Claude (de) La Colombière, S.J.
né le 2 février 1641 à Saint-Symphorien-d'Ozon
(anciennement en Isère, dans le Rhône depuis 1967)
mort le 15 février 1682 à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)
Confesseur de Marguerite-Marie Alacoque à Paray-le-Monial
Confesseur de la duchesse d'York
"Voilà celui que Je t'envoie !"
Jésus à Marguerite-Marie Alacoque le 15 février 1675
en parlant du Père Claude La Colombière
"Nous rendons grâce, aujourd’hui encore, pour le message confié aux saints de Paray et qui n’a cessé d’étendre son rayonnement. Au seuil de notre siècle, le Pape Léon XIII saluait “dans le Sacré Cœur de Jésus un symbole et une image claire de l’amour infini de Jésus Christ, amour qui nous pousse à nous aimer les uns les autres” (LEONIS XIII Annum Sacrum). Pie XI et Pie XII ont favorisé ce culte, y discernant une réponse spirituelle aux difficultés que rencontrent la foi et l’Église.
Certes, l’expression et la sensibilité évoluent, mais l’essentiel demeure. Lorsqu’on a découvert dans l’adoration eucharistique et la méditation le Cœur de Jésus “toujours brûlant d’amour pour les hommes” (CLAUDE LA COLOMBIÈRE, Retraites, n. 150), comment pourrait-on se laisser séduire par des formes de méditation qui replient sur soi sans accueillir la Présence du Seigneur ? Comment pourrait-on être attiré par la prolifération de conceptions du sacré qui ne font que masquer un tragique vide spirituel ?
Pour l’évangélisation d’aujourd’hui, il faut que le Cœur du Christ soit reconnu comme le cœur de l’Eglise : c’est Lui qui appelle à la conversion, à la réconciliation. C’est Lui qui entraîne sur les voies des Béatitudes les cœurs purs et les affamés de justice. C’est Lui qui réalise la communion chaleureuse des membres du Corps unique. C’est Lui qui permet d’adhérer à la Bonne Nouvelle et d’accueillir les promesses de la vie éternelle. C’est Lui qui envoie en mission. Le cœur à cœur avec Jésus élargit le cœur de l’homme aux dimensions du monde.
Puisse la canonisation de Claude La Colombière être pour toute l’Église un appel à vivre la consécration au Cœur du Christ, consécration qui est don de soi pour laisser la charité du Christ nous animer, nous pardonner et nous entraîner dans son ardent désir d’ouvrir à tous nos frères les voies de la vérité et de la vie !"
Homélie du Pape Jean-Paul II lors de la canonisation du Bienheureux Claude La Colombière, chapitre 7. ; Basilique Vaticane, le dimanche 31 mai 1992.
"Réflexions chrétiennes"
"De la fréquente Communion"
pages 102-103
Claude La Colombière
MDCLXXXIV (1684)
Offrande et Consécration au Sacré-Cœur
de Saint Claude La Colombière
Paray-le-Monial, le vendredi 21 juin 1675
« Cette offrande se fait pour honorer ce divin Cœur, le siège de toutes les vertus, la source de toutes les bénédictions, et la retraite de toutes les âmes saintes.
Les principales vertus qu'on prétend honorer en lui, sont : premièrement, un amour très ardent de Dieu son Père, joint à un respect très profond, et à la plus grande humilité qui fut jamais ; secondement, une patience infinie dans les maux, une contrition et une douleur extrêmes pour les péchés dont il s'était chargé, la confiance d'un fils très tendre alliée avec la confusion d'un très grand pécheur ; troisièmement, une compassion très sensible pour nos misères, un amour immense malgré ces misères, et nonobstant tous ces mouvements, dont chacun était au plus haut point qu'il pût être, une égalité inaltérable causée par une conformité si parfaite à la volonté de Dieu, qu'elle ne pouvait être troublée par aucun événement, quelque contraire qu'il parût à son zèle, à son humilité, à son amour même, et à toutes les autres dispositions où il était.
Ce Cœur est encore, autant qu'on le peut être, dans les mêmes sentiments, et surtout toujours brûlant d'amour pour les hommes, toujours ouvert pour répandre toute sorte de grâces et de bénédictions, toujours touché de nos maux, toujours pressé du désir de nous faire part de ses trésors, et de se donner lui-même à nous, toujours disposé à nous recevoir, et à nous servir d'asile, de demeure et de paradis, dès cette vie.
