inanimées, raisonnables et privées de raison, depuis la plus élevée jusqu'à la plus infime. Or, si le Seigneur a produit toutes ces choses, comme dit l'apôtre Saint-Paul, suivant le conseil de sa Volonté, n'est-il pas souverainement juste et raisonnable, et même absolument nécessaire, qu'elles soient conservées et gouvernées par Lui, suivant le conseil de cette même volonté ? Et de fait : Qu'est-ce qui pourrait subsister, dit le Sage, si vous ne le vouliez pas ? ou se conserver sans vos ordres ? Cependant, les œuvres de Dieu sont parfaites, est-il écrit au Cantique de Moïse. Elles sont si accomplies que le Seigneur lui-même, dont la censure est rigoureuse et le jugement formé de droiture, a constaté, la création achevée, qu'elles étaient bonnes et très bonnes. Mais il est bien évident que Celui qui a fondé la terre par la sagesse, et affermi les cieux par la prudence, ne saurait apporter moins de perfection dans le gouvernement que dans la formation de ses ouvrages. Aussi, comme il ne dédaigne pas de nous le rappeler, si sa Providence continue à disposer toutes choses, c'est avec mesure, nombre et poids, c'est avec Justice et Miséricorde. Et personne ne peut lui dire : Pourquoi faites-vous ainsi ? Car, s'il assigne à ses créatures la fin qu'il veut, et choisit pour les y conduire les moyens qui lui plaisent, il ne peut leur assigner qu'une fin sage et bonne, ni les diriger vers cette fin que par des moyens également sages et bons. Ne soyez donc pas imprudents, nous dit l'Apôtre ; mais efforcez-vous de connaître quelle est la Volonté de Dieu ; afin que, l'accomplissant, vous obteniez l'effet de ses promesses ; c'est-à-dire le bonheur éternel, puisqu'il est écrit : le monde passe, avec sa concupiscence ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.

1) Dieu règle tous les événements, bons ou mauvais. Non, rien ne se passe dans l'univers que Dieu ne le veuille, qu'il ne le permette. Et cela doit s'entendre absolument de toutes choses, le péché excepté. « Rien, - enseignent unanimement les Saints Pères et les Docteurs de l'Église, avec Saint-Augustin, - rien n'arrive par hasard dans tout le cours de notre vie ; Dieu intervient partout ». Je suis le Seigneur, dit-il lui-même par la bouche du prophète Isaïe ; je suis le Seigneur et il n'en est point d'autre ; c'est moi qui forme la lumière et qui crée les ténèbres, qui fais la paix et qui crée les maux ; c'est moi, le Seigneur, qui fais toutes ces choses. - C'est moi, avait-il dit auparavant par Moïse, c'est moi qui fais mourir et c'est moi qui fais vivre ; c'est moi qui blesse et c'est moi qui guéris. - Le Seigneur ôte et donne la vie, est-il dit encore dans le cantique d'Anne, mère de Samuel, il conduit au tombeau et il en retire ; le Seigneur fait le pauvre et le riche : il abaisse et il élève. - Arrivera-t-il dans la cité, dit le Prophète Amos, quelque mal (affliction, désastre) qui ne vienne du Seigneur ? - Oui, proclame le Sage, les biens et les maux, la vie et la mort, la pauvreté et les richesses viennent de Dieu. Ainsi, dans cent autres endroits. Vous allez dire peut-être que, si cela est vrai de certains effets nécessaires, comme la maladie, la mort, le froid, le chaud et autres accidents produits par des causes naturelles, dépourvues de liberté, il n'en est plus ainsi dès qu'il s'agit de choses qui relèvent de la libre volonté de l'homme. Car enfin - m'objecterez-vous - si quelqu'un parle mal de moi, s'il me ravit mes biens, me frappe, me persécute, comment puis-je attribuer cette conduite à la Volonté de Dieu, qui, loin de vouloir que l'on me traite de la sorte, le défend au contraire sévèrement ? On ne peut donc alors - conclurez-vous - s'en prendre qu'à la volonté de l'homme, à son ignorance ou à sa malice. - C'est bien là, en effet, le retranchement derrière lequel on cherche à s'abriter, pour éluder les coups ménagés par la main du Seigneur, et excuser un manque de courage et de soumission. Mais, c'est en vain - vous répondrai-je - que vous pensez à vous prévaloir de ce raisonnement, pour vous défendre de vous abandonner à la Providence ; car Dieu lui-même l'a réfuté et nous devons, sur sa parole, croire que dans ces sortes d'événements, comme dans tous les autres, rien n'arrive que par son ordre ou sa permission. Écoutez plutôt. Il veut châtier l'homicide et l'adultère commis par David, et voici comment il s'exprime par l'organe du prophète Nathan : Pourquoi donc as-tu méprisé ma parole, et commis le mal devant mes yeux ? Tu as fait périr Urie l'Hétéen ; tu lui as ravi sa femme et tu l'as lui-même tué par le glaive des enfants d'Ammon. C'est pourquoi le glaive ne sortira plus de ta maison, parce que tu m'as méprisé, et que tu as ravi la femme d'Urie l'Hétéen. Voici donc ce que dit le Seigneur : Je te susciterai des châtiments dans ta propre maison ; je prendrai tes femmes sous tes yeux et je les donnerai à l'un des tiens, à la face du soleil. Tu as fait, toi, le mal en secret ; mais moi je te châtierai à la vue de tout Israël et en plein soleil. Plus tard, les Juifs ayant, par leurs iniquités, gravement outragé le Seigneur et provoqué sa Justice : Assur, dit-il, est la verge et le bâton de ma fureur ; j'ai fait de sa main l'instrument de ma colère ; je l'enverrai à la nation perfide, je lui ordonnerai de marcher contre le peuple objet de ma fureur, de le dépouiller, de le mettre au pillage, de le fouler aux pieds comme la boue des chemins. Eh bien ! je vous le demande, Dieu pouvait-il plus ouvertement se déclarer l'Auteur des maux qu'Absalon fit souffrir à son père, et le roi d'Assyrie aux Juifs ? Il serait facile d'apporter d'autres exemples ; mais ceux-là suffiront. Concluons donc avec Saint-Augustin : « Tout ce qui nous arrive ici-bas contre notre volonté (que ce soit de la part des hommes ou d'ailleurs), ne nous arrive que par la Volonté de Dieu, par les dispositions de la Providence, par ses ordres et sous sa direction ; et si, vu la faiblesse de notre esprit, nous ne pouvons saisir la raison de tel ou tel événement, attribuons-le à la Divine Providence, rendons-lui cet honneur de le recevoir de sa main, croyons fermement que ce n'est pas sans motif qu'elle nous l'envoie ». Répondant aux plaintes et aux murmures des Juifs, qui attribuaient leur captivité et leurs souffrances à la mauvaise fortune et à d'autres causes que la juste Volonté de Dieu, le prophète Jérémie leur dit : Quel est celui dont la parole peut produire un effet quelconque si le Seigneur ne l'ordonne ? Est-ce que les biens et les maux ne sortent pas de la bouche du Très-Haut ? Pourquoi donc l'homme, pendant sa vie, murmure-t-il, se plaint-il des châtiments dus à ses péchés ? Pour nous, rentrons en nous-mêmes, interrogeons notre conscience, réformons notre conduite et revenons au Seigneur. Élevons au Ciel nos cœurs et nos mains vers le Seigneur, et disons-lui : Nous avons agi injustement, nous nous sommes attiré votre colère; c'est pour cela que vous êtes devenu inexorable. Ces paroles ne sont-elles point assez claires ? Nous devons en tirer profit pour nous-mêmes. Ayons soin de tout rapporter à la Volonté de Dieu, et croyons bien que tout est conduit par sa main paternelle. Comment Dieu peut-il vouloir ou permettre les événements mauvais ? Cependant - direz-vous peut-être encore - il y a péché dans toutes ces actions ; comment donc Dieu peut-il les vouloir et y prendre part, Lui qui, étant la Sainteté même, ne saurait avoir rien de commun avec le péché ? En effet, Dieu n'est pas et ne peut pas être l'auteur du péché. Mais n'oublions pas que, dans tout péché, il faut, comme disent les théologiens, distinguer deux parts, l'une naturelle, l'autre morale. Ainsi, dans l'action de l'homme dont vous croyez devoir vous plaindre, il y a, par exemple, le mouvement du bras qui vous frappe, de la langue qui vous injurie, et le mouvement de la volonté qui s'écarte de la droite raison et de la loi de Dieu. Mais l'acte physique du bras ou de la langue, comme toutes les choses naturelles, est fort bon en lui-même et rien n'empêche qu'il ne soit produit avec et par le concours de Dieu. Ce qui est mauvais, ce à quoi Dieu ne saurait concourir et dont il ne peut être l'auteur, c'est l'intention défectueuse, déréglée, qu'apporte à ce même acte la volonté de l'homme. La démarche d'un boiteux, en tant qu'elle est un mouvement, provient à la fois, il est vrai, de l'âme et de la jambe ; mais la défectuosité qui rend cette démarche vicieuse ne vient que de la jambe. De même toutes les actions mauvaises doivent être attribuées à Dieu et à l'homme, en tant qu'elles sont des actes naturels physiques ; mais elles ne peuvent être attribuées qu'à la volonté de l'homme, en tant qu'elles sont déréglées, coupables. Si donc l'on vous frappe ou que l'on médise de vous, ce mouvement du bras ou de la langue n'étant point un péché, Dieu peut très bien en être et il en est effectivement l'auteur, car l'homme, non plus qu'aucune créature, n'a l'existence ni le mouvement de lui-même, mais de Dieu, qui agit en lui et par lui : car c'est en Dieu, dit Saint-Paul, que nous avons la vie, le mouvement et l'être. Quant à la malice de l'intention, elle est toute de l'homme, et c'est là seulement que se trouve le péché, auquel Dieu ne prend aucune part, mais qu'il permet toutefois, pour ne pas porter atteinte au libre arbitre. De plus, quand Dieu concourt avec celui qui vous meurtrit ou qui vous dérobe vos avoirs, il veut sans doute vous priver de cette santé ou de ces biens, dont vous abusiez et qui eussent causé la ruine de votre âme ; mais il ne veut nullement que le brutal ou le voleur vous les ravissent par un péché. Ceci n'est point le dessein de Dieu, ce n'est que la malice de l'homme. Un exemple pourra rendre la chose plus sensible. Un criminel, par un juste jugement, est condamné à mort. Mais le bourreau se trouve être l'ennemi personnel de ce malheureux, et au lieu de n'exécuter la sentence du juge que par devoir, il le fait par esprit de haine et de vengeance... N'est-il pas évident que le juge ne participe nullement au péché de l'exécuteur ? La volonté, l'intention du juge n'est pas que ce péché soit commis, mais bien que la justice ait son cours, et que le criminel soit châtié. De même, Dieu ne participe, en aucune façon, à la méchanceté de cet homme qui vous frappe ou qui vous vole : elle est son fait particulier. Dieu veut, avons-nous dit, vous corriger, vous humilier ou vous dépouiller de vos biens, pour vous affranchir du vice et vous porter à la vertu ; mais ce dessein de Bonté et de Miséricorde, qu'il pourrait exécuter par mille autres moyens où ne serait aucun péché, n'a rien de commun avec le péché de l'homme qui lui sert d'instrument. Et, de fait, ce n'est pas sa mauvaise intention, son péché qui vous fait souffrir, vous humilie ou vous appauvrit ; c'est la perte, la privation de votre bien-être, de votre honneur ou de vos biens temporels. Le péché ne nuit qu'à celui qui s'en rend coupable. C'est ainsi que nous devons, en ces sortes d'événements, séparer le bon du mauvais, distinguer ce que Dieu opère par les hommes de ce que leur volonté y ajoute de son propre fonds.


Exemples pratiques


Saint-Grégoire nous propose la même vérité sous un autre jour. Un médecin, dit-il, ordonne une application de sangsues. Ces petites bêtes ne sont occupées, en tirant le sang du malade, que de s'en rassasier et de le sucer, autant qu'il dépend d'elles, jusqu'à la dernière goutte. Cependant le médecin n'a d'autre intention que d'ôter au malade ce qu'il a de sang vicié et, par ce moyen, de le guérir. Rien donc de commun entre la folle avidité de sangsues et le but intelligent du médecin qui les emploie. Aussi le malade les voit-il sans aucune peine. Il n'envisage nullement les sangsues comme malfaisantes ; il tâche, au contraire, de surmonter la répugnance que leur laideur lui fait éprouver; et même il protège, il favorise leur action, sachant bien qu'elles n'agissent que parce que le médecin l'a reconnu utile à sa guérison. Or, Dieu se sert des hommes, comme le médecin des sangsues. Nous devons donc, nous aussi, ne pas nous arrêter aux passions de ceux à qui Dieu donne pouvoir d'agir sur nous, ne pas nous mettre en peine de leurs intentions malveillantes et nous préserver de toutes aversions contre eux. Quelles que puissent être, en effet, leurs vues particulières, eux-mêmes ne sont toujours à notre égard qu'un instrument de salut, dirigé par la main d'un Dieu d'une bonté, d'une sagesse et d'une puissance infinies, qui ne leur permettra d'agir sur nous qu'autant que cela nous est utile. Notre intérêt devrait donc nous porter à accueillir, plutôt qu'à repousser leurs atteintes, puisqu'elles ne sont véritablement que les atteintes de Dieu même. Et il en est ainsi de toutes les créatures, quelles qu'elles soient ; aucune ne saurait agir sur nous, si le pouvoir ne lui en était donné d'En-haut. Cette doctrine a toujours été familière aux âmes vraiment éclairées de Dieu. Nous en avons un exemple célèbre dans le Saint homme Job. Il a perdu ses enfants et ses biens ; il est tombé de la plus haute fortune dans la plus profonde misère. Et il dit : Le Seigneur m'avait tout donné, le Seigneur m'a tout ôté ; comme il a plu au Seigneur, ainsi est-il arrivé ; que le nom du Seigneur soit béni. Voyez, observe ici Saint-Augustin, Job ne dit pas : Le Seigneur me l'avait donné, et le démon me l'a ôté ; mais en homme éclairé, il dit : c'est le Seigneur qui m'avait donné mes enfants et mes biens, et c'est Lui qui me les a ôtés ; il est arrivé comme il a plu au Seigneur. L'exemple de Joseph n'est pas moins remarquable. C'est bien par malice et dans un but mauvais que ses frères l'avaient vendu à des marchands ; et néanmoins ce Saint patriarche attribue tout à la Providence de Dieu. Il s'en explique même à plusieurs reprises : Dieu, dit-il, m'a envoyé en Égypte avant vous pour votre salut... Dieu m'a fait venir ici pour vous conserver la vie, afin que vous ayez des vivres pour votre subsistance. Ce n'est point par votre conseil que j'ai été envoyé ici, mais par la Volonté de Dieu, qui a fait de moi comme le père de Pharaon, le maître de sa maison et le prince de toute l'Égypte. Mais arrêtons nos regards sur notre Divin Sauveur, le Saint des saints, descendu du Ciel pour nous instruire par ses paroles et par ses exemples. Saint-Pierre, poussé par un zèle indiscret, veut le détourner du dessein qu'il a de souffrir et empêcher que les soldats ne mettent la main sur lui. Mais Jésus lui dit... : et le calice que mon Père m'a donné, ne le boirai-je donc pas ? Ainsi il attribue les douleurs et les ignominies de sa Passion, non aux Juifs qui l'accusent, à Judas qui le trahit, à Pilate qui le condamne, aux bourreaux qui le tourmentent, aux démons qui excitent tous ces malheureux, bien qu'ils soient les causes immédiates de ses souffrances ; mais à Dieu, et à Dieu considéré non sous la qualité d'un Juge rigoureux, mais sous celle d'un Père aimant et bien-aimé. N'attribuons donc jamais ni aux démons ni aux hommes, mais à Dieu, comme à leur vraie source, nos pertes, nos déplaisirs, nos afflictions, nos humiliations. « Agir autrement - remarque Sainte-Dorothée - ce serait faire comme le chien qui décharge sa colère sur une pierre au lieu de s'en prendre à la main qui la lui a jetée ». Ainsi, gardez-vous de dire : un tel est cause de ce malheur que j'ai éprouvé ; il est l'auteur de ma ruine. - Vos maux sont l'ouvrage, non de cet homme, mais de Dieu. Et ce qui doit vous rassurer, c'est que Dieu souverainement Bon procède à tout ce qu'il fait avec la plus profonde sagesse, et pour des fins saintes et sublimes.

2) Dieu fait toutes choses avec une suprême Sagesse Toute Sagesse vient de Dieu, Seigneur Souverain, est-il dit au Livre de l'Ecclésiastique ; elle a toujours été avec lui, et elle y est avant les siècles... Et il l'a répandue sur tous ses ouvrages. - Ô Seigneur ! que vos œuvres sont magnifiques ! s'écrie à son tour le Roi-Prophète. Comme vous avez fait toute chose avec Sagesse ! Et il n'en saurait être autrement ; car Dieu, étant la Sagesse infinie et agissant par lui-même, ne peut agir que d'une manière infiniment sage. C'est pourquoi plusieurs Saints Docteurs estiment que, eu égard aux circonstances, toutes ses œuvres sont si accomplies qu'elles ne sauraient l'être davantage, et si bonnes, qu'elles ne sauraient être meilleures. « Nous devons donc - dit l'un d'eux, Saint-Basile - nous bien pénétrer de cette pensée, que nous sommes l'ouvrage du Bon Ouvrier et qu'il nous dispense et nous distribue, avec une Providence très sage, toutes choses grandes et petites ; en sorte que rien ne soit mauvais, rien même que l'on puisse concevoir meilleur ». Les œuvres du Seigneur sont grandes, dit encore le Roi-Prophète ; elles sont proportionnées à toutes ses volontés. Et c'est particulièrement dans cette juste proportion entre les moyens qu'il emploie et la fin qu'il se propose, qu'éclate sa Sagesse. Elle atteint d'une extrémité à l'autre avec force et elle dispose toutes choses avec douceur. Elle gouverne les hommes avec un ordre admirable ; elle les conduit à leur bonheur fortement, mais pourtant sans violence et sans contrainte, avec suavité, mais encore avec circonspection. Ô Dieu ! dit le Sage, comme vous êtes le Dominateur Souverain, vous exercez vos jugements avec une patiente lenteur et vous nous gouvernez avec une grande réserve. Vous êtes doué d'une Puissance infinie à laquelle rien ne peut résister ; cependant vous n'usez point, envers nous, du Pouvoir absolu de votre autorité souveraine ; mais vous nous traitez avec une extrême condescendance, vous daignez, vous accommodant à notre faible nature, placer chacun de nous dans la situation la plus convenable et la plus propre à lui faire opérer son salut. Vous ne disposez même de nous qu'avec réserve, comme de personnes qui sont vos images vivantes et d'une noble origine et auxquelles, vu leur condition, on ne commande point d'un ton absolu ainsi qu'à des esclaves, mais avec égard et ménagement. Vous agissez envers nous, comme dit l'illustre Cantacuzène, avec la même circonspection que l'on met à toucher un riche vase de cristal ou un fragile vase de terre que l'on craint de briser. Faut-il, pour notre bien, nous affliger, nous envoyer quelque maladie, nous faire subir quelque perte, nous soumettre à la douleur ? C'est toujours avec certains égards, avec une sorte de déférence que vous y procédez. Ainsi, un gouverneur châtie d'une manière bien différente le jeune prince dont l'éducation lui est confiée et le valet qui est à son service. Ainsi, le chirurgien chargé de faire l'amputation de quelque membre à un grand personnage redouble d'attention, pour lui faire endurer le moins de douleur possible et seulement autant qu'il est nécessaire pour sa guérison. Ainsi surtout, le père obligé de châtier un fils tendrement chéri ne le fait qu'avec contrainte et parce que le bien de son fils l'exige ; mais la main lui tremble d'émotion et il se hâte de finir. De même, Dieu nous traite comme des créatures nobles qui sont en grande considération auprès de lui, comme des enfants chéris qu'il châtie parce qu'il les aime. Même les épreuves et les châtiments sont des bienfaits de Dieu, des signes de sa Miséricorde. Contemplez, nous dit Saint-Paul, contemplez l'auteur et le consommateur de la foi, Jésus (le Fils unique et bien-aimé en qui le Père a mis toutes ses complaisances)... Pensez donc à Celui qui a supporté une telle contradiction de la part des pécheurs soulevés contre lui, afin que vous ne vous découragiez point et que vous ne laissiez point vos âmes à la défaillance. Car vous n'avez point encore résisté jusqu'au sang (comme il a fait lui-même), en combattant contre le péché, et vous oubliez la consolation que Dieu vous adresse comme à ses enfants, quand il dit : mon fils, ne méprise point le châtiment du Seigneur et, lorsqu'il te reprend, ne te laisse pas abattre. Car le Seigneur châtie ceux qu'il aime et il flagelle quiconque il admet au nombre de ses enfants. Soyez donc persévérants dans les épreuves, puisque Dieu vous traite comme ses fils ; car quel est le fils qui n'est pas corrigé par son père ? En un mot, Dieu n'agit que dans un but très élevé et très Saint, que pour sa Gloire et le bien de ses créatures. Infiniment bon et la Bonté même, il cherche à les perfectionner toutes en les attirant à Lui, en leur communiquant les caractères et les rayons de sa Divinité, autant qu'elles en sont susceptibles. Mais grâce aux liens étroits qu'il a contractés avec nous, par l'union de notre nature avec la sienne, dans la Personne de son Fils, nous sommes, d'une manière plus spéciale encore, l'objet de sa bienveillance et de ses tendres sollicitudes ; et le gant est moins bien ajusté à la main, le fourreau à l'épée, que ce qu'il opère et ordonne, en nous et autour de nous, ne l'est à notre force et à notre portée, de sorte que tout puisse concourir à notre avantage et à notre perfection, si nous voulons coopérer aux vues de sa Providence. Les épreuves sont toujours proportionnées à nos forces. Ne nous troublons donc point dans les adversités dont nous sommes quelquefois assaillis, sachant que, destinées à produire en nous des fruits de salut, elles sont soigneusement mises en rapport avec nos besoins, par la Sagesse de Dieu même qui sait leur donner des bornes, comme il en donne à la mer. Il semble parfois que la mer va, dans sa furie, inonder des contrées entières ; et cependant elle respecte les limites de son rivage, elle vient briser ses flots contre un sable mouvant. Ainsi il n'est aucune tribulation, aucune tentation à qui Dieu n'ait marqué des limites, afin qu'elle serve non pas à nous perdre, mais à nous sauver. Dieu est fidèle, dit l'Apôtre, il ne souffrira pas que vous soyez tentés ou affligés, par-dessus vos forces, mais il est nécessaire que vous le soyez, puisque c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu, à la suite de notre Rédempteur qui a dit de lui-même : ne fallait-il pas que le Christ souffrît toutes ces choses et entrât ainsi dans sa Gloire ? Si vous refusiez de recevoir ces tribulations, vous agiriez contre vos meilleurs intérêts. Vous êtes comme un bloc de marbre entre les mains du sculpteur. Il faut que le sculpteur fasse sauter les éclats, qu'il taille, qu'il polisse, pour tirer de son bloc une belle statue. Dieu veut faire de vous sa vivante image ; pensez seulement à bien vous tenir entre ses mains, pendant qu'il travaille sur vous et soyez assuré qu'il ne donnera pas le moindre coup de ciseau qui ne soit nécessaire à ses desseins et qui ne tende à vous sanctifier ; car, comme le dit Saint-Paul, la Volonté de Dieu, c'est votre sanctification.


II


Grands avantages que l'homme retire d'une entière conformité à la Volonté Divine : notre sanctification est donc la fin que Dieu se propose dans toute la conduite qu'il tient à notre égard. Oh ! que n'opérerait-il pas en nous, pour son honneur, et pour notre bien, si nous le laissions faire ! C'est parce que les Cieux ne font aucune résistance aux impressions des esprits qui les gouvernent, que leurs mouvements sont si magnifiques, si réglés et si utiles ; qu'ils publient si hautement la Gloire de Dieu et que, par leurs influences et par la succession invariable des jours et des nuits, ils conservent l'ordre dans tout l'univers. S'ils résistaient à ces impressions et si, au lieu de suivre le mouvement qui leur est donné, ils en suivaient un autre, bientôt ils tomberaient dans le plus étrange désordre et y entraîneraient le monde avec eux. Il en est de même lorsque la volonté de l'homme se laisse gouverner par celle de Dieu : alors tout ce qui est dans ce « petit monde », toutes les facultés de son âme, tous les membres de son corps sont dans la plus parfaite harmonie et le mouvement le plus régulier. Mais il ne tarde pas à perdre tous ces avantages et à tomber dans un désordre extrême, dès que sa volonté s'oppose à celle de Dieu et s'en écarte.

