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Blog Parousie de Patrick ROBLES (Puget-Théniers, Alpes-Maritimes - FRANCE)

Sermons du Saint Curé d'Ars 2


II. - Mais, terrible et effrayante révolution ! j'entends la même trompette qui crie aux réprouvés de sortir des enfers. Venez, pécheurs, bourreaux et tyrans, dira Dieu qui voulait tous vous sauver, venez, paraissez au tribunal du Fils de l'homme ; de celui dont vous avez si souvent osé vous persuader qu'il ne vous voyait, ni ne vous entendait ! venez et paraissez, car tout ce que vous avez jamais commis sera manifesté en face de tout l'univers. Alors l'ange criera : Abîmes des enfers, ouvrez vos portes ! vomissez tous ces réprouvés ! leur juge les appelle. Ah ! terrible moment ! toutes ces malheureuses âmes réprouvées, horribles comme des démons, sortiront des abîmes, iront, comme des désespérés, chercher leurs corps. Ah ! cruel moment ! dans l'instant où l'âme entrera dans son corps, ce corps éprouvera toutes les rigueurs de l'enfer. Ah ! ce maudit corps, ces maudites âmes se donneront mille et mille malédictions. Ah ! maudit corps, dira l'âme à son corps qui l'a roulée et traînée dans la fange de ses impuretés il y a déjà plus de mille ans que je souffre et que je brûle dans les enfers. Venez, maudits yeux, qui tant de fois avez pris plaisir à faire des regards déshonnêtes sur vous ou sur d'autres, venez en enfer pour y contempler les monstres les plus horribles. Venez, maudites oreilles, qui avez pris tant de plaisir à ces paroles, à ces discours impurs, venez éternellement entendre les cris, les hurlements et les rugissements des démons. Venez, maudite langue et maudite bouche, qui tant de fois avez donné des baisers impurs et qui n'avez rien épargné pour contenter votre sensualité et votre gourmandise ; venez en enfer, où vous n'aurez que le fiel des dragons pour nourriture. Viens, maudit corps, que j'ai tant cherché à contenter ; viens, tu seras étendu, pendant l'éternité, dans un étang de feu et de soufre, allumé par la puissance et la colère de Dieu ! Ah ! qui pourra comprendre et nous raconter les malédictions que le corps et l'âme vont se vomir pendant toute l'éternité ?
Oui, M.F., voilà tous les justes et les réprouvés qui ont repris leur ancienne forme, c'est-à-dire, leurs corps tels que nous les voyons maintenant, qui attendent leur juge ; mais un juge juste et sans compassion, pour récompenser ou punir, selon le bien et le mal que nous aurons fait. Le voilà qui arrive, assis sur un trône, éclatant de gloire, environné de tous les anges, et l'étendard de sa croix marchant devant lui. Les damnés voyant leur juge ; ah ! que dis-je ? voyant celui qu'ils n'ont vu crucifié que pour leur procurer le bonheur du paradis, et qui, malgré lui se sont damnés : Montagnes, s'écrieront-ils, écrasez-nous, arrachez-nous de la face de notre juge ; rochers, tombez sur nous ; ah ! de grâce, précipitez-nous dès maintenant dans les enfers ! - Non, non, pécheur : avance et viens rendre compte de toute ta vie. Avance, malheureux ; qui as tant méprisé un Dieu si bon ! - Ah ! mon juge, mon père, mon créateur, où sont mon père, ma mère qui m'ont damné ? ah ! je veux les voir ; ah ! je veux leur demander le ciel qu'ils m'ont laissé perdre. Mon père et ma mère, c'est vous qui m'avez damné ; c'est vous qui êtes cause de mon malheur. - Non, non, avance vers le tribunal de ton Dieu, tout est perdu pour toi. - Ah ! mon juge, s'écriera cette jeune fille..., où est ce libertin qui m'a ravi le ciel ? - Non, non, avance : il n'y a plus de recours, tu es damnée ! plus d'espérance pour toi : oui, tu es perdue ; oui, tout est perdu, puisque tu as perdu ton âme et ton Dieu. Ah ! qui pourra comprendre le malheur d'un damné qui verra vis-à-vis de lui, c'est-à-dire, du côté des saints, un père ou une mère tout rayonnants de gloire et adjugés pour le ciel ; et se verra, lui, réservé pour l'enfer ! Montagnes, diront ces réprouvés, arrachez-vous ; ah ! de grâce, tombez-nous dessus ! Ah ! portes des abîmes, ouvrez-vous pour nous cacher ! - Non, pécheur, tu as toujours méprisé mes commandements ; mais c'est aujourd'hui que je veux te montrer que je suis ton maître. Parais devant moi avec tous tes crimes dont ta vie n'est qu'un tissu. Ah ! c'est alors, nous dit le prophète Ézéchiel, que le Seigneur prendra cette grande feuille miraculeuse, où sont écrits et consignés tous les crimes des hommes. Combien de péchés qui n'ont jamais paru aux yeux de l'univers et qui vont paraître ! Ah ! tremblez, vous qui, peut-être depuis quinze ou vingt ans, avez accumulé péchés sur péchés ! Ah ! malheur à vous !