Pour tout cela, il ne trouve dans le cœur des hommes que dureté, qu'oubli, que mépris, qu'ingratitude ; il aime, et il n'est point aimé, et on ne connaît pas même son amour, parce qu'on ne daigne pas recevoir les dons par où il voudrait le témoigner, ni écouter les tendres et secrètes déclarations qu'il en voudrait faire à notre cœur.
Pour réparation de tant d'outrages et de si cruelles ingratitudes, ô très adorable et très aimable Cœur de mon aimable Jésus, et pour éviter autant qu'il est en mon pouvoir de tomber dans un semblable malheur, je vous offre mon cœur avec tous les mouvements dont il est capable, je me donne tout entier à vous, et, dès cette heure, je proteste très sincèrement que je désire m'oublier moi-même, et tout ce qui peut avoir du rapport avec moi, pour lever l'obstacle qui pourrait m'empêcher l'entrée de ce divin Cœur, que vous avez la bonté de m'ouvrir, et où je souhaite entrer pour y vivre et mourir avec vos plus fidèles serviteurs, tout pénétré et embrasé de votre amour. J'offre à ce Cœur tout le mérite, toute la satisfaction de toutes les messes, de toutes les prières, de toutes les actions de mortification, de toutes les pratiques religieuses, de toutes les actions de zèle, d'humilité, d'obéissance, et de toutes les autres vertus que je pratiquerai jusqu'au dernier moment de ma vie. Non seulement tout cela sera pour honorer le Cœur de Jésus et ses admirables dispositions, mais encore je le prie très humblement d'accepter la donation entière que je lui en fais, d'en disposer en la manière qu'il lui plaira, et en faveur de qui il lui plaira, et comme j'ai déjà cédé aux saintes âmes qui sont dans le purgatoire tout ce qu'il y a dans mes actions de propre à satisfaire la justice divine, je désire que cela leur soit distribué, selon le bon plaisir du Cœur de Jésus.
Cela n'empêchera pas que je ne m'acquitte des obligations que j'ai de dire des messes, et de prier pour de certaines intentions que l'obéissance me prescrit ; que je n'accorde par charité des messes à de pauvres gens ou à mes frères et amis qui m'en pourraient demander ; mais comme alors je me servirai d'un bien qui ne m'appartiendra pas, je prétends, comme il est juste, que l'obéissance, la charité et les autres vertus que je pratiquerai en ces occasions, soient toutes au Cœur de Jésus, où j'aurai pris de quoi exercer ces vertus, lesquelles par conséquent lui appartiendront sans réserve.
Sacré Cœur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c'est la seule voie par où l'on peut entrer en vous. Puisque tout ce que je ferai à l'avenir sera à vous, faites en sorte que je ne fasse rien qui ne soit digne de vous ; enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel vous m'avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de vous plaire, et une plus grande impuissance d'en venir à bout sans une lumière et un secours très particuliers que je ne puis attendre que de vous. Faites en moi votre volonté, Seigneur ; je m'y oppose, je le sens bien, mais je voudrais bien ne pas m'y opposer : c'est à vous à tout faire, divin Cœur de Jésus-Christ, vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint ; cela me paraît plus clair que le jour ; mais ce sera pour vous une grande gloire, et c'est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. Ainsi soit-il. »
"P. de La Colombière, Offrande au Cœur Sacré de Jésus. Le Père Croiset affirme que cette formule d'offrande est, sauf quelques modifications, la consécration que Claude de La Colombière fit à Paray le 21 juin 1675. In Le Bienheureux Claude de La Colombière de la Compagnie de Jésus, Notes spirituelles et pages choisies, Paris, Spes, 1929."
Source : spiritualite-chretienne.com
"Autant qu’Il est grand, Dieu est Bon et Miséricordieux.
C’est un abîme de grandeur, il est vrai ;
mais aussi, c’est un abîme de Miséricorde !"