1) Par cette conformité l'homme se sanctifie. En quoi consistent, en effet, la sainteté de l'homme et sa perfection ? « Les uns - dit Saint-François de Sales - la mettent en l'austérité, d'autres en l'aumône, d'autres en la fréquentation des Sacrements, d'autres en l'oraison. Pour moi, je ne connais point d'autre perfection que d'aimer Dieu de tout son cœur. Sans cet amour, tout l'amas des vertus n'est qu'un monceau de pierres », qui attendent leur mise en oeuvre et leur couronnement. Cette doctrine ne saurait faire de doute pour personne. L'Écriture en est pleine. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est là, dit Notre-Seigneur Jésus-Christ, le premier et le plus grand commandement. - Par-dessus toutes choses, dit Saint-Paul, ayez la charité qui est le lien de la perfection. Or, de même que ce qu'il y a de plus élevé et de plus parfait dans toutes les vertus, c'est d'aimer Dieu, « de même aussi - dit, après Saint-Chrysostome, le P. Rodriguez - ce qu'il y a de plus sublime, de plus pur et de plus exquis dans cet amour, c'est de se conformer absolument à la Volonté Divine et de n'avoir, en toutes choses, d'autre volonté que celle de Dieu ». Car, comme l'enseignent les théologiens et les moralistes, avec Saint-Denys l'Aréopagite et Saint-Jérôme, « le principal effet de l'amour est d'unir les cœurs de ceux qui s'aiment, en sorte qu'ils aient la même volonté ». Ainsi, plus nous sommes soumis aux desseins de Dieu sur nous, plus nous avançons vers la perfection ; venons-nous à y résister, nous retournons en arrière. Sainte-Thérèse, l'une des lumières de son siècle, disait à ses religieuses: « Celui qui s'applique à l'oraison doit uniquement se proposer de mettre tous ses soins à conformer sa volonté à celle de Dieu. Et soyez assurées que c'est dans cette conformité que consiste la plus haute perfection que nous puissions acquérir, et que celui qui s'y adonnera avec le plus de soin sera favorisé des plus grands dons de Dieu et fera les plus rapides progrès dans la vie intérieure. Non, ne croyez pas qu'il y ait d'autres secrets ; c'est en cela que tout notre bien consiste ». On rapporte que la bienheureuse Stéphanie de Soncino, religieuse dominicaine, fut un jour, en esprit, transportée au Ciel pour y contempler la félicité des Saints. Elle y vit leurs âmes mêlées aux chœurs des Anges, selon le degré des mérites de chacune. Elle remarqua même, parmi les Séraphins, plusieurs personnes qu'elle avait connues avant leur mort : ayant alors demandé pourquoi ces âmes étaient élevées à un si haut degré de gloire, il lui fut répondu que c'était à cause de la conformité et de la parfaite union de leur volonté avec celle de Dieu, pendant qu'elles vivaient sur la terre. Or, si cette conformité à la Volonté de Dieu élève dans le Ciel les âmes au plus haut degré de gloire, qui est celui des Séraphins, il faut nécessairement en conclure qu'elle les élève, ici-bas, au plus haut degré de grâce et qu'elle est le fondement de la perfection la plus sublime où l'homme puisse atteindre. La soumission entière de sa volonté étant donc le sacrifice le plus agréable, le plus glorieux à Dieu qu'il soit donné à l'homme de lui offrir, étant l'acte le plus parfait de la charité, il est hors de doute que celui qui pratique cette soumission acquiert, à chaque instant, des trésors inestimables et qu'en peu de jours il amasse plus de richesses que d'autres en plusieurs années et par beaucoup de travail. L'histoire célèbre d'un Saint religieux, rapportée par Césaire, nous en offre un exemple bien remarquable. Ce Saint homme ne différait nullement, dans les choses extérieures, des autres religieux qui habitaient le même monastère, et cependant, il avait atteint un si haut degré de perfection et de Sainteté, que le seul attouchement de ses habits guérissait les malades. Son Supérieur lui dit un jour qu'il s'étonnait fort que, ne jeûnant, ne veillant, ne priant pas plus que les autres religieux, il fît tant de miracles. Et il lui en demanda la cause. - Le bon religieux répondit qu'il en était encore plus étonné lui-même et qu'il ne connaissait point de raison à cela ; que, toutefois, s'il en pouvait soupçonner une, c'était que toujours il avait pris grand soin de vouloir tout ce que Dieu voulait et qu'il avait obtenu du Ciel cette grâce de perdre et de fondre tellement sa volonté dans celle de Dieu, qu'il ne faisait rien sans son mouvement, ni dans les grandes, ni dans les petites choses. La prospérité, ajoutait-il, ne m'élève point, l'adversité ne m'abat pas davantage ; car j'accepte tout indifféremment de la main de Dieu, sans rien examiner. Je ne demande point que les choses se fassent comme je pourrais naturellement le désirer, mais qu'elles arrivent absolument comme Dieu les veut, et toutes mes prières ont ce seul but : que la Volonté Divine s'accomplisse parfaitement en moi et en toutes les créatures. - Eh quoi ! mon frère, lui dit le Supérieur, ne fûtes-vous donc pas ému, l'autre jour, quand notre ennemi brûla notre grange, avec le blé et le bétail qui s'y trouvaient en réserve pour les besoins de la communauté ? - Non, mon Père, répondit le Saint homme, au contraire, j'ai coutume, en ces sortes d'événements, de rendre grâces à Dieu, dans la persuasion où je suis qu'il les permet pour sa gloire et notre plus grand bien. Et je ne m'inquiète point si nous avons peu ou beaucoup pour notre entretien, sachant bien que si nous avons pleine confiance en lui, Dieu pourra tout aussi facilement nous nourrir avec un petit morceau de pain qu'avec un pain entier. Dans cette disposition, je suis toujours content et joyeux, quoi qu'il arrive. Le Supérieur ne s'étonna plus, dès lors, de voir ce religieux opérer des miracles. En effet, n'est-il pas écrit : le Seigneur fera la volonté de ceux qui le craignent ; il exaucera leur prière et les sauvera ; le Seigneur garde tous ceux qui l'aiment. Et ailleurs : nous savons que tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu.

2) La conformité à la Volonté de Dieu rend l'homme heureux dès cette vie. La conformité de notre volonté à celle de Dieu ne se borne point à opérer notre sanctification, elle a encore pour effet de nous rendre heureux dès ici-bas. C'est par elle que l'on acquiert le plus parfait repos qu'il soit possible de goûter dans cette vie, elle est le moyen de faire de la terre un paradis anticipé. On en a déjà pu voir un exemple dans la petite introduction placée en tête de cet opuscule. Alphonse le Grand, roi d'Aragon et de Naples, prince très sage et très instruit avait, lui aussi, fort bien compris cette vérité. On lui demandait un jour quelle était la personne qu'il estimait la plus heureuse en ce monde. - Celle, répondit le roi, qui s'abandonne entièrement à la conduite de Dieu et qui reçoit tous les événements, heureux ou malheureux, comme venant de sa main. Si vous eussiez été attentifs à mes commandements, disait le Seigneur aux Juifs, vous auriez nagé dans un fleuve de paix. Eliphaz, l'un des trois amis de Job, lui disait pareillement : Soumettez-vous à Dieu et vous aurez la paix... Le Tout-Puissant se déclarera contre vos ennemis et remplira votre coeur de délices. Ce fut encore ce que chantèrent les anges à la naissance du Sauveur : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté. Quels sont ces hommes de bonne volonté, sinon ceux qui ont une volonté conforme à celle qui est souverainement bonne, je veux dire la Volonté de Dieu ? Toute volonté autrement disposée serait donc infailliblement mauvaise et, par conséquent, ne saurait procurer la paix promise aux hommes de bonne volonté. En effet, pour que nous puissions jouir du calme et de la paix, il faut que rien ne s'oppose à notre volonté, que tout arrive selon nos désirs. Mais quel est celui qui peut prétendre à un tel bonheur, excepté celui-là seul dont la volonté est en tout conforme à la Volonté Divine ? Rappelez-vous que je suis Dieu et qu'il n'y a point d'autre Dieu que moi, dit le Seigneur, par la bouche du prophète Isaïe. C'est moi qui annonce dès le commencement ce qui doit avoir lieu à la fin, qui prédis les choses longtemps avant qu'elles arrivent. Et toutes mes résolutions auront leurs effets et toutes mes volontés s'accompliront. À escrimer contre Dieu on perd son estime, dit-on, vulgairement. Toute volonté qui tente de s'opposer à la Volonté Divine est nécessairement vaincue et brisée, et au lieu de paix et de bonheur, elle ne retire de sa tentative qu'humiliation et amertume. Dieu est Sage et Tout-Puissant ; qui lui a jamais résisté et est demeuré en paix ? Celui-là donc, et lui seul, possède cette bienheureuse paix de Dieu qui surpasse tout sentiment, dont la volonté est parfaitement conforme, unie à celle de Dieu. Lui seul peut dire comme Dieu lui-même, que toutes ses volontés s'accomplissent ; parce que voulant tout ce que Dieu veut et ne voulant que cela, il a vraiment toujours tout ce qu'il veut et n'a que ce qu'il veut. Quoi qu'il arrive au juste, dit le Sage, rien ne saurait le contrister, altérer la sérénité de son âme, parce que rien ne lui arrive contre son gré et que rien au monde ne peut rendre un homme malheureux malgré lui. « Nul n'est malheureux - dit l'éloquent Salvien - par le sentiment d'autrui, mais par le sien propre, et l'on ne doit point regarder faussement comme malheureux ceux qui sont réellement heureux dans leur opinion et par le témoignage de leur conscience. Pour moi, j'estime que personne au monde n'est plus heureux que les justes, les hommes vraiment religieux, à qui il n'arrive que ce qu'ils souhaitent. - Cependant ils sont humiliés, méprisés ? - Ils le veulent être. Ils sont pauvres ? Ils se plaisent dans leur pauvreté... Ils sont donc toujours heureux, quoi qu'il arrive ; car personne ne saurait être plus heureux et content que ceux qui, au milieu même des plus grandes amertumes, sont dans l'état où ils veulent être ». Sans doute, dans cet état, l'homme n'en ressent pas moins vivement l'aiguillon de la douleur, mais elle ne l'atteint que dans la partie inférieure de son être, sans pouvoir pénétrer jusqu'à la partie supérieure où repose l'esprit. Il en est des âmes parfaitement résignées et soumises, toute proportion gardée, comme de Notre-Seigneur qui, déchiré de coups et cloué à un gibet, ne laissait pas d'être bienheureux ; lui qui, d'une part, plongé, noyé dans l'abîme de tous les maux qu'il est possible de souffrir en ce monde était, de l'autre, comblé d'une joie ineffable, infinie. Sans doute encore, on ne saurait disconvenir qu'il n'y ait, dans notre nature, une opposition, l'on peut dire inconciliable, entre l'idée de souffrance, d'humiliation, d'opprobre ou même de pauvreté et l'idée de bonheur. Aussi est-ce un miracle de la grâce que l'on puisse, tout en étant sous le poids de pareils maux, se trouver heureux et content. Mais ce miracle sera toujours miséricordieusement accordé aux sacrifices de quiconque voudra se dévouer à l'accomplissement, en toutes choses, de la Volonté Divine ; car il est de l'Honneur et de la Gloire de Dieu que ceux qui s'attachent généreusement à son service soient contents de leur sort. On pourrait peut-être me demander comment il est possible d'accorder cette doctrine avec la parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ : si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce lui-même, qu'il porte sa croix chaque jour et me suive. - Je répondrai que, si le Divin Maître exige, en cet endroit, que ses disciples renoncent à eux-mêmes et qu'ils portent la croix à sa suite, ailleurs il s'engage et avec serment, à leur donner, par un miracle de sa Toute-Puissance, outre la vie éternelle, le centuple, dès ici-bas, de toutes les choses auxquelles ils renonceront pour lui plaire. De plus, il promet d'adoucir le fardeau de sa croix jusqu'à le rendre léger ; car il ne se borne point à affirmer que son joug est doux, il ajoute que son fardeau même est léger. Si donc nous n'expérimentons pas la douceur du joug de Jésus, ni l'allègement du fardeau de la croix qu'il nous impose, c'est nécessairement parce que nous n'avons pas encore bien fait abnégation de notre volonté, que nous n'avons pas complètement renoncé à toutes nos vues humaines, pour ne plus apprécier les choses que par la lumière de la foi. Cette Divine Lumière nous ferait rendre grâces à Dieu en toutes choses, ainsi que Saint-Paul nous apprend qu'il l'exige de nous ; elle serait pour nous le principe de cette joie ineffable que le grand Apôtre nous recommande d'avoir en tout temps. Histoire du P. Taulère : le P. Taulère, pieux et savant religieux de l'ordre de Saint-Dominique, rapporte à ce sujet un exemple touchant. Animé du vif désir de faire des progrès dans la vertu et ne se fiant pas à son savoir, il conjurait le Seigneur, déjà depuis huit ans, de lui envoyer quelqu'un de ses serviteurs qui lui enseignât le chemin le plus sûr et le plus court de la vraie perfection. Un jour qu'il ressentait ce désir plus vivement encore et qu'il redoublait ses supplications, une voix se fit entendre qui lui disait : « Va à telle église et tu trouveras celui que tu cherches ». Le pieux docteur part aussitôt. Arrivé près de l'église indiquée, il trouve à la porte un pauvre mendiant à demi-couvert de haillons, les pieds nus et souillés de boue, d'un aspect tout à fait digne de pitié et qui semble devoir être plus occupé d'obtenir des secours temporels que propre à donner des avis spirituels. Cependant Taulère l'aborde et lui dit: « Bonjour, mon ami ». - « Maître - répond le mendiant - je vous remercie de votre souhait ; mais je ne me souviens pas d'avoir jamais eu de mauvais jours ». - « Eh bien ! - reprend Taulère - que Dieu vous accorde une vie heureuse ». - « Oh ! - dit le mendiant - grâce au Seigneur, j'ai toujours été heureux ! je ne sais pas ce que c'est que d'être malheureux ». - « Plaise à Dieu, mon frère - reprend de nouveau Taulère étonné - qu'après le bonheur dont vous dites que vous jouissez, vous parveniez encore à la félicité éternelle. Mais je vous avoue que je ne saisis pas très bien le sens de vos paroles, veuillez donc me l'expliquer plus clairement ». « Écoutez - poursuit le mendiant - non, ce n'est point sans raison que je vous ai dit que je n'ai jamais eu de mauvais jours, les jours ne sont mauvais que quand nous ne les employons point à rendre à Dieu, par notre soumission, la gloire que nous lui devons ; ils sont toujours bons si, quelque chose qu'il nous arrive, nous les consacrons à le louer, et nous le pouvons toujours avec la grâce. Je suis, comme vous voyez, un pauvre mendiant tout infirme et réduit à une extrême indigence, sans aucun appui ni abri dans le monde, je me vois soumis à bien des souffrances et à bien des misères de toute sorte. Eh bien ! lorsque je ne trouve pas d'aumônes et que j'endure la faim, je loue le bon Dieu ; quand je suis importuné par la pluie ou la grêle ou le vent ou la poussière et les insectes, tourmenté par la chaleur ou par le froid, je bénis le bon Dieu ; quand les hommes me rebutent et me méprisent, je bénis et glorifie le Seigneur. Mes jours ne sont donc pas mauvais, car ce ne sont point les adversités qui rendent les jours mauvais ; ce qui les rend tels c'est notre impatience, laquelle provient de ce que notre volonté est rebelle, au lieu d'être toujours soumise et de s'exercer, comme elle le doit, à honorer et à louer Dieu continuellement. « J'ai dit, en outre, que je ne sais ce que c'est que d'être malheureux, qu'au contraire, j'ai toujours été heureux. Cela vous étonne. Vous allez en juger vous-même. N'est-il pas vrai que nous nous estimerions tous très heureux, si les choses qui nous arrivent étaient tellement bonnes et favorables qu'il nous fût impossible de rien souhaiter de mieux, de plus avantageux ? Que nous tiendrions pour bienheureuse une personne dont toutes les volontés s'accompliraient sans obstacles, dont tous les désirs seraient toujours satisfaits ? Sans doute, aucun homme ne saurait, en vivant selon les maximes du monde, arriver à cette félicité parfaite ; il est même réservé aux habitants du Ciel, consommés dans l'union de leur volonté avec celle de Dieu, de posséder pleinement une telle béatitude. Cependant, nous sommes appelés à y participer dès ici-bas, et c'est au moyen de la conformité de notre volonté à la Volonté de Dieu qu'il nous est donné d'avoir ainsi part à la félicité des élus. La pratique de cette conformité est, en effet, toujours accompagnée d'une paix délicieuse, qui est comme un avant-goût du bonheur céleste. Et il n'en peut être autrement, car celui qui ne veut que ce que Dieu veut ne rencontre plus aucun obstacle à sa volonté, tous ses désirs, n'ayant rien que de conforme au bon plaisir de Dieu, ne sauraient manquer d'être satisfaits ; il est donc bienheureux. « Hé ! mon Père, tel que vous me voyez, je jouis toujours de ce bonheur. Rien ne vous arrive, vous le savez, que Dieu ne le veuille ; et ce que Dieu veut est toujours ce qu'il y a de mieux pour nous. Je dois donc m'estimer heureux, quoi que ce soit que je reçoive de Dieu ou que Dieu permette que je reçoive des hommes. Et comment n'en serais-je pas heureux, persuadé comme je le suis, que ce qui m'arrive est précisément ce qu'il y a pour moi de plus avantageux et de plus à propos ? Je n'ai qu'à me rappeler que Dieu est mon Père infiniment Sage, infiniment Bon et Tout-Puissant qui sait bien ce qui convient à ses enfants et ne manque pas de le leur donner. Ainsi, que les choses qui m'arrivent répugnent aux sentiments de la nature ou qu'elles les flattent, qu'elles soient assaisonnées de douceur ou d'amertume, favorables ou nuisibles à la santé, qu'elles m'attirent l'estime ou le mépris des hommes, je les reçois comme ce qu'il y a, dans la circonstance, de plus convenable pour moi et j'en suis aussi content que peut l'être celui dont tous les goûts sont pleinement satisfaits. Voilà comment tout m'est un sujet de joie et de bonheur ». Emerveillé de la profonde sagesse et de la haute perfection de ce mendiant, le théologien lui demande : « D'où venez-vous ? - Je viens de Dieu, répond le pauvre. - Vous venez de Dieu ! et où l'avez-vous rencontré ? - Là où j'ai quitté les créatures. - Et où demeure-t-il ? - Dans les cœurs purs et les âmes de bonne volonté. - Mais, qui êtes-vous donc ? - Je suis roi. - Ha ! où est votre royaume ? - Là-haut, dit-il, en montrant le ciel ; celui-là est roi, qui possède un titre certain au Royaume de Dieu, son Père. - Quel est, demande enfin Taulère, le maître qui vous a enseigné une si belle doctrine ? Comment l'avez-vous acquise ? - Je vais vous le dire, répond le mendiant : je l'ai acquise en évitant de parler aux hommes, pour m'entretenir avec Dieu dans la prière et la méditation ; mon unique soin est de me tenir constamment et intimement uni à Dieu et à sa Volonté Sainte. C'est là toute ma science et tout mon bonheur ». Taulère savait désormais ce qu'il voulait savoir. Il prit congé de son interlocuteur et s'éloigna. « J'ai donc enfin trouvé - dit-il, une fois livré à ses réflexions - j'ai enfin trouvé celui que je cherchais depuis si longtemps. Oh ! combien elle est vraie la parole de Saint-Augustin : voilà que les ignorants se lèvent et ravissent le Ciel ; et nous, avec notre science aride, nous restons embourbés dans la chair et le sang ».

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 14:18

Approbation de la prédication apostolique

(Innocent III donne mandat à son légat Raoul de Fontfroide de constituer des prédicateurs apostoliques. Au Latran, 17 novembre 1206.)


Le bruit est parvenu à nos oreilles qu'une telle quantité d'apostats s'est multipliée dans la province de Narbonnaise que, par la défaillance du glaive matériel, on méprise le spirituel, et que la corruption des vignes à verjus [cf. Is. V, 4] s'insinue jusqu'aux plants [Nahum, ii, 2] catholiques, parce que, pour protéger ceux qui n'ont pas encore coulé comme du plomb [Ex. xv, 10] dans la mer pestilentielle, pour relever s'il est possible ceux qui gisent déjà dans les cachots de l'aveuglement, on ne trouve personne qui se dresse comme une muraille pour la maison du Seigneur et ose monter sur les brèches [Ez. xiu, 5].

Il est vrai que la nouvelle de la folie de ces figuiers stériles est parvenue jusqu'à l'oreille de quelques religieux et les a animés dans leur courage à détourner contre les hérétiques les sources de leur science et à distribuer leurs eaux avec la ferveur de l'esprit sur les places publiques [Prov. v, 16]; mais parce qu'ils n'ont personne qui leur donne mission [Rom. x, 15] et qu'ils n'osent assumer de leur propre autorité l'office de prêcheurs, pour ne pas partager l'héritage de Dathan et d'Abiron que la terre engloutit vivants [Num. xvi, 32 et Deut. xi, 6], il ne se trouve finalement personne qui présente la cause de Dieu au peuple qui dérive.

Parce que le zèle de sa maison nous dévore [Ps. LXVIII, 10], nous, auquel il a concédé sans que nous l'ayons mérité de siéger dans la plus haute guette [Is. xxi, 8] et qui voulons être faible avec les faibles [I Cor. ix, 22] et donner des conseils paternels qui apportent le remède aux blessures et soignent autant qu'il est en notre pouvoir la plaie tuméfiée [Is. I, 6], nous ordonnons et prescrivons à ta discrétion, par cet écrit apostolique, de t'occuper d'enjoindre - en rémission de leurs péchés - à des hommes éprouvés que tu verras propres à remplir cet office, qui n'hésiteront pas, en imitant la pauvreté du Christ pauvre, à aborder les gens méprisés dans une tenue méprisée mais avec un esprit plein d'ardeur, de leur enjoindre d'aller sans retard aux hérétiques et de les rappeler si bien de leur erreur, si le Seigneur veut bien le concéder, par l'exemple de leur agir et l'enseignement de leur dire, que (si la fréquence de leur faute n'a pas durci leur front dans l'impudence au point qu'on puisse avec raison redire à leur sujet : « Vous avez acquis un front de courtisane et n'avez pas voulu rougir » [Jér. III, 3]) ils aient la joie de posséder un jour, ce dont le mot de l'Evangile leur donne l'espérance : « N'aie pas de crainte petit troupeau, car il a plu à mon Père [de te donner le royaume] » [Luc XII, 32]. Alors ces mêmes religieux verront s'accomplir en eux la sentence de Salomon : celui qui reprend les actions mauvaises de l'homme recevra davantage de grâce que celui qui dit d'agréables paroles [Prov. xxiv, 24-25] et reviendront remplis de joie en rapportant les gerbes issues de la semence qu'ils auront répandue [Ps. Cxxv, 6].

Donné au Latran, le XV des calendes de décembre, la IX° année.


Confirmation du nom et de l'office de prêcheurs


[Honorius III loue le zèle du prieur et des frères de SaintRomain, prêcheurs au pays de Toulouse, les exhorte à persévérer avec courage, leur accorde le privilège de « fils spéciaux » du Saint-Siège et leur enjoint leurs labeurs en rémission de leurs péchés.] [Au Latran, le 21 janvier 1217.]

Honorius, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses chers fils le prieur et les frères de Saint-Romain, prêcheurs au pays de Toulouse : salut et bénédiction apostolique.

Nous rendons de dignes actions de grâces au dispensateur de toutes grâces pour la grâce de Dieu qui vous est donnée [i Cor. I, 4], dans laquelle vous restez [I Petr. v, 15] et resterez établis, nous l'espérons, jusqu'à la fin. En effet, brûlant à l'intérieur de la flamme de la charité, vous répandez au-dehors le parfum d'une réputation qui réjouit les âmes saines et rétablit les malades. A celles-ci, vous présentez en médecins zélés les mandragores spirituelles pour qu'elles ne demeurent pas stériles, vous les fécondez par la semence de la parole de Dieu par votre éloquence salutaire. Ainsi, comme de fidèles serviteurs, vous placez les talents qu'on vous a confiés, pour en rapporter le double au Seigneur [Match. xxv, 20]. Ainsi, comme des athlètes invaincus du Christ, armés du bouclier de la foi et du casque du salut [Eph. vi, 16], sans craindre ceux qui peuvent tuer le corps [Matth. X, 28], vous tirez avec magnanimité contre les ennemis de la foi la parole de Dieu, plus pénétrante qu'un glaive à deux tranchants [Hebr. iv, 12]. Ainsi, vous haïssez vos âmes en ce monde, afin de les garder pour la vie éternelle [Joh. xii, 25].

Du reste, parce que c'est le succès et non pas le combat qui obtient la couronne et que seule la persévérance, parmi toutes les vertus qui concourent dans le stade, remporte le prix proposé [I Cor. ix, 24], nous adressons à votre charité cette demande et cette exhortation pressante, vous en faisant commandement par ces lettres apostoliques et vous l'imposant en rémission de vos péchés : que confirmés de plus en plus dans le Seigneur, vous vous appliquiez à annoncer la parole de Dieu [Act. VIII, 4], en insistant à temps et à contre-temps, pour accomplir pleinement et de manière digne d'éloge votre tâche de prédicateur de l'Evangile [II Tim, iv, 2-5]. Si vous avez à souffrir des tribulations pour cette cause, ne vous contentez pas de les supporter avec une âme égale : tirez-en gloire, avec l'apôtre [Rom. V, 3] et réjouissez-vous en elles de ce qu'on vous a jugés dignes d'endurer des outrages pour le nom de Jésus [Act. v, 41]; car cette affliction légère et temporaire produit un immense poids de gloire [II Cor. Iv, 17] auquel on ne peut comparer les souffrances du temps présent [Rom. viii, 18].

Nous aussi, qui désirons vous réchauffer de notre faveur comme des fils spéciaux, nous vous demandons d'offrir au Seigneur à notre intention le sacrifice de vos lèvres [Hébr. xiii, 15], pour obtenir peut-être par vos suffrages ce que nous ne pouvons par nos mérites.

Donné au Latran, le XII des calendes de février, l'an premier de notre pontificat.