Alors Jésus-Christ, le livre des consciences à la main, appellera tous les pécheurs pour les convaincre de tous les péchés qu'ils auront commis pendant toute leur vie, d'un ton de tonnerre épouvantable : Venez, impudiques, leur dira-t-il, approchez et lisez jour par jour ; voilà toutes ces pensées qui ont sali votre imagination, tous ces désirs honteux qui ont corrompu votre cœur ; lisez, et comptez vos adultères ; voilà le lieu, le moment où vous les avez commis ; voilà la personne avec laquelle vous avez péché. Lisez toutes vos mollesses et vos lubricités, lisez et comptez combien vous avez perdu d'âmes qui m'avaient coûté si cher. Il y avait plus de mille ans que votre corps était pourri et votre âme en enfer, que votre libertinage entraînait encore des âmes en enfer. Voyez cette femme que vous avez perdue ; voyez ce mari, ces enfants et ces voisins ! tous demandent vengeance, tous vous accusent que vous les avez perdus et disent que sans vous ils seraient pour le ciel. Venez, filles mondaines, instruments de Satan, venez et lisez tous ces soins et ces temps que vous avez employés à vous parer ; comptez le nombre de mauvaises pensées et de mauvais désirs que vous avez donnés à ceux qui vous ont vues. Voyez-vous toutes les âmes qui crient que c'est vous qui les avez perdues. Venez, médisants, semeurs de faux rapports, venez et lisez, voilà où sont marquées toutes vos médisances, vos railleries et vos noirceurs ; voilà toutes les divisions que vous avez occasionnées ; voilà tous les troubles que vous avez fait naître, toutes les pertes et tous les maux dont votre maudite langue a été la première cause. Allez, malheureux ; entendre en enfer les cris et les hurlements épouvantables des démons. Venez, maudits avares, lisez, et comptez cet argent et ces biens périssables auxquels vous avez attaché votre cœur, au mépris de votre Dieu, et pour lesquels vous avez sacrifié votre âme. Avez-vous oublié votre dureté pour les pauvres ? Le voilà, votre argent, et comptez-le ; voilà votre or et votre argent, demandez-leur maintenant du secours, dites-leur qu'ils vous tirent d'entre mes mains. Allez, maudits, crier famine dans les enfers. Venez, vindicatifs, lisez et voyez tout ce que vous avez fait pour nuire à vôtre prochain ; comptez toutes ces injustices, comptez toutes ces pensées de haine et de vengeance que vous avez nourries dans votre cœur ; allez, malheureux, en enfer. Vous avez été rebelles : mes ministres vous ont mille fois dit que si vous n'aimiez pas votre prochain comme vous-mêmes, il n'y avait point de pardon pour vous. Retirez-vous de moi, maudits, allez aux enfers, où vous serez les victimes de ma colère éternelle ; où vous apprendrez que la vengeance appartient à Dieu seul. Viens, viens, ivrogne, regarde : voilà jusqu'à un verre le vin, jusqu'à un morceau le pain que tu as arraché de la bouche de ta femme et de tes enfants ; voilà tous tes excès, les reconnais-tu ? Sont-ce bien les tiens, ou, ceux de ton voisin ? Voilà le nombre de nuits, de jours que tu as passés dans les cabarets, les dimanches et les fêtes, voilà, jusqu'à une seule, les paroles déshonnêtes que tu as dites dans ton ivresse ; voilà tous les jurements, toutes les imprécations que tu as vomies ; voilà tous les scandales que tu as donnés à ta femme, à tes enfants et à tes voisins. Oui, j'ai tout écrit et tout compté. Va, malheureux, t'enivrer dans les enfers du fiel de ma colère. Venez, marchands, ouvriers, de quelque état que vous soyez ; venez, rendez-moi compte jusqu'à une obole, de tout ce que vous avez acheté et vendu ; venez, examinons ensemble si vos mesures et vos comptes sont conformes aux miens ? Voilà, marchands, le jour où vous avez trompé cet enfant ;
voilà ce jour où vous avez fait payer deux fois la même chose. Venez, profanateurs des sacrements, voilà tous vos sacrilèges, toutes vos hypocrisies. Venez, pères et mères, rendez-moi compte de ces âmes que je vous ai confiées ; rendez-moi compte de tout ce qu'ont fait vos enfants, vos domestiques ; voilà toutes les fois que vous leur avez donné la permission pour aller dans des lieux et des compagnies où ils ont péché. Voilà toutes les mauvaises pensées et les mauvais désirs que votre fille a donnés ; voilà tous les embrassements et autres actions infâmes ; voilà toutes ces paroles impures que votre fils a prononcées. Mais, Seigneur, diront les pères et mères, je ne le lui ai pas commandé. N'importe, leur dira leur juge, les