Saint Claude La Colombière
Communauté jésuite de Paray-le-Monial
« L’amour est douleur, l’Amour porte la Croix, l’Amour pleure de n’être pas aimé. Ton Amour, ô mon Dieu est un Amour de joie souvent baigné de larmes. Ton Amour, ô Jésus, est bonheur et douleur. Il est paix dans les peines et les bourrasques. Il est ma joie et il est ma tristesse. Il est calme dans les tempêtes. Mon cœur saigne, ô Seigneur, dans l’Amour de votre Cœur car Vous n’êtes pas aimé. Car Vous êtes incompris des hommes trop pécheurs, des hommes désespérés qui ont perdu l’espoir, qui ne peuvent plus accepter l’espérance, l’espérance que Vous apportez tandis que votre cri de détresse traverse les siècles et les mondes : "Père ! Pourquoi m’as-Tu abandonné ?" »
Saint Claude La Colombière
Source : voiemystique.free.fr
"Les fruits spirituels abondants qu’a produits la dévotion au Cœur de Jésus sont largement reconnus. S’exprimant notamment par la pratique de l’heure sainte, de la confession et de la communion des premiers vendredis du mois, elle a contribué à inciter des générations de chrétiens à prier davantage et à participer plus fréquemment aux sacrements de Pénitence et de l’Eucharistie. Ce sont là des voies qu’il est souhaitable de proposer aux fidèles aujourd’hui encore."
Extrait de la Lettre du Pape Jean-Paul II au Préposé Général de la Compagnie de Jésus, Pèlerinage Apostolique en France ; Paray-le-Monial, le 5 octobre 1986.
Prières et spiritualité du Père
Claude La Colombière
sanctuaires-paray.com
Acte de confiance en Dieu
"Je suis si persuadé, mon Dieu, que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous, je suis si persuadé qu’on ne peut manquer de rien, quand on attend tout de vous, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci et de me décharger sur vous de toutes mes inquiétudes.
Les hommes peuvent me dépouiller et des biens et de l’honneur ; les maladies peuvent m’ôter les forces et les moyens de vous servir, je puis même perdre votre grâce par le péché ; mais jamais je ne perdrai mon espérance, je la conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie, et tous les démons de l’enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l’arracher.
Que les uns attendent leur bonheur, soit de leurs richesses soit de leurs talents ; que les autres s’appuient ou sur l’innocence de leur vie ou sur la rigueur de leur pénitence, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leur prière ; pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c’est ma confiance-même.
Cette confiance ne trompa jamais personne. Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux parce que j’espère éternellement de l’être et que c’est de vous, ô mon Dieu, que je l’espère.
Je connais, hélas ! et il n’est que trop vrai, combien je suis fragile et changeant ; je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les mieux affermies ; j’ai vu tomber les astres du ciel et les colonnes du firmament ; mais toutes ces chutes ne peuvent m’effrayer ; tant que j’espérerai, je me crois à couvert de tous les malheurs, et je suis sûr d’espérer toujours parce que j’espère encore de votre libéralité cette invariable espérance. Enfin, je suis intimement convaincu que je ne puis trop espérer en vous et que ce que j’obtiendrai de vous sera toujours au-dessus de ce que j’aurai espéré ; ainsi, j’espère que vous m’arrêterez sur les penchants les plus rapides, que vous me soutiendrez contre les plus furieux assauts et que vous ferez triompher ma faiblesse de mes plus redoutables ennemis.
J’espère que vous m’aimerez toujours, et qu’à mon tour, je vous aimerai sans relâche ; et pour porter tout d’un coup mon espérance aussi loin qu’elle peut aller, je veux espérer vous-même de vous-même, ô mon Créateur, et pour le temps et pour l’éternité.
Amen."
Sermon 68 sur la confiance.
Acte de confiance en la Miséricorde
"Seigneur, voici une âme qui est au monde pour exercer votre admirable miséricorde et pour la faire éclater en présence du ciel et de la terre.
Les autres vous glorifient, en faisant voir quelle est la force de votre grâce, par leur fidélité et par leur constance, combien vous êtes doux et libéral envers ceux qui vous sont fidèles ; pour moi, je vous glorifierai en faisant connaître combien vous êtes bon envers les pécheurs, et que votre miséricorde est au-dessus de toute malice, que rien n’est capable de l’épuiser, que nulle rechute, quelque honteuse et criminelle qu’elle soit, ne doit porter un pécheur au désespoir du pardon.
Je vous ai gravement offensé, ô mon aimable Rédempteur ; mais ce serait bien encore pis, si je vous faisais cet horrible outrage de penser que vous n’êtes pas assez bon pour me pardonner.
