Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
La "Lettre à la veuve Bixby" ("Bixby Letter"), écrite le 21 novembre 1864 par Lincoln, a sans doute été reçue par Lydia Bixby le 24 novembre 1864. Cette lettre est reconnue comme l’un des plus beaux écrits en langue anglaise du Président Abraham Lincoln, avec le "Discours de Gettysburg" ("Gettysburg Address") prononcé le 19 novembre 1863, et le "Deuxième Discours Inaugural" ("Second Inaugural Address"), prononcé le 4 mars 1865.
La « Bixby Letter » est une lettre de condoléances (« consoling message »), reçue par Lydia Parker Bixby, veuve de son mari cordonnier Cromwell Bixby(né le 13 mai 1803 à Hopkinton, Middlesex County, Massachusetts ; mort le 22 décembre 1854 dans sa ville de naissance) qu’elle avait épousé le 26 septembre 1826 à Hopkinton (Massachusetts), et mère d’au moins six fils et trois filles
Dans cette lettre d'un anglais châtié, Lincoln console Lydia Bixby de la mort de cinq de ses six fils tombés au champ d’honneur de la Guerre Civile Américaine.
Certains historiens ont remis en question, non seulement la véracité de la mort de ses cinq fils en déclarant qu’au moins deux des fils Bixby auraient survécu à la Guerre de Sécession, mais aussi la paternité supposée de l’écriture par Lincoln de la « Lettre Bixby ». En effet, des chercheurs, notamment l’historien Michael Burlingame, attribuent plutôt la rédaction de cette lettre à John Hay, secrétaire privé et assistant de Lincoln (qui s’en serait vanté de son vivant avant de dire le contraire).
Cette Lettre de Lincoln a néanmoins une lourde portée historique, car elle a contribué à la « Sole Survivor Policy » ("Politique de l’Unique Survivant") mise en œuvre aux Etats-Unis en 1948, visant à préserver les membres d’une même fratrie de la conscription militaire ou du service actif au combat s’ils ont déjà perdu plusieurs membres de leur famille. Cette Politique est née notamment lors de la mort des cinq frères Sullivan(de Waterloo, Iowa) sur l’USS Juneau(CL-52), un navire de guerre américain coulé le 13 novembre 1942 (687 morts) par la Marine Impériale Japonaise à la Bataille Navale de Guadalcanal :
- George Thomas Sullivan, 27 ans
- Francis "Frank" Henry Sullivan, 26 ans
- Joseph "Joe" Eugene Sullivan, 24 ans
- Madison "Matt" Abel Sullivan, 23 ans
- Albert "Al" Leo Sullivan, 20 ans
De la même façon, quatre des six frères Borgstromde Thatcher(Utah): Elmer, Clyde, et les jumeaux Rolon et Rulon furent tués au combat en 1944 à quelques mois d’intervalle. De même, les frères Charles et Joseph Butehorn de Bethpage(New York) furent tués au combat entre 1944 et 1945, et le Ministère de la Guerre Américain décida de renvoyer à la maison le troisième frère Henry, aviateur. Il en fut également ainsi pour trois des quatre frères Nilandde Tonawanda (New York)tombés au champ d’honneur, et le film de 1998 « Saving Private Ryan » (« Il faut sauver le soldat Ryan ») de Steven Spielberg fut largement inspiré de la tragique histoire des frères Niland.
Pour conclure, je tiens également à rendre hommage aux cinq frères français Léon, Armand, Joseph, Aristide et Paul Jardot, héros de la guerre de 14, originaires d’Évette-Salbert dans le Territoire de Belfort, morts pour la France entre septembre 1914 et juin 1915. Le sixième et dernier frère soldat « Aimé » fut retiré du front, grâce à l’intercession de l’instituteur de son village auprès des autorités. La pire tragédie fut celle des frères Ruellan : Julius, Louis, Bernard, André, Henri et Berchmans, de Paramé(ancienne commune d'Ille-et-Vilaine aujourd'hui rattachée à Saint-Malo), dont six des dix frères au front de 14-18 furent tués entre 1915 et 1918.