péchés de tes enfants sont les tiens . Où sont les vertus que tu leur as fait pratiquer ? Où sont les bons exemples que tu leur as donnés ? Où les bonnes œuvres que tu leur as fait faire ? Hélas ! que vont devenir ces pères et mères qui voient que leurs enfants, les uns s'en vont danser, les autres dans les jeux et les cabarets, et qui vivent tranquilles ? O mon Dieu, quel aveuglement ! Oh ! que de crimes dont ils vont se voir accablés dans ces terribles moments ! Oh ! que de péchés cachés qui vont être manifestés à la face de tout l'univers ! Oh ! abîmes profonds des enfers, ouvrez-vous pour engloutir ces foules de réprou-vés qui n'ont vécu que pour outrager Dieu et se damner. Alors, me direz-vous, toutes les bonnes œuvres que nous avons faites ne nous serviront donc de rien ? Ces jeûnes, ces pénitences, ces aumônes, ces communions ; ces confessions seront donc sans récompense ? Non, vous dira Jésus-Christ, toutes vos prières n'étaient que routine, vos jeûnes qu'hypocrisie, vos aumônes que vaine gloire ; votre travail n'avait point d'autre but que l'avarice et la cupidité ; vos souffrances n'étaient accompagnées que de plaintes et de murmures ; dans ce que vous faisiez, je n'étais pour rien. D'ailleurs je vous ai récompensés par des biens temporels, j'ai béni votre travail ; j'ai donné la fertilité à vos champs, enrichi vos enfants ; le peu de bien que vous avez fait, je vous en ai donné toute la récompense que vous pouviez en attendre. Mais, vous dira-t-il, vos péchés vivent encore, ils vivront éternellement devant moi ; allez, maudits, au feu éternel préparé pour tous ceux qui m'ont méprisé pendant leur vie.
Sentence terrible, mais infiniment juste. Quoi de plus juste ? Un pécheur qui, toute sa vie, n'a fait que se rouler dans le crime, malgré les grâces que le bon Dieu lui présentait sans cesse pour en sortir ! Voyez-vous ces impies qui se raillaient de leur pasteur, qui méprisaient la parole de vie, qui tournaient en ridicule ce que leur pasteur leur disait ? Voyez-vous ces pécheurs qui se faisaient gloire de n'avoir point de religion, qui raillaient ceux qui la pratiquaient ? Les voyez-vous, ces mauvais chrétiens qui avaient si souvent à la bouche ces horribles blasphèmes, qui disaient qu'ils trouvaient encore le pain bien bon et qu'ils n'avaient pas besoin de la confession ? Voyez-vous ces incrédules qui nous disaient que, quand nous étions morts, tout était fini ? Voyez-vous leur désespoir, les entendez-vous avouer leur impiété ? Les entendez-vous crier miséricorde ? Mais tout est fini, vous n'avez plus que l'enfer pour partage. Voyez-vous cet orgueilleux qui raillait et méprisait tout le monde ? Le voyez-vous abîmé dans son cœur, condamné pour une éternité sous les pieds des démons ? Voyez-vous cet incrédule qui disait qu'il n'y a ni Dieu, ni enfer ? Le voyez-vous avouer à la face de tout l'univers qu'il y a un Dieu qui le juge et un enfer où il va être précipité pour ne jamais en sortir ? Il est vrai que Dieu donnera la liberté à tous les pécheurs de donner leurs raisons et leurs excuses pour se justifier, s'ils le peuvent. Mais, hélas ! que pourra dire un criminel qui ne voit en lui-même que crime et ingratitude ? Hélas ! tout ce que pourra dire un pécheur dans ce moment malheureux ne servira qu'à montrer davantage son impiété et son ingratitude.

III. - Voici sans doute, M.F., ce qu'il y aura de plus effrayant dans ce terrible moment, ce sera quand nous verrons que Dieu n'a rien épargné pour nous sauver, qu'il nous a fait part des mérites infinis de sa mort sur la croix, qu'il nous a fait naître dans le sein de son Église, qu'il nous a donné des pasteurs pour nous montrer et nous enseigner tout ce que nous devions faire pour être heureux. Il nous a donné les sacrements pour nous faire recouvrer son amitié toutes les fois que nous l'avions perdue ; il n'a point mis de bornes au nombre des péchés, qu'il voulait nous pardonner ; si notre retour était sincère, nous étions sûrs de notre pardon. Il nous a attendus nombre d'années, quoique nous ne vivions que pour l'outrager ; il ne voulait pas nous perdre, mais plutôt il voulait absolument nous sauver ; et nous n'avons pas voulu ! C'est nous-mêmes qui le forçons par nos péchés de porter une sentence de réprobation éternelle : Allez, maudits enfants, allez trouver celui que vous avez imité : pour moi, je ne vous reconnais pas, sinon pour vous écraser de toutes les fureurs de ma colère éternelle.
