1214-1270
Prière à Saint-Louis
Ô vous, dont une couronne immortelle fait la récompense dans les cieux ! Vous, dont le dévouement le plus généreux au service du Roi des Rois, vous donne des droits si mérités aux éloges que les fastes augures de la religion ont consacrés à la gloire des David, des Ezéchias, des Josias, des saints Rois ; vous, qui avez illustré, moins encore par vos faits éclatants que par vos hautes vertus, le trône dont j'approche ; vous, qui y fîtes régner, avec vous, Dieu seul qui vous y avait élevé, et qui n'estimâtes rien de grand sur la terre, que ce qui vous conduisait à son amour, à son imitation, à sa gloire ; grand Roi, grand Homme, grand Saint, obtenez-moi aujourd'hui, et pour tous les moments de ma vie, de participer aux grâces dont vous fûtes comblé, et avec ces dons précieux la correspondance que vous y eûtes vous-même. Destinée, par l'ordre de la Providence, à habiter un séjour semé de tant d'écueils, que j'apprenne, de vos exemples, à prévenir tous les dangers dont j'y suis menacée ; que j'y oppose sans cesse, comme vous, les armes de la prière, de la vigilance, de l'humilité, de la foi, du Saint Sacrement ; que je paraisse aux pieds des Tabernacles, ou dans l'asile secret qui est le dépositaire de mes hommages religieux, avec ces dispositions de recueillement et de ferveur, qui ne pénétraient votre âme qu'à la suite de ces tendres entretiens avec le Dieu de mon cœur. Que je puisse édifier le monde, protéger la religion, aider le prochain, sanctifier, en tout et partout, cette grandeur dont vous avez fait l'instrument de votre sanctification.
Quels droits n'ai-je pas grand Saint, sur les effets de votre singulière protection ? Je la réclame avec confiance, moins encore par la voix de votre sang, qui coule dans mes veines, qu'en vertu des nœuds par lesquels l'Eglise m'a attachée à vous. Agréez mes actions de grâces des biens que, jusqu'à ce moment, vous n'avez cessé de solliciter pour moi ; que j'en sente, de plus en plus, tout le prix, et que j'en accroisse, de jour en jour, la mesure par ma fidélité : que votre intercession m'attire toutes les grâces du salut pendant la vie, tous les trésors de la miséricorde à la mort, toutes vos splendeurs dans l'éternité. Intérêts personnels, mais auxquels mes vœux ne se bornent point, dans cet heureux jour ; vous les appuierez encore en faveur d'un Père, mon Roi ; d'un frère, d'autant plus cher à me tendresse, qu'il est plus digne d'une famille qui vous invoque, ou comme patron ou comme protecteur. Vous voyez tout ce que nos cœurs désirent en ce moment ; vous nous aimez, il nous suffit : qu'est-ce que les rejetons ne doivent pas espérer à l'abri de la tige puissante et bienfaitrice qui les protège dans les cieux ?
Prière de Saint-Louis
Sire le Roi,
qui envoyiez Vos plus beaux chevaliers
en escoutes à la pointe de l'armée chrétienne,
daignez Vous souvenir d'un fils de France
qui voudrait se hausser jusqu'à Vous
pour mieux servir Sire Dieu et dame Sainte Eglise.
Donnez-moi du péché mortel
plus d'horreur que n'en eut Joinville qui pourtant fut bon chrétien,
et gardez-moi pur comme les lys de Votre blason.
Vous qui teniez Votre parole, même donnée à un infidèle,
faites que jamais mensonge ne passe ma gorge,
dût franchise me coûter la vie.
Preux inhabile aux reculades,
coupez les ponts à mes feintises,
et que je marche toujours au plus dru.
Ô le plus fier des barons français,
inspirez-moi de mépriser les pensées des hommes
et donnez-moi le goût de me compromettre
et de me croiser pour l'honneur du Christ.
Enfin, Prince, Prince au grand Coeur,
ne permettez pas
que je sois jamais médiocre, mesquin ou vulgaire,
mais partagez-moi votre Coeur Royal
et faites qu'à Votre exemple, je serve à la française, royalement.
Ainsi soit-il.
Louis IX, El Greco
Autre prière de Saint-Louis
Dieu Tout-Puissant et éternel,
qui avez établi l'empire des Francs pour être dans le monde
l'instrument de Vos Divines Volontés,
le glaive et le bouclier de Votre Sainte Eglise,
nous Vous en prions, prévenez toujours et partout de
Votre céleste Lumière les fils suppliants des Francs,
afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser
Votre règne en ce monde et que, pour accomplir ce qu'ils ont vu,
ils soient remplis de charité, de force et de persévérance,
par Jésus Christ Notre-Seigneur.