Patrick ROBLES, administrateur du blog « Parousie ».
Lydia Parker Bixby
"LETTRE BIXBY"
« Executive Mansion
Washington, le 21 novembre 1864
À Madame Bixby, Boston, Mass(achusetts),
Chère Madame,
Je viens de voir dans les dossiers du Ministère de la Guerre un rapport de l'Adjudant Général du Massachusetts disant que vous êtes la mère de cinq fils, lesquels sont tous morts au champ d'honneur. J'imagine combien serait vain et inutile le moindre mot de ma part pour essayer de vous distraire du chagrin causé par une aussi terrible perte. Mais je ne peux toutefois m'empêcher de vous rappeler la consolation que vous pourrez trouver dans la gratitude de la république pour laquelle ils sont morts. Je prie pour que Notre Père qui est au Ciel apaise la douleur de votre affliction et vous laisse seulement le tendre souvenir de vos chers disparus et la fierté solennelle qui doit être la vôtre d'avoir offert un si précieux sacrifice sur l'autel de la liberté.
I have been shown in the files of the War Department a statement of the Adjutant General of Massachusetts that you are the mother of five sons who have died gloriously on the field of battle. I feel how weak and fruitless must be any word of mine which should attempt to beguile you from the grief of a loss so overwhelming. But I cannot refrain from tendering you the consolation that may be found in the thanks of the republic they died to save. I pray that our Heavenly Father may assuage the anguish of your bereavement, and leave you only the cherished memory of the loved and lost, and the solemn pride that must be yours to have laid so costly a sacrifice upon the altar of freedom.
1. Le Père Joseph Thạo Tiến, né le 5.12.1918 à Muang Xôi (Houaphan). Prêtre diocésain taï-deng du Vicariat de Thanh Hóa mort le 2.6.1954 à Ban Talang (Houaphan), vicariat de Vientiane.
2. Le Père Jean-Baptiste Malo, né le 2.6.1899 à La Grigonnais, diocèse de Nantes (France). Société des Missions Étrangères de Paris, envoyé en Chine puis au Laos, mort le 28.3.1954 à Yên Hội (Vũ Quang, Hà Tĩnh), diocèse de Vinh (Viêt-nam).
3. Le Père René Dubroux, né le 28.11.1914 à Haroué, diocèse de Nancy (France). Prêtre diocésain de Saint-Dié (France), puis des Missions Étrangères de Paris, mort le 19.12.1959 à Palay, vicariat de Paksé.
4. Le catéchiste hmong Shiong Tho [Thoj Xyooj, Khamsè], né en 1941 à Kiukatiam (Louang Prabang). Mort le 1.5.1960 à Muang Kasy (aujourd’hui Province de Vientiane), vicariat de Louang Prabang.
5. Le Père Mario Borzaga, né le 27.8.1932 à Trente (Italie). Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, mort le 1.5.1960 à Muang Kasy (aujourd’hui Province de Vientiane), vicariat de Louang Prabang.
6. Le Père Louis Leroy, né le 8.10.1923 à Ducey, diocèse de Coutances (France). Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, mort le 18.4.1961 à Ban Pha (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
7. Le Père Michel Coquelet, né le 18.8.1931 à Wignehies, diocèse de Cambrai (France). Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, mort vers le 20.4.1961 à Sop Xieng (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
8. Le catéchiste Joseph Outhay Phongphumi, veuf, né en 1933 à Kham Koem, diocèse de Tharè – Nongseng (Thaïlande). Mort le 27.4.1961 à Phalane (Savannakhet), vicariat de Savannakhet.
9. Le Père Noël Tenaud, né le 11.11.1904 à Rocheservière, diocèse de Luçon (France). Société des Missions Étrangères de Paris, envoyé au Siam puis au Laos, mort le 27.4.1961 à Phalane (Savannakhet), vicariat de Savannakhet.