Venez, nous dit le Seigneur par un de ses prophètes, venez, hommes, femmes, riches et pauvres, pécheurs, qui que vous soyez, de quelque état et condition que vous soyez, dites tous ensemble, dites vos raisons et moi je dirai les miennes. Entrons en jugement, pesons tout au poids du sanctuaire. Ah ! terrible moment pour un pécheur qui, de quelque côté qu'il considère sa vie, ne voit que péché et point de bien ! Mon Dieu ! que va-t-il, devenir ! Dans ce monde, le pécheur a toujours quelque excuse à alléguer à tous les péchés qu'il a commis ; il porte même son orgueil jusqu'au tribunal de la pénitence, où il ne devrait paraître que pour s'accuser lui-même et se condamner. Les uns prétextent l'ignorance ; les autres, les tentations trop violentes ; enfin d'autres, les occasions et les mauvais exemples : voilà tous les jours, les raisons que donnent les pécheurs pour cacher la noirceur de leurs crimes. Venez, pécheurs orgueilleux, voyons si vos excuses seront bien reçues au jour du jugement, et expliquez-vous avec celui qui, le flambeau à la main, a tout vu, tout compté, tout pesé.
Vous ne saviez pas, dites-vous, que cela était un péché ! Ah ! malheureux, vous dira Jésus-Christ, si vous étiez né parmi les nations idolâtres qui n'ont jamais entendu parler du vrai Dieu, vous pourriez encore un peu vous excuser sur votre ignorance ; mais vous, chrétien, qui avez eu le bonheur de naître dans le sein de mon Église, d'être élevé au centre de la lumière, vous à qui l'on a si souvent parlé de votre bonheur éternel ! Dès votre enfance, on vous apprenait tout ce qu'il fallait faire pour vous le procurer ; vous que jamais l'on ne cessa d'instruire, d'exhorter et de reprendre, vous osez vous excuser sur votre ignorance ! Ah ! malheureux, si vous viviez dans l'ignorance, c'était bien parce que vous n'aviez pas voulu vous instruire ; c'était bien parce que vous n'aviez pas voulu profiter des instructions ou que vous les aviez fuies. Allez, malheu-reux ! allez, vos excuses vous rendent encore plus digne de malédictions ! Allez, maudit enfant, dans les enfers, y brûler avec votre ignorance.
Mais, dira un autre, mes passions étaient bien vives, et ma faiblesse était bien grande. - Mais, leur dira le Seigneur, puisque Dieu était si bon que de vous faire connaître votre faiblesse, et que vos pasteurs vous disaient qu'il fallait continuellement veiller sur vous-même, vous mortifier, si vous vouliez dompter vos passions, pourquoi faisiez-vous donc tout le contraire ? Pourquoi preniez-vous tant de soins de contenter votre corps et de chercher vos plaisirs ? Dieu vous faisait connaître votre faiblesse, et vous tombiez à chaque instant : pourquoi n'aviez-vous donc pas recours à Dieu pour lui demander sa grâce ? Pourquoi n'écoutiez-vous pas vos pasteurs, qui ne cessaient de vous exhorter à demander les grâces et les forces dont vous aviez besoin pour vaincre le démon ? Pourquoi avez-vous eu tant d'indifférence et de mépris pour les sacrements, où vous aviez tant de grâce, tant de force, pour faire le bien et éviter le mal ? Pourquoi avez-vous donc si souvent méprisé la parole de Dieu, qui vous aurait guidé dans le chemin que vous deviez prendre pour aller à lui ? Ah ! pécheurs ingrats et aveugles, tous ces biens étaient à votre disposition, vous pouviez vous en servir comme tant d'autres. Qu'avez-vous fait pour vous empêcher de tomber dans le péché ? Si vous avez prié et n'avez pas obtenu, c'est que vous n'avez prié que par routine ou habitude. Allez, malheureux ! plus vous aviez connu votre faiblesse, plus vous deviez avoir recours à Dieu qui vous aurait soutenu et aidé à opérer votre salut. Allez, maudit, vous n'en êtes que plus criminel.
Mais, il y a tant d'occasion de pécher, dira encore un autre. - Mon ami, je connais trois sortes d'occasions qui peuvent nous porter au péché. Tous les états ont leurs dangers et offrent de ces occasions. Je dis qu'il y en a trois sortes : celles où nous sommes nécessairement exposés par les devoirs de notre état, celles que nous rencontrons sans les chercher, et celles où nous nous engageons sans nécessité. Si celles où nous nous engageons sans nécessité ne nous serviront point d'excuses, ne cherchons pas à excuser un péché par un autre péché. Vous avez entendu chanter une mauvaise chanson, dites-vous ; vous avez entendu une médisance ou une calomnie : et pourquoi êtes-vous allé dans cette maison ou cette compagnie ? Pourquoi fréquentez-vous ces personnes sans religion ? Ne savez-vous pas que celui qui s'expose au danger est coupable et y périra ? Celui qui tombe sans s'exposer se relève aussitôt, et sa chute le rend encore plus vigilant et plus sage. Mais ne voyez-vous pas que Dieu qui nous a promis son secours dans nos tentations, ne nous l'a pas promis lorsque nous avons la témérité de nous exposer de nous-mêmes ? Allez, malheureux, vous avez cherché vous-même à vous perdre ; vous méritez l'enfer qui est réservé aux pécheurs comme vous.