Amen.
Oraison tirée d'un missel Carolingien, prière favorite du Père de Foucauld, prière officielle des scouts de France, instituée par le Père Sevin.
Prière à Saint-Louis de Marie-Julie Jahenny
Grand Saint-Louis, Roi de France, héros de la France, priez pour elle.
Grand Saint-Louis, Roi de France, beau lys de pureté, ami du Sacré Coeur de Jésus, priez pour la France.
Grand Saint-Louis, Roi de France, qui avez conservé votre pureté et votre belle innocence et qui n'avez point souillé cette couronne sur le trône que Jésus et Marie vous avaient donné, donnez la paix, priez que la France s'humilie aux pieds de Jésus et de Marie et devant vous.
Grand Saint-Louis, Roi de France, qui venez réconcilier le Ciel avec la Terre et à qui Jésus, le Dieu de la France, donne des Grâces, apportez à la France la paix, faites fleurir la foi, priez pour la France, le Saint-Pontife et l'Église.
Grand Saint-Louis, vous l'ami du Sacré Coeur de Jésus, vous le fervent serviteur de Marie qui L'aimiez tant et qui désiriez mourir un samedi, jour qui Lui était consacré, priez pour nous, enfants malheureux de la France.
Grand Saint-Louis, Roi de France, vous que Jésus et Marie ont reçu entre Leurs bras et à qui Ils ont donné une couronne si belle, priez pour la France.
Grand Saint-Louis, Roi de France, la France vous appelle et vous demande d'apporter cette belle couronne que vous n'avez pas souillée, donnez-la lui comme une seconde couronne, priez pour la France.
Grand Saint-Louis qui priez avec Marie Immaculée pour le Souverain-Pontife au milieu de ses souffrances, de ses calomnies, de ses persécutions, délivrez le Souverain-Pontife.
Grand Saint-Louis, Roi de France, venez aujourd'hui avec Marie Immaculée, réconcilier la France et le Ciel. Tous présents, prions ensemble. Il viendra en aide, faire fleurir la candeur et l'innocence au milieu de la France flétrie, puisque Marie lui en donne le pouvoir, priez pour la France.
Grand Saint-Louis, Roi de France, Jésus et Marie vous permettent de prendre par la main le Roi qui doit la gouverner et lui donner sa couronne que vous n'avez jamais flétrie. Marie vous permet de placer ce Roi sur le trône, qui doit apporter la paix. Priez pour le Souverain-Pontife qui vous appelle pour la France.
Nous voyons en vous un bel espoir, nous voyons votre main bénie ! Marie ne vous refuse rien, vous L'avez tant aimée. Venez à notre secours.
Venez, Vous aussi, Ô Sacré-Coeur de Jésus, ouvrez-Vous tout entier que nous nous y cachions et que nous n'en sortions jamais. Tout à Vous, Ô Sacré-Coeur, tout à Vous Jésus et Marie et tout à vous, Ô bon Saint-Louis, Roi de France.
Marie-Julie contemple Saint-Louis descendant glorieux, elle tombe à genoux.
- Je Vous contemple et je Vous adore, Ô cher Époux, Vous êtes avec Marie Immaculée et Saint-Louis. Je le vois dans sa gloire. Il était autrefois sur le trône du monde mais aujourd'hui il est sur le trône du Ciel. Il offrit sur la Terre, le modèle de cette belle pureté, il a reçu au Ciel une belle couronne. Il était Roi des Français. Il était assis sur un trône qu'il n'a jamais souillé, mais depuis...
- Ah ! dit ce bon Saint-Louis, que de blasphèmes, que de parjures sur ce trône du monde !
Il dit :
- Je reviens faire l‘alliance du Ciel et de la Terre.
- Vous réconcilierez la France avec le Sacré-Coeur.
- Je veux que la France abjure ses erreurs. Marie Immaculée me donne des pouvoirs et des grâces. Je donnerai à la France malheureuse, par mes prières, un baptême nouveau, puis, après, je lui rétablirai son trône, je lui apporterai cette belle palme de pureté au milieu de ce trône et, mon frère en Jésus-Christ qui le gouvernera, conservera l'innocence et la pureté. Jésus et Marie le béniront, béniront sa charité et sa grande foi héroïque.
Je viens à vous pour vous combler de grâces, priez-moi, moi qui était le roi des Français. Je suis au pied du trône éternel.