Lettre d'approbation de l'Ordre


(Foulques, évêque de Toulouse, approuve, institue et dote comme prédicateurs évangéliques dans son diocèse Dominique et ses compagnons. Toulouse 1215.)

Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Nous portons à la connaissance de tous, présents et à venir, que nous Foulques, par la grâce de Dieu humble ministre du siège de Toulouse, nous instituons comme prédicateurs dans notre diocèse frère Dominique et ses compagnons, afin d'extirper la corruption de l'hérésie, de chasser les vices, d'enseigner la règle de la foi et d'inculquer aux hommes des moeurs saines. Leur programme régulier est de se comporter en religieux, d'aller à pieds, dans la pauvreté évangélique, en prêchant la parole de vérité évangélique.

Mais parce que l'ouvrier mérite sa nourriture [Matth. x, 10] et qu'on ne saurait museler le boeuf qui foule le grain [1 Cor. Ix, 9], à plus forte raison celui qui prêche l'Evangile doit-il vivre de l'Evangile [I Cor. Ix, 14]. Nous voulons donc que ces ouvriers, lorsqu'ils iront prêcher, reçoivent du diocèse la nourriture et tout le nécessaire. Avec le consentement du chapitre de l'église du Bx Etienne et du clergé diocésain de Toulouse, nous assignons à perpétuité aux susdits prédicateurs et à ceux que le zèle du Seigneur et l'amour du salut des âmes armeraient pour accomplir de la même manière le même office de prédication, la moitié de cette troisième partie de la dîme qui est affectée à l'ameublement et à la fabrique de toutes les églises paroissiales qui dépendent de nous. Ainsi pourront-ils se vêtir, se procurer ce dont ils ont besoin durant leurs maladies et se reposer quand ils le voudront. A la fin de l'année, s'il reste quelque superflu, nous voulons et statuons que celui-ci soit réservé pour l'embellissement des mêmes églises paroissiales ou pour l'usage des pauvres, selon que l'évêque le jugera opportun.

Puisque le droit prévoit qu'une partie notable des dîmes doit toujours être assignée et distribuée aux pauvres, il est évident que nous sommes tenus d'assigner de préférence une partie des dîmes à ceux qui, pour le Christ, ont choisi la pauvreté évangélique et s'efforcent ainsi, non sans labeur, d'enrichir tous et chacun des dons célestes, tant par leur exemple que par leur doctrine. Ainsi les fidèles dont nous moissonnons les biens temporels nous mettront-ils en mesure de semer, par nousmêmes et par d'autres, les biens spirituels en toute convenance et opportunité.


Donné en l'an de l'Incarnation 1215, sous le règne de Philippe, roi des Français, le comte de Montfort tenant la principauté de Toulouse et le même Foulques y étant évêque.

 

Angelino Medoro (1576-1631)
La Vierge à l'enfant avec Saint Jean-Baptiste,
Saint-Joseph endormi et Saint-Dominique


Privilège de confirmation


[Honorius III prend sous sa protection, confirme et enrichit de privilèges la communauté canoniale de Saint-Romain de Toulouse.] [A Saint-Pierre, 22 décembre 1216.]

Honorius, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses fils Dominique, prieur de Saint-Romain de Toulouse, et à ses frères présents et à venir, profès dans la vie régulière. A perpétuité.

A ceux qui choisissent la vie religieuse, il convient qu'on assure la protection apostolique, pour éviter que d'éventuelles et téméraires attaques ne les détournent de leur propos, ni, ce qu'à Dieu ne plaise, ne brisent la vigueur de la sainte institution religieuse.

C'est pourquoi, chers fils dans le Seigneur, nous accédons avec bienveillance à vos justes requêtes; nous plaçons sous la protection du bienheureux Pierre et la nôtre l'église de Saint-Romain de Toulouse, dans laquelle vous vous êtes consacrés au culte divin, et nous la fortifions par le privilège du présent rescrit.

Tout d'abord nous statuons que la régularité canoniale qui est notoirement instituée dans cette église, selon Dieu et la règle de saint
Augustin, y soit pour toujours et inviolablement observée.

De plus, que toute espèce de biens-fonds, toutes les formes de valeurs dont cette église possède actuellement la jouissance, selon la justice et le droit canonique, ou qu'elle pourra acquérir à l'avenir, si le Seigneur l'accorde, par concession des pontifes, par la libéralité des rois ou des princes, par l'offrande des fidèles ou de toutes les autres manières équitables, demeurent votre propriété et celle de vos successeurs de façon stable et inviolée.

Parmi ces biens, nous jugeons bon d'exprimer en propres termes
- le lieu même où se trouve la susdite église avec toutes ses dépendances,
- l'église de Prouille avec toutes ses dépendances,
- le domaine de Casseneuil avec toutes ses dépendances,
- l'église de Sainte-Marie de Lescure avec toutes ses dépendances,
- l'hospice de Toulouse, dit d'Arnaud Bernard, avec toutes ses dépendances,
- l'église de la Sainte-Trinité de Loubens avec toutes ses dépendances,
- et les dîmes que, dans sa bonne et prévoyante libéralité, notre vénérable frère Foulques, évêque de Toulouse, vous a concédées avec le consentement de son chapitre, comme il est dit plus explicitement dans ses lettres.

Que personne n'ait la prétention d'exiger de vous ou de vous extorquer des dîmes sur les terres nouvellement défrichées que vous culyivez de vos propres mains, ou à vos frais, ni sur les fourrages de vos bêtes.

Il vous est également permis de recevoir et de conserver, sans qu'on puisse y faire aucune opposition, les clercs et laïcs de condition libre, déliés de tout empêchement qui fuient le siècle pour entrer en religion.

En outre, nous dénions le droit à qui que ce soit parmi vos frères, après qu'il ait fait profession dans votre église, de s'en aller de ce lieu religieux sans permission de son supérieur, à moins qu'il n'ait pour motif l'entrée dans une religion plus austère. S'il s'en va, que personne n'ait l'audace de le recevoir sans la garantie d'une lettre émanée de votre communauté.

Pour les églises paroissiales dont vous êtes possesseurs, vous avez le droit de choisir les prêtres et de les présenter à l'évêque du diocèse. Celui-ci, s'ils sont aptes, leur confiera la charge d'âme, en sorte qu'ils devront répondre devant lui du spirituel, et devant vous du temporel.

Nous statuons encore que personne n'ait le droit de charger votre église d'impositions nouvelles et indues, de promulguer contre vous et ou contre votre église, sans cause évidente et raisonnable, des sentences d'excommunication et d'interdit.

En cas d'interdit général sur le pays, vous pourrez célébrer l'office divin, les portes closes, étant exclus les excommuniés et les interdits, sans sonnerie de cloches et à voix basse.

Vous recevrez de l'évêque du diocèse, à condition qu'il soit catholique, en grâce et communion avec le très saint Siège romain et veuille vous les procurer sans irrégularité, le saint chrême, l'huile sainte, les consécrations d'autels ou de basiliques, les ordinations des clercs qu'il faudra promouvoir aux ordres sacrés. Sinon, vous pourrez vous adresser à un évêque catholique que vous préférerez, en grâce et communion avec le Siège Apostolique, qui fort de notre autorité, vous procurera ce que vous demandez.

Nous décrétons aussi pour ce lieu religieux la liberté de sépulture. Que personne donc ne mette obstacle à la dévotion et à la dernière volonté de ceux qui choisiront d'y être ensevelis, à moins qu'ils ne soient excommuniés ou frappés d'interdit. Néanmoins sera sauf le juste droit des églises d'où l'on amènera chez vous le corps des défunts.

Lorsque vous viendrez à disparaître, vous, l'actuel prieur de ce lieu, ou vos successeurs, quels qu'ils soient, nul ne sera mis à la tête de la communauté par habileté clandestine ou violence. Celui-là seul occupera ce poste dont on aura procuré l'élection par l'unanimité, ou tout au moins par la partie la plus nombreuse et de plus sain conseil des frères, selon Dieu et la règle du bienheureux Augustin.

Nous ratifions aussi les libertés, les immu nités anciennes et les coutumes raisonnables concédées à votre église qui sont toujours en vigueur ; et nous les confirmons pour qu'elles demeurent à perpétuité dans leur intégrité.

Nous décrétons que nul être humain, sans exception, ne doit avoir la latitude de troubler à la légère la susdite église, de lui arracher ses possessions et, une fois arrachées, de les conserver, les diminuer ou les affaiblir par quelque mauvais traitement que ce soit; que tous ces biens, au contraire, soient conservés intégralement au profit et usage multiple de ceux auxquels ils ont été concédés, pour leur activité et leur subsistance, étant saufs l'autorité du Siège Apostolique et les justes droits canoniques de l'évêque diocésain.

Par conséquent si, à l'avenir, une personne ecclésiastique ou séculière, ayant connaissance de ce document de notre décision, tentait dans son audace d'y contrevenir et si, après le deuxième ou le troisième avertissement, elle ne corrigeait pas son attitude coupable par une digne réparation, qu'elle soit privée du pouvoir et de l'honneur dus à sa dignité; qu'elle se sache mise en accusation devant le tribunal divin, pour l'iniquité qu'elle a perpétrée ; qu'elle soit exclue de la communion au Très Saint Corps et Sang de Dieu et Seigneur notre Rédempteur Jésus-Christ et qu'au jugement dernier, elle soit livrée à son châtiment rigoureux. Par contre, paix de Notre-Seigneur Jésus-Christ à tous ceux qui respecteront les droits de ce lieu religieux ; que dès ici-bas ils reçoivent le fruit de leur bonne action et qu'ils trouvent, auprès du juge rigoureux, la récompense de l'éternelle paix. Amen, amen, amen.

Affermis mes pas dans tes sentiers.
« Bene valete »

Moi Honorius, évêque de l'Eglise catholique.
Moi Nicolas, évêque de Tusculum, ss.
Moi Guy, évêque de Préneste, ss.
Moi Hugolin, évêque d'Ostie et Velletri, ss.
Moi Pélage, évêque d'Albano, ss.
Moi Cinthius, du titre de Saint Laurent in Lucina, cardinal prêtre, ss.
Moi Léon, du titre de Sainte-Croix de Jéru salem, cardinal prêtre, ss.
Moi Robert, du titre de Saint-Pierre-de-Celius, cardinal prêtre, ss.
Moi Etienne, du titre de la basilique des Douze Apôtres, cardinal prêtre, ss.
Moi Grégoire, du titre de Sainte-Anastasie, cardinal prêtre, ss.
Moi Pierre, du titre de Saint-Laurent in Da maso, cardinal prêtre, ss.
Moi Thomas, du titre de Sainte-Sabine, car dinal prêtre, ss.
Moi Guy, de Saint-Nicolas in carcere Tulliano, cardinal diacre, ss.
Moi Octavien, des saints Serge et Bacchus, cardinal diacre, ss.
Moi jean, des saints Côme et Damien, cardinal diacre, ss.
Moi Grégoire, de Saint-Théodore, cardinal diacre, ss.
Moi Renier, de Sainte-Marie in Cosmedin, cardinal diacre, ss.
Moi Romain, de Saint-Ange, cardinal diacre, ss. Moi Etienne, de Saint-Adrien, cardinal dia cre, ss.

Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, par la main de Renier, prieur de Saint-Fridien de Lucques, vice-chancelier de la sainte Eglise romaine, le XI des calendes de janvier, V° indiction, l'année de l'Incarnation du Seigneur 1216 ; du pontificat du Seigneur pape Honorius III, l'an premier.

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 13:21



Pendant 9 jours, dire 9 "Notre Père", 9 "Je Vous salue Marie" avec 9 fois les invocations :


"Mère abandonnée, priez pour nous. Mère affligée par des coeurs ingrats, priez pour nous."


La basilique devient un lieu de culte dédiée à la vierge en 1643, lorsqu'une épidémie de peste sur le point de ravager la ville fût arrêtée grâce aux prières faites à la Vierge. En 1870, les Prussiens sont sur le point de s'emparer de Lyon. Quelques croyants se rassemblent alors pour prier la Vierge et la ville fut épargnée. C'est alors que l'on fit construire une basilique sur la colline de Fourvière.


A la fin de l'année 1882 et jusqu'en septembre 1883, la Vierge Marie est apparue 19 fois à une jeune fille habitant le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, Anne-Marie Coste, qui devint par la suite soeur Marie de l'Eucharistie.
Sous les traits de Notre Dame de Fourvière, la Vierge Marie est apparue avec l'Enfant-Jésus dans ses bras tenant un globe surmonté d'une Croix brisée. Elle confia à la jeune fille quelques révélations ou prédictions. Elle parla de châtiments à propos de la mauvaise conduite de la France : " Il y aura bientôt de grandes inondations mais, une fois encore Je préserverai Lyon, cette ville que j'aime, du courroux de mon Fils. Ce sera la dernière fois si on ne se convertit pas, et je serai forcée de laisser aller le bras de mon Fils".
Comme il fut dit, des inondations se produisirent; de nombreux fleuves débordèrent, mais, même si la Saône et le Rhône gonflèrent exagérément, Lyon, ne fut pas touché par les crues.
La Mère de Dieu a mis l'accent aussi sur son chagrin : « Je suis une Mère abandonnée ! La cause de mon chagrin, c'est l'ingratitude de mon peuple. J'ai bien de la peine à retenir le bras de mon Fils... II faut que mon peuple se convertisse, qu'il fasse des pénitences et qu'il prie avec plus de ferveur. Vous ferez faire des neuvaines dans toutes les paroisses, dans toutes les communautés, en récitant neuf Pater, neuf Ave Maria avec neuf fois les invocations: "Mère abandonnée, priez pour nous. Mère affligée par des coeurs ingrats, priez pour nous." »
La guérison d'Anne-Marie, malade, suivie d'autres miracles de guérisons attestèrent de la véracité des faits. Pourquoi le Christ est-il apparu tenant dans ses mains une croix brisée ? Peut-être pour confirmer les dires de sa Mère à la Salette en : «...On a négligé le devoir de la prière et de la pénitence ; on a jeté par tombereaux les crucifix des prétoires et des écoles...»



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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 08:53
Chapelet pour les âmes abandonnées du Purgatoire
qui y souffrent depuis les temps païens les plus éloignés.

 
" Sainte-Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous."


Celui qui prononce cette courte prière avec recueillement peut, avec cette petite invocation, délivrer mille âmes du Purgatoire !

La Sainte Vierge a révélé cette promesse de Jésus à Sœur Anna le 8 décembre 1997. Qui est Sœur Anna ? Sœur Anna est une religieuse âgée aujourd'hui de 70 ans, qui vivait à Ohlau (25 km de Breslau en Pologne lorsque la Très Sainte Vierge lui donna Ses messages) et qui reçoit la visite de la Sainte-Vierge, mais qui préfère rester incognito.
Qui a pitié des innombrables âmes pas encore sauvées qui, depuis la création de l'humanité, souhaitent la délivrance ? Sachez-le : c'est seulement par nous, les vivants, qu'elles peuvent être délivrées !
Jésus nous récompensera généreusement pour cet acte de miséricorde, et les âmes ainsi délivrées seront par la suite des aides très précieuses pour nous.

 

Extrait du 41ème message de la Sainte-Vierge Marie révélé le 12 février 1998 à Sœur Anna :

 

"... Dans chaque Sainte Messe Je prie avec Mon cher Fils pour vous, et Je Me sacrifie pour vous. C'est pour cette raison, que Mon Fils veut que le monde reconnaisse en Moi pas seulement la Mère de Dieu, ce qui est le plus grand honneur, mais aussi la corédemptrice du monde. C'est Mon second nom très honorifique.
Un jour, le Pape fera savoir au monde, par un dogme, que Marie, la Mère de Dieu, est la Corédemptrice du monde. Appelez-Moi maintenant, autant que vous le pouvez, dans vos prières, « Corédemptrice du monde » et pour cela Je vous ferai parvenir toute une série de grâces qui sont nécessaires pour votre sauvetage et celui des autres.
... Mes enfants, à Ma fête, le 8 décembre, J'ai fait une grande promesse au monde. C'est une grâce qui n'a pas encore été offerte jusqu'à maintenant ! Il ne reste plus beaucoup de temps et il y a au Purgatoire énormément de pauvres âmes - même des âmes qui depuis les temps païens les plus éloignés - souffrent toujours ! ! Il faut les sauver ! Les chrétiens peuvent les sauver : avec leurs prières, le rosaire et tout spécialement avec le sacrifice de la Sainte Messe. Et en plus, Dieu M'a donné maintenant une merveilleuse et exceptionnelle grâce : ceux qui prononcent avec un cœur ouvert pieusement cette courte prière : « Sainte Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous.» obtiennent de Mon Fils Jésus qu'Il délivre mille âmes du Purgatoire ! Pour chacune de ces petites prières, pour chacune de ces invocations ardentes, 1000 âmes seront sauvées du Purgatoire et entreront dans la joie et la lumière éternelles. Profitez de cette grande chance de pouvoir aider ces pauvres âmes (beaucoup sont des ancêtres inconnus, oubliés, de notre propre famille !) et elles vous le rendront avec leurs prières perpétuelles et elles vous soutiendront dans votre vie terrestre souvent si difficile et ardue. Elles vous seront infiniment reconnaissantes, et vous leur demanderez de vous aider. Les âmes délivrées aident beaucoup ...
Mes enfants, remerciez Dieu pour cette si grande grâce, car la plupart d'entre vous n'ira pas tout de suite au Paradis : vous devrez payer devant Dieu pour vos fautes, au Purgatoire. Et là, vous attendrez vous aussi la prière de la terre... C'est pourquoi, ne gaspillez pas de temps. Cette petite phrase, prononcée avec foi, vous pouvez la dire partout - en marchant, en voiture, à l'église, à la maison, au travail, dans le « Je Vous salue Marie »
*, partout et à tout moment. Cette prière sera acceptée partout et délivrera les pauvres âmes. Je vous bénis au nom du PÈRE, du FILS et du SAINT-ESPRIT. Amen."

* Je Vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec Vous, etc... Sainte Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

 

 

Chapelet pour les âmes abandonnées du Purgatoire
(Version longue)

 

1- Symbole des Apôtres de Nicée Constantinople : (Je crois en un seul Dieu le Père Tout-Puissant, créateur du Ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible. Je crois en un seul seigneur : Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Il est Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, Vrai Dieu né du Vrai Dieu ; engendré, non pas créé, de même nature que le Père et par Lui tout a été fait. Pour nous les hommes et pour notre salut, Il descendit du Ciel, par l'Esprit-Saint Il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce-Pilate, Il souffrit Sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le 3e jour conformément aux Ecritures et Il monta au Ciel. Il est assis à la droite de Dieu le Père Tout-Puissant, Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Et Son règne n'aura pas de fin. Je crois en l'Esprit-Saint qui est Seigneur et qui donne la vie ; Il procède du Père et du Fils ; avec le Père et le Fils, Il reçoit même adoration et même gloire. Il a parlé par les prophètes. Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais que le baptême nous donne le pardon des péchés. J'attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen.) , 3 "Je Vous salue Marie", 1 "Ô mon Jésus".

Petits grains : Je Vous salue Marie, Pleine de grâce, le Seigneur est avec Vous, Vous êtes bénie plus que toutes les femmes et Jésus, le Fruit de Votre Sein est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

À la fin de chaque dizaine, on dit le « Gloire au Père » + « Ô mon Jésus, pardonnez-nous tous nos péchés, préservez-nous du feu de l'enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, spécialement celles qui ont le plus besoin de Votre Miséricorde. »

Gros grains : « Seigneur Jésus-Christ, Fils du Grand Dieu Vivant, et Vous, Marie, Mère de la Miséricorde, Corédemptrice du monde, je Vous supplie d'aller au Purgatoire pour délivrer les pauvres âmes qui depuis les temps païens les plus éloignés souffrent toujours. De grâce, menez-les aux Pieds de Dieu, notre Créateur bien-aimé afin qu'Il les reçoive dans Son Royaume et que ces pauvres âmes abandonnées jouissent enfin de la chaleur de Son Amour. Ainsi soit-il. Amen.»

À la fin : "Gloire au Père", 3 fois : « Dieu Saint, Dieu Saint et Fort, Dieu Saint et Immortel ayez pitié des âmes du Purgatoire et du monde entier. Amen. »

 

 

Chapelet pour les âmes abandonnées du Purgatoire
(Version courte)

 

Cette version plus rapide mais toute aussi efficace convient mieux aux personnes qui travaillent mais en revanche elles ne doivent pas hésiter à le réciter 3 fois par jour.

1 "Je crois en un seul Dieu" (Symbole de Nicée Constantinople), 3 "Je Vous salue Marie", 1 "Ô mon Jésus".

Petits grains : "Sainte Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous".

À la fin de chaque dizaine, on dit le « Gloire au Père » + « Ô mon Jésus, pardonnez-nous tous nos péchés, préservez-nous du feu de l'enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, spécialement celles qui ont le plus besoin de Votre Miséricorde. »

Gros grains : « Seigneur Jésus-Christ, Fils du Grand Dieu Vivant, et Vous, Marie, Mère de la Miséricorde, Corédemptrice du monde, je Vous supplie d'aller au Purgatoire pour délivrer les pauvres âmes qui depuis les temps païens les plus éloignés souffrent toujours. De grâce, menez-les aux Pieds de Dieu, notre Créateur bien-aimé afin qu'Il les reçoive dans Son Royaume et que ces pauvres âmes abandonnées jouissent enfin de la chaleur de Son Amour. Ainsi soit-il. Amen.»


À la fin : "Gloire au Père" + 3 fois : « Dieu Saint, Dieu Saint et Fort, Dieu Saint et Immortel ayez pitié des âmes du Purgatoire et du monde entier. Amen. »

 

Nihil Obstat - mars 2006. Evêque auxiliaire d'Ohlau Mgr Andrzej SIEMIENIEWSKI

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 07:44

Neuvaine à Sainte-Rita de Cascia

Premier jour :

Sainte-Rita, enfant aimable et pieuse, jeune fille respectueuse, serviable et dévouée envers les parents, obtenez de Dieu beaucoup de grâces aux enfants, aux jeunes et aux familles. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.

Deuxième jour :

Sainte-Rita, vous avez toujours accueilli les pauvres, secouru les malades avec tant de douceur, de générosité, de bienveillance. Vous donniez du pain et de la nourriture, des soins, mais aussi de l'affection fraternelle. Aide-nous à être bons et généreux envers ceux qui souffrent. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.


Troisième jour :

Sainte-Rita, vous avez beaucoup souffert du caractère violent, brutal de votre mari, mais vous lui êtes restée fidèle, attentionnée, douce, patiente, aimable. Vous avez tellement prié pour lui qu'il s'est repenti, corrigé et devenu bon époux et bon père. Sainte-Rita, veillez sur les foyers. Obtenez aux époux la force, le courage pour vivre ensemble dans la paix, l'amour et la fidélité. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.


Quatrième jour :

Sainte-Rita, vous avez apporté tant de soins, de patience, de douceur mais aussi de fermeté dans l'éducation de vos enfants, leur donnant toujours le bon exemple. Soutenez les parents dans la tâche si difficile et délicate, si importante, dans la bonne éducation de leurs enfants. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.

Cinquième jour :

Sainte-Rita, vous avez été durement éprouvée par la mort de votre époux puis de vos deux fils. Vous avez connu la solitude, seule dans une maison déserte. Vous avez donné tout votre temps à la prière, à l'accueil des pauvres, aux soins des malades. Priez pour ceux qui sont durement éprouvés par la mort d'un être cher, pour ceux qui se retrouvent seuls. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.


Sixième jour :

Sainte-Rita, penchez-vous avec bonté vers ceux qui vous invoquent, ne sachant plus où aller et qui sont las, découragés, prêts à succomber au désespoir. Exaucez nos prières, soulagez nos souffrances, et essuyez nos larmes. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.


Septième jour :

Sainte-Rita, partout, toujours, dans toutes les circonstances et les états de vie, vous avez été modèle de piété, d'humilité, de générosité, de patience, de charité. Aidez-nous à devenir, à rester toujours humbles et petits devant Dieu, bons et généreux envers notre prochain. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.


Huitième jour :

Sainte-Rita, animée d'un grand amour de Jésus crucifié, désirant partager ses souffrances pour sauver les âmes, vous avez été marquée au front d'une plaie de la couronne d'épines du Christ. Obtenez-nous de mieux comprendre le prix du sang versé par Jésus-Christ, la grandeur de son amour dans le don qu'Il fit de sa vie, pour nous racheter du péché. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir
ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.


Neuvième jour :


Sainte-Rita, vous aimiez méditer les paroles de Jésus, vous nourrir de l'Evangile. Vous aviez une confiance totale en la Divine Providence. Vous aimiez de tout votre coeur Dieu et le prochain. Obtenez-nous une foi vive, une espérance forte, une charité toujours grandissante. Sainte-Rita, sainte des causes désespérées, des causes impossibles, j'ai confiance en votre puissante intercession auprès du Seigneur. Obtenez-moi de Dieu "l'espérance confiante" qui ne trompe pas et le désir ardent des biens immortels, et je vous prie instamment de m'obtenir
aussi la grâce ...

Notre Père, Je vous salue Marie (3 fois), Gloire au Père.
Sainte-Rita, priez pour nous.

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 19:58
RÈGLE DE SAINT-AUGUSTIN POUR LES SERVITEURS DE DIEU (1).

Traduction de M. l'abbé RAULX.

 

In Œuvres Complètes de Saint-Augustin, tome III, pp 587-591. Éd. L. Guérin, Bar-le-Duc 1864

 

DE L'AMOUR DE DIEU ET DU PROCHAIN, DE L'UNION DES CŒURS ET DE LA COMMUNAUTÉ DES BIENS.