C’est en vain que votre ennemi et le mien me tend tous les jours de nouveaux pièges : il me fera tout perdre plutôt que l’espérance que j’ai en votre miséricorde.
Quand je serai retombé cent fois et que mes crimes seraient cent fois plus horribles qu’ils ne sont, j’espérerais encore en vous."
Lettre 96
"Seigneur, donnez-moi Votre Cœur"
"Ô mon Dieu, il faut que vous nous donniez un autre cœur ; un coeur tendre, un cœur sensible, un cœur qui ne soit, ni de marbre, ni de bronze ; il nous faut donner votre Cœur même.
Venez, aimable Cœur de Jésus, venez vous placer au milieu de ma poitrine et allumez-y un amour qui réponde, s’il est possible, aux obligations que j’ai d’aimer Dieu.
Aimez Jésus en moi autant que vous m’avez aimé en lui ; faites que je ne vive qu’en lui, que je ne vive que pour lui, afin qu’éternellement je puisse vivre avec lui dans le ciel."
(S 20).
Via Crucis
"Notre-Dame des Douleurs"
"Madonna Addolorata" (1970)
Fratel Mario Venzo (1900-1989)
Peintre jésuite italien
Prière à Saint Claude La Colombière
"Ô fidèle serviteur et parfait ami de mon Seigneur Jésus-Christ, enseigne-moi le chemin de la confiance ; apprends-moi le parfait oubli de moi-même, à renoncer à me rechercher dans ce que je fais, pour que je puisse contempler en tout l’Amour de Dieu, établissant ma demeure dans le Cœur Sacré de mon divin Seigneur.
Apprends-moi à le servir avec tout ce que je suis, sans réserve, comme toi, afin que tout en moi et par moi contribue à sa gloire et au bien de mes frères, avec sa grâce et selon son dessein. Amen."
À Paray-le-Monial, le 1er novembre 2007, en la fête de tous les saints.
Père Antoine Bergeret, chapelain des sanctuaires de Paray-le-Monial.
« Que Vous êtes heureuse, incomparable Marie »
"Que vous êtes heureuse, incomparable Marie, vous qui avez écrasé la tête de ce serpent infernal, vous qui êtes affranchie de toutes ces misères, par votre Conception Immaculée, qui entrez dans la vie avec toutes les prérogatives de la justice originelle, avec un esprit éclairé, une volonté droite, un courage mâle et des passions aussi souples, aussi raisonnables que la raison même ! Mon Dieu ! La belle vie que vous allez faire avec de si grands avantages ! Qu’elle sera tranquille ! Qu’elle sera pure ! Qu’elle sera semblable à celle des anges et des esprits bienheureux !"
(S 26).
"Jésus, le véritable ami"
"Jésus, vous êtes le seul et véritable ami. Vous prenez part à tous mes maux, vous vous en chargez, vous savez le secret de me les tourner en bien, vous m’écoutez avec bonté, lorsque je vous raconte mes afflictions, et vous ne manquez jamais de les adoucir. Je vous trouve toujours et en tout lieu ; vous ne vous éloignez jamais ; et si je suis obligé de changer de demeure, je ne laisse pas de vous trouver où je vais. Vous ne vous ennuyez jamais de m’entendre ; vous ne vous lassez jamais de me faire du bien. Je suis assuré d’être aimé, si je vous aime.
Vous n’avez que faire de mes biens, et vous ne vous appauvrissez point en me communiquant les vôtres. Quelque misérable que je sois, un plus noble, un plus bel esprit, un plus saint même ne m’enlèvera point votre amitié ; et la mort qui nous arrache à tous les autres amis, me doit réunir avec vous. Toutes les disgrâces de l’âge ou de la fortune ne peuvent vous détacher de moi ; au contraire, je ne jouis jamais de vous plus pleinement, vous ne serez jamais plus proche que lorsque tout me sera le plus contraire.
Vous souffrez mes défauts avec une patience admirable ; mes infidélités mêmes, mes ingratitudes ne vous blessent point tellement que vous ne soyez toujours prêt à revenir, si je veux." (R. C. 39).
"Ô Jésus, le plus parfait et le plus passionné de tous les amants ! Ô amour, amour excessif, amour ineffable, amour incompréhensible !