Extrait des maximes que SAINT-LOUIS
laissa au Prince PHILIPPE [1], son fils et son successeur
Mon cher Fils, le premier conseil que je vous donne, c'est d'aimer Dieu de tout votre cœur et de toutes vos forces, parce que sans Lui, vous ne pouvez rien. Vous devez être dans la disposition de plutôt souffrir tous les maux que de L'offenser mortellement.
S'Il vous envoie quelque maladie, ou quelque autre affliction, vous devez L'en remercier, vous persuadant que vous méritez encore de plus grands châtiments pour L'avoir mal servi, et pour L'avoir offensé. Si vous en recevez quelque faveur, il faut pareillement L'en remercier avec humilité, et prendre garde de n'en pas devenir plus fier. Ce serait un grand mal d'abuser de Ses bienfaits pour L'offenser.
Je vous conseille de vous confesser souvent, et de choisir des confesseurs d'une vie exemplaire et assez savants pour vous instruire de vos devoirs. Usez-en de telle manière avec eux et avec vos autres amis, que vous leur persuadiez pareillement qu'ils peuvent avec liberté et sans rien craindre vous reprendre de vos fautes.
Que l'on vous voie assister volontiers au service de l'Eglise, paraissez-y avec modestie et attention, surtout devant le Saint Sacrifice, et qu'il ne vous échappe aucune parole frivole ou inutile. Ayez le cœur tendre et libéral pour les pauvres. Quand vous aurez quelque inquiétude ou quelque chagrin, s'il est de nature à être communiqué, déchargez-vous-en dans le sein de votre Confesseur, ou de quelque autre personne discrète et capable d'adoucir votre peine. Faites-vous un plaisir d'avoir quelquefois des entretiens de piété avec des gens de bien.
Ne souffrez jamais qu'on tienne devant vous des discours libertins, scandaleux ou médisants ; et punissez sévèrement les paroles qui seraient injurieuses à Dieu et aux Saints.
Ayez une droiture et une équité à toute épreuve. Etudiez-vous aux vertus propres de votre rang. Protégez les Ecclésiastiques, faites du bien aux Religieux et aimez-les.
Aimez et honorez la Reine, votre mère, et écoutez ses conseils.
Chérissez votre famille, soyez zélé pour ses intérêts ; mais que ce ne soit jamais au dépens de la justice.
Servez-vous de votre autorité pour empêcher la discorde entre ceux qui dépendent de vous : vous ne pouvez rien faire qui soit plus agréable à Dieu ; accordez vos grâces aux plus dignes.
Ayez toujours beaucoup de respect pour l'Eglise romaine, et pour le Pape que vous devez honorer comme votre Père spirituel.
Empêchez, dans votre état, tout le mal que vous pourrez ; opposez-vous à tous les dérèglements des paroles et des mœurs.
Chassez-en les hérétiques et les scélérats. Vous êtes obligés de rendre à Dieu ce service avec zèle, en reconnaissance de tous les biens que vous avez reçus de lui.
Ne faites point de dépenses folles.
Je vous donne, mon cher Fils, ma bénédiction telle que peut la donner un père à un fils qu'il aime tendrement.
Si je meurs avant vous, procurez-moi beaucoup de messes et de prières dans toutes les Communautés de France, et donnez-moi part dans toutes les bonnes œuvres que vous ferez.
Je prie N.S.J.C. (Notre Seigneur Jésus Christ) qu'Il vous conserve et qu'Il vous protège par sa Grâce, et qu'Il vous fasse celle de ne jamais rien faire contre Sa Volonté, afin qu'Il soit toujours honoré et servi par vous. Je Lui demande pour moi la même grâce, afin que nous puissions ensemble Le voir, Le louer et L'honorer pendant toute l'éternité. Ainsi soit-il.
Paris, Centre historique des archives nationales, AE II 327.
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[1] Philippe III
Louis IX
Emile Signol
Enseignements à son fils
Autre traduction
Cher fils, je t'enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car sans cela, personne ne peut rien valoir.
Tu dois te garder de toutes choses que tu penseras devoir Lui déplaire et qui sont en ton pouvoir, et spécialement tu dois avoir cette volonté que tu ne fasses un péché mortel pour nulle chose qui puisse arriver, et qu'avant de faire un péché mortel avec connaissance, que tu souffrirais que l'on te coupât les jambes et les bras et que l'on t'enlevât la vie par le plus cruel martyre.