DE L'HUMILITÉ.

DE LA PRIÈRE ET DE L'OFFICE DIVIN.

DU JEUNE ET DU REPAS.

DE L'INDULGENCE ENVERS LES INFIRMES.

DE L'EXTÉRIEUR.

CORRECTION FRATERNELLE.

N'AVOIR RIEN EN PROPRE.

BAINS ET AUTRES SOINS.

EXCUSE ET PARDON.

DE L'OBÉISSANCE AU SUPÉRIEUR.

OBSERVER LA RÈGLE ET LA LIRE SOUVENT.


DE L'AMOUR DE DIEU ET DU PROCHAIN, DE L'UNION DES CŒURS ET DE LA COMMUNAUTÉ DES BIENS.


1. Avant tout, mes très-chers frères, aimez Dieu, puis le prochain; car c'est à nous principalement que sont donnés ces deux préceptes. Voici donc ce que nous vous ordonnons d'observer dans le monastère où vous êtes établis: d'abord , et c'est le motif qui vous a réunis, c'est que vous viviez en paix dans la maison, et que vous n'ayez qu'un coeur et qu'une âme dans le Seigneur. Ne témoignez jamais posséder rien en propre; que tout soit commun parmi vous. Votre Supérieur distribuera à chacun la nourriture et le vêtement; il ne donnera pas également à tous, parce que tous vous n'avez pas des forces égales, mais plutôt à chacun selon ses besoins. Voici, en effet, ce que vous lisez dans les actes des Apôtres : « Tout entre eux était commun, et on donnait à chacun selon que chacun avait besoin (2). »

Ceux qui possédaient quelque chose dans le siècle, lorsqu'ils sont entrés dans le monastère, le mettront volontiers en commun; et ceux qui n'avaient rien, ne chercheront point dans le

1. Saint Augustin a adressé cette règle aux religieux d'Hippone, comme on l'a vu dans la lettre CCXIe (ci-dessus pag. 23.) Etait-elle alors suivie par les religieux que dirigeait le grand évêque? En tout cas nous avons cru devoir, comme tous les éditeurs de saint Augustin, la donner ici dans la forme qui s'approprie aux hommes.

2. Act. IV, 32, 35.

monastère ce qu'ils n'ont pu se procurer même dans le monde. Cependant on subviendra à leur faiblesse, selon le besoin, encore que dans le siècle leur pauvreté ne pût se pourvoir même du nécessaire; seulement qu'ils ne s'estiment pas heureux de trouver ici la nourriture et le vêtement, qu'ils ne pouvaient trouver ailleurs.


DE L'HUMILITÉ.


2. Qu'ils ne s'élèvent pas non plus de ce qu'ils vivent avec ceux dont ils n'osaient approcher autrefois; qu'au contraire ils portent leur coeur vers le ciel, sans chercher ici des biens terrestres et vains, de peur que les monastères ne commencent â être salutaires aux riches, s'ils s'y humilient, et non aux pauvres, s'ils s'y enflent d'orgueil. D'un autre côté, ceux qui paraissaient être quelque chose dans le siècle, ne dédaigneront pas ceux de leurs frères qui, du sein de l'indigence, sont venus en religion; qu'ils s'attachent plutôt à se glorifier, non d'appartenir à des parents dans l'opulence, mais d'être admis dans la société de frères pauvres. Si de leurs biens ils ont donné quelque chose à la communauté, qu'ils ne s'élèvent pas: qu'ils ne s'enorgueillissent pas plus de leurs richesses en les donnant au monastère, qu'ils ne le feraient s'ils en jouissaient dans le monde. Hélas ! tous les autres vices s'appliquent aux mauvaises actions pour les produire, mais l'orgueil (588) s'attache même aux bonnes pour les faire périr; et qu'importe de distribuer ses biens aux pauvres et de se faire pauvre soi-même, quand l'âme est assez misérable pour devenir plus orgueilleuse en les méprisant, qu'elle ne l'était en les possédant ? Vivez donc tous dans l'union et la concorde, et honorez mutuellement en vous le Dieu qui vous a faits ses temples.


DE LA PRIÈRE ET DE L'OFFICE DIVIN.


3. Soyez assidus à la prière, aux heures et aux moments prescrits. Que personne ne fasse dans l'oratoire que ce pourquoi il a été construit et d'où il tire son nom; afin que si d'autres avaient le temps et la volonté d'y prier, même en dehors des heures ordinaires, ils n'en soient pas empêchés par ceux qui voudraient y faire quelque autre chose. Pendant les psaumes et les hymnes, lorsque vous priez Dieu, que votre coeur s'occupe de ce que profère votre bouche : ne chantez que ce que vous lisez devoir être chanté ; ce qui n'est point marqué pour l'être, ne le chantez pas.


DU JEUNE ET DU REPAS.


4. Domptez votre chair par les jeûnes et l'abstinence du boire et du manger, autant que votre santé le permet. Si quelqu'un ne peut jeûner, il ne doit rien prendre, cependant, entre l'heure de repas, à moins qu'il ne soit malade. Depuis le moment où vous vous mettez à table jusqu'à ce que vous en sortiez, écoutez sans bruit et sans dispute ce qu'on vous lit selon la coutume; votre corps ne doit pas seul prendre sa nourriture, votre esprit doit aussi avoir faim de la parole de Dieu.


DE L'INDULGENCE ENVERS LES INFIRMES.


5. Si à table, on traite différemment ceux qui sont infirmes par suite d'anciennes habitudes, que cette indulgence ne paraisse ni odieuse ni injuste à ceux qu'une autre manière de vivre a rendus plus robustes. Qu'ils ne les estiment pas plus heureux s'ils prennent ce qu'eux-mêmes ne prennent pas ; qu'ils se félicitent plutôt de pouvoir ce que leurs frères ne peuvent. Et si l'on accorde à ceux qui ont vécu plus délicatement avant d'entrer au monastère, en fait d'aliments, de vêtements et de couvertures, ce qui n'est point accordé aux autres qui sont plus forts et par conséquent plus heureux, ceux-ci doivent penser combien les premiers ont quitté de la vie qu'ils menaient dans le monde, quoiqu'ils ne soient point encore parvenus à l'austérité des autres qui sont d'une santé plus forte ; et tous ne doivent pas réclamer ce qu'on accorde à quelques-uns pour les soutenir et non pour les distinguer; de peur que, par un renversement détestable, les pauvres ne s'habituent à la délicatesse, dans un monastère où, selon leurs forces, les riches s'accoutument au travail. De même que les malades doivent prendre moins pour n'être pas accablés, les convalescents doivent être traités de manière à être au plus tôt rétablis, fussent-ils sortis de la dernière indigence : comme si la maladie venait de leur causer la faiblesse laissée aux riches par leurs habitudes premières. Mais après avoir réparé leurs forces, qu'ils reviennent à leur ancien genre de vie, plus heureux et d'autant plus convenable aux serviteurs de Dieu, qu'ils y éprouvent moins de besoins; que la sensualité ne les retienne pas, après leur rétablissement, à ce qu'avait exigé d'eux la faiblesse. Qu'on regarde comme plus riches ceux qui sont plus capables de soutenir une vie austère; mieux vaut avoir moins de besoins que de posséder davantage.


DE L'EXTÉRIEUR.


6. Que votre extérieur n'ait rien de singulier; ne cherchez point à plaire par vos vêtements, mais par vos vertus. Quand vous sortez, marchez ensemble; quand vous êtes arrivés, demeurez ensemble. Que dans votre démarche, votre contenance, votre air et tous vos gestes il n'y ait rien qui blesse la vue de personne, mais que tout convienne à la sainteté de votre état. Si vos yeux se jettent sur quelque femme, qu'ils ne se fixent sur aucune; il ne vous est pas défendu, quand vous sortez, d'apercevoir des femmes, mais il est mal de les rechercher ou de vouloir en être recherchés. Par les regards aussi bien que par l'attachement et l'affection secrètes , l'amour impur provoque comme il est provoqué. Ne dites pas que vos âmes sont chastes lorsque vos regards ne le sont pas: un oeil sans pudeur annonce un coeur souillé. Quand des coeurs passionnés se parlent non-seulement de la langue, mais du seul regard; quand ils se plaisent dans une ardeur réciproque et charnelle, le corps peut (589) demeurer intact, mais l'âme a perdu sa chasteté. Celui qui fixe le regard sur une femme et qui provoque le sien, ne doit pas croire qu'alors il n'est vu de personne ; il est vu certainement et de ceux mêmes qu'il ne soupçonne pas. Mais fût-il dans l'ombre , et inaperçu d'aucun homme, oublie-t-il au-dessus de lui cet oeil vigilant à qui rien ne peut échapper? Peut-il croire qu'il ne voit point, parce que sa patience qui tolère est infinie comme sa sagesse qui découvre ? Qu'un homme consacré à Dieu craigne donc de lui déplaire, plutôt que de vouloir plaire criminellement à une femme. Qu'il se rappelle que Dieu voit tout, plutôt que de chercher à voir criminellement une femme. Ici particulièrement la crainte de Dieu nous est recommandée, car il est écrit: « Celui qui fixe ses regards est une abomination au Seigneur (1). » Quand donc vous êtes réunis à l'église et partout où sont des femmes, gardez mutuellement votre pudeur, car Dieu qui habite en vous vous préservera ainsi de vous-mêmes.


CORRECTION FRATERNELLE.


7. Et si dans quelqu'un de vos frères vous remarquez ce regard immodeste dont je parle, avertissez-le de suite, afin que sa faute ne se prolonge point, mais qu'il s'en corrige au plus tôt. Si, après votre avis, et en quelque jour que ce soit, vous le voyez retomber, celui qui aura pu l'observer doit le découvrir comme un blessé qu'il faut guérir. Auparavant néanmoins, on doit le faire remarquer à un autre , et même à un troisième, afin qu'il puisse être convaincu par la déposition de deux ou trois témoins (2) et retenu par une crainte salutaire. Mais ne croyez pas être malveillants en le faisant connaître; vous êtes coupables au contraire quand vous laissez périr par votre silence des frères que vous pouvez corriger en parlant.

Si votre frère avait au corps une blessure qu'il voulût cacher dans la crainte qu'on n'y portât le fer, ne serait-ce pas cruauté de vous taire, et bonté de parler ? Combien plus encore ne devez-vous pas le découvrir pour empêcher dans son coeur des ravages plus redoutables ! Toutefois si, après avoir été averti, il néglige de se corriger, on doit, avant de le faire comparaître

1. Prov. XXVII, 20, selon les Septante.

2. Matth. XVIII, 16.

devant ceux qui doivent le convaincre s'il nie, le signaler au supérieur, dans la crainte qu'une correction trop secrète ne lui permette de dissimuler devant les autres. S'il nie alors, appelez avec vous d'autres témoins, afin que devant tous il puisse non pas être accusé par un seul, mais être convaincu par deux ou trois. Convaincu, il subira pour son salut une pénitence imposée par le supérieur ou même par le prêtre qui en est chargé. S'il la refuse, encore que de lui-même il ne sorte pas, qu'il soit chassé du milieu de vous. Agir ainsi n'est pas cruauté, c'est charité ; c'est empêcher la contagion de se répandre et de faire de nombreuses victimes. Or ce que j'ai dit du regard immodeste, vous l'observerez, lorsqu'il s'agira de toute autre faute à découvrir, à empêcher, à révéler, à prouver et à punir, avec soin et fidélité, avec affection pour l'homme et haine contre le vice. Celui qui serait perverti au point de recevoir secrètement des lettres ou des présents d'une femme, qu'on lui pardonne et qu'on prie pour lui, s'il confesse Spontanément sa faute ; mais s'il est surpris et convaincu, qu'il soit corrigé plus sévèrement parle prêtre ou le supérieur.


N'AVOIR RIEN EN PROPRE.


8. Que vos vêtements soient en commun, gardés par un ou deux, ou autant d'entre vous qu'il sera besoin, pour les secouer et les préserver de la teigne ; comme un même cellier vous donne la nourriture, qu'un même vestiaire conserve vos vêtements, s'il est possible. Ne vous inquiétez point aux diverses saisons de savoir quel vêtement on vous donne, si vous recevez celui que vous avez déposé ou celui qui a été porté par un autre, pourvu toutefois qu'on accorde à chacun ce qui lui est nécessaire. Mais si à ce sujet, il s'élève entre vous des disputes et des murmures, si l'un se plaint de recevoir moins qu'il n'avait porté et d'être mis au-dessous d'un autre frère mieux vêtu, jugez par là combien vous manquent les ornements intérieurs de la sainteté , puisque votre coeur dispute pour les vêtements du corps. Si cependant on tolère votre faiblesse au point de vous rendre ce que vous aviez quitté, déposez toutefois vos vêtements dans un même lieu et sous une garde commune. De même, que personne ne fasse rien pour soi ; en tout travaillez pour la communauté avec un zèle plus ardent et une joie plus vive, que si (590) chacun travaillait pour soi. Il est écrit de la charité qu'elle ne cherche pas ses intérêts (1) ; c'est qu'en effet sa nature est de préférer le bien public au bien propre et non le bien propre au bien public. Sachez donc que vous avez progressé d'autant plus que vous soignez mieux l'intérêt commun que le vôtre. Ayez soin qu'en tout ce qui sert à la nécessité qui passe prévale la charité qui demeuré ; par conséquent lors même que quelqu'un apporte à ses enfants ou à d'autres personnes du monastère, avec qui il est uni de quelque manière, des vêtements ou d'autres objets nécessaires, on ne doit pas les recevoir en secret ; il faut que le supérieur puisse les mettre en commun et les distribuer à qui en a besoin ; et si quelqu'un cache ce qui lui a été donné, qu'il soit condamné comme coupable de larcin.


BAINS ET AUTRES SOINS.


9. Vos vêtements seront lavés selon la volonté du supérieur, ou par vous ou par des foulons ; il ne faut pas que par une recherche excessive de la propreté extérieure, votre âme contracte des souillures intérieures. Qu'on ne refuse pas le bain à celui qu'y oblige l'exigence de la maladie. Mais sur l'avis du médecin qu'on l'accorde sans murmure, et même, si le malade le refuse, que par ordre du supérieur, il fasse ce qu'exige sa santé ; s'il venait à le demander sans qu'il lui fût utile, qu'on ne suive pas ses désirs, car ce qui fait plaisir, quelquefois on le croit salutaire, quoiqu'il soit nuisible. Quand un serviteur de Dieu dit qu'il souffre intérieurement, qu'on le croie sur parole; mais si l'on doute que ce qu'il demande puisse le guérir, on doit consulter le médecin. Qu'on n'aille pas au bain ni partout où il est nécessaire, moins de deux ou trois ensemble; et celui qui a besoin d'aller quelque part n'ira qu'avec ceux que le supérieur lui a donnés pour l'accompagner. Le soin des malades ou des convalescents ou même de ceux qui, sans fièvre, souffrent de quelque infirmité, doit être confié à quelqu'un, qui demandera au cellérier ce qu'il croira nécessaire à chacun. Ceux qui sont chargés du cellier, du vestiaire ou de la bibliothèque serviront tous les frères sans murmure. Il y aura chaque jour une heure fixée pour demander les livres en dehors de cette heure on n'en donnera point. Pour les

1. I Cor. XIII, 5.

vêtements et les chaussures, qu'ils soient donnés sans délai à ceux qui en ont besoin par ceux qui en ont la garde.


EXCUSE ET PARDON.


10. N'ayez point de disputes ou terminez-les au plus tôt ; que la colère ne devienne pas de la haine, le simple fétu, une poutre énorme et l'âme homicide; car il est écrit. « Celui qui hait son frère est homicide (1). » Quiconque en outrageant, en maudissant ou même en imputant un crime, a blessé quelqu'un, doit s'empresser de réparer au plus tôt le mal qu'il a fait, et celui qui a été blessé pardonner sans discussion. S'ils se sont blessés mutuellement, mutuellement ils doivent se pardonner, comme vous y obligent ces prières que vous devez faire d'autant plus saintement que vous les répétez plus souvent. Mieux vaut celui qui souvent tenté de colère, s'empresse de demander pardon à celui qu'il reconnaît avoir offensé, que cet autre qui plus lent à se fâcher, est aussi plus lent à s'excuser. Celui qui ne veut point pardonner à son frère ne doit pas espérer d'être exaucé dans sa prière, et celui qui ne veut jamais demander pardon ou qui ne le demande pas sincèrement, n'a aucune raison de demeurer dans le monastère, quoiqu'on ne l'en chasse pas. Evitez donc entre vous les paroles amères, et s'il en échappe à votre bouche, que votre bouche s'empresse de guérir la blessure qu'elle a faite. Quand, pour la correction des mœurs, la nécessité de la règle vous pousse à dire des paroles dures, eussiez-vous excédé dans le mode, on n'exige pas que vous demandiez pardon à ceux qui vous sont soumis, dans la crainte qu'en donnant trop à l'humilité, vous ne rompiez auprès d'eux le lien de l'autorité. Vous devez néanmoins demander pardon à votre commun Maître : il sait avec quelle tendresse vous chérissez ceux que vous avez repris trop sévèrement peut-être. L'amour parmi vous ne doit pas être charnel, mais spirituel.


DE L'OBÉISSANCE AU SUPÉRIEUR.


11. Obéissez à votre supérieur comme à votre père, obéissez surtout au prêtre qui a soin de vous tous. Faire observer exactement tous ces points, ne rien laisser passer négligemment,

1. I Jean, III, 16 (591)

mais pourvoir à l'amendement et à la correction, tel doit être le soin principal du supérieur, et dans les cas qui surpassent son pouvoir ou ses forces, il s'adressera au prêtre, dont l'autorité est plus grande parmi vous. Que celui qui est à votre tète ne mette pas son bonheur à dominer par l'autorité, mais à servir par la charité. Que les honneurs l'élèvent devant vous ; mais que la crainte le tienne devant Dieu abaissé sous vos pieds ; qu'il se montre envers tous un modèle de vertus ; qu'il corrige les indociles, console les pusillanimes, soutienne les infirmes, soit patient envers tous ; qu'il se soumette volontiers à la règle et la fasse observer avec crainte. L'un et l'autre est nécessaire ; néanmoins, il cherchera plus à se faire aimer que craindre, toujours occupé de la pensée qu'il doit rendre à Dieu compte de chacun de vous. C'est pourquoi, en vous empressant de lui obéir, ayez pitié non-seulement de vous mais de lui; car, plus il

1. Tit. II, 7. - 2. I Thess. V, 14.

est élevé au milieu de vous, plus est grand le danger où il est exposé.

 

OBSERVER LA RÈGLE ET LA LIRE SOUVENT.


12. Que le Seigneur vous accorde d'observer tous ces points, comme des hommes qui, remplis d'amour pour la beauté spirituelle, répandent, parla sainteté de leur vie, la bonne odeur de Jésus-Christ ; non point comme des esclaves sous le joug de la loi, mais comme des hommes libres sous l'influence de la grâce. Or, afin que vous puissiez vous regarder dans ce petit livre comme dans un miroir, et que, par oubli, vous n'en négligiez rien, on vous le lira une fois par semaine. Quand vous vous trouverez fidèles à pratiquer ce qui est écrit, rendez grâces au Seigneur, le dispensateur de tous biens; quand, au contraire, vous observerez des manquements, gémissez du passé, prenez vos précautions pour l'avenir, demandez pardon de vos fautes et la grâce de ne plus succomber à la tentation. Ainsi soit-il.

 

Traduction de M. l'abbé RAULX.




FIN DU TROISIÈME VOLUME.

 

Vers 397 naît sa « Regula », qui devient, par là même, la première règle monastique occidentale. Courte, sage, très souple et d'une universalité exceptionnelle, elle a été adoptée par près de 300 Ordres et Congrégations, dont tous les Chanoines Réguliers. Elle peut inspirer et sanctifier non seulement les religieuses et les religieux mais aussi les chrétiens laïcs. D'ailleurs, des laïcs comme La Bruyère au XVIe siècle ou le Bienheureux Frédéric Ozanam au XIXe siècle, débordent d'admiration pour le saint évêque. Le Pape Benoît XVI lui a consacré une thèse de Doctorat et le cite très souvent.

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 15:04
Notre-Dame de Pompéi, Reine du Rosaire
Saint-Dominique et Sainte-Catherine de Sienne





Constitutions primitives de l'Ordre des Prêcheurs (1216-1236).
Suite

XXIV. 1. On lancera l'excommunication contre tout frère apostat qui ne reviendra pas dans les quarante jours. S'il revient par pitié pour lui-même, il quittera ses vêtements sous le cloître; puis nu, portant les verges, il viendra au chapitre et prosterné dira sa faute en demandant, pardon. Il restera soumis à la peine de la coulpe plus grave aussi longtemps qu'il plaira au supérieur. Tous les dimanches il se présentera nu au chapitre. Durant ce temps de pénitence il sera partout le dernier dans la communauté et pendant une année jeûnera au pain et à l'eau deux jours par semaine. Quand la pénitence sera terminée il ne reprendra jamais son rang, mais un rang inférieur selon que le jugera le supérieur. S'il fuit une seconde fois et revient de nouveau, il fera pénitence de la même façon et l'on ajoutera une seconde année à la première. Une troisième, s'il part une troisième fois. Une quatrième pour un quatrième départ. En constatant le repentir des frères qui font pénitence pour cette raison, le supérieur pourra cependant se montrer indulgent, ou remettre une partie du temps, selon que sa discrétion le croira ou le jugera bon, envers tous ceux qui l'imploreront au chapitre avec humilité. Mais si l'un d'eux s'est fait ordonner au cours de son apostasie ou s'est permis de célébrer les divins mystères pendant ce temps, après l'excommunication, il sera privé de l'exercice de son office à perpétuité, à moins que, dans la suite, peut-être, il ne se conduise si religieusement qu'il en reçoive dispense par l'autorité du Siège apostolique. 2. De même, celui qui a apostasié, dès la première fois, ou celui qu'on a convaincu de péché de la chair ne prêcheront plus désormais et n'entendront plus les confessions, à moins que le chapitre général ou provincial ne les restitue dans leurs droits.


XXV.
La coulpe suprême est l'incorrigibilité de celui qui ne craint pas d'accepter froidement le péché et refuse d'en porter la peine. C'est à son sujet, que notre père Augustin nous prescrit « de le rejeter de [notre] société, même s'il ne se retire pas de lui-même », comme le veut l'Apôtre [Ad Tir. 111, 10], qui nous commande « de nous écarter de celui qui fomente des divisions, après un premier et un second avertissement », lorsqu'il est manifeste qu'il est, incorrigible, « et s'obstine dans un péché qui conduit à la mort » [I Joh. v, 16] « sachant qu'un tel homme est totalement plongé" dans les ténèbres ». Dépouillé de notre habit, revêtu de vêtements séculiers, qu'on le contraigne à sortir, s'il peut encore à cette heure conserver intégralement sa tête et ses facultés. On n'accordera jamais à aucun autre, en quelque occasion que ce soit, la permission de s'en aller, s'il a l'indignité de le désirer, craignant que l'ordre et la discipline canoniale ne deviennent objets de mépris, si l'habit de la religion canoniale se faisait mépriser dans la personne de quelques indignes. De la même façon qu'ils ont rejeté leur profession de leur coeur, qu'ils soient contraints de déposer les insignes de leur profession. Qu'à personne, quelle que soit son importunité, de quelque manière que ce soit, on n'accorde licence de s'en aller d'autre façon.


SECONDE DISTINCTION

Du chapitre provincial.


I.
1. Nous statuons que chaque année, dans chacun des chapitres provinciaux d'Espagne, de Provence, de France, de Lombardie, de la province Romaine, de Hongrie, de Teutonie, d'Angleterre, quatre frères des plus prudents et des plus capables soient élus par le chapitre provincial. On procédera par voie d'enquête du prieur provincial, du prieur et du sousprieur du lieu où se célèbre le chapitre, ou s'il en manquait un par enquête de deux seulement, de la façon suivante : les trois personnes susdites, ou les deux s'il en manquait une, s'en querront de la volonté de , chacun, un par un, en se tenant légèrement à l'écart dans la même chambre et sous les yeux de tous; ils l'écriront fidèlement et, sur-le-champ, au même lieu, avant que les frères ne s'en aillent ou ne parlent entre eux, ils publieront leur procès-verbal au sein de l'assemblée. L'on tiendra pour définiteurs ceux sur le nom desquels s'est réuni la majorité numérique du chapitre provincial. Si les voix se divisent en parties égales, alors le chapitre élira quelqu'un par le même système d'enquête sur les volontés, et la partie pour laquelle celui-ci se décidera sera tenue pour définiteurs. Si le désaccord persiste, on élira quelqu'un d'autre, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on obtienne une majorité en faveur de l'une des parties.

1a. Nous appelons chapitre provincial les prieurs conventuels, chacun doublé d'un frère élu par son chapitre, et les prédicateurs généraux. Les prédicateurs généraux sont ceux qui ont été approuvés par le chapitre général, ou le prieur provincial avec les définiteurs du chapitre provincial. 2. Les profès pourront assister aux accusations et aux corrections trois ans 16 après leur entrée dans l'ordre.

3. Item : les couvents qui envoient des accusations au chapitre provincial ou général doivent écrire à propos de chacun des articles le nombre et le nom des accusateurs et s'ils accusent sur des faits qu'ils ont vus, ou seulement entendu dire; et que nul n'accuse par ouï-dire, sans dire de qui il le tient; mais que partout on se garde de rapporter aucun mal sur le compte d'autrui, sans dire de qui on le tient.