Mais, me direz-vous, l'on a continuellement de mauvais exemples devant les yeux. - Vous avez de mauvais exemples, quelle frivole excuse ! Si vous en avez de mauvais, n'en avez-vous pas aussi de bons ? Pourquoi n'avez-vous pas plutôt suivi les bons que les mauvais ? Lorsque vous voyiez aller cette jeune fille à l'église, à la table sainte, pourquoi ne la suiviez-vous pas plutôt que celle qui allait aux danses ? Lorsque ce jeune homme venait à l'église pour y adorer Jésus-Christ dans son saint tabernacle, pourquoi n'avez-vous pas plutôt suivi ses traces que celles de celui qui allait au cabaret ? Dites plutôt, pécheur, que vous avez mieux aimé suivre la voie large qui vous a conduit dans ce malheur où vous vous trou-vez, que le chemin que le Fils de Dieu a tracé lui-même. La vraie cause de vos chutes et de votre réprobation ne sont donc ni des mauvais exemples, ni des occasions, ni de vos faiblesses, ni des grâces qui vous manquaient ; mais seulement des mauvaises dispositions de votre cœur que vous n'avez pas voulu réprimer. Si vous avez fait le mal, c'est parce que vous l'avez bien voulu. Votre perte vient donc uniquement de vous.
Mais, me direz-vous, l'on nous avait toujours dit que Dieu était bon. - Il est vrai qu'il est bon ; mais il est juste : sa bonté et sa miséricorde sont passées pour vous ; il n'y a plus que sa justice et sa vengeance. Hélas ! M.F., nous qui avons tant de répugnance pour nous confesser, si, cinq minutes avant ce grand jour, Dieu nous donnait des prêtres, pour leur confesser nos péchés, afin qu'ils fussent effacés, ah ! avec quel empressement n'en profi-terions-nous pas ? Ce qui ne nous sera point accordé en ce moment de désespoir. Le roi Bogoris fut bien plus sage que nous : ayant été instruit par un missionnaire de la religion catholique, il était retenu encore par les faux plaisirs du monde. Par un effet de la providence de Dieu, un peintre chrétien, à qui il avait donné commission de peindre dans son palais la chasse la plus terrible aux bêtes farouches, lui peignit au contraire le jugement dernier, le monde tout en feu, Jésus-Christ au milieu des tonnerres et des éclairs, l'enfer déjà ouvert pour engloutir les damnés, avec des figures si épouvantables que le roi resta immo-bile. Revenu à lui-même, il se rappela ce que le mission-naire lui avait dit qu'il fallait faire pour éviter les horreurs de ce moment-là, où le pécheur ne peut avoir que le déses-poir pour partage ; et, renonçant de suite à tous ses plaisirs, il passa le reste de sa vie dans la pénitence et les larmes.
Hélas ! M.F., si ce prince ne s'était pas converti, il serait également mort, il aurait quitté tous ses biens et ses plaisirs, il est vrai, un peu plus tard ; mais, lui mort, depuis bien des siècles ses biens auraient passé à d'autres. Il serait en enfer, et brûlerait pour jamais, tandis qu'il est dans le ciel pour une éternité, qu'il est content en attendant le grand jour du jugement, de voir que tous ses péchés lui sont pardonnés, et qu'ils ne reparaîtront jamais, ni aux yeux de Dieu, ni aux yeux des hommes.
Ce fut cette pensée bien méditée par saint Jérôme, qui le porta à tant de rigueurs sur son corps et à tant verser de larmes. Ah ! s'écriait-il dans sa solitude, il me semble que j'entends à chaque instant cette trompette qui doit réveiller tous les morts, m'appeler au tribunal de mon Juge. Cette même pensée faisait trembler un David sur son trône, un Augustin au milieu de ses plaisirs, malgré tous les efforts qu'il faisait pour l'étouffer. Il disait de temps en temps à son ami Alipe : Ah ! cher ami, un jour viendra que nous paraîtrons tous devant le tribunal de Dieu, pour y recevoir la récompense du bien ou le châtiment du mal que nous aurons fait pendant notre vie ; quittons, mon cher ami, lui disait-il, la route du crime pour celle qu'ont suivie tous les saints. Préparons-nous à ce jour dès l'heure présente.