Si Notre Seigneur t'envoie persécution, maladie ou autre souffrance, tu dois la supporter débonnairement, et tu dois L'en remercier et Lui savoir bon gré, car il faut comprendre qu'Il l'a fait pour ton bien. De plus, tu dois penser que tu as mérité ceci (et encore plus s'Il le voulait) parce que tu L'as peu aimé et peu servi, et parce que tu as fait beaucoup de choses contre Sa Volonté.
Si Notre Seigneur t'envoie prospérité, santé du corps ou autre chose, tu dois L'en remercier humblement, et puis prendre garde qu'à cause de cela, il ne t'arrive pas de malheur causé par orgueil ou par une autre faute, car c'est un très grand péché de guerroyer Notre Seigneur de Ses Dons.
Cher fils, je t'enseigne que tu entendes volontiers le service de la Sainte Église, et quand tu seras à l'église, garde-toi de perdre ton temps et de parler vaines paroles. Dis tes oraisons avec recueillement ou par bouche ou de pensée, et spécialement, sois plus recueilli et plus attentif à l'oraison pendant que le Corps de Notre Seigneur Jésus Christ sera présent à la messe, et puis aussi pendant un petit moment avant.
Cher fils, je t'enseigne que tu aies le coeur compatissant envers les pauvres et envers tous ceux que tu considéreras comme souffrants ou de coeur ou de corps ; et selon ton pouvoir, soulage-les volontiers, ou de soutien moral, ou d'aumônes.
Prends garde que tu sois si bon en toutes choses qu'il soit évident que tu reconnaisses les générosités et les honneurs que Notre Seigneur t'a faits, de sorte que, s'il plaisait à Notre Seigneur que tu aies l'honneur de gouverner le royaume, tu sois digne de recevoir l'onction avec laquelle les rois de France sont sacrés.
Cher fils, s'il advient que tu deviennes roi, prends soin d'avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c'est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu'il arrive, tu ne t'écartes de la justice. Et s'il advient qu'il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu'à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice.
Sois bien diligent de protéger dans tes domaines toutes sortes de gens, surtout les gens de Sainte Église ; défends qu'on ne leur fasse tort ni violence en leurs personnes ou en leurs biens.
Cher fils, je t'enseigne que tu sois toujours dévoué à l'Église de Rome et à notre Saint-Père le Pape, et lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel.
Mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre, c'est-à-dire les vilains serments et toute chose qui se fait ou se dit contre Dieu ou Notre-Dame ou les saints : péchés de corps, jeux de dés, tavernes ou autres péchés. Fais abattre tout ceci en ta terre sagement et en bonne manière.
Cher fils, je te donne toute la bénédiction qu'un père peut et doit donner à son fils, et je prie Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ que, par sa grande Miséricorde et par les prières et par les mérites de sa Bienheureuse Mère, la Vierge Marie, et des anges et des archanges, de tous les saints et de toutes les saintes, Il te garde et te défende que tu ne fasses chose qui soit contre Sa Volonté, et qu'Il te donne Grâce de faire Sa Volonté, afin qu'Il soit servi et honoré par toi ; et puisse-t-Il accorder à toi et à moi, par Sa grande Générosité, qu'après cette mortelle vie, nous puissions venir à Lui pour la vie éternelle afin de Le voir, aimer et louer sans fin. Amen.
La reine Blanche de Castille avec son fils Saint-Louis
Hommage à la reine Blanche de Castille,
mère de Saint-Louis :
« Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes choses ; cependant, sachez-le bien, j'aimerais mieux vous voir mort que coupable d'un seul péché mortel. »
Biographie de la reine Blanche de Castille
Saint-Louis, en apprenant la mort de sa mère :
« Seigneur mon Dieu, que Votre Volonté soit faite ! Vous savez que je n'ai jamais aimé aucune créature plus que cette mère qui étoit si aimable, et il me sembloit qu'elle en étoit digne ; je Vous rends grâce, Ô mon Dieu ! de me l'avoir conservée si longtemps, et je me soumets à Votre Volonté ! »
Vœu de Louis XIII
Nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très Sainte et Glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre Royaume, nous lui consacrons particulièrement notre Personne, notre Etat, notre Couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une si sainte conduite, et défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que soit qu'il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire.
Saint-Louis (Emile Signol)
Prayer to Saint Louis king of France
Father,
You raised Saint Louis
from the cares of earthly rule
to the glory of Your heavenly kingdom.
By the help of his prayers,
may we come to Your eternal kingdom
by our work here on earth.
Grant this through our Lord Jesus Christ, Your Son,
who lives and reigns with You and the Holy Spirit,
one God, for ever and ever. Amen.