10. Le Père Vincent L’Hénoret, né le 12.3.1921 à Pont l’Abbé, diocèse de Quimper (France). Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, mort le 11.5.1961 à Ban Ban / Muang Kham (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
11. Le Père Marcel Denis, né le 7.8.1919 à Alençon, diocèse de Séez (France). Société des Missions Étrangères de Paris, mort le 31.7.1961 à Kham Hè (Nhommarath, Khammouane), vicariat de Savannakhet.
12. Le Père Jean Wauthier, né le 22.3.1926 à Fourmies, diocèse de Cambrai (France). Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, mort le 16.12.1967 à Ban Na (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
13. L’élève catéchiste lavên Thomas Khampheuane Inthirath, né en mai 1952 à Nong Sim (Champassak), vicariat de Paksé. Mort le 12.5.1968 à Paksong (Champassak), vicariat de Paksé.
14. Le Père Lucien Galan, né le 9.12.1921 à Golinhac, diocèse de Rodez (France). Société des Missions Étrangères de Paris, envoyé en Chine puis au Laos, mort le 12.5.1968 à Paksong (Champassak), vicariat de Paksé.
15. Le Père Joseph Boissel, né le 20.12.1909 au Loroux, archidiocèse de Rennes (France). Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, mort le 5.7.1969 à Hat I-Et (Bolikhamsay), vicariat de Vientiane.
16. Le catéchiste kmhmu’ Luc Sy, père de famille, né en 1938 à Ban Pa Hôk / Kung Hrông Tnéc (Xieng Khouang). Mort le 7.3.1970 à Dène Din (Province de Vientiane), vicariat de Vientiane.
17. Le saravat Maisam ‘Kèo’ Pho Inpèng, laïc kmhmu’, père de famille, né vers 1934 près de Sam Neua (Houaphan). mort le 7.3.1970 à Dène Din (Province de Vientiane), vicariat de Vientiane.
mort le 30 juillet 1942 à Padoue, Vénétie - Italie (Padova, Veneto)
Neuvaine au Père
Saint Leopold Mandić
Ô Dieu Tout Puissant, qui as enrichi Saint Léopold de l’abondance de ta grâce, accorde-nous par son intercession de vivre dans l’abandon à ta volonté, dans l’espoir de ta promesse, dans l’amour de ta présence.
Ô Dieu, qui manifestes ta toute-puissance, surtout dans la miséricorde et le pardon, et qui as voulu que Saint Léopold soit ton fidèle témoin ; accorde-nous, par ses mérites, de célébrer dans le sacrement de la réconciliation, la grandeur de Ton Amour.
Ô Dieu notre Père, qui dans ton Fils mort et ressuscité, as sanctifié notre douleur, et qui as voulu que Saint Léopold soit une paternelle présence de consolation, répands dans nos âmes la certitude de ta présence et de ton secours.
Ô mon Dieu, source de communion pour tous tes fils, et qui as voulu le Christ comme unique Pasteur de ton Eglise ; par l’intercession de Saint Léopold, silencieux prophète de l’œcuménisme, remplis-nous de ton Esprit, afin que nous sachions prier et donner notre vie pour l’unité de tous ceux qui croient en toi.
Ô Dieu, qui as voulu que Marie soit la Mère du Christ et de l’Eglise, et qui as réjoui la vie de Saint Léopold d’une tendre dévotion à la Vierge, console notre vie avec la grâce de sa bonté maternelle.
Ô Dieu, Seigneur glorieux et Père de la vie, nous confions à ton amour nos espoirs et nos prières ; par l’intercession de Saint Léopold, garde tes fils avec bienveillance et exauce nos humbles prières.