Saint Jean Climaque nous rapporte qu'un solitaire quitta son monastère pour passer dans un autre et y faire plus de pénitence. La première nuit, il fut cité au tribunal de Dieu qui lui montra qu'il était redevable envers sa justice de cent livres d'or. Hélas ! Seigneur, s'écria-t-il, que vais-je faire pour les acquitter ? Il demeura trois ans dans ce monastère, où Dieu permit qu'il fût méprisé et maltraité de tous les autres, au point qu'il semblait que personne ne pouvait le souffrir. Notre-Seigneur lui apparut une deuxième fois en lui disant qu'il n'avait encore acquitté qu'un quart de sa dette. Ah ! Seigneur, s'écria-il, que faut-il donc que je fasse pour me justifier ? Il contrefit le fou pendant treize ans, faisant tout ce que l'on voulait ; on le traitait durement comme une bête de somme. Le bon Dieu lui apparut une troisième fois en lui disant qu'il en avait acquitté la moitié. Ah ! Seigneur, répondit-il, puisque je l'ai voulu, je dois souffrir pour payer votre justice. Ah ! mon Dieu ! n'attendez pas, pour punir mes péchés, après le jugement.
Saint Jean Climaque nous rapporte un autre trait qui fait frémir. Il y avait, nous dit-il, un solitaire qui, depuis quarante ans, pleurait ses péchés au fond d'un bois. La veille de sa mort, tout à coup, hors de lui-même, ouvrant les yeux, regardant à droite et à gauche de son lit, comme s'il eût vu quelqu'un qui lui demandait compte de sa vie, il répondait d'une voix tremblante : Oui, j'ai commis ce péché, mais je l'ai confessé et j'en ai fait pénitence pen-dant tant d'années ; jusqu'à ce que le bon Dieu m'ait pardonné. - Tu as commis aussi ce péché, lui disait cette voix. - Non, lui répondit le solitaire, je ne l'ai pas commis. Avant de mourir on l'entendit crier : Mon Dieu, mon Dieu, ôtez, ôtez, s'il vous plaît, mes péchés de devant mes yeux, je ne peux plus y tenir. Hélas ! qu'allons-nous devenir, si le démon reproche même les péchés que nous n'avons pas commis , nous qui sommes tout couverts de péchés, et n'avons point fait de pénitence ? Hélas ! à quoi nous attendre pour ce terrible moment ? Si les saints sont à peine rassurés, qu'allons-nous devenir ?
Que devons-nous conclure, de tout cela, M.F. ? Le voici : c'est qu'il ne faut jamais perdre de vue que nous serons jugés un jour sans miséricorde, et que tous nos péchés paraîtront aux yeux de tout l'univers ; et, qu'après ce jugement, si nous nous trouvons dans ces péchés, nous irons les pleurer dans les enfers sans pouvoir ni les effacer, ni les oublier. Oh ! que nous sommes aveugles, mes frères, si nous ne profitons du peu de temps qui nous reste à vivre pour nous assurer le ciel ! Si nous sommes pécheurs, nous avons dans cette vie l'espérance du pardon ; au lieu que, si nous attendons alors, il n'y aura plus de ressources. Crions du fond de l'âme : Mon Dieu !. faites-moi la grâce de ne jamais perdre le souvenir de ce moment terrible, surtout lorsque je serai tenté, pour ne pas me laisser succomber ; afin qu'en ce jour nous entendions ces douces paroles sortir de la bouche du Sauveur : « Venez, les bénis de mon Père, posséder le royaume qui vous est préparé depuis le commencement du monde. »

1er DIMANCHE DE L'AVENT
(DEUXIÈME SERMON)
Sur les vérités éternelles

Memorare novissima tua, et in æternum non peccabis.
Souvenez-vous de vos fins dernières, et vous ne pécherez jamais.
(Eccli., VII, 40.)

Il faut donc, M.F., que ces vérités soient bien puissantes et bien salutaires, puisque l'Esprit-Saint nous assure que, si nous les méditons sérieusement, nous ne pécherons jamais. Ce n'est pas bien difficile à comprendre. En effet, M.F., qui est celui qui pourrait s'attacher aux biens de ce monde en pensant que dans peu de temps il n'y sera plus ? que depuis Adam jusqu'à présent, personne n'a rien emporté, et qu'il en fera de même ? Quel est celui qui pourrait tant s'occuper des choses terrestres, s'il était bien persuadé que le temps qu'il passe sur la terre ne lui est donné que pour travailler à gagner le ciel ? Quel est celui qui voudrait bien graver dans sa tête, encore mieux dans son cœur, que la vie d'un chrétien ne doit être qu'une vie de larmes et de pénitence, et pourrait encore, se livrer aux plaisirs et aux folles joies du monde ? Quel est celui qui, étant bien convaincu qu'il peut mourir à tout moment, ne se tiendrait pas toujours prêt ? Mais, me direz-vous, pourquoi est-ce donc que ces vérités, qui ont tant converti de pécheurs, font si peu d'impression sur nous ? Hélas ! M.F., c'est que nous ne les méditons pas sérieusement ; c'est que, notre cœur étant occupé des objets sensibles qui peuvent satisfaire ses penchants ; c'est que, notre esprit n'étant rempli que des affaires temporelles, nous perdons de vue ces grandes vérités qui seules devraient faire toute notre occupation dans ce monde.