II. Les définiteurs susdits traiteront toutes les affaires et définiront avec leur prieur provincial. Si dans leur ceuvre de définition ils se divisent en parties égales, la décision de la partie à laquelle s'accorde le prieur provincial prévaut ; autrement, la décision de la majorité prévaut.

III. Ces quatre définiteurs entendront et corrigeront au chapitre provincial les transgressions confessées ou proclamées du prieur provincial, lui infligeant une pénitence. S'il se montrait incorrigible - à Dieu ne plaise - qu'ils le suspendent de son office de prieur iusqu'au chapitre général, en mettant à sa place le prieur du lieu où se célèbre le chapitre provincial, et fassent connaître ses transgressions au chapitre général dans un écrit qu'ils scelleront en commun.


Du chapitre général

V. 1. Nous statuons aussi que, durant deux années, le chapitre des huit susdites provinces élise quelqu'un des plus capables comme définiteur du chapitre général. Le prieur provincial et ces définiteurs assigneront un socius convenable à cet élu, afin que s'il venait entre-temps à décéder ou à se trouver empêché en quelque façon de venir au chapitre général, son socius soit de plein droit considéré comme définiteur à sa place. 2. Nous statuons que les quatre provinces de Jérusalem, de Grèce, de Pologne, de Dacie, aient chaque année des définiteurs en chacun des chapitres généraux. La troisième année les prieurs provinciaux des douze provinces célébreront le chapitre général. 3. Item : nous statuons que les définiteurs du chapitre provincial donnent un socius au prieur provincial en route pour le chapitre général.

VI. 1. Nous statuons et dans la puissance de l'Esprit-Saint et de l'obéissance, sous la menace de l'anathème, nous défendons formellement aux prieurs provinciaux comme aux frères définiteurs de se permettre de causer aux frères définiteurs comme aux provinciaux quelque préjudice que ce soit par leurs définitions. Que s'ils tentaient de le faire, nous défendons à qui que ce soit avec la même rigueur d'oser leur obéir en cela.

2. Et pour éviter la multiplication des constitutions, nous défendons à l'avenir de rien statuer sans le faire approuver par deux chapitres successifs; au troisième chapitre, c'est-à-dire à celui qui suit immédiatement, on pourra confirmer ou annuler cette disposition, qu'il s'agisse de prieurs provinciaux ou d'autres définiteurs et en quelque lieu que se tienne ce troisième chapitre.

VII. 1. Les douze définiteurs, pour les deux premières années, et douze prieurs provinciaux, pour la troisième, s'associeront au maître de l'ordre pour définir, constituer et traiter toutes les affaires. 2. S'il arrivait par occasion au maître d'être absent, les susdits définiteurs procéderaient néanmoins à leur ceuvre de définition. S'ils se divisent en parties égales, la décision prévaut de la partie à laquelle se rallie le maître général. Si les parties sont inégales, la décision de la majorité l'emporte. Si l'adjonction du maître égalise les parties, on élit quelqu'un selon le mode institué pour l'élection des définiteurs provinciaux. 3. Si quelques-uns de ces derniers, empêchés par quelque accident, n'ont pu venir au chapitre, ceux d'entre eux qui ont pu venir traiteront toutes les affaires avec le maître de l'ordre. S'ils ne s'accordent pas tous pour une décision unanime, on observera la forme exposée plus haut.

VIII. 1. Ces définiteurs ont pleins pouvoirs pour corriger les transgressions du maître de l'ordre et même pour l'écarter radicalement. Et l'on doit observer inviolablement leur décision, en cette affaire comme dans les autres, de telle sorte qu'il ne soit permis à personne d'en appeler. Et si l'on fait appel on doit considérer cet appel comme nul et frivole. 2. Nous interdisons en effet radicalement et sous menace de l'anathème que l'on fasse un appel dans notre ordre, car nous ne sommes pas venus chicaner mais corriger des défaillances.

IX. 1. Les susdits définiteurs corrigeront et redresseront, entre eux et à part, les transgressions du maître.

1a. Si ses transgressions, cependant, sont si grandes qu'il faille l'écarter, ils ne procéderont pas en désordre et sans précision, mais avec la plus grande précaution et par une enquête très attentive. On ne le déposera que pour un crime ou pour tout autre péché criminel qu'on ne pourrait tolérer sans risquer pour l'ordre un grand scandale - à condition également qu'il en soit légitimement convaincu, ou qu'il l'ait confessé - ou s'il est à ce point négligent, inefficace ou relâché qu'il conduise l'ordre à sa ruine et à l'abolition. En ce cas, avant de le déposer, les définiteurs tâcheront de l'amener à abandonner de lui-même sa magistrature et à se choisir un lieu où il pourrait vivre honorablement. 2. Après la mort du maître, ou après son éloignement, les prieurs desdites provinces reçoivent pleinement son pouvoir en toutes choses, jusqu'à l'élection de son successeur, et tous sont tenus de leur obéir comme au maître. Si dans l'intervalle ils se trouvent en désaccord, la décision de la majorité l'emporte. Si les parties sont égales, ils prennent avec eux quelqu'un des frères qui ont voix à l'élection du maître, et la partie avec laquelle le frère s'accorde obtient pouvoir exécutif. Si le désaccord dure encore, on en élit un autre de nouveau, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on rencontre une majorité en faveur d'une des parties.

3. Nous faisons précepte, dans la puissance de l'Esprit-Saint, que nul n'ait l'audace de rien changer à la constitution de l'ordre avant l'élection du maître.

X. 1. Les susdits prieurs provinciaux des susdites huit provinces, chacun d'entre eux accompagné de deux frères élus par le chapitre provincial, à qui les autres ont remis leur mandat pour l'élection du maître, 1° et les prieurs provinciaux des susdites quatres provinces : c'est-à-dire de Jérusalem, de Grèce, de Pologne, de Dacie, chacun d'entre eux, accompagné du frère qui a été élu pour cette même affaire, viennent au chapitre général. Lorsqu'ils se sont rassemblés, le lundi après la Pentecôte, les prieurs conventuels de la province et les frères présents au lieu où va se faire l'élection les enferment solidement dans une chambre fermant à clef, de telle façon qu'ils n'en puissent aucunement sortir et qu'on ne leur serve aucun aliment, de quelque manière que ce soit, jusqu'à ce que le maître de l'ordre soit élu selon la forme canonique".

2. Et nous faisons ferme précepte d'observer cette règle autant aux électeurs qu'aux gardiens du conclave, en sorte que si quelqu'un avait la présomption d'aller contre, il serait par le fait même excommunié et devrait endurer la peine de la coulpe plus grave.

XI. 1. Voici la forme de l'élection. L'élection se fait par enquête ou scrutin. Après que les électeurs aient été enfermés de la façon susdite, les trois prieurs provinciaux les plus anciens par leur prise d'habit s'enquerront de la volonté de chacun, un à un et légèrement à part, dans la même chambre cependant et sous les yeux de tous. Si tous s'accordent sur quelqu'un à l'unanimité sous l'inspiration de la grâce, on le tiendra pour véritable maître de l'ordre. Si les parties se divisent inégalement, celui qui recueillera plus de la moitié des suffrages de tous ceux qui doivent élire sera le maître en vertu d'une telle élection et de cette constitution. 2. S'il arrivait que l'un ou l'autre des électeurs ne venait pas, néanmoins ceux qui sont présents procéderaient à l'élection. Tout cela se fera de telle manière que le mercredi de la Pentecôte le chapitre ait toujours un maître, ancien ou nouveau, présent ou absent, car sa célébration solennelle commence seulement alors et il ne faut pas qu'on puisse l'accuser d'être privé de tête.

3. Et nous voulons, et nous faisons ferme précepte d'observer sans contradiction toutes les constitutions relatives à l'élection du maître. Quiconque oserait y contredire avec pertinacité ou même se rebeller contre elles, qu'on le tienne pour excommunié, schismatique, ou destructeur de notre ordre. Aussi longtemps qu'il n'aura pas satisfait pour sa faute, qu'il soit radicalement séparé de la communion de tous et soumis à la peine de la coulpe plus grave.

4. Nous statuons que si l'on procède à l'élection du maître dans une année où les prieurs provinciaux font fonction de définiteurs, on admette avec eux, comme définiteur, par chaque province, un des frères électeurs élu à cet effet dans son chapitre provincial 71. 5. Si l'on y procède dans une année de définiteurs, les provinciaux s'associeront aux définiteurs et leur travail de définition se fera en commun. XII. Nous statuons, en outre, que tous les prieurs conventuels avec leur socius, et les prédicateurs généraux de ia province où le chapitre se célèbre viennent cette année-là au chapitre général et ne soient pas tenus, dans cette année-là, à célébrer un autre chapitre.

XII. 1. S'il arrive que le maître meure avant la fête de saint Michel, le prieur conventuel ou provincial qui se trouve le plus rapproché du lieu de décès du maître annonce l'événement avec célérité au couvent de Paris ou de Bologne, à savoir au plus proche d'entre eux. Et le premier de ces deux couvents qui reçoit la nouvelle est tenu de l'annoncer aux autres. Le couvent de Paris aux provinces d'Espagne, de Provence, d'Angleterre, de Teutonie. Le couvent de Bologne est tenu de le signifier au plus vite à la province de Hongrie, et à la province Romaine et, parmi les autres, à celles qu'il peut. Si le maître décède après la fête susdite, on annonce néanmoins son obit afin qu'on puisse cette année-là surseoir au chapitre général. L'année suivante, cependant, le chapitre sera célébré là où l'on devait précédemment le faire.

2. On célèbre le chapitre général une année à Paris, et l'année suivante à Bologne.

XN. Dans la puissance de l'Esprit-Saint et de l'obéissance, nous faisons ferme précepte d'observer ce qui suit : que nul n'ait l'audace de rendre consciemment public devant des étrangers la cause de la déposition du maître ou du prieur provincial, ses transgressions, sa correction, le secret du chapitre, ou les dissensions des définiteurs ou des frères, ce qui pourrait amener des troubles dans l'ordre ou nuire à sa réputation. Si quelqu'un cependant allait délibérément contre cette défense, qu'on le tienne pour excommunié, schismatique et destructeur de notre ordre. Aussi longtemps qu'il n'aura pas satisfait pour sa faute, qu'il soit radicalement séparé de la communion de tous et soumis à la peine de la coulpe plus grave. Nous faisons précepte avec la même rigueur que nul n'ait l'audace de travailler de quelque façon à diviser notre ordre par la parole ou par l'action. S'il le faisait, qu'il soit soumis à la peine susdite.

XV. 1. Nous statuons que les prieurs des provinces ou royaumes, après un examen attentif, soient confirmés ou écartés par le maître de l'ordre et les définiteurs au cours du chapitre général. Quant à leur élection, elle appartient au chapitre provincial. 2. Nous statuons que le maître, agissant tout seul, peut également confirmer le prieur provincial. 3. A la mort ou à la destitution du prieur provincial, on élit deux frères dans chacun des couvents de cette province. Ces frères, unis à leurs prieurs conventuels, procèdent à l'élection du prieur provincial selon la forme exposée plus haut, avec cette exception cependant, qu'il n'y a pas lieu de les enfermer comme on le fait dans l'élection du maître.

4. Item : lorsque le prieur provincial meurt ou se trouve écarté, le prieur qui le remplace est tenu de convoquer les électeurs le plus vite qu'il le peut sans inconvénient pour que l'on élise le prieur provincial et célèbre le chapitre provincial, à moins que ce dernier point ne soit déjà rempli. Si ceux qui doivent élire ne le font pas à ce moment, le droit de pourvoir est transféré au maître. 5. Item : nous statuons que l'élection du prieur provincial concerne seulement les prieurs conventuels et les deux frères élus dans chaque couvent, après convocation de tous les frères appartenant à ces couvents, si cela peut commodément se faire.

XVI. 1. Le prieur provincial jouit du même pouvoir dans sa province ou royaume que le maître de l'ordre, et ceux de la province lui manifestent les mêmes honneurs qu'ils font au maître de l'ordre, à moins que le maître ne se trouve présent.

2. Item : les prieurs provinciaux doivent veiller à visiter avec grand soin la province qui leur est confiée. D'ailleurs, s'ils n'ont pas la force suffisante pour le faire convenablement, ils peuvent se faire remplacer.

3. Le prieur d'une province ou royaume qui aurait quelques fils aptes à l'enseignement et capables en peu de temps de devenir maîtres régents, aura soin de les envoyer dans un centre d'études. Ceux auxquels il les envoie ne se permettront pas de les employer à autre chose ni de les renvoyer à leur province tant qu'on ne les rappellera pas. 4. Le chapitre provincial se célèbre à la fête de saint Michel au lieu convenu dans la province ou royaume et choisi par le prieur de la province ou royaume sur le conseil des définiteurs. 5. Nul religieux d'un autre ordre ou profession, nul séculier quels que soient sa classe, sa dignité, sa profession ou son mode de vie ne peut être admis de quelque façon que ce soit à participer aux secrets et aux délibérations du chapitre.

6. Or tout ce qu'on a dit du chapitre général doit être inauguré le lundi après la Pentecôte.

XVII. Le mercredi, lorsque les frères sont arrivés au chapitre, on commence avant toute chose par invoquer dévotement l'Esprit-Saint qui dirige les enfants de Dieu. On dit le verset ' Emitte spiritum tuum et creabuntur ' avec l'oraison du Saint-Esprit. Puis lorsque les frères se sont assis et que tous se sont mis à leur place, pour les affermir par la parole du Dieu du ciel on adresse à la communauté la parole divine. Tous ceux qui veulent s'édifier peuvent assister au sermon. Quand il est achevé, comme il convient de venir au plus vite au secours de ceux qui sont dans le besoin, on récite en commun l'obit des frères décédés dans l'année, on leur donne en commun l'absoute et l'on dit pour eux le psaume ' De profundis '. S'il y a des lettres à présenter, qu'on les donne et qu'on les reçoive on y répondra en son temps, après réflexion. Alors sortent tous ceux qui n'appartiennent pas au chapitre. Quand ils sont sortis, les frères chargés d'excuser les absents disent ce qu'ils sont venus faire. Ensuite commence l'audition des coulpes.

XVIII. Après cela les visiteurs doivent rendre compte, de vive voix s'ils sont présents et par écrit s'ils sont absents, des frères qu'ils ont visités : vivent-ils dans une paix continue, assidus à l'étude, fervents dans la prédication ? Quelle est leur réputation, le fruit de leurs efforts ? Respecte-t-on les observances selon la teneur des Institutions quant au vivre et aux autres points ? S'ils ont trouvé quelque part une défaillance, celui que l'affaire concerne doit se lever spontanément en l'entendant, demander pardon et attendre avec humilité la pénitence correspondante.

XIX. 1. Nous statuons qu'au chapitre provincial quatre frères soient désignés pour visiter la province de la façon susdite. Ils connaîtront des transgressions du prieur conventuel et des frères et les corrigeront sans rien changer à la constitution et à l'état de la maison. Ils siégeront partout à leur place habituelle, sauf au chapitre où ils exerceront leur office de correction, qui doit s'achever en trois jours continus. S'ils rencontrent cependant quelques affaires graves et dangereuses, bien que déjà corrigées, ils veilleront à les dénoncer néanmoins au chapitre général avec l'attestation de la majorité du chapitre local. On ne doit jamais élire comme visiteur un prieur et un lecteur [doctor].

3. Ceux qui devaient faire la visite dans la présente année et ne l'ont pas exécutée comme il le convenait disent leur coulpe et se soumettent à un châtiment mérité. Alors on envoie par écrit une pénitence aux absents qui devaient être là et à ceux qui ont fait une faute et n'ont pas satisfait.

XX. Après cela, on présente au chapitre les frères que d'aucuns estiment capables de prêcher et ceux qui n'ont pas encore reçu le ministère de la prédication par licence d'un supérieur ou d'un chapitre majeurs, quoiqu'ils en aient licence et mandat de leur propre prieur. Tous ces frères sont examinés à part par des personnalités compétentes instituées pour cette tâche et pour d'autres questions soulevées au chapitre. On interroge soigneusement les frères avec lesquels ils vivent sur la grâce que Dieu leur a donnée pour la prédication 24, sur leurs études, leur religion, la chaleur, la résolution et l'intensité de leur charité. S'ils rendent bon témoignage à leur sujet, on prend, de l'aveu et sur le conseil du supérieur majeur, la décision qu'on estime la plus utile : soit qu'on les laisse encore aux études, soit qu'on les fasse s'exercer avec des frères plus avancés dans la prédication, soit qu'on les estime capables d'exercer fructueusement par eux-mêmes le ministère de la prédication.

XXI. 1. Alors, les frères qui ont à poser des questions, personnelles ou générales, concernant l'observance ou la prédication, les proposent en ordre, l'un après l'autre, et quelque frère en prend note avec soin pour que ceux qui sont institués pour y répondre les résolvent et concluent définitivement en leur lieu et temps. Quand l'un se lève et parle, qu'aucun autre ne prenne la parole. Et pour qu'on garde la mesure aussi dans les sorties, que nul ne sorte sans permission ni nécessité. Sorti, qu'il ne divague pas, mais revienne au plus vite après avoir accompli sa besogne de nécessité. Si quelque dissension se manifestait entre les frères de notre ordre - Dieu nous en garde ! - à propos de livres ou d'autres biens matériels, on n'en parlera pas au chapitre, car il faut faire passer les affaires spirituelles avant les temporelles. On choisira des frères experts en ces matières qui, après le repas, dans un lieu convenable extérieur au chapitre, videront querelle en recherchant la vérité et ramèneront la paix entre les frères. Le supérieur majeur, aidé de ceux qui sont institués à cette fin, s'occupe également de résoudre et conclure définitivement les questions, de corriger les frères, de mesurer les pénitences, d'envoyer les prédicateurs avec leurs socius prêcher ou étudier, en en fixant le moment, le lieu et la durée. Tout ce qu'ils ordonnent de la sorte, par la grâce du Saint-Esprit, le chapitre doit le recevoir d'une manière universelle, unanime et empressée. Que nul ne murmure, nul ne réclame, nul ne contredise. A la fin on procède à une confession et une absolution communes, à la bénédiction de ceux qui persévèrent, à la malédiction des apostats et des fugitifs frappés de l'anathème.

2. On observe la même forme dans le chapitre provincial.

XXII. 1. Depuis la fête de saint Denys jusqu'à l'Avent, chaque frère clerc dit un psautier pour l'anniversaire des frères; chaque prêtre trois messes; chaque lai cinq cents pater. Chaque frère en fait autant pour le décès d'un frère de son couvent. On fait de même dans l'ordre tout entier pour le maître de l'ordre et dans chaque province pour le décès du prieur provincial. On fait de même pour un visiteur, dans les maisons qu'il doit visiter, s'il meurt pendant sa visite. On fait comme pour le décès du maître de l'ordre pour les définiteurs du chapitre général et pour les prieurs provinciaux, pour les autres frères avec leurs socius, s'il leur arrive de mourir en chemin. 2. Item : dans chaque province, chaque prêtre célèbre une messe pour la mort d'un frère de la province, chaque couvent une messe de communauté et chacun des autres frères sept psaumes. 3. On célèbre l'anniversaire des pères et des mères trois jours après la Purification de sainte Marie. L'anniversaire des bienfaiteurs et familiers, trois jours après sa Nativité.

XXIII. 1. On n'envoie pas fonder de communauté à moins de douze religieux, ni sans la permission du chapitre général, ni sans un prieur et un lecteur [doctor].

2. Item : on n'accorde la fondation d'une maison que sur postulation du prieur provincial et des définiteurs du chapitre provincial, et cette fondation, quand elle est concédée, ne peut s'établir qu'au lieu jugé convenable par ces autorités. 3. Item : nous statuons qu'aucune maison de notre ordre ne peut être transférée d'une province à une autre qu'avec l'approbation de trois chapitres successifs.

XXIV. 1. Les prieurs conventuels sont élus par leur couvent et confirmés, si bon lui semble, par le prieur provincial, sans la permission duquel on ne peut élire quelqu'un d'un autre couvent.

2. Item : les frères ne sont admis à l'élection du prieur conventuel qu'après une année de profession. S'ils sont d'une province étrangère, ils sont admis à l'élection du prieur conventuel, dans une maison d'autre province à laquelle on les a envoyés, après une année de séjour. 3. Item : après la mort ou la disparition du prieur, le couvent doit élire dans le mois qui en suit l'annonce, sinon le prieur provincial pourvoit ce couvent d'un prieur.

XXV. De son côté, le prieur conventuel, conseillé par les frères discrets, institue un sous-prieur dont l'office est de surveiller avec zèle et soin la marche du couvent, de reprendre ceux qui sont en faute et de s'occuper de toutes les autres affaires que le prieur lui confie ou lui permet de faire. Il n'est pas soumis aux accusations du chapitre quotidien, à moins qu'on ne le proclame à l'occasion pour quelque transgression grave, si le prieur le juge bon.

XXVI. 1. Nous ne recevons d'aucune façon propriétés ni revenus. 2. Aucun de nos frères ne peut se permettre de demander ou d'intriguer pour obtenir un bénéfice en faveur d'un de ses parents.

XXVII. 1. Dans la puissance de l'Esprit-Saint et sous peine d'excommunication, nous interdisons rigoureusement à nos frères de s'occuper ou de s'efforcer à l'avenir de faire confier à nos frères la charge d'âme ou la garde des moniales ou de tout autres femmes. Si quelqu'un avait la présomption d'aller contre cette défense, qu'il subisse la peine de la faute plus grave. Nous interdisons également à tous, désormais, de couper les cheveux, donner l'habit ou recevoir à la profession.

2. Item : nous ne pouvons recevoir des églises grevées d'une charge d'âme. Qu'on n'admette pas non plus un trop grand nombre de fondations de messes.

De l'étude

XXVIII. 1. Etant donné qu'il faut entourer les étudiants d'une prévoyance attentive, on les confie à un frère particulier, sans la permission duquel ils ne peuvent écrire de cahiers ni entendre de cours. Il corrige tout ce qui dans leurs études lui semble mériter correction. Si quelque point passe sa compétence, il le soumet au supérieur. Ils ne doivent pas prendre pour base de leurs études les livres des païens et des philosophes, même s'ils les consultent en passant. Qu'ils n'apprennent point les sciences séculières, ni même les arts dits libéraux, à moins qu'à l'occasion le maître de l'ordre ou le chapitre général n'en veuille disposer autrement à l'égard de quelquesuns. Les jeunes comme les autres doivent seulement étudier les livres théologiques.

2. Nous statuons que chaque province soit. tenue de procurer aux frères qu'on envoie aux études au moins les trois livres de théologie 26. Et les frères envoyés aux études travailleront essentiellement, avec toute leur application, l'Histoire Scolastique, les Sentences, le Texte sacré et les gloses.

XXIX. Le supérieur doit accorder telles dispenses aux étudiants qu'on ne puisse facilement ni interrompre leur étude ni la gêner pour des questions d'office ou d'autre chose. Si le maître des étudiants l'estime avantageux, on leur réserve un local particulier dans lequel, après la dispute et les leçons de vêpres et même en d'autres temps libres, ils peuvent se réunir en sa présence pour proposer leurs doutes et leurs questions. Lorsqu'un d'entre eux pose la question ou propose des arguments, que les autres se taisent pour ne point gêner celui qui parle. Et si quelqu'un en posant la question, en objectant, en répondant se montre impoli, ou brouillon, ou criard, ou même injurieux, il faut que celui qui préside, quel qu'il soit, le corrige aussitôt 27. On n'attribue pas de cellule à tous les étudiants, mais à ceux d'entre eux seulement qui en peuvent tirer profit, au jugement de leur maître. Si quelqu'un se montre infructueux dans les études, on donne sa cellule à autrui et on l'emploie lui-même à d'autres offices. Dans les cellules, ceux qui le veulent peuvent étudier, écrire, prier, dormir et même veiller pendant la nuit pour raison d'étude.

XXX. 1. Nul ne peut être nommé lecteur public s'il n'a pas entendu les cours de théologie au moins pendant quatre ans.

2. Item : aucun de nos frères n'enseignera sur les psaumes et les prophètes d'autre sens littéral que celui que les Pères de l'Eglise acceptent et confirment.

De la prédication.

XXXI. 1. Nous statuons que nul ne soit nommé prédicateur général avant qu'il n'ait entendu pendant trois années les cours de théologie. 2. Après une année de cours, cependant, on peut admettre ceux dont la parole ne risque pas de causer de scandales à s'exercer dans la prédication.

3. Ceux qui en sont capables, lorsqu'ils devront quitter le couvent pour aller en prédication, recevront du prieur le socius qu'il estimera convenable à leurs habitudes et à leur dignité. Ayant pris la bénédiction, ils s'en iront et se comporteront partout comme des hommes qui cherchent à obtenir leur salut et celui du prochain, en toute perfection et esprit religieux, comme des hommes évangéliques suivant les traces de leur sauveur, parlant avec Dieu ou de Dieu, en eux-mêmes ou avec le prochain, ils éviteront la familiarité des compagnies suspectes. Quand ils s'en vont ainsi pour exercer le ministère de la prédication ou voyagent pour d'autres causes, ils ne doivent recevoir ni porter de l'or, de l'argent, de la monnaie ou quelque autre cadeau, à l'exception de la nourriture, du vêtement et des autres instruments de nécessité et des livres. Aucun de ceux qui sont députés au ministère de la prédication et à l'étude ne doit recevoir de charge ou d'administration temporelle, pour que dans une liberté plus grande ils deviennent capables de mieux remplir le ministère spirituel qu'on leur a confié; à moins que d'aventure on ne trouve aucune autre personne qui puisse s'occuper de ces nécessités : car il n'est pas mauvais qu'on soit par moment retenu par les nécessités du jour présent [Matth. vi, 34]. Ils ne prendront pas part aux plaids et aux procès si ce n'est pour affaires de foi.