« La personnalité religieuse la plus connue est l’évêque de Marseille, Mgr de Belsunce qui se signala notamment par son zèle et son dévouement à secourir les malades. Face à cette épidémie sans précédent, il décide de rendre visite aux malades en leur administrant les derniers sacrements. On le vit aussi distribuer d'abondantes aumônes afin de soulager ses ouailles. Sur les conseils d'Anne-Madeleine Rémusat, il décide le 1er novembre 1720 de consacrer la ville au Sacré-Cœur de Jésus au cours d'une cérémonie expiatoire sur le cours qui porte aujourd'hui son nom. L'évêque célèbre la messe tête nue, pieds nus et un flambeau à la main. Le 31 décembre 1720, il organise une procession générale sur les fosses communes situées pour la plupart à l'extérieur des remparts ; la bénédiction est donnée à chacune de ces fosses. Afin d'apporter une aide matérielle aux malades, il aliène une grande partie de son patrimoine. Sur plus de deux-cent cinquante religieux, un cinquième d'entre eux, comme le père jésuite Millet succombent à l'épidémie en soignant et portant secours aux pestiférés. Ces attitudes courageuses ne sont pas généralisées. Ainsi les moines de l'abbaye Saint-Victor se renferment derrière les murailles de leur monastère et se contentent d'envoyer quelques aumônes. De même les chanoines de l'église Saint-Martin, qui sera démolie au XIXe siècle pour la réalisation de la rue Colbert, se réfugièrent à la campagne. »
« Dans un quartier dont tous les habitants avaient péri, on les avait murés à domicile, comme pour empêcher la mort de sortir. De ces avenues de grands tombeaux de famille, on passait à des carrefours dont les pavés étaient couverts de malades et de mourants étendus sur des matelas et abandonnés sans secours. (...) Sur l'esplanade de la Tourette, au bord de la mer, on avait, pendant trois semaines, porté des corps, lesquels, exposés au soleil et fondus par ses rayons, ne présentaient plus qu'un lac empesté. Sur cette surface de chairs liquéfiées, les vers seuls imprimaient quelque mouvement à des formes pressées, indéfinies, qui pouvaient avoir été des effigies humaines. »
(…)
« Quand la contagion commença de se ralentir, M. de Belsunce, à la tête de son clergé, se transporta à l'église des Accoules : monté sur une esplanade d'où l'on découvrait Marseille, les campagnes, les ports et la mer, il donna la bénédiction, comme le pape à Rome, bénit la ville et le monde : quelle main plus courageuse et plus pure pouvait faire descendre sur tant de malheurs les bénédictions du ciel ? »
François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, livre trente-cinquième, Ch. 14, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, 1951, deux volumes, tome II, p. 533-534.
« L'enseignement religieux véritable, celui devant lequel il faut se prosterner, le voici : c'est le Frère de la Merci rachetant l'esclave, c'est Vincent de Paul ramassant l'enfant trouvé, c'est la sœur de charité au chevet du mourant, c'est l'évêque de Marseille au milieu des pestiférés, c'est l'archevêque de Paris affrontant avec un sourire sublime le faubourg Saint-Honoré révolté, s'inquiétant peu de recevoir la mort pourvu qu'il apporte la paix. »
Discours de Victor Hugo prononcé à l’Assemblée Nationale le 15 janvier 1850 concernant le projet de loi sur la liberté de l’enseignement
Sainte Dymphna, selon la tradition populaire, est la Patronne des malades atteints de « folie », de troubles mentaux et de maladies neurologiques, de somnambulisme et d’épilepsie.
Elle est aussi la Patronne des princesses, du bonheur familial, des fugueurs (et des fugueuses), des victimes d'inceste et de viol, des orphelin(e)s, des Martyr(e)s, des hôpitaux psychiatriques et de leurs soignant(e)s, ainsi que des personnes « possédées ».
Elle est théoriquement fêtée le 15 mai, mais d’autres pays la fêtent parfois le 30 mai.
O magnum mysterium et admirabile sacramentum, ut animalia viderent Dominum natum jacentem in praesepio. Natum vidimus et choros Angelorum collaudantes Dominum.