Pardonnez-nous, mon adorable Rédempteur, si nous hésitons quelquefois à croire le mystère de l’Eucharistie.
Ce n’est point faute de soumission que nous avons peine à nous soumettre à cette croyance. Notre peu de foi est une suite comme nécessaire de votre excessive bonté !" (S. 20).
Prière de confiance
début de la lettre écrite par Saint Claude à une religieuse
"Si j’étais en votre place, voici comme je me consolerais. Je dirais à Dieu avec confiance :
"Ô Seigneur, voici une âme qui est au monde pour exercer votre admirable miséricorde et pour la faire éclater en présence du ciel et de la terre. Les autres vous glorifient, en faisant voir quelle est la force de votre grâce, par leur fidélité et leur constance, combien vous êtes doux et libéral envers ceux qui vous sont fidèles : pour moi, je vous glorifierai en faisant connaître combien vous êtes bon envers les pécheurs, et que votre miséricorde est au-dessus de toute malice, que rien n’est capable de l’épuiser, que nulle rechute, quelque honteuse et criminelle qu’elle soit, ne doit porter un pêcheur au désespoir du pardon.
Je vous ai gravement offensé, ô mon aimable Rédempteur ; mais ce serait bien encore pis, si je vous faisais cet horrible outrage de penser que vous n’êtes pas assez bon pour me pardonner. C’est en vain que votre ennemi et le mien me tend tous les jours de nouveaux pièges : il me fera tout perdre plutôt que l’espérance que j’ai en votre miséricorde. Quand je serais retombée cent fois et que mes crimes seraient cent fois plus horribles qu’ils ne sont, j’espèrerais encore en vous." (L. 96).
"Pour moi, mon Dieu, je suis si persuadé que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous et qu’on ne peut manquer de rien, quand on attend de vous toutes choses, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci et de me décharger sur vous de toutes mes inquiétudes : "En paix, aussitôt, je me couche et m’endors. Toi seul, Seigneur, me mets à part dans l’espérance". Les hommes peuvent me dépouiller, et des biens, et de l’honneur ; les maladies peuvent m’ôter les forces et les moyens de vous servir ; je puis même perdre votre grâce par le pêché ; mais jamais je ne perdrai mon espérance ; je la conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie, et tous les démons de l’enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l’arracher : "En paix, aussitôt, je me couche et m’endors". Les autres peuvent attendre leur bonheur, ou de leurs richesses ou de leurs talents ; les autres s’appuient, ou sur l’innocence de leur vie, ou sur la rigueur de leurs pénitences, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leurs prières : "Toi seul, Seigneur, me mets à part dans l’espérance".
Que vos miséricordes sont grandes envers moi, Dieu de majesté ! Hà ! Qui suis-je, que vous daigniez agréer le sacrifice de mon cœur ! Il sera donc tout à vous : les créatures n’y auront plus de part ; aussi n’en valent-elles pas la peine. Soyez donc, aimable Jésus, mon père, mon ami, mon maître, mon tout.
Puisque vous voulez bien être content de mon cœur, ne serait-il pas lui-même déraisonnable, s’il n’était pas content du vôtre ? Je ne veux donc désormais vivre que pour vous, et vivre longtemps, si c’est votre bon plaisir, pour souffrir davantage...
Recevez donc, aimable Sauveur des hommes, ce sacrifice que le plus ingrat des hommes vous fait, pour réparer le tort que jusqu’à cette heure je n’ai cessé de vous faire en vous offensant." (R. 39).
"...Pour moi, Seigneur, toute ma Confiance, c’est ma Confiance même. Cette Confiance ne trompa jamais personne : "Aucun de ceux qui espèrent en toi n’a été confondu". Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être et que c’est de vous, ô mon Dieu, que je l’espère : "En toi, Seigneur, j’ai mis mon espérance, je ne serai pas confondu pour toujours". Je connais, hélas ! Je ne le connais que trop, que je suis fragile et changeant ; je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les plus affermies ; j’ai vu tomber les astres du ciel et les colonnes du firmament. Mais tout cela ne peut m’effrayer tandis que j’espèrerai ; je me tiens à couvert de tous les malheurs et je suis assuré d’espérer toujours parce que j’espère encore cette invariable espérance.