XXXII. 1. Que nul ne se permette de prêcher dans le diocèse d'un évêque qui lui a interdit de prêcher, à moins qu'il n'ait des lettres et un mandat. général du Souverain Pontife.

2. Lorsque nos frères pénètrent pour prêcher dans quelque diocèse, ils visitent d'abord l'évêque, s'ils le peuvent, et s'inspirent de ses conseils pour obtenir parmi le peuple [ms : in proprio] le fruit spirituel qu'ils poursuivent; ils lui obéissent avec dévouement, aussi longtemps qu'ils demeurent sous sa mouvance épiscopale, en tout ce qui n'est pas contraire à la règle.

XXXIII. 1. Que nos frères se gardent de scandaliser les religieux ou les clercs en prêchant, par leur façon de parler contre le ciel 28. Ils doivent au contraire s'efforcer de corriger en eux les défauts qui paraissent le mériter en les exhortant à part comme des pères.

2. Nul n'est admis à pratiquer le ministère de la prédication en dehors du cloître ou de la compagnie des frères, avant vingt-cinq ans révolus.

XXXIV. 1. Les prédicateurs et les itinérants, lorsqu'ils sont sur la route, disent leur office dans la mesure où ils le savent et le peuvent; ils se contentent de l'office qu'on récite dans les églises où ils descendent entre-temps; ils peuvent aussi célébrer l'office, ou l'entendre chez les évêques, prélats, ou autres, selon les usages de ceux avec lesquels ils vivent durant ce temps. 2. Les frères itinérants portent également avec eux des lettres testimoniales et reçoivent correction des transgressions qu'ils ont commises dans les couvents où ils descendent. 3. Le supérieur pendant la route est le plus ancien dans l'ordre, à moins qu'on ne l'ait associé à un prédicateur ou que le supérieur au moment du départ en ait disposé d'autre sorte. 4. Le socius d'un prédicateur doit lui obéir comme à son supérieur.

5. Nous statuons que nos frères ne doivent pas exciter les fidèles dans leur prédication à donner ou à rassembler de l'argent pour la maison ou quelque personne particulière. 6. Item que nul ne se fasse écrire des livres aux frais de la maison, si ce n'est en vue de l'utilité commune. 7. Les dimanches et les jours de fêtes principales on doit s'abstenir d'écrire des cahiers. 8. Item : nous interdisons le dimanche les ceuvres serviles, comme porter des pierres, ramasser du bois et autres occupations semblables. 9. Aucun prieur conventuel ne doit amener avec lui plusieurs frères au chapitre général ou provincial sans raison légitime; et que chaque prieur prenne avec lui le socius élu par son chapitre. 10. Item : nul désormais ne pourra soumettre aux définiteurs une pétition que son chapitre n'aurait pas approuvée. 11. Item : une pétition ne peut être présentée au chapitre provincial que par un couvent; au chapitre général que par un chapitre provincial. 12. Les frères Mineurs doivent être reçus avec autant d'aimable charité que les nôtres et traités selon les moyens de la maison avec affection et décence.

XXXV. 1. Nos frères doivent avoir des maisons médiocres

et basses en telle sorte que le mur de la maison, sans compter l'étage sous toit, ne dépasse pas en hauteur douze pieds, et vingt avec l'étage; l'église, trente pieds. On ne la couvrira pas d'une voûte en pierre, sauf peut-être au-dessus du chceur et de la sacristie. Si quelqu'un y contrevenait désormais, qu'il soit soumis à la peine de la coulpe plus grave. 2. Item : on élira trois frères dans chaque couvent parmi les plus judicieux sans le conseil desquels on ne pourra bâtir.

XXXVI. 1. Nos frères ne peuvent être administrateurs des biens ou de l'argent d'autrui, ni chargés d'un fidéicommis ou d'un dépôt. 2. Les prieurs usent des dispenses comme les autres frères. 3. Le prieur reçoit avec honneur un prieur qui survient. Celui-ci ne doit pas courir la cité sans demander conseil à son hôte, ni s'attarder. 4. On ne porte pas de pantoufles [botae} 31 hors de l'enceinte du couvent. 5. Quant aux inclinations, nous nous conformons aux habitudes de ceux chez qui nous descendons. 6. Aucun frère ne doit aller à la Curie sans permission du maître ou du chapitre général : il doit envoyer un courrier [garcio] aux frères qui s'y trouvent ; ou bien se servir d'un séculier qui accepterait d'être notre procureur et agirait comme de lui-même et non par nous. 7. Les Frères n'accepteront pas de petits cadeaux de la main des femmes; ils n'en donneront pas non plus, surtout les confesseurs. 8. Si l'on demande quelque chose à un prieur, on ne peut s'adresser ensuite à un autre qu'à condition de lui signaler l'affaire. On ne peut aller d'un supérieur plus élevé à un moins élevé. 9. Quand un frère est envoyé d'une province à une autre pour enseigner, il emporte avec lui tous ses livres, ses gloses, sa Bible et ses cahiers. S'il n'est pas envoyé pour enseigner, il n'emporte que la Bible et. ses cahiers. S'il vient à mourir en chemin, le couvent destinataire acquitte pour lui les messes et les psautiers et a droit aux livres que possède le frère. 10. Chaque province ne peut envoyer que trois frères au studium de Paris. 11. Les jours de férie nous restons en prostration du ' Sanctus' à l' ' Agnus ' aux fêtes de trois ou de neuf leçons, depuis l'élévation du Corps du Christ jusqu'au ' Pater noster '. Nous faisons les mêmes prostrations aux fêtes de trois et de neuf leçons. 12. Au ' Salve sancta parens ' et au ' Veni Sancte Spiritus' nous fléchissons le genou. 13. Item : si nous disons la messe de la Croix un jour de férie, nous nous prosternons jusqu'au sol; mais nous ne le faisons pas pour la messe de la bienheureuse Vierge ou du Saint-Esprit. 14. Item : nous ne terminons jamais la messe par un alleluia.

RÈGLE DES CONVERS

1. Nos frères convers se lèvent à la même heure que les frères chanoines et font les mêmes. Quand ils sont levés pour matines, ils disent 'Pater noster ' et 'Credo in Deum '. Ils font la même chose avant prime et après complies. A matines, après avoir dit ' Pater noster ' et ' Credo in Deum', ils se redressent en disant ' Domine labia mea aperies ', etc., ' Deus in adjutorium meum ', etc., ' Gloria Patri ', etc. Pour matines, les jours ouvrables, ils disent 28 pater. Et à la fin de tout, ' Kyrie eleison', ' Christe eleison', ' Kyrie eleison ', ' Pater noster '; après quoi ils ajoutent 'Per Dominum ', etc.; ensuite ' Benedicamus Domino ', etc. Pour les fêtes de neuf leçons, ils disent 40 pater. Aux autres heures ils disent 7 pater et 14 aux vêpres. A la place de ' Pretiosa ' ils disent trois pater. Pour la bénédiction de la table ` Pater noster ' et ' Gloria Patri '. Aux grâces après le repas, trois pater, gloria, etc., ou ' Miserere mei Deus' pour ceux qui le savent. Et tout ceci en silence à l'église et partout.

2. Ils ont les mêmes vêtements que les chanoines, sauf la chape, à la place de laquelle ils ont un scapulaire long et large qui ne doit pas être blanc à la façon de la tunique. Ils peuvent avoir un scapulaire plus court et de couleur grise selon les mesures et la forme du scapulaire des chanoines. Pour les jeûnes, les aliments, l'abstinence, les coulpes et tout le reste, ils se conduisent comme il est écrit dans la règle des chanoines. Le supérieur pourra cependant les dispenser quant au travail.

3. Les convers qui ont un psautier n'auront le droit de le conserver que deux années à partir d'aujourd'hui, et nous interdisons aux autres les psautiers.

4. Item : aucun convers ne peut devenir chanoine. Nul d'entre eux ne doit se permettre de s'occuper de livres pour y faire des études.

5. Nous confirmons la totalité de l'office, tant diurne que nocturne; nous voulons que tous l'observent uniformément et que personne à l'avenir n'ait licence d'y rien changer.

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 14:39
Saint-Dominique
Fra Angelico


L'ordre des Prêcheurs (O. P. : Ordo Prædicatorum)
ou Ordre Dominicain


Constitution fondamentale

§ I. Le projet de l'Ordre s'exprime en ces termes dans une bulle du pape Honorius III à Dominique et à ses frères: « Celui qui ne cesse de féconder son Église par de nouveaux croyants (1), voulut conformer nos temps modernes à ceux des origines et diffuser la foi catholique. Il vous inspira donc le sentiment d'amour filial par lequel, embrassant la pauvreté et faisant profession de vie régulière, vous consacrez toutes vos forces à faire pénétrer la parole de Dieu, tandis que vous évangélisez par le monde le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ. » (2)

§ II. Car l'Ordre des Frères prêcheurs fondé par saint Dominique « fut, on le sait, dès l'origine spécifiquement institué pour la prédication et le salut des âmes » (3). Que nos frères par conséquent, fidèles au précepte de leur fondateur, « se comportent partout en hommes qui cherchent leur salut et celui du prochain, en toute perfection et esprit religieux; comme des hommes évangéliques qu'ils suivent les pas de leur Sauveur et ne parlent qu'à Dieu ou de Dieu, en eux-mêmes ou à leur prochain » (4).

§ III. Afin de croître en suivant ainsi le Christ dans l'amour de Dieu et du prochain, nous nous consacrons totalement à Dieu par la profession qui nous incorpore à notre Ordre et nous voue à l'Église d'une façon nouvelle, « en nous députant totalement à l'évangélisation de la parole de Dieu » en son intégrité (5).

§ IV. Ayant part de la sorte à la mission des Apôtres, nous assumons aussi leur vie sous la forme conçue par saint Dominique, nous efforçant de mener la vie commune dans l'unanimité, fidèles en notre profession des conseils évangéliques, fervents dans la célébration commune de la liturgie, spécialement de l'Eucharistie et de l'office divin, ainsi qu'en la prière, assidus à l'étude, persévérants dans l'observance régulière. Les valeurs ainsi réunies n'ont pas pour seul effet de glorifier Dieu ou de nous sanctifier, elles travaillent aussi directement au salut des hommes, car toutes ensemble elles nous préparent et nous poussent à la prédication, à laquelle elles confèrent son mode particulier et de laquelle elles reçoivent le leur. Ces valeurs élémentaires solidement unies entre elles, harmonieusement équilibrées et fécondées les unes par les autres, constituent par leur synthèse la vie propre de l'Ordre, la vie apostolique au sens intégral du terme, dans laquelle la prédication et l'enseignement de la doctrine doivent procéder de l'abondance de la contemplation.

§ V. En notre qualité de coopérateurs de l'ordre des évêques, de par l'ordination sacerdotale, nous avons pour office propre la charge prophétique dont la mission est d'annoncer partout l'Évangile de Jésus-Christ par la parole et l'exemple, en tenant compte de la situation des hommes, des temps et des lieux, et dont le but est de faire naître la foi, ou de lui permettre de pénétrer plus profondément la vie des hommes en vue de l'édification du Corps du Christ, que les sacrements de la foi amènent à sa perfection.

§ VI. La mission de l'Ordre et la forme de sa communion fraternelle déterminent la figure de sa société religieuse. Puisque le service de la parole et des sacrements de la foi est un office sacerdotal, l'Ordre est une religion de type clérical, dont les frères coopérateurs, qui exercent d'une manière spéciale le sacerdoce commun, partagent eux aussi la mission de multiples façons. D'autre part, la profession solennelle qui lie en tout et pour toujours chaque prêcheur à la vie et à la mission du Christ, manifeste qu'il est totalement député à la proclamation de l'Évangile par la parole et par l'exemple.

Envoyé prêcher à toutes les nations, collaborant avec l'ensemble de l'Église, l'Ordre est universel. Pour remplir cette mission d'une façon mieux adaptée, il jouit de l'exemption et possède grâce à son chef, le Maître général auquel tous les frères sont immédiatement reliés par leur profession, une puissante unité, car les études autant que l'évangélisation réclament la disponibilité de tous et de chacun.

En vue de cette mission, l'Ordre affirme et promeut chez les frères la grâce personnelle et le sens des responsabilités. Chaque frère en effet, dès la fin de sa formation, est traité en adulte qui enseigne les autres et s'acquitte dans l'Ordre de multiples fonctions. Pour cette raison, l'Ordre a décidé que ses lois n'obligent pas à peine de péché, voulant que les frères les assument par un jugement de sagesse, « non comme esclaves sous la loi, mais comme libres sous la grâce » (6).

C'est encore en fonction de la fin que le Supérieur a le pouvoir de dispenser « chaque fois qu'il l'estime opportun, principalement en tout ce qui pourrait faire obstacle à l'étude, à la prédication ainsi qu'au bien des âmes » (7).

§ VII. La communion et la mission universelle de notre société religieuse configurent aussi notre type de gouvernement. Ce qui domine en lui est la collaboration organique et équilibrée de toutes les parties dans la visée de la fin de l'Ordre. En effet, l'Ordre ne reste pas limité à la fraternité conventuelle, qui forme cependant sa cellule de base; il s'épanouit en des communions de couvents qui constituent les provinces, et dans la communion des provinces par laquelle il est lui-même constitué. C'est pourquoi son pouvoir, qui est universel dans la tête, c'est-à-dire dans le Chapitre et le Maître général, se trouve proportionnellement participé par les provinces et les couvents, dotés chacun de l'autonomie convenable. Notre gouvernement, par conséquent, est communautaire à sa propre façon. Les Supérieurs reçoivent à l'ordinaire leur charge par l'élection que font les frères et que le Supérieur immédiat confirme. En outre, lorsqu'il s'agit d'affaires d'importance, les communautés participent de multiples manières à l'exercice de leur propre gouvernement par le chapitre ou le conseil.

Ce gouvernement communautaire est particulièrement apte à promouvoir l'Ordre et à la rénover fréquemment. Les Supérieurs, et les frères par leurs délégués, s'occupent communément, en des chapitres généraux de provinciaux et de définiteurs qui jouissent des mêmes droits et libertés, du progrès de l'Ordre en sa mission et de sa rénovation efficace. Ce n'est pas seulement l'esprit de conversion chrétienne permanente qui réclame cette mise au point continue; c'est la vocation même de l'Ordre qui le presse d'assumer à chaque génération sa présence authentique au monde.

§ VIII. Le projet fondamental de l'Ordre et la forme de vie qui en découle gardent leur prix à tous les âges de l'Église. Mais notre tradition nous convainc qu'il est urgent au plus haut point de les comprendre et de leur donner tout leur poids dans les situations où l'évolution du monde et les mutations s'accélèrent. Dans cette conjoncture, il appartient à l'Ordre de se renouveler en toute force d'âme et de s'adapter, en sachant discerner et éprouver ce qu'il y a de bon et d'utile dans les aspirations des hommes et en les assumant dans l'immuable équilibre des éléments fondamentaux qui intègrent sa vie.

Ces éléments ne peuvent être substantiellement modifiés chez nous, car ils doivent inspirer les façons de vivre et de prêcher qui correspondent aux nécessités de l'Église et des hommes.

§ IX. La famille dominicaine rassemble les Frères clercs et coopérateurs, les Moniales, les Soeurs, les membres des Instituts séculiers et des Fraternités de prêtres ou de laïcs. Sauf réserve expresse, les constitutions et ordinations qui suivent ne concernent que les Frères. Leurs prescriptions doivent assurer d'une telle façon l'unité nécessaire de l'Ordre, qu'elles n'excluent pas la nécessaire diversité prévue par la législation elle-même.

Notes

1. Oraison du Vendredi Saint pour les catéchumènes.
2. Honorius III à saint Dominique, bulle du 18-1-1221.
3. Premières Constitutions O.P., Prologue.
4. Ibid., Dist. II, ch. XXXI.
5. Honorius III à tous les prélats de l'Église, bulle du 4-11-1221.
6. Règle de saint Augustin, ad finem.
7. Premières Constitutions O.P., Prologue.


Constitutions primitives de l'Ordre des Prêcheurs

(1216-1236)

PRÉAMBULE

L'année de l'Incarnation du Seigneur 1228, les douze prieurs provinciaux, chacun d'entre eux accompagné de deux définiteurs que lui avait députés le chapitre de sa province, se réunirent avec frère Jourdain, le maître de notre ordre, dans la maison de Saint-Jacques à Paris. A ces représentants, tous les frères avaient à l'unanimité transmis la puissance issue de leur vote et concédé pouvoir plénier pour que tout ce qu'ils établiraient en constituant, abrogeant, modifiant, ajoutant, diminuant, demeurât désormais ferme et stable, sans qu'il fût permis à aucun chapitre de quelque autorité qu'il fût de rien changer aux statuts qu'ils auraient décidé d'établir pour une durée perpétuelle. Les susdits prieurs, donc, associés à leurs définiteurs, après avoir invoqué la grâce du Saint-Esprit et fait une soigneuse enquête, éditèrent dans la concorde et l'unanimité un certain nombre de constitutions en vue de l'utilité, de la dignité et de la conservation de l'ordre et s'occupèrent de les insérer en leur place au milieu des autres constitutions. Parmi ces textes il en est qu'on doit observer selon leur volonté d'une manière inviolable, immuable et perpétuelle : il s'agit de l'interdiction absolue de recevoir des propriétés et des revenus, de l'exclusion des appels, de la règle qui veut que les frères définiteurs ne puissent en rien porter préjudice aux prieurs provinciaux par leurs définitions, ni les prieurs aux frères. Il en est d'autres dont ils ont voulu fixer l'immutabilité de telle sorte que seul un chapitre analogue à celui-ci pourrait selon l'époque y changer quelque chose, pour répondre à quelques nouveaux débats, statuts, accidents ou affaires incidentes : il s'agit de la règle d'établissement des constitutions par l'approbation de trois chapitres généraux, des interdictions d'aller à cheval, de porter de l'argent, de manger de la viande sauf le cas de maladie; ces règles sont d'ailleurs établies de telle manière qu'il est loisible au supérieur d'en dispenser en fonction du temps et du lieu.

Commencement des coutumes des frères prêcheurs.

PROLOGUE

1. Puisque la règle nous fait précepte de n'avoir qu'un coeur et qu'une âme dans le Seigneur, il est juste que vivant sous la même règle, liés par les voeux de la même profession, nous nous trouvions également unanimes dans l'observance de notre religion canoniale, en sorte que l'unité que nous devons conserver dans nos coeurs soit réchauffée et représentée au-dehors par l'uniformité de nos moeurs. Or il est bien certain qu'on pourra pratiquer cette observance et la conserver en mémoire avec plus d'à-propos et de plénitude si l'on confie à l'écriture ce qu'il convient de faire, si chacun peut apprendre par le témoignage d'un texte la façon dont il doit vivre, si nul n'a la permission de changer, d'ajouter, de retrancher quoi que ce soit par propre volonté. Car il nous faudrait craindre, « si nous négligions les moindres détails, une déchéance progressive » [Eccli. XIX, 1].

2. Sur ce point cependant que le supérieur ait en son couvent pouvoir de dispenser les frères chaque fois qu'il l'estimera convenable, principalement en ce qui paraîtrait faire obstacle à l'étude, à la prédication, ou au bien des âmes, puisqu'on sait que notre ordre, dès le début, a spécialement été institué pour la prédication et le salut des âmes et que notre étude doit tendre par principe, avec ardeur et de toutes nos forces à nous rendre capables d'être utiles à l'âme du prochain.

3. Donc, afin de pourvoir à l'unité et à la paix de l'ordre tout entier, nous avons rédigé soigneusement ce livre que nous nommons le livre des coutumes. Nous y avons établi deux distinctions, La première distinction contient : comment les frères doivent se conduire de jour dans le monastère; comment faire de nuit; comment font les novices; les malades; ceux qui subissent la saignée; enfin : du silence et : des coulpes. Deuxième distinction : des chapitres provinciaux et généraux; de l'étude; de la prédication. A chacune de ces distinctions nous avons assigné des titres propres de chapitres, que nous allons transcrire afin que le lecteur puisse sans difficulté découvrir ce qu'il pourrait chercher.

Des matines. Du chapitre et de prime. De la Messe et des autres heures. Du repas et des aliments. De la collation et des complies. Des malades et des frères saignés. Des novices et du silence. Du vêtement. De la rasure. Des coulpes.

PREMIÈRE DISTINCTION

Dès matines.

I. Dès qu'ils entendent le signal les frères se lèvent, récitant les matines de la bienheureuse Vierge, selon le temps. Ayant achevé ces matines, les frères en arrivant au choeur font une inclination profonde devant l'autel. Arrivés à leur stalle, ils disent au signal du supérieur, à genoux ou en inclination, selon le temps, 'Pater noster' et 'Credo in Deum'; puis sur un nouveau signal du prieur se lèvent. Ayant ainsi commencé dévotement cette heure, ils s'arment du signe de la croix en faisant face à l'autel et font en chceur l'inclination profonde au ` Gloria Patri', ou la prostration selon le temps, jusqu'au 'Sicut erat'. C'est ce que l'on doit faire chaque fois que l'on dit 'Pater noster' et ' Credo in Deum', sauf à la messe, avant les leçons et aux grâces. Il faut encore procéder de la sorte à la première collecte de la messe et à la postcommunion; et de même à l'oraison pour l'Eglise, à l'oraison de chacune des heures et au ' Gloria Parti' qui se fait au début. A tous les autres ' Gloria Patri ', aux derniers versets des hymnes et à l'avant dernier verset du cantique ' Benedictus ' nous faisons l'inclination moyenne; de même quand on chante le ' Gloria in exclesis Deo ', à ' Suscipe deprecationem nostram ' et, au ' Credo' de la messe, à ' homo factus est '; de même aux bénédictions des leçons; de même au chapitre, à l'oraison ' Sancta Maria' et à toute oraison quand on prononce le nom de la bienheureuse Vierge. L'heure étant commencée de la sorte, l'on se tourne en choeur à partir du 'Gloria' qui suit le ' Venite '. Ensuite, l'un des chceurs s'assied pour le premier psaume; puis se lève pour le deuxième, tandis que l'autre choeur s'assied. Ils alternent ainsi jusqu'au ' Laudate Dominum de ccelis '. Ainsi fait-on à toutes les heures.

On tient le chapitre à la fin des matines; parfois, après prime; parfois même on l'omet, pour ne pas gêner les études, au jugement du supérieur.

Du chapitre et de prime.

II. Lorsque la communauté entre au chapitre, le lecteur annonce la lune et lit ce qu'on doit lire du calendrier. Puis le prêtre enchaîne ' Pretiosa ', etc. Les frères s'assoient alors et le lecteur récite la leçon des Institutions ou de l'Evangile, selon le temps, disant auparavant ' Jube Domine'; sur quoi l'hebdomadaire donne la bénédiction ' Regularibus disciplinis ' ou ' Divinum auxilium ', selon le temps. Après l'absoute des défunts, celui qui préside le chapitre dit ' Benedicite' et tous, répondant ' Dominus', font l'inclination. Après les suffrages et la récitation de ' Retribuere dignare ' etc. par le prieur et des psaumes ' Ad te levavi ' et ' De profundis ', du ' Kyrie eleison ' et du ' Pater noster ' par le couvent, l'hebdomadaire ajoute les trois versets ' Oremus pro Domino Papa', ' Salvos fac servos tuos ', ' Requiescant in pace ', avec les trois oraisons ' Omnipotens sempiterne Deus qui facis ', ' Pretende ', ' Fidelium Deus'. Les frères s'assoient. Si le supérieur juge nécessaire de dire quelque chose pour l'avancement ou la correction des frères, il peut le fairè alors brièvement. Sur quoi les novices sortent. Après leur sortie, celui qui préside dit ' Faciant venias qui se reos aestimant '. Aussitôt, ceux qui se reconnaissent en faute font la ' venia' en prostration. Puis, se relevant, ils confessent avec humilité leur coulpe. Et ceux dont la coulpe est digne d'une correction se préparent à recevoir celle que leur donne le prieur lui-même, ou tel à qui le prieur en donne l'ordre. Au chapitre les frères ne doivent parler que pour deux raisons : soit pour dire avec simplicité leurs coulpes, ou celles des autres; soit pour répondre aux questions de leurs supérieurs. Nul ne doit proclamer personne sur un simple soupçon. Quand le supérieur prescrit une oraison commune, tous font l'inclination. Ainsi font tous ceux à qui le prieur enjoint de faire ou de dire quelque chose. Mais s'il enjoint quelque obédience, office, ou ministère, que le destinataire reçoive ce qu'on lui enjoint en faisant la prostration avec humilité.

Après l'audition des coulpes on dit le psaume ' Laudate dominum omnes gentes ' avec le verset 'Ostende nobis Domine' et ' Dominus vobiscum ', et la collecte ' Actiones nostras ', etc. A la fin le prieur dit ' Adjutorium nostrum', etc., et le chapitre s'achève de la sorte.

III. Les femmes ne doivent jamais pénétrer dans le Cloître, les officines et l'oratoire, sauf au jour de la consécration de l'Eglise. Le jour du Vendredi saint elles pourront entrer dans le choeur jusqu'à l'heure de l'office. Mais c'est dans l'église des laïcs ou dans un autre lieu de l'extérieur, déterminé d'avance, que le prieur leur parlera de Dieu et des réalités spirituelles.

De la messe et des autres heures.