O magnum mysterium et admirabile sacramentum, ut animalia viderent Dominum natu jacentem in praesepio. Beata Virgo, cujus viscera meruerunt portare Dominum Jesum Christum. Domine, audivi auditum tuum et timui: consideravi opera tua, et expavi: in medio duorum animalium.
Français – French
O grand mystère,
et admirable sacrement,
que des animaux voient leur Seigneur nouveau-né,
couché dans une mangeoire !
Heureuse Vierge, dont le sein
a mérité de porter
Le Christ Seigneur.
Alleluia !
ou :
Ô grand mystère et merveilleux sacrement, Que les animaux voient le Seigneur nouveau-né reposant dans la crèche ! Ô heureuse Vierge dont les entrailles méritèrent de porter le Seigneur, Jésus Christ ! Alléluia !
¡Oh gran misterio, y maravilloso sacramento, que los animales deben ver al recién nacido Señor, acostado en un pesebre! Bienaventurada la Virgen, cuyo vientre fue digno de llevar a Cristo el Señor. Aleluya.
L'endroit où eurent lieu les apparitions est à deux kilomètres du village de Neubois, appelé à l'époque Krüth, à mi-hauteur de la montagne, et à égale distance des ruines du château du Frankenbourg. Il y a à l'endroit une vaste clairière, au milieu de la forêt, d'où l'on jouit d'un magnifique panorama. D'un côté on aperçoit la commune de Scherwiller et le château de l'Ortenbourg. Avant d'entrer dans la clairière, on voit du regard de nombreux villages, dont Thanvillé, Saint-Pierre-Bois et l'église Saint-Gilles perchée un peu au-dessus des deux villages. Plus haut on aperçoit les cimes de l'Ungersberg. D'un autre côté on voit le Val de Villé parsemé de villages. Aujourd'hui à la clairière se trouve une statue de Marie (mère de Jésus), une statue de l'ArchangeSaint Michel terrassant le dragon, une petite statue de saint Joseph, une chapelle avec une grande croix et un chemin de croix avec ses douze stations. C'est à cet endroit que serait apparue la Sainte Vierge. En 1872, quand commencèrent les apparitions, l'Alsace était annexée à l'Allemagne depuis plus d'un an et le nom le plus usuel du village était celui de Krüth. A la vérité le village a trois noms : Neubois, Krüth, Gereuth est le nom allemand.
Dans le contexte de l'occupation allemande et antireligieux de l'époque, un Alsacien se rend en Italie et rencontre une mystique nommée Palma-Maria-Addolarata Matarelli (1825-1888) d'Oria, plus tard religieuse de Notre-Dame des Douleurs, et lui parle de l'Alsace-Lorraine. Elle lui répondit qu'il arrivera bientôt des choses merveilleuses : "...une apparition en juillet 1872 doit avoir lieu en Alsace-Lorraine".
Le dimanche 7juillet1872 en date de la fête du Précieux Sang, la Vierge Marie apparait tout d'abord à l'office du soir dans l'église Saint-Nicolas de L'Hôpital à Marie Françoise Clémentine Girsch, âgée de onze ans.
Elle décrit l'apparition comme une belle femme aux cheveux blonds et longs, portant une couronne sur la tête. Sa robe blanche est brillante. La Vierge Marie tend ses bras en avant. Dans sa main droite elle tient une boule blanche d'où tombent des gouttes d'eau, dans sa main gauche elle tient une boule noire d'où tombent des gouttes de sang. À sa droite se tiennent des soldats français, à sa gauche se trouvent des soldats armés d'épées.
À L'Hôpital (Moselle) qui portait le nom de Spittel in Lothringen ces événements sont restés très discrets. Clémentine Girsch est qualifiée selon les rapports de l'époque de petite fille sage, posée et réservée. Elle restera très discrète sur ces événements. Elle est née le 3décembre1861 à Carling. Le 9février1880 elle épouse à L'Hôpital, Ambroise Renard, instituteur et maire de Carling (1855-1941) et sera mère de deux enfants. Elle décèdera à Strasbourg le 13janvier1944.