Si vous me demandez pourquoi le Saint-Esprit nous recommande si fort de ne les jamais perdre de vue, en voici la raison : c'est qu'il n'y a rien qui soit plus capable de nous détacher de nous-mêmes et des biens de ce monde, rien de si puissant pour nous faire supporter les misères de la vie en esprit de pénitence, et, si je disais mieux, c'est que ces vérités nous font nous détacher de toutes les choses créées pour ne nous attacher qu'à Dieu seul. Ah ! M.F., n'oublions jamais ces grandes vérités, c'est à savoir : que notre vie n'est qu'un songe ; que la mort nous poursuit de bien près, et que bientôt elle nous atteindra ; que nous serons un jour jugés bien rigoureusement, et qu'après ce jugement notre sort sera fixé pour jamais.
Voyez, M.F., combien Jésus-Christ désire nous sauver : tantôt il se présente à nous comme un pauvre enfant dans sa crèche, couché sur une poignée de paille qu'il arrose de ses larmes ; tantôt comme un criminel, lié, garrotté, couronné d'épines, flagellé, tombant sous le poids de sa croix, enfin mourant dans les supplices pour l'amour de nous. Si cela n'est pas capable de nous toucher, de nous attirer à lui, il nous fait annoncer qu'il viendra un jour, revêtu de tout l'éclat de sa gloire et de la majesté de son Père, pour nous juger sans grâce et sans miséricorde ; où il dévoilera à la face de tout l'univers le bien et le mal que nous aurons fait pendant tous les instants de notre vie. Dites-moi, M.F., si nous pensions bien à tout cela, en faudrait-il davantage pour nous faire vivre et mourir en saints ?
Mais Jésus-Christ, pour nous faire comprendre ce que nous devons faire pour aller au ciel, nous dit dans l'Évangile, que les gens du monde mènent une vie entièrement opposée à celle de ceux qui sont à lui tout de bon. Les bons chrétiens, nous dit-il, font consister leur bonheur dans les larmes, la pénitence et le mépris ; mais les gens du monde font consister leur bonheur dans les plaisirs, la joie et les honneurs de la terre, et fuient tout le reste ; de sorte, nous dit Jésus-Christ, que leur vie est entièrement opposée l'une à l'autre, et que jamais ils ne seront d'accord dans leur manière d'agir et de penser. Ce qui est assez facile à comprendre.
1° Je dis qu'il y a quatre choses qui font le bonheur d'un bon chrétien, ce sont : la brièveté de la vie, la pensée de la mort, le jugement et l'éternité. Et nous voyons que ces quatre mêmes choses font le désespoir d'un mauvais chrétien, c'est-à-dire d'une personne qui oublie ses fins dernières pour ne s'occuper que des choses présentes.
Je dis donc que la brièveté de la vie console un bon chrétien en ce qu'il se représente que ses peines, ses chagrins, ses persécutions, ses tentations, sa séparation de son Dieu, ne seront pas longues. Quelle joie pour nous, M.F., quand nous pensons que nous quitterons dans peu de temps ce monde où nous sommes tant exposés à offenser le bon Dieu, qui est un Sauveur si charitable, qui a tant souffert pour nous ! Ah ! M.F., avec cette pensée, pourrions-nous bien nous attacher à la vie qui est remplie de tant de misères ?
2? La pensée de la mort. Heureuse nouvelle, s'écria saint Jérôme, quand on vint lui annoncer qu'il allait mourir, heureuse nouvelle qui va me réunir à mon Dieu pour jamais ! Et en effet, M.F., puisque la mort est l'instrument dont le bon Dieu se sert pour nous délivrer ;
3? Je dis que le jugement, bien loin de jeter le chrétien dans le désespoir, ne fait que le consoler. Il va trouver non un juge sévère, mais son père et son sauveur : Oui, son père, qui l'attend pour lui ouvrir les entrailles de sa miséricorde, afin de le recevoir dans son sein paternel ; son sauveur, qui va manifester à la face de tout l'univers toutes ses larmes, ses pénitences et toutes les bonnes œuvres qu'il a faites pendant tous les jours de sa vie ;
4? La pensée de l'éternité met le comble à sa joie. Si son bonheur est infini dans ses douceurs et ses grandeurs, l'éternité lui assure qu'il ne finira jamais. Que cette pensée, M.F., doit nous encourager à bien servir le bon Dieu et à supporter avec patience toutes les misères de la vie, puisque, une fois dans le ciel, nous n'en sortirons jamais ! Ah ! M.F., toutes les misères de ce monde passent, tout cela ne dure qu'un moment, au lieu que la récompense durera toujours. Courage ! nous dit saint Paul, tout à l'heure nous serons au bout de la route.
