Blog Parousie de Patrick ROBLES (Puget-Théniers, Alpes-Maritimes - FRANCE)
Edmond Eugène Joseph Alexis Rostand
né le 1er avril 1868 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
mort le 2 décembre 1918 à Paris 7ème
"La Samaritaine, Évangile en trois tableaux, en vers"
Pièce d'Edmond Rostand (1897)
1er tableau
« Le Puits de Jacob »
PIERRE
Que nous demandes-tu, Rabbi ?
JÉSUS
D'être parfaits.
On se sent allégé quand on porte mon faix.
Portez-le. Chérissez le prochain.
Scène IV
…Les vrais adorateurs n'adoreront le Père
Qu'en esprit et qu'en vérité ; car la prière
Ne peut pas à l'Esprit plaire selon le lieu.
Car le Père est Esprit, car il n'est qu'Esprit, Dieu !
Et c'est donc dans l'Esprit, et dans l'Esprit encore
Et dans l'Esprit toujours, qu'il faudra qu'on l'adore.
Scène V
2ème tableau
« La Porte de Sichem »
…« Soyez doux. Comprenez. Admettez. Souriez.
Ayez le regard bon. Ce que vous voudriez
Qu'on vous fît, que ce soit ce qu'aux autres vous faites :
Voilà toute la loi, voilà tous les prophètes !
Envoyez votre coeur souffrir dans tous les maux !... »
Enfin, que sais-je, moi ! Des mots nouveaux ! Des mots
Parmi lesquels un mot revient, toujours le même :
Amour… amour… aimer ! Le ciel, c'est quand on aime.
Pour être aimés du Père, aimez votre prochain.
Donnez tout par amour. Partagez votre pain
Avec l'ami qui vient la nuit, et le demande.
Si vous vous souvenez, en faisant votre offrande,
Que votre frère a quelque chose contre vous,
Sortez, et ne venez vous remettre à genoux
Qu'ayant, la paix conclue, embrassé votre frère…
D'ailleurs, un tel amour, c'est encor la misère.
Aimer son frère est bien, mais un païen le peut.
Si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, c'est peu :
Aimez qui vous opprime et qui vous fait insulte !
Septante fois sept fois pardonnez ! C'est mon culte
D'aimer celui qui veut décourager l'amour.
S'il vous bat, ne criez pas contre, priez pour.
S'il vous prend un manteau, donnez-lui deux tuniques.
Aimez tous les ingrats comme des fils uniques.
Aimez vos ennemis, vous serez mes amis.
Aimez beaucoup, pour qu'il vous soit beaucoup remis.
Aimez encore. Aimez toujours. Aimez quand même.
Aimez-vous bien les uns les autres. Quand on aime,
Il faut sacrifier sa vie à son amour.
Moi je vous montrerai comment on aime, un jour…
Amour ! N'ayez que de l'amour dans la poitrine !
Aimez-vous ! »
Un homme citant Jésus, en s’adressant à Photine (scène III)
Sarah Bernhardt, jouant Photine dans la pièce
3ème tableau
« Salvator Mundi »
Il faudra que pourtant vous vous accoutumiez
À ce que les derniers, pour moi, soient les premiers !
Jésus à Ses disciples (scène première)
UN AUTRE
Nous sommes les moutons maigres, méchants, maudits,
Du troupeau triste et noir !
JÉSUS
Vous êtes mes brebis.
- Une ouaille ne peut pas m'être moins chérie
Parce qu'elle est de telle ou telle bergerie.
J'irai dans tous les prés faire entendre ma voix ;
J'abattrai doucement les clôtures de bois ;
Dans l'herbe tomberont les piquets et les planches,
Jusqu'à ce qu'il n'y ait, brebis noires et blanches
Se rassemblant sous ma houlette au poids léger,
Plus qu'une bergerie au monde, et qu'un berger.
Scène II
Source :
« La Samaritaine, évangile en trois tableaux, en vers », par Edmond Rostand.
« Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Renaissance, le Mercredi Saint (14 Avril 1897) ».
Éditions Eugène Fasquelle ; 11, rue de Grenelle, Paris, 1901.
"La Samaritaine, Évangile en trois tableaux, en vers", d'Edmond Rostand (1897)
Edmond Rostand en 1898
Célèbre réplique dans
"L'Aiglon" d'Edmond Rostand
Acte II, scène IX, pages 91-92
"Le Duc, Marmont, Flambeau"
"Le Laquais (descendant peu à peu vers Marmont)."
« Et nous, les petits, les obscurs, les sans-grades,
Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades,
Sans espoir de duchés ni de dotations ;
Nous qui marchions toujours et jamais n'avancions ;
Trop simples et trop gueux pour que l'espoir nous berne
De ce fameux bâton qu'on a dans sa giberne ;
Nous qui par tous les temps n'avons cessé d'aller,
Suant sans avoir peur, grelottant sans trembler,
Ne nous soutenant plus qu'à force de trompette,
De fièvre, et de chansons qu'en marchant on répète ;
Nous sur lesquels pendant dix-sept ans, songez-y,
Sac, sabre, tourne-vis, pierres à feu, fusil,
- Ne parlons pas du poids toujours absent des vivres ! -
Ont fait le doux total de cinquante-huit livres ;
Nous qui coiffés d'oursons sous les ciels tropicaux,
Sous les neiges n'avions même plus de shakos ;
Qui d'Espagne en Autriche exécutions des trottes ;
Nous qui pour arracher ainsi que des carottes
Nos jambes à la boue énorme des chemins,
Devions les empoigner quelque fois à deux mains ;
Nous qui pour notre toux n'ayant pas de jujube,
Prenions des bains de pied d'un jour dans le Danube ;
Nous qui n'avions le temps quand un bel officier
Arrivait, au galop de chasse, nous crier :
« L'ennemi nous attaque, il faut qu'on le repousse ! »
Que de manger un blanc de corbeau sur le pouce,
Ou vivement, avec un peu de neige, encor,
De nous faire un sorbet au sang de cheval mort ;
Nous… »
Source :
« L’Aiglon, Drame en six Actes, en vers », par Edmond Rostand.
« Représenté pour la première fois au Théâtre Sarah-Bernhardt, le 15 mars 1900. »
Éditions Eugène Fasquelle ; 11, rue de Grenelle, Paris, 1922.
François Charles Joseph Bonaparte
Napoléon II, "l'Aiglon" (1811-1832)
Prince impérial, roi de Rome, prince de Parme, duc de Reichstadt
fils de Napoléon et de Marie-Louise d'Autriche
Peinture de 1853 par Étienne Billet (1821-1888)
"L'Aiglon, Drame en 6 Actes, en vers" d'Edmond Rostand (1900)