Le même jour à Neubois, cette même apparition se manifeste à quatre fillettes âgées de 7 à 11 ans qui se promènent au pied d'une montagne appelée Schlossberg, à la recherche de myrtilles. Soudain, une dame blanche portant sur la tête une couronne d'or, s'avance vers elles. Effrayées, elles s'enfuient à toutes jambes. C'est la première apparition de toute une série qui mettra en émoi le paisible village de Neubois.
Le 11juillet1872, la Vierge Marie apparaît de nouveau sous la même forme dans la forêt de Neubois à Philomène Jehl (10 ans), Sophie Glock (11 ans), Marie Flick et d'autres enfants de l'école. Elles entendent une voix fine dire : « Kommet, Kommet! » (Venez, venez !). Le 12 juillet la troisième apparition se manifeste à certaines filles d'un groupe accompagné d'une religieuse qui est aussi leur institutrice, sœur Madeleine. Le 14juillet1872 l'apparition guide 6 filles dont Odile Martin vers le sommet du Frankenbourg, chemin de La Vancelle. Le 15juillet1872 tout un groupe d'enfants et d'adultes assiste à une apparition de la Vierge qui les appelle de nouveau : « Kommet, Kommet! » (Venez, venez !) en direction du château de Frankenbourg. Un vent violent se lève et on entend un son de cloches. D'autres apparitions miraculeuses vont suivre. Une petite chapelle provisoire sera érigée sur les lieux. Le Kreisdirektor envoie un détachement de 50 soldats surveiller l'emplacement. Le 7septembre1872, la police abat la chapelle ainsi que l'autel et défend aux fidèles l'accès aux lieux. Le 8septembre1872 on assiste à une première guérison miraculeuse d'une jeune fille très malade. D'autres apparitions et guérisons vont avoir lieu malgré l'hostilité de l'autorité prussienne qui fait afficher un panneau :
« L'accès sans autorisation du district 272829 est, par la présente, interdit selon l'article 368 du code pénal avec une peine allant jusqu'à 75 francs et un emprisonnement jusqu'à 15 jours. »
Le 11septembre1872, sœur Madeleine est expulsée par les autorités et doit quitter Neubois. Le 14octobre1872 un soldat prussien a une vision de l'enfant Jésus. Les apparitions continuent. L'évêque de Strasbourg Monseigneur André Raess est informé de par une lettre de l'apparition de L'Hôpital et de celles du Frankenbourg et reçoit lui-même un témoin des apparitions du Neubois. Il reste réservé et prudent. Le 11novembre1872 l'abbé Hotzmann, curé de Villé note : "les apparitions sont de plus en plus fréquentes". De nombreux pèlerins viennent sur les lieux. Pour la seule journée du 3février1873 on comptera 6000 pèlerins. Le 4mars1873 les autorités prussiennes s'inquiètent de cette affluence et envoient un détachement de 150 soldats interdire l'accès des lieux. Dans les jours et les mois qui suivent, d'autres enfants, mais aussi des adultes, sont persuadés d'avoir vu la Vierge Marie ou aperçu "la dame blanche", seule ou entourée d'anges ou ... de soldats. La nouvelle de ces phénomènes extraordinaires se répand comme une traînée de poudre dans toute l'Europe centrale et méridionale, mais surtout en Allemagne et en France.
Un des lieux d'apparition s'appelait Krittacker, acker veut dire champ. Le village était semble-t-il situé plus haut dans la montagne.