Enfin, je suis sûr que je ne puis trop espèrer en vous et que je ne puis avoir moins que ce que j’aurai espéré de vous. Ainsi j’espère que vous me tiendrez dans les penchants les plus rapides, que vous me soutiendrez contre les plus furieux assauts et que vous ferez triompher ma faiblesse de mes plus redoutables ennemis. J’espère que vous m’aimerez toujours et que je vous aimerai aussi sans relâche ; et, pour porter tout d’un coup mon espérance aussi loin qu’elle peut aller, je vous espère vous-même de vous-même, ô mon Créateur, et pour le temps, et pour l’éternité. Amen." (S. 68).
Sa Sainteté, le Pape Jean-Paul II
en pèlerinage à Paray-le-Monial
« “Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son Amour”.
Avec émotion, je voudrais rendre grâce pour ce message reçu et transmis ici par sainte Marguerite-Marie Alacoque. Auprès de son tombeau, je lui demande d’aider sans cesse les hommes à découvrir l’amour du Sauveur et à s’en laisser pénétrer.
Rendons grâce pour le rayonnement de ce Monastère, nous souvenant de ce que disait déjà saint François de Sales des Filles de la Visitation : “Elles auront le Cœur de Jésus, leur époux crucifié, pour demeure et séjour en ce monde...” Je sais que toute une pléiade de moniale ont été ici des âmes données au Cœur de Jésus.
Rendons grâce pour l’expérience mystique de sainte Marguerite Marie. Il lui a été donné, avec un éclat particulier mais dans une existence cachée, de connaître la puissance et la beauté de l’amour du Christ. Dans l’adoration eucharistique, elle a contemplé le Cœur transpercé pour le salut du monde, blessé par le péché des hommes, mais aussi “source vive” comme en témoigne la lumière qui rayonne des plaies de son corps ressuscité.
Rendons grâce pour l’intimité de l’humble religieuse avec le Sauveur. La souffrance, qui l’a atteinte sous bien des formes, elle l’a généreusement offerte en union avec la Passion du Christ, en réparation pour le péché du monde. Elle s’est reconnue à la fois témoin du salut opéré par le Fils de Dieu, et appelée à s’associer par l’offrande d’elle-même à l’œuvre de sa miséricorde.
Rendons grâce pour la rencontre privilégiée de la sainte religieuse avec le Bienheureux Claude La Colombière. Le soutien de ce fidèle disciple de saint Ignace a permis à Marguerite-Marie de surmonter ses doutes et de discerner l’authentique inspiration de son extraordinaire expérience. Leurs échanges sont un modèle d’équilibre dans le conseil spirituel. Le Père La Colombière, dans de grandes épreuves, a lui-même reçu les avis éclairés de celle qu’il conseillait.
Rendons grâce pour le vaste développement de l’adoration et de la communion eucharistiques qui ont pris d’ici un nouvel essor, grâce au culte du Sacré-Cœur favorisé notamment par la Visitation et les Pères jésuites, approuvé ensuite par les Papes. La dévotion particulière des premiers vendredis du mois a porté beaucoup de fruits, à la suite des messages pressants reçus par Marguerite-Marie. Et je ne puis oublier que les évêques de Pologne avaient obtenu de Clément XIII l’office et la messe du Sacré-Cœur près d’un siècle (1765) avant que la fête soit étendue à l’Eglise universelle (1856).
Rendons grâce pour tant d’initiatives pastorales et de fondations religieuses qui ont trouvé ici une source d’inspiration décisive.
Avec vous qui m’accueillez dans cette Chapelle des Apparitions, les Sœurs de la Visitation unies aux autres religieuses contemplatives du diocèse, avec Monseigneur Gaidon et les chapelains des sanctuaires, invoquons pour toute l’humanité, consacrée au Sacré-Cœur par mon prédécesseur Léon XIII ; la grâce inépuisable de l’amour rédempteur qui découle du Cœur de Jésus." »
Discours du Saint-Père Jean-Paul II au Monastère de la Visitation, Pèlerinage Apostolique en France ; Paray-le-Monial, le dimanche 5 octobre 1986.
Bibliographie
Histoire du Vénérable P. de la Colombière, par le P. Eugène Séguin (1891)
Collection
"Saint Claude La Colombière"
"Apôtre du Sacré-Cœur"
"1641-1682"
Georges Guitton (2006)