IV. Nos frères doivent rester ensemble pour entendre les matines, la messe et toutes les heures canoniales; et de même pour prendre leur repas, à moins que le supérieur veuille en dispenser quelques-uns. Toutes les heures doivent être récitées à l'église de façon brève et stricte, de telle manière que les frères ne perdent pas la dévotion et que cependant leurs études n'en souffrent aucunement. Voici comment nous disons qu'il faut faire : on observera un rythme au milieu du verset avec une pause, sans prolonger la voix à la pause non plus qu'à la fin du verset; mais bien comme on a dit, qu'on termine de façon brève et stricte. Ce qu'on observera plus ou moins selon le temps liturgique.

Des repas et des aliments.

V. De Pâques à la fête de la Sainte Croix, les frères ont deux repas, sauf pour les Rogations, les vendredis, la vigile de la Pentecôte, les jeûnes des quatre-temps, les vigiles de Jean-Baptiste, de Pierre et de Paul, de Jacques et de Laurent, de l'Assomption de sainte Marie, et de Barthélemy.

VI. De la fête de la Sainte Croix jusqu'à Pâques, nous observons un jeûne continu et nous ne mangeons qu'après none, excepté les dimanches. Durant tout l'Avent, le Carême, les Quatre-Temps, les vigiles de l'Ascension, de la Pentecôte, de saint jean, de Pierre et. Paul, de Matthieu, de Symon et de Jude, de la Toussaint et d'André apôtre et enfin tous les vendredis - à moins que Noël ne tombe un tel jour - nous n'usons que des aliments de carême. A moins également que l'on n'accorde à quelqu'un une dispense à cause de son travail ou que l'on ne soit en un lieu où l'on mangerait autrement, ou qu'il n'y ait une fête majeure. Ceux qui voyagent cependant peuvent manger deux fois, sauf pendant l'Avent3 et à l'exception des jeûnes principaux institués par l'Eglise.

VII. 1. A une heure convenable avant le dîner (prandium) ou le souper (ccena) le sacristain sonne quelques coups sur la cloche extérieure (campana) pour que les frères ne tardent pas à venir au repas. Puis l'on sonne le signal intérieur (cymbalum) si le dîner est prêt; sinon, on attend pour cela qu'il le soit. Après l'ablution des mains le prieur sonne la clochette (nola) du réfectoire et les frères entrent. Après leur entrée le versiculaire dit ' Benedicite '; le couvent poursuit la bénédiction et l'on dîne. Cependant les servants commencent par les rangs inférieurs, en remontant vers la table du prieur. Nul des frères présents au couvent ne peut s'absenter de la première table, sauf permission, à l'exception des servants et des surveillants. Tous ceux qui restent doivent manger à la seconde table, en sorte qu'il ne soit pas nécessaire d'en faire une troisième. On ne doit faire pour les servants ni les cuisiniers aucun plat supplémentaire' (pictantia), que la communauté ne recevrait pas, à moins qu'il ne s'agisse de malades ou de frères saignés. Les prieurs mangent au réfectoire et se contentent des aliments du couvent. Ainsi pour les infirmiers, les hôteliers, les cuisiniers et autres frères, à moins que, pour quelque raison, le prieur n'en ait dispensé l'un ou l'autre, leur permettant de manger parfois en dehors du couvent. S'il arrivait aux prieurs d'être malades, qu'on les soigne à l'infirmerie avec les autres frères. Un frère n'a pas le droit d'envoyer à un autre son plat supplémentaire, à l'exception du prieur; on peut le donner seulement à son voisin de droite ou de gauche.

2. Dans chacune de nos maisons, il ne doit avoir que deux endroits où mangent les débiles et les malades, l'un pour la viande, l'autre pour les autres aliments, à moins de nécessité évidente ou de maladie urgente. De même, que les autres frères ne mangent que dans le réfectoire ou dans la maison des hôtes.

VIII. Que tous nos plats soient sans viande dans nos couvents. Mais il est permis à nos frères de manger hors du couvent des plats cuits avec de la viande, pour ne pas être à charge à leurs hôtes. Dans les localités où nous avons un couvent, nos frères, les prieurs comme les autres, ne doivent pas se permettre de manger hors du cloître, si ce n'est avec l'évêque ou dans les maisons religieuses, et ceci rarement. Chaque jour, s'il est possible, les frères ont deux plats cuits; le prieur peut ajouter quelque supplément s'il le juge nécessaire et si l'on en a le moyen. Si quelqu'un voit son voisin manquer d'un aliment commun, il doit le réclamer au ré f ectorier ou au servant. Si quelqu'un de ceux qui servent ou de ceux qui mangent fait une faute dans son service ou dans sa réfection, il fait la venia lorsque les frères se lèvent et regagne sa place au signal du supérieur. Quiconque veut boire hors de l'heure des repas en demande la permission au supérieur et reçoit un socius.

De la collation et de complies.

IX. En temps de jeûne, le sacristain donne à l'heure convenable, le signal de la collation. Lorsque les frères se sont réunis en communauté, le lecteur, sur un signal du prieur, avant de lire, prononce `Jube Domine' et la bénédiction suit : ` Noctem quietam,' etc. Durant la leçon les frères peuvent boire, au signal du prieur, lorsque le lecteur a dit ` Benedicte' et que l'hebdomadaire a donné la bénédiction ` Largitor omnium bonorum ', etc. A la fin de la leçon, le supérieur dit ` Adjutorium nostrum', etc. Alors les frères entrent en silence à l'église. Durant l'autre temps, la leçon d'avant complies se lit à l'église : ' Fratres sobrii estote '. On fait la confession; on dit les complies; le supérieur donne la bénédiction et l'hebdomadaire fait l'aspersion de l'eau bénite. Puis on récite ' Pater noster ' et ' Credo in Deum'. Ce qu'on doit faire également avant prime et avant matines.

X. Nos frères ne doivent, pas dormir sur des sommiers, à moins que d'aventure ils ne puissent obtenir un lit de paille pour dormir, ou quelque chose d'équivalent. Ils dorment avec leur tunique et leurs chausses, la ceinture serrée. Il leur est permis de dormir sur un lit de paille, un sac de laine ou une paillasse.

Des malades et des frères saignés.

XI. 1. Le supérieur doit se garder de négliger les malades. Il faut les traiter en effet de telle sorte qu'ils se rétablissent au plus vite, ainsi que dit notre père Augustin. Certains d'entre eux peuvent manger de la viande, dans la mesure où l'exige la gravité de leur maladie, à l'appréciation du supérieur. 2. Mais si quelqu'un souffre de telle maladie qu'il n'en est guère affaibli ni troublé dans son appétit - enflure, coupure aux membres ou quelque chose de semblable - il ne doit ni coucher sur un sommier, ni rompre les jeûnes accoutumés, ni manger d'autres aliments que ceux du réfectoire; il étudie ou travaille manuellement selon les ordres du supérieur.

XII. La saignée se fait quatre fois l'an. La première en septembre; la seconde après Noël; la troisième après Pâques; la quatrième aux environs de la fête de Jean-Baptiste. Hors de ces saignées nul ne doit se faire saigner, à moins que le prieur, dans sa discrétion, juge pour quelque raison qu'il faille faire autrement. Quand cela peut se faire commodément, que les frères saignés mangent hors du réfectoire, mais en silence, et qu'on leur procure des mets plus agréables si les moyens de la maison le permettent. L'on ne doit pas manger de viande pour raison de saignée.

Des novices.

XIII. Le prieur confie les novices pour leur éducation à un maître attentif, qui les instruit dans la vie régulière et les stimule à l'église; s'efforce de tout son pouvoir à les corriger par la parole ou par le geste partout où ils se montrent négligents; enfin, autant qu'il peut, leur procure le nécessaire, Il peut leur infliger une pénitence ou les proclamer dans leur chapitre propre au sujet de leurs négligences publiques, lorsqu'ils en demandent pardon devant lui.

Il enseigne l'humilité du coeur et du corps et s'efforce d'éduquer sur ce point les novices, selon cette parole : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur » [Matth. xi, 29]. Il [leur] apprend à se confesser fréquemment avec sincérité et discernement; à vivre sans propriété, à abandonner [leur] volonté propre, à pratiquer en toutes choses une obéissance volontaire à l'égard de la volonté de [leur] supérieur; il leur apprend comment se conduire en toute sorte de lieu et en toute affaire, comment tenir la place où on les aura mis, comment faire l'inclination à qui leur donne ou leur enlève quelque chose, à qui leur parle bien ou mal; quelle attitude réservée ils doivent garder dans les lieux, en conservant les yeux baissés; quelle prière dire et comment la faire silencieusement pour que le bruit ne gêne pas les autres. A demander pardon en quelque lieu qu'ils reçoivent une réprimande du supérieur, à ne point se permettre de discuter avec qui que ce soit; enfin à obéir en toutes choses à leur maître; à faire attention de bien suivre le compagnon qui marche à leur côté dans la procession sous le cloître; à ne point parler dans les lieux et dans les moments défendus; à dire Benedictus Deus quand on leur donne quelque vêtement en faisant l'inclination profonde; à ne juger profondément personne, mais s'ils voient faire quelque chose qui leur paraisse mal, qu'ils se demandent si cela ne serait pas bon, ou. fait du moins dans une intention bonne; car le jugement de l'homme se laisse souvent égarer. Il leur montre comment faire la venia au chapitre, ou partout où ils recevraient une réprimande; à recevoir fréquemment la discipline; à ne parler d'un absent que pour en dire du bien; à boire à deux mains et assis. Avec quel soin ménager les livres et les vêtements et les autres biens du monastère. Quelle application ils doivent avoir à l'étude, en sorte que de jour et de nuit, à la maison et en voyage, ils soient toujours occupés à lire ou à méditer quelque chose, s'efforçant de retenir par coeur tout ce qui leur est possible. Quelle ferveur ils devront avoir dans la prédication quand le temps en sera venu.

XIV. 1. Les postulants qui viennent à nous sont. conduits au chapitre au temps déterminé par la discrétion du supérieur ou de quelques anciens. A leur arrivée, ils se prosternent au milieu du chapitre. Au supérieur qui leur demande ce qu'ils cherchent, ils répondent ` Dei et vestram misericordiam'. Ils se relèvent sur l'ordre du supérieur qui leur expose la rigueur de l'ordre et leur demande de dire leur volonté. S'ils répondent qu'ils veulent tout observer et renoncer au monde, il dit après le reste ` Dominus qui ccepit ipse perficiat'. Et le couvent répond `Amen'. Ils déposent alors leurs vêtements séculiers et, par la réception de l'habit religieux, sont reçus au chapitre dans notre société. Cependant avant qu'ils ne promettent la stabilité et la vie commune et ne fassent voeu d'obéissance au supérieur et à ses successeurs, on leur assigne un temps de probation .

2. Nul ne doit être reçu sans qu on ne lui demande s'il n'est pas marié, esclave, endetté, lié par une autre profession religieuse, ou souffrant d'une infirmité cachée. S'il est d'une autre famille religieuse, on ne le reçoit pas dans notre ordre, à moins qu'il ne soit accepté par le chapitre provincial ou général. On n'admet pas de cisterciens, sauf permission spéciale du seigneur pape. Que le prieur conventuel ne reçoive personne, ni comme convers ni comme chanoine, sans avoir demandé et obtenu le consentement de tout le chapitre ou tout au moins de sa majorité.

3. Nul n'est reçu avant .18 ans accomplis. 4. En tout couvent trois frères compétents sont élus en commun par le conseil du couvent pour examiner avec soin la conduite et l'instruction des postulants. Ils transmettent au prieur et au chapitre les résultats de l'examen laissant à leur jugement de décider s'ils doivent être reçus.

XV. 1. Nous statuons un temps de probation de 6 mois, ou davantage à l'appréciation du supérieur, pour que le postulant éprouve les austérités de l'ordre et les frères les moeurs du postulant; à moins que tel postulant mûr et de bon jugement veuille renoncer à la susdite probation et s'offre avec instance à faire profession. 2. Les novices ont à se libérer de leurs dettes avant la profession et à déposer ce qui leur reste aux pieds [Act. iv, 35] du prieur pour s'en défaire totalement. 3. Item nul ne peut se voir garantir l'usage de certains livres et n'a le droit de s'indigner contre quiconque les lui enlève ou les reçoit en garde.

XVI. 1. Voici la manière de faire profession. « Moi, fr... je fais profession et je promets à Dieu et à la bienheureuse Marie obéissance, et à toi, N., maître de l'ordre des Prêcheurs, et à tes successeurs, selon la règle du bienheureux Augustin et les institutions de frères de l'ordre des Prêcheurs, que je te serai obéissant ainsi qu'à tes successeurs jusqu'à la mort. » Mais quand on la fait à un autre prieur, quel qu'il soit, il faut la faire de la sorte : « Moi, fr..., je fais profession et je promets à Dieu et à la bienheureuse Marie obéissance, et à toi, N., prieur de tel lieu, qui tiens la place du maître de l'ordre des Prêcheurs et de ses successeurs, selon la règle du bienheureux Augustin et les institutions des frères de l'ordre des Prêcheurs, que je te serai obéissant ainsi qu'à tes successeurs jusqu'à la mort. »

2. Les novices se formeront avec zèle durant leur temps de probation à la psalmodie et à l'office divin. 3. On recevra leur confession avant la profession et on les instruira avec soin de la façon de se confesser et du reste. 4. Les novices n'assistent pas au chapitre et ne couchent pas au dortoir avec les autres frères, quand on peut respecter commodément cette règle. Mais le maître des novices entend leurs coulpes hors du chapitre, forme leur moralité avec autant de soin qu'il peut et les corrige avec charité. 5. Pendant une année, les novices, tant les clercs que les laïcs, ne doivent pas être envoyés en pays lointain, sauf cas de nécessité, ni chargés de quelque office. On n'aliénera pas leurs vêtements et on ne les ordonnera pas avant la profession.

Du silence.

XVII. 1. Nos frères gardent le silence dans le cloître, le dortoir, les cellules, le réfectoire et l'oratoire des frères, sauf peutêtre pour dire quelque chose sans bruit et sans faire une phrase achevée. Ailleurs les frères peuvent parler par permission spéciale.

2. A table cependant, au dedans comme au dehors, les frères gardent toujours le silence, aussi bien les prieurs que les autres, à l'exception du principal d'entre eux, ou d'un autre à qui le principal aurait commis le soin de parler à sa place; et dans ce cas celui-ci doit se taire. Si quelqu'un rompt délibérément le silence ou donne permission de parler, il ne boira que de l'eau durant un dîner en présence de tous, sans dispense possible. Il recevra de même une discipline au chapitre. 3. Les malades couchés cependant sont exemptés de ces prescriptions.

Les malades non couchés gardent le silence depuis le repas de midi jusqu'aux vêpres. De même, également, à partir du signal qu'on donne après les complies. Les frères saignés observent la même règle après le premier jour de la saignée. 4. Voici les pénitences des infractions au silence : pour la première fois, Miserere mei et Pater noster; et aussi pour la seconde fois; pour la troisième on reçoit la discipline; de même aussi pour la quatrième, de même pour la cinquième, pour la sixième. Mais pour la septième, un jour d'abstinence au pain et à l'eau, assis au bas de la table, et ceci au dîner et non pas au souper. On ne compte pas au-delà de sept fois, mais on recommence à compter au début. Tout ce qu'on vient de dire s'entend entre deux chapitres, de telle sorte qu'on recommence à compter les infractions à partir d'un chapitre jusqu'à l'autre. On peut recevoir les disciplines en particulier, ou bien après les complies avec les autres frères. S'il reste quelque chose à recevoir lors du chapitre, c'est là qu'on le reçoit.

XVIII. Si quelqu'un scandalise son frère de quelque façon, il demeurera couché, prosterné à ses pieds, jusqu'à ce que l'autre, apaisé, le relève.

Des vêtements.

XIX. Nos frères portent des vêtements de laine non rasée partout où l'on peut observer cette règle. Quand on ne peut l'observer ils se servent d'étoffes vulgaires. Qu'on observe particulièrement la pauvreté dans les chapes. On ne porte pas d'eff ets de lin directement sur la peau.

Pas même les malades. On doit écarter de nos infirmeries tous les effets de lin.

Et pas plus de trois tuniques avec une peau de mouton, en hiver, ou quatre sans la peau, qu'on porte toujours couverte de la tunique. Nos frères ne doivent pas se servir de pelisses en fourrure, ni de couverture de quelque peau que ce soit. Il suffit que les tuniques descendent jusqu'au cou de pied. La chape doit être plus courte qu'elles, et de même la peau de mouton. Il suffit que nos scapulaires descendent jusqu'à couvrir les genoux. Nous avons des chausses et des chaussons selon qu'il est nécessaire et que nos moyens le permettent. Nous n'avons ni guêtres ni gants.

De la rasure.

XX. La partie supérieure de la rasure ne doit pas être trop réduite, comme il convient à des religieux : il faut qu'entre elle et les oreilles il n'y ait pas plus de trois doigts. La taille se fait à la hauteur du dessus de l'oreille. Rasure et taille se font aux termes suivants : ter à Noël; 20 à mi-temps entre Noël et la Purification; 3e à la Purification; 4° entre la Purification et Pâques; 5e le jour de la cène du Seigneur; 6e entre Pâques et la Pentecôte; 7° à la Pentecôte; 8e entre la Pentecôte et la fête de Pierre et Paul; 9° à cette fête; 10° à la fête de sainte Marie Madeleine; 11e à l'Assomption de sainte Marie; 12e à sa Nativité; 13e à la fête de saint Denys; 14° à la fête de la Toussaint; 15e à la fête du bienheureux André.

Des coulpes.

XXI. Voici les coulpes légères. 1. Ne pas se hâter promptement d'abandonner toute occupation dès que le signal est donné et différer de se préparer à venir à l'église quand il le faut, en bon ordre et d'un pas tranquille, comme il est marqué dans la règle, alors qu'on se trouve dans l'enceinte du monastère ou dans son voisinage. 2. Ne pas accomplir avec une attention soigneuse la lecture ou le chant dont on a la charge. 3. Troubler le chorur en entonnant mal le répons ou l'antienne. 4. Ne pas s'humilier sur-le-champ devant tous quand on a fait une faute au chœur en lisant ou chantant de travers. 5. Omettre de se joindre à la communauté à l'heure où l'on devrait. 6. Y causer quelque désordre ou dérangement. 7. Ne pas venir à table ou à la messe avec les autres. 8. S'absenter de la rasure commune. 9. Causer quelque dérangement au dortoir. 10. S'attarder hors du cloître, quand on en est sorti avec la permission. 11. Laisser tomber par négligence le corporal, les linges qui servent à porter le calice ou à envelopper la patène, l'étole ou le manipule. 12. Ne pas ranger ses vêtements et ses livres au lieu prévu, avec décence et en bon ordre, ou les traiter avec négligence. 13. Briser ou perdre quelque ustensile. 14. Répandre quelque boisson. 15. Laisser manquer par négligence le livre dans lequel on doit lire au réfectoire, au chapitre ou à la collation. 16. Quand on est lecteur désigné pour la table, négliger la bénédiction, dire ou lire quelque chose qui scandalise les frères. 17. Faire un geste répréhensible ou se faire remarquer. 18. Prendre une boisson ou un aliment sans bénédiction.

19. Parler avec des parents ou des messagers qui viennent d'arriver, pour en écouter les nouvelles, à l'insu et sans la permission du supérieur. 20. Dormir au cours, dans les études. 21. Lire des livres interdits. 22. Déranger les professeurs ou les auditeurs. 23. En allant en prédication parler de choses vaines, ou en faire. 24. Rire de façon dissolue et s'efforcer d'exciter le rire chez les autres par des éclats de rire, des jeux, des paroles ou des actes. 25. Erre encore absent au Gloria du premier psaume et ne pas en faire réparation au degré de l'autel.

26. Manquer par négligence le début du chapitre aux vigiles de l'Annonciation et de Noël, où l'on doit rendre grâce et de cceur et de corps au Seigneur Rédempteur, tandis que l'on proclame les commencements de notre rédemption. 27. Lorsque l'on est au chceur, manifester de la légèreté d'esprit en laissant divaguer ses regards et en faisant des mouvements peu religieux et mal à propos, au lieu de s'appliquer à l'office divin. 28. Ne pas prévoir ses leçons pour le moment prescrit. 29. Ne pas exécuter un précepte commun et se permettre de chanter ou de lire autre chose que ce qu'établit le consentement général. 30. Rire au chceur ou faire rire autrui. 31. Ne pas venir au chapitre ou à la collation, être absent du repas commun, 32. Négliger, quoi que ce soit possible, de prendre la bénédiction à l'heure même où l'on arrive de voyage, ou sortir du monastère sans l'avoir demandée, quand il ne s'agit pas d'aller dans le voisinage mais de séjourner au dehors plus d'une nuit. 33. Se permettre de proclamer le même jour celui qui vous a proclamé, comme pour se venger. 34. Faire un jugement téméraire en proclamant quelqu'un. 35. Faire un serment pour nier ou pour affirmer quelque chose comme on a coutume de le faire en parlant. 36. Tenir des propos malpropres, ou dire des futilités, ou, ce qui est plus grave, en avoir l'habitude. 37. Toute négligence qu'on pourrait découvrir à l'égard de leur office chez ceux qu'on a députés à quelqu'un d'entre eux : les prieurs en gardant leur couvent, les maîtres en enseignant, les étudiants en étudiant, les scribes en copiant, les chantres dans leur office, les procureurs en procurant les biens extérieurs, le frère linger en fournissant, en conservant, en réparant les vêtements, le garde-malade en gardant les malades, en subvenant à leurs besoins, en faisant le nécessaire auprès des morts, et tous les autres dans leur office, selon la charge qu'ils ont reçue. 38. Z habitude de laisser errer ses regards sur des spectacles futiles, tandis qu'on va par les chemins et les localités. 39. Prendre pour soi les vêtements et autres objets donnés ou concédés à un frère, sans la permission de ce frère. 40. Etre absent au moment prescrit pour entendre les cours avec les autres. 41. On infligera pour pénitence à ceux qu'on aura proclamés pour ces fautes et qui en demanderont pardon un psaume ou deux, ou une discipline avec psaume, ou davantage encore, selon que le supérieur le croira indiqué.

XXII. C'est un coulpe grave : 1. de se disputer avec autrui en présence des séculiers. 2. D'avoir des querelles entre frères, au-dedans comme au-dehors. 3. Fixer vilainement son regard, quand on arrive dans un lieu où se trouvent des femmes, si du moins on se le permet comme une habitude. 4. Se laisser prendre à dire un mensonge calculé. 5. Avoir l'habitude de ne point respecter le silence. 6. Défendre sa faute, ou celle d'autrui. 7. Semer la discorde entre frères. 8. Se laisser prendre à prononcer par malice des menaces, des malédictions ou des paroles déréglées et peu religieuses contre celui qui vous a proclamé ou contre toute autre personne. 9. Dire une injure à quelqu'un des frères. 10. Reprocher une faute passée à un frère qui l a réparée. 11. Etre convaincu de médisance et de diffamation. 12. Vomir par malice des méchancetés contre les pères et les frères dans leur propre maison, sans qu'on puisse les prouver par le témoignage de ses frères. 13. Aller à cheval sans permission ni nécessité grave, ou manger de la viande, ou parler seul avec une femme pour autre chose que la confession, l'utilité ou l'honnêteté, ou rompre sans cause ni permission les jeûnes coutumiers. 14. Pour toutes ces coulpes et pour d'autres semblables, on donne pour pénitence à ceux qui en demandent pardon sans être proclamés trois corrections au chapitre et trois jours au pain et à l'eau. S'il y a proclamation, on ajoutera une correction et un jour de pénitence. Du reste on infligera des psaumes et des réparations selon la qualité des coulpes, à la discrétion du recteur. 15. Sont dignes de la même peine ceux qui, envoyés en mission, se permettent de revenir sans la permission du prieur, ou s'attardent au-delà du terme qu'on leur a fixé. 16. Si quelqu'un murmure sur la nourriture, le vêtement ou tout autre chose, il supportera la même punition et sera privé pendant 40 jours du genre de nourriture, de boisson ou de vêtement pour lequel il a murmuré.

XXIII. C'est une coulpe plus grave : 1. de s'établir en état de désobéissance à l'égard de son supérieur, par contumace ou par rébellion manifeste, ou d'oser s'opposer effrontément à lui au-dedans comme au-dehors; 2. de donner des coups; 3. de commettre un crime capital. 4. Si quelqu'un est proclamé et convaincu, qu'il se lève spontanément, demande pardon et dévoile en gémissant la monstruosité de son forfait. Puis, s'étant mis à nu pour recevoir une condamnation digne de ses démérites, qu'il soit battu autant que le supérieur décide qu'il le soit. Puis on lui fera précepte de s'établir dans l'état de pénitence dû aux coulpes plus graves. C'est-à-dire, qu'il sera le dernier de tous dans la communauté partout où sont les frères, car celui qui n'a pas craint de devenir membre du diable en commettant sa faute doit être banni pour un temps de la société des brebis du Seigneur afin qu'il se repente. Au réfectoire également, il ne s'assiéra pas avec les autres à la table commune, mais il mangera au milieu du réfectoire, sur une table nue, et on lui fournira à part un pain plus grossier et comme boisson de l'eau, à moins que le supérieur ne lui destine quelque supplément. Les restes de son repas ne seront pas mélangés à ceux des autres, pour qu'il se rende compte qu'il est si complètement banni de la société des hommes qu'il est privé aussi de celle des anges, s'il n'y revient par la pénitence. Il viendra devant la porte de l'église aux heures canoniales et aux grâces après le repas, tandis que les frères passeront il restera prosterné sur le sol à l'entrée comme à la sortie. Nul n'osera se joindre à lui, ni lui faire dire quelque chose. Le supérieur cependant, pour éviter qu'il ne tombe dans le désespoir, enverra près de lui des anciens pour qu'ils l'excitent à la pénitence, le poussent à la patience, le réchauffent par la compassion, l'exhortent à la satisfaction, l'aident par leur intercession s'ils aperçoivent en lui l'humilité du cceur. Tout le couvent les aidera par la prière. Le supérieur de son côté ne refusera pas d'exercer envers lui la miséricorde. Si cela semble nécessaire, il viendra de nouveau au pied de chacun recevoir une correction, devant le supérieur d'abord, puis devant chacun de ceux qui sont assis de part et d'autre. Aussi longtemps que le coupable demeurera en pénitence, il ne communiera pas et ne viendra pas recevoir le baiser de paix. S'il est prédicateur, il n'exercera pas le ministère de la prédication. On ne lui assignera aucun office à l'église, on ne lui confiera aucune obédience tant qu'il n'aura pas totalement satisfait. S'il est prêtre, ou diacre, il ne remplira plus cet office, à moins que, dans la suite, il ne manifeste une conduite vraiment religieuse.