La montagne des apparitions
Les différents endroits où les apparitions eurent lieu sont situés en dehors du village sur le flanc d'une montagne au sommet de laquelle on aperçoit le château du Frankenbourg situé à 703 mètres d'altitude. Cette montagne est couverte de bois jusqu'au sommet. Il faut d'ailleurs faire une distinction entre les deux noms : Frankenberg est le nom de la montagne et Frankenbourg est le nom du château. Le château du Frankenbourg date de l'époque féodale et a été construit suivant les principes militaires du xiesiècle. Cela n'exclut pas l'hypothèse qu'un autre château ait pu exister antérieurement au même endroit à l'époque franque. Ce qui est certain, c'est l'existence d'une forteresse sur la montagne du temps des Romains. Des monnaies constantiniennes trouvées au Frankenbourg entre deux enceintes prouveraient que les romains auraient aménagé un système défensif confirmant ainsi la position stratégique du lieu et l'opportunité de fortifications. Il est probable que lors des combats opposant Francs et Alamans ces derniers ont utilisé les constructions romaines qui existaient à cet endroit. La tradition veut que ce soit Clovis qui a fait construire le château du Frankenbourg et que son épouseSainte Clotilde y ait prié pour obtenir la victoire de son mari pendant la bataille de Tolbiac. Plusieurs historiens ont attesté cette version. L'abbé Nartz a écrit "Sigebert cousin de Clovis qui régnait à Cologne, appela à son secours contre les envahisseurs le roi des Francs Saliens Clovis. La bataille s'engagea près de Tolbiac (Zulpich) selun les uns, près d'Argentorate pour les autres. Le Tolbiac serait d'après certains historiens près de Cologne, pour d'autres près de Strasbourg. Ces diverses hypothèses conduisent à penser qu'il pourrait y avoir plusieurs Tolbiac et de ce fait il est souvent difficile dans les brumes du passé d'identifier le lieu réel des combats d'autrefois. Certains ont même avancé le nom de Scherwiller à des traces de bataille ont été trouvées comme l'emplacement probable du véritable Tolbiac.
Ces événements des apparitions sont relatés abondamment dans la presse locale et nationale et repris dans des brochures, ce qui ne fait qu'amplifier le phénomène. Neubois connaît alors une affluence populaire extraordinaire ; au mois de janvier 1873, la Reichsbahn vend plus de 80 000 billets de chemin de fer à destination du Val de Villé.
Une source à l'eau "miraculeuse" est découverte. Plusieurs personnes prétendent avoir été guéries. Les conditions sont donc remplies pour que Neubois devienne le Lourdes alsacien ! Cette arrivée massive de gens commence à inquiéter l'administration allemande surtout que ces apparitions se teintent d'allusions et de propagande politiques : la Sainte Vierge viendrait pour libérer l'Alsace du joug prussien! A Paris est éditée, en 1874, une brochure au nom évocateur : "La résurrection de la France et le châtiment de la Prusse, prédits par Marie en Alsace". L'armée est chargée d'interdire l'accès du lieu des apparitions, puis de l'ensemble du ban communal. Les autorités religieuses restent très prudentes et sceptiques et conseillent la même attitude au chargé d'âmes de la paroisse, notamment à l'abbé Michel Ulrich qui recueille, avec une certaine naïveté, les témoignages des "voyantes" de sa paroisse. Le curé Alphonse Adam, qui lui succède en novembre 1876, puis l'abbé Boersch, à partir de 1879, prêtent une oreille moins attentive aux dépositions des visionnaires qui se font plus rares ; par un patient et minutieux travail d'enquête, ils réussissent à montrer que ces apparitions sont nées de l'imagination des enfants, qui les uns après les autres, se sont rétractés. Peu à peu le village retrouve sa sérénité. Aujourd'hui une petite chapelle rénovée s'élève dans la forêt, près de la source "Mudergottes Brennela" ; elle rappelle aux promeneurs et aux pèlerins ces évènements "surnaturels". L'érection à Neubois, en 1883, de la "Confrérie du Rosaire Vivant", a-t-elle des liens avec ces apparitions ? De nos jours, le culte marial connaît dans le village une dévotion particulière et continue à attirer des pèlerins venus de près ou de loin et il reste de même à L'Hôpital (Moselle) une dévotion mariale particulière des habitants qui s'exprime par la construction d'une Grotte de Lourdes inaugurée le 3octobre1954.