Mais pour un chrétien, M.F., qui a perdu de vue la pensée de ses fins dernières, ce n'est plus de même :
1? La brièveté de la vie est un chagrin et une amertume qui le trouble et le ronge jusqu'au milieu de ses plaisirs ;
2? Il fait tout ce qu'il peut pour éloigner la pensée de la mort. Tout ce qui lui en donne le souvenir l'effraie ; remèdes et médecins, tout est appelé à son secours au moindre avertissement que la mort approche. Il croit toujours qu'il pourra trouver le bonheur ici-bas. Mais non, il se trompe : ce pauvre malheureux, en quittant le bon Dieu, quitte ce qui pouvait lui procurer le bonheur ; il sera forcé d'avouer, à l'heure de la mort, qu'il a passé sa vie en cherchant un bien qu'il n'a pas pu trouver. Hors de Dieu, hélas ! beaucoup de peines, beaucoup de souffrances, point de consolation, et point de récompense ! Avant son départ, il aura beau s'écrier, comme ce roi dont nous parle l'Écriture dans l'ancien Testament, lequel, se voyant sur le point de quitter la vie et tous ses biens, disait : « Ah ! il faut donc que je meure ! que je laisse tous ces grands biens, mes parterres et mes beaux jardins, pour aller dans un pays où je ne connais personne ! » Hélas ! la mort, qui est la consolation du juste, devient son désespoir ; il faut mourir, et il n'y a pas même pensé !
3? Le jugement. Ah ! triste pensée, il faut aller rendre à Dieu compte d'une vie qui n'est qu'une chaîne de péchés, et... point de bonnes œuvres qui puissent le rassurer. Il voit clairement, dans le moment de son départ, que le bon Dieu ne l'avait mis sur la terre que pour le servir et sauver sa pauvre âme, et il n'a fait qu'outrager le bon Dieu et perdre cette belle âme. Il voit, il comprend bien, dans ce moment, que le bon Dieu ne voulait pas le perdre, mais absolument le sauver, et que ce sont ses péchés qui le forcent de le condamner ;
4? L'éternité. Il voit que, dans quelques minutes, il va être jeté en enfer. Mon Dieu, quel désespoir ! Mais si la pensée de l'éternité console tant un chrétien, en ce que son bonheur ne finira jamais, cette même pensée achève le désespoir de ce pauvre malheureux. Ah ! pensée désespérante, il faut commencer son enfer pour ne le jamais finir ! Il voit, en entrant, un malheureux Caïn qui brûle depuis le commencement du monde, et qui n'est pas plus avancé que lui qui ne fait que d'entrer. Alors, les démons mêmes qui l'ont porté au péché avec tant de fureur, lui remettront devant les yeux, afin de rendre son supplice encore plus violent, toutes les grâces que le bon Dieu lui avait méritées par sa mort et sa sainte Passion. II voit combien, même sur la terre, en se sauvant, il aurait été plus heureux. Il voit combien Jésus-Christ était bon pour ceux qui voulaient l'aimer. Mais malgré toutes ces réflexions, qui pour lui seront comme autant d'enfers, il faudra se résoudre à boire pendant toute l'éternité, à pleine bouche, le fiel de la fureur de celui qui devait être tout son bonheur, s'il avait voulu l'aimer. Ah ! triste méditation que ce chrétien fera pendant toute l'éternité, en se disant à lui-même : un temps méprisé, une âme réprouvée, un Dieu perdu, un ciel rejeté et une éternité de souffrances ! Ah ! Ciel ! quel malheur ! Voilà, M.F., ce que fait celui qui perd de vue ses fins dernières.
Mais, me direz-vous peut-être, vous dites bien qu'il y a une éternité malheureuse pour le pécheur ; mais il faudrait donc nous le montrer ? Il serait bien facile, M.F. ; mais ce serait faire affront à des chrétiens. Ce serait bien mieux pour vous, si je pouvais vous convaincre de la nécessité où vous êtes de faire tout ce que vous pouvez pour en éviter les tourments. Si vous voulez, je vous en dirai bien deux mots en passant, puisque vous êtes si ignorants ou si aveugles que d'avoir quelque doute là-dessus. Écoutez-moi bien. Voici ce que nous dit le Saint-Esprit par la bouche du prophète Daniel : Il y a deux sortes d'hommes ; il y en a qui sont justes, il y en a qui sont pécheurs ; les uns meurent dans la grâce de Dieu, les autres dans sa haine. Tous paraîtront un jour devant le bon Dieu, tous se réveilleront du sommeil de la mort ; tous seront jugés et recevront une sentence sans appel, après laquelle les uns n'auront plus rien à craindre, et les autres rien à espérer. Mais la différence qui sera trouvée entre les uns et les autres sera bien grande parce que les uns s'éveilleront pour aller jouir d'une gloire éternelle, les autres pour être couverts d'opprobres, abîmés dans toutes sortes de