5. On infligera la même pénitence à qui accepterait un objet qu'on n'a pas le droit d'accepter; 6. ou s'approprierait un objet qu'on lui a confié, acte que le bienheureux Augustin a décidé qu'on devait condamner comme un vol. 7. De même à celui qui tomberait dans le péché charnel, faute qui doit être, à notre jugement, plus gravement punie que les autres. 8. Si quelque frère commet une telle faute à l'extérieur du monastère, le frère qui l'accompagne s'efforcera d'en avertir au plus vite le supérieur afin qu'il le corrige. Après correction, le coupable ne retournera plus désormais au lieu où il a commis cette faute, à moins que sa conduite ultérieure ne soit si religieuse que le chapitre, général ou provincial, estime qu'il y peut retourner. Si le péché est demeuré occulte, après une enquête secrète, on lui fera faire pénitence selon le temps et la personne. 9. Si quelque frère pèche et veut se confesser en secret à un frère qui l'a appris d'ailleurs, celui-ci ne recevra la confession qu'à la condition de pouvoir proclamer le coupable quand le moment sera venu. Ceux qui se dressent ouvertement contre le prieur ou leurs supérieurs, par conspiration, conjuration, ou accord de malice, feront la pénitence susdite, tiendront jusqu'à la fin de leur vie le dernier rang dans leur catégorie, n'auront voix au chapitre que pour s'accuser dans les proclamations et ne pourront se voir confier aucune obédience, 10. Mais si quelques frères inspirés par la vérité et non par la malice apercevaient en leur prélat quelque chose qu'on ne peut ni ne doit tolérer, qu'ils l'avertissent d'abord entre eux en toute humilité et charité, pour sa correction. S'il néglige ou méprise de se corriger après de fréquentes admonitions, on fera connaître ouvertement l'affaire au prieur provincial, ou aux visiteurs lorsqu'

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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 13:45





















Notre-Dame de la Salette, Maximin Giraud et Mélanie Calvat



La Sainte-Vierge Marie à Mélanie :

« Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant, ne. sera pas toujours secret ; vous pourrez le publier en 1858.
Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté. Oui, les prêtres demandent vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes.
Malheur aux prêtres, et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils ! Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le Ciel et appellent la vengeance, et voilà que la vengeance est à leurs portes, car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple ; il n'y a plus d'âmes généreuses, il n'y a plus personne digne d'offrir la Victime sans tache à l'Eternel en faveur du monde.
Dieu va frapper d'une manière sans exemple. Malheur aux habitants de la terre ! Dieu va épuiser sa colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis. Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences ; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr. Dieu permettra au vieux serpent de mettre des divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles ; on souffrira des peines physiques et morales ; Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes, et enverra des châtiments qui se succèderont pendant plus de trente-cinq ans.
La Société est à la veille des fléaux les plus terribles et des plus grands événements ; on doit s'attendre à être gouverné par une verge de fer et à boire le calice de la colère de Dieu. Que le Vicaire de mon Fils, le Souverain Pontife Pie IX, ne sorte plus de Rome après l'année 1859 ; mais qu'il soit ferme et généreux, qu'il combatte avec les armes de la foi et de l'amour ; je serai avec lui. Qu'il se méfie de Napoléon ; son coeur est double, et quand il voudra être à la fois Pape et empereur, bientôt Dieu se retirera de lui : il est cet aigle qui, voulant toujours s'élever, tombera sur l'épée dont il voulait se servir pour obliger les peuples à se faire élever.
L'Italie sera punie de son ambition en voulant secouer le joug du Seigneur des Seigneurs ; aussi elle sera livrée à la guerre ; le sang coulera de tous côtés : les Eglises seront fermées ou profanées ; les prêtres, les religieux seront chassés ; on les fera mourir, et mourir d'une mort cruelle. Plusieurs abandonneront la foi, et le nombre des prêtres et des religieux qui se sépareront de la vraie religion sera grand ; parmi ces personnes il se trouvera même des Evêques.
Que le Pape se tienne en garde contre les faiseurs de miracles, car le temps est venu que les prodiges les plus étonnants auront lieu sur la terre et dans les airs. En l'année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l'enfer : ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu ; ils les aveugleront d'une telle manière, qu'à moins d'une grâce particulière ces personnes prendront l'esprit de ces mauvais anges ; plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi et perdront beaucoup d'âmes.
Les mauvais livres abonderont sur la terre, et les esprits de ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu ; ils auront un très grand pouvoir sur la nature ; il y aura des églises pour servir ces esprits. Des personnes seront transportées d'un un lieu à un autre par ces esprits mauvais, et même des prêtres, parce qu'ils ne se seront pas conduits par le bon esprit de l'Evangile, qui est un esprit d'humilité, de charité et de zèle pour la gloire de Dieu. On fera ressusciter des morts et des justes [c'est-à dire que ces morts prendront la figure des âmes justes qui avaient vécu sur la terre, afin de mieux séduire les hommes ; ces soi-disant morts ressuscités, qui ne seront autre chose que le démon sous ces figures, prêcheront un autre Evangile, contraire à celui du vrai Christ-Jésus, niant l'existence du Ciel, soit encore les âmes des damnés. Toutes ces âmes paraîtront comme unies à leurs corps]. « il y aura en tous lieux des prodiges extraordinaires, parce que la vraie foi s'est éteinte et que la fausse lumière éclaire le monde. Malheur aux Princes de l'Eglise qui ne seront occupés qu'à entasser richesses sur richesses, qu'à sauvegarder leur autorité et à dominer avec orgueil !
Le Vicaire de mon Fils aura beaucoup à souffrir, parce que pour un temps l'Eglise sera livrée à de grandes persécutions : ce sera le temps des ténèbres ; l'Eglise aura une crise affreuse. La sainte foi de Dieu étant oubliée, chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables. On abolira les pouvoirs civils et ecclésiastiques, tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds ; on ne verra qu'homicides, haine, jalousie, mensonge et discorde, sans amour pour la patrie ni pour la famille.
Le Saint-Père souffrira beaucoup. Je serai avec lui jusqu'à la fin pour recevoir son sacrifice. Les méchants attenteront plusieurs fois à sa vie sans pouvoir nuire à ses jours ; mais ni lui, ni son successeur (1)..., ne verront le triomphe de l'Eglise de Dieu.

(1) En marge de son exemplaire de Lecce Mélanie a écrit ces mots entre crochet [ qui ne régnera pas longtemps.]

Les gouvernants civils auront tous un même dessein, qui sera d'abolir et de faire disparaître tout principe religieux, pour faire place au matérialisme, à l'athéisme, au spiritisme et à toutes sortes de vices. Dans l'année 1865, on verra l'abomination dans les lieux saints ; dans les couvents, les fleurs de l'Église seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des coeurs. Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les personnes qu'ils doivent recevoir, parce que le démon usera de toute sa malice pour introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au péché, car les désordres et l'amour des plaisirs charnels seront répandus par toute la terre. La France, l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre seront en guerre ; le sang coulera dans les rues ; le Français se battra avec le Français, l'Italien avec l'Italien ; ensuite il y aura une guerre générale qui sera épouvantable. Pour un temps, Dieu ne se souviendra plus de la France ni de l'Italie, parce que l'Evangile de Jésus-Christ n'est plus connu. Les méchants déploieront toute leur malice ; on se tuera, on se massacrera mutuellement jusque dans les maisons.
Au premier coup de son épée foudroyante, les montagnes et la nature entière trembleront d'épouvante, parce que les désordres et les crimes des hommes percent la voûte des cieux. Paris sera brûlé et Marseille englouti ; plusieurs grandes villes seront ébranlées et englouties par des tremblements de terre ; on croira que tout est perdu ; on ne verra qu'homicides, on n'entendra que bruits d'armes et que blasphèmes. Les justes souffriront beaucoup ; leurs prières, leur pénitence et leurs larmes monteront jusqu'au Ciel, et tout le peuple de Dieu demandera pardon et miséricorde, et demandera mon aide et mon intercession. Alors Jésus-Christ, par un acte de sa justice et de sa grande miséricorde pour les justes, commandera à ses anges que tous ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de l'Eglise de Jésus-Christ et tous les hommes adonnés au péché périront, et la terre deviendra comme un désert. Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié ; la charité fleurira partout. Les nouveaux rois seront le bras droit de la Sainte Église qui sera forte, humble, pieuse, pauvre, zélée et imitatrice des vertus de Jésus-Christ. L'Evangile sera prêché partout, et les hommes feront de grands progrès dans la foi, parce qu'il y aura unité parmi les ouvriers de Jésus-Christ et que les hommes vivront dans la crainte de Dieu.
Cette paix parmi les hommes ne sera pas longue : vingt-cinq ans d'abondantes récoltes leur feront oublier que les péchés des hommes sont cause de toutes les peines qui arrivent sur la terre. Un avant-coureur de l'antéchrist, avec ses troupes de plusieurs nations, combattra contre le vrai Christ, le seul Sauveur du monde ; il répandra beaucoup de sang et voudra anéantir le culte de Dieu pour se faire regarder comme un Dieu. La terre sera frappée de toutes sortes de plaies [outre la peste et la famine, qui seront générales] ; il y aura des guerres jusqu'à la dernière guerre, qui sera alors faite par les dix rois de l'antéchrist, lesquels rois auront tous un même dessein et seront les seuls qui gouverneront le monde. Avant que ceci arrive, il y aura une espèce de fausse paix dans le monde ; on ne pensera qu'à se divertir ; les méchants se livreront à toutes sortes de péchés ; mais les enfants de la Sainte Église, les enfants de la foi, mes vrais imitateurs, croîtront dans l'amour de Dieu et dans les vertus qui me sont les plus chères. Heureuses les âmes humbles conduites par l'Esprit-Saint ! Je combattrai avec elles jusqu'à ce qu'elles arrivent à la plénitude de l'âge.
La nature demande vengeance pour les hommes, et elle frémit d'épouvante dans l'attente de ce qui doit arriver à la terre souillée de crimes. Tremblez, terre, et vous qui faites profession de servir Jésus-Christ et qui au-dedans vous adorez vous-mêmes, tremblez ; car Dieu va vous livrer à son ennemi, parce que les lieux saints sont dans la corruption ; beaucoup de couvents ne sont plus les maisons de Dieu mais les pâturages d'Asmodée et des siens.
Ce sera pendant ce temps que naîtra l'antéchrist, d'une religieuse hébraïque, d'une fausse vierge qui aura communication avec le vieux serpent, le maître de l'impureté ; son père sera Ev. ; en naissant, il vomira des blasphèmes, il aura des dents ; en un mot ; ce sera le diable incarné ; il poussera des cris effrayants, il fera des prodiges, il ne se nourrira que d'impuretés. Il aura des frères qui, quoiqu'ils ne soient pas comme lui des démons incarnés, seront des enfants de mal ; à 12 ans, ils se feront remarquer par leurs vaillantes victoires qu'ils remporteront ; bientôt, ils seront chacun à la tête des armées, assistés par des légions de l'enfer.
Les saisons seront changées, la terre ne produira que de mauvais fruits, les astres perdront leurs mouvements réguliers, la lune ne reflètera qu'une faible lumière rougeâtre ; l'eau et le feu donneront au globe de la terre des mouvements convulsifs et d'horribles tremblements de terre, qui feront engloutir des montagnes, des villes [etc.]. Rome perdra la foi et deviendra le siège de l'antéchrist. Les démons de l'air avec l'antéchrist feront de grands prodiges sur la terre et dans les airs, et les hommes se pervertiront de plus en plus. Dieu aura soin de ses fidèles serviteurs et des hommes de bonne volonté ; l'Evangile sera prêché partout, tous les peuples et toutes les
nations auront connaissance de la vérité !
J'adresse un pressant appel à la terre : j'appelle les vrais disciples du Dieu vivant et régnant dans les cieux ; j'appelle les vrais imitateurs du Christ fait homme, le seul et vrai Sauveur des hommes ; j'appelle mes enfants, mes vrais dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que je les conduise à mon divin Fils, ceux que je porte pour ainsi dire dans mes bras, ceux qui ont vécu de mon esprit ; enfin, j'appelle les Apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d'eux-mêmes, dans la pauvreté et dans l'humilité, dans le mépris et dans le silence, dans l'oraison et dans la mortification, dans la chasteté et dans l'union avec Dieu, dans la souffrance et inconnus du monde. Il est temps qu'ils sortent et viennent éclairer la terre. Allez, et montrez-vous comme mes enfants chéris ; je suis avec vous et en vous, pourvu que votre foi soit la lumière qui vous éclaire dans ces jours de malheurs. Que votre zèle vous rende comme des affamés pour la gloire et l'honneur de Jésus-Christ. Combattez, enfants de lumière, vous, petit nombre qui y voyez ; car voici le temps des temps, la fin des fins.
L'Église sera éclipsée, le monde sera dans la consternation. Mais voilà Enoch et Elie remplis de l'Esprit de Dieu ; ils prêcheront avec la force de Dieu, et les hommes de bonne volonté croiront en Dieu, et beaucoup d'âmes seront consolées ; ils feront de grands progrès par la vertu du Saint-Esprit et condamneront les erreurs diaboliques de l'antéchrist. Malheur aux habitants de la terre ! Il y aura des guerres sanglantes et des famines ; des pestes et des maladies contagieuses ; il y aura des pluies d'une grêle effroyable d'animaux ; des tonnerres qui ébranleront des villes ; des tremblements de terre qui engloutiront des pays ; on entendra des voix dans les airs ; les hommes se battront la tête contre les murailles ; ils appelleront la mort, et, d'un autre côté la mort fera leur supplice ; le sang coulera de tous côtés. Qui pourra vaincre, si Dieu ne diminue le temps de l'épreuve ? Par le sang, les larmes et les prières des justes, Dieu se laissera fléchir ; Enoch et Elie seront mis à mort ; Rome païenne disparaîtra : le feu du Ciel tombera et consumera trois villes ; tout l'univers sera frappé de terreur, et beaucoup se laisseront séduire parce qu'ils n'ont pas adoré le vrai Christ vivant parmi eux. Il est temps ; le soleil s'obscurcit ; la foi seule vivra.
Voici le temps ; l'abîme s'ouvre. Voici le roi des rois des ténèbres. Voici la bête avec ses sujets, se disant le sauveur du monde. Il s'élèvera avec orgueil dans les airs pour aller jusqu'au Ciel ; il sera étouffé par le souffle de saint Michel Archange. Il tombera, et la terre qui, depuis trois jours sera en de continuelles évolutions, ouvrira son sein plein de feu ; il sera plongé pour jamais avec tous les siens dans les gouffres éternels de l'enfer. Alors l'eau et le feu purifieront la terre et consumeront toutes les oeuvres de l'orgueil des hommes, et tout sera renouvelé : Dieu sera servi et glorifié. »

Publié par la Bergère de la Salette avec Imprimatur de Mgr. L'Évêque de Lecce.

« Eh bien ! mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. »
(la Sainte-Vierge aux enfants).

Simple reproduction sans commentaire ni polémique de l'édition originale de Lecce, en 1879, avec les corrections. typographiques de l'édition de Lyon, en 1904, et la suppression des fautes, rares mais évidentes, d'orthographe et de ponctuation, contenues dans cette dernière.

« Je verrai avec grand plaisir le "Secret" circuler à pleins bords ; plus il se répandra, plus il éveillera de salutaires craintes et de nombreux retours à Dieu. Marie bénira ceux qui aideront à sa diffusion, car Elle veut formellement qu'on le fasse passer à tout son peuple. Nous sommes punis pour avoir négligé cet ordre absolu de la Mère de Dieu. »

Extrait d'une lettre de Mélanie relative au Secret de La Salette.


Le secret de Mélanie en pdf



Biographie de Mélanie Calvat et prière pour sa béatification




Notre-Dame de la Salette Réconciliatrice




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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 12:29


LE SACRÉ-COEUR DE JÉSUS ET LA FRANCE
Claire FERCHAUD (1896-1972)



En 1916, le Christ apparaît à une bergère vendéenne, surnommée "la nouvelle Jeanne d'Arc" et lui confie la mission de bouter les Allemands hors de France.
Le 16 janvier, une lettre de Claire Ferchaud est remise à Raymond Poincaré, président de la République. Elle lui fait part d'un message qu'elle dit avoir reçu du Christ, qui contient une double demande : sa conversion, et l'apposition du Sacré-Coeur sur le drapeau national. Malgré leur rencontre du 21 mars, et un nouveau courrier envoyé le 1er mai, ses démarches resteront sans effet.




Lettre de Claire Ferchaux au président Poincaré
le 16 janvier 1917


« ... Jésus veut sauver la France et les Alliés, et c'est par vous, Monsieur le Président, que le Ciel veut agir, si vous êtes docile à la Voix Divine. Il y a des siècles déjà, le Sacré-Coeur avait dit à la Bienheureuse Marguerite-Marie : "Je désire que mon Coeur soit peint sur le drapeau national, et je les rendrai victorieux de tous leurs ennemis". Dieu semble avoir dit ces paroles pour nos temps actuels. L'heure est arrivée où son Coeur doit régner malgré tous les obstacles. Ce Coeur Sacré, j'ai eu la grâce d'en contempler la face adorable. Jésus m'a montré son Coeur broyé par l'infidélité des hommes. Une large plaie divise son Coeur. Et de cette plaie profonde, Jésus m'a dit : "C'est la France qui me l'a faite". Cependant, malgré les coups dont le Coeur de Jésus est martyrisé, il s'avance vers vous, M. le Président, en offrant sa Miséricorde. À plusieurs reprises différentes, entre autres le 28 du mois de novembre
1916, Jésus, dans une lumière spéciale, me fit voir M. le Président, l'âme fortement travaillée par la grâce ; d'abord à demi écoutant Dieu et votre conscience. Il m'a semblé voir Dieu vous adressant ces paroles : "Raymond, Raymond, pourquoi me persécutes-tu ?" À cette voix, vous avez tressailli ; puis la grâce étant plus forte que vos passions, vous êtes tombé à genoux, l'âme angoissée et vous avez dit : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?"
Plusieurs fois, pendant l'auguste mystère de la Sainte Messe, Jésus aspergea votre personne de son Sang Divin, signe de la Miséricorde que son Coeur vous offre.
Monsieur, voici les paroles sacrées que j'ai entendues de la bouche même de Notre-Seigneur :
"Va dire au chef qui gouverne la France de se rendre à la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre avec les rois des nations alliées. Là, solennellement, les drapeaux de chaque nation seront bénis, puis le Président devra épingler l'image de mon Coeur sur chacun des étendards présents. Ensuite, M. Poincaré et tous les rois alliés à la
tête de leur pays, ordonneront officiellement que le Sacré-Coeur soit peint sur tous les drapeaux de chaque régiment français et allié. Tous les soldats devront être recouverts de cet insigne de salut". »





Sainte Marguerite-Marie Alacoque et le Sacré-coeur de Jésus


Lettre de Marguerite-Marie à la Révérende Mère de Saumaise
(concernant les paroles qu'elle a entendues de Jésus
le 17 juin 1689 au sujet de Louis XIV) :

 

"Fais savoir au fils aîné de mon Sacré-Coeur que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu'il fera de lui-même à mon Coeur adorable qui veut triompher du sien, et par l'entremise, de celui des grands de la terre. "

Le 28 août 1689 dans une autre lettre, sainte Marguerite-Marie précise les demandes de Jésus-Christ à Louis XIV :

"Heureux donc qu'il sera, s'il prend goût à cette dévotion qui lui établira un règne éternel d'honneur et de gloire dans ce Sacré-Coeur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, lequel prendra soin de l'élever et de le rendre grand dans le ciel devant Dieu son Père autant que ce Monarque en prendra de relever devant les hommes les opprobres et anéantissements que ce Divin Coeur y a souffert ; qui sera en lui rendant et lui procurant les honneurs, l'amour et la gloire qu'il en attend."
Ainsi, Louis XIV devait faire pour le Sacré-Coeur un acte de consécration du Royaume de France au Roi Jésus.
Ainsi, Louis XIV devait faire pour le Sacré-Coeur ce que son père Louis XIII avait fait pour la Vierge Marie : un acte de consécration du Royaume de France au Roi Jésus.

Il devait donc successivement :

- consacrer sa personne au Sacré-Coeur et à travers sa personne, le Royaume de France, en vertu du sacre de Reims qui lui en donnait la légitimité,
- faire graver l'image du Sacré-Coeur sur ses armes et ses étendards, afin d'obtenir une protection divine face à ses ennemis, car, avait réaffirmé sainte Jeanne d'Arc, "ceux qui font la guerre au Royaume de France font la guerre au Roi Jésus",
- faire construire un édifice religieux où l'image du Sacré-Coeur serait exposée, afin que ce Divin Coeur y reçoive un culte de la part de la nation tout entière,
- obtenir enfin du Saint-Siège une messe propre en l'honneur du Sacré-Coeur.

Aucune de ces quatre demandes du Sacré-Coeur, datées du 17 juin 1689, n'a été accomplie par Louis XIV, le Père
de la Chaise n'ayant pas su toucher son coeur.


Biographie de Sainte Marguerite-Marie Alacoque


En 1765, à la demande de Marie Leczinska, épouse de Louis XV, qui avait appuyé la demande des évêques polonais auprès du Vatican, une fête officielle du Sacré-Coeur, avec messe propre, fut obtenue. C'est la seule des quatre demandes du Sacré-Coeur à avoir été satisfaite durant le règne des Bourbons, avant la Révolution
française.
Louis XVI connaissait ces demandes du Sacré-Coeur, mais il ne se proposa d'y répondre qu'en 1792 alors qu'il était déjà prisonnier au Temple et que son pouvoir était perdu. Le Ciel tint compte néanmoins de son acte de consécration, si l'on en croit cette révélation faite par Jésus à Marie-Julie Jahenny, en 1877, à propos du
futur Roi de France :
"Il étendra davantage la dévotion de mon Sacré-Coeur et de la Croix. Il sera un des plus illustres propagateurs de mes oeuvres, c'est-à-dire qu'il consacrera la France entière à mon Sacré-Coeur. Il sera comme un nouveau Louis XVI avec son crucifix dans la main, quand il étendait cette main vers le Ciel, en consacrant dans sa prison du Temple la France à mon Coeur."






Biographie de Claire Ferchaud


Claire Ferchaud, en religion Sœur Claire de Jésus Crucifié

Née le 5 mai 1896.

Morte à Loublande, le 29 janvier 1972.

Alors qu'elle a tout juste 20 ans, elle voit et entend le Christ, qui lui apparaît "le Cœur broyé" par le péché des hommes. Elle s'en confie au pasteur de Loublande, l'Abbé Audebert. Puis le Christ lui confie une mission : contacter le président Poincaré en vue de sa conversion, et de l'apposition du Sacré-Cœur sur les drapeaux français, dont dépendra la victoire définitive des armées du pays. Elle lui écrit en ce sens, et sa lettre est remise au Président Poincaré le 16 janvier 1917. Celui-ci reçoit Claire Ferchaud à l'Elysée le 21 mars suivant. Il semble acquiescer à ses propositions, mais n'en fait rien. Claire Ferchaud lui envoie donc un second courrier le 1° mai, qui restera lui aussi sans effet. Le 7 mai, elle adresse alors une lettre d'avertissement à 14 généraux d'armées, demandant "que l'image du Sacré-Cœur, signe d'espérance et de salut, brille officiellement sur nos couleurs nationales". Le Sacré-Cœur sera invoqué durant ce conflit par des millions de fidèles, mais ne sera jamais placé sur les étendards… Et la paix signé en 1918, comme l'avait annoncé Claire Ferchaud, ne sera pas "définitive". En 1918, elle instaure la Messe perpétuelle, approuvée par Mgr Humbrecht, évêque de Poitiers, le 11 juin. Elle se retire ensuite dans la maison du Sacré-Cœur, à Loublande, où elle restera jusqu'à sa mort sous le nom de sœur Claire de Jésus crucifié. Elle y fonde une petite communauté de religieuses laïques, en réparation des injures faites au Sacré-Cœur, réparatrices expiatrices "en substitution au refus opposé par la France de reconnaître officiellement Dieu pour maître". Benoît XV dit un jour à ce propos à Mgr Rumeau : "Dites leur que je veux qu'elles restent ensemble". La communauté recevra également la bénédiction de Pie XII. L'image du "Cœur Sacré de Jésus broyé à cause de nos péchés", peinte sous la dictée de Claire Ferchaud - et dont une reproduction en tableau est exposée dans la chapelle de la maison du Sacré-Cœur de Loublande - est encore diffusée aujourd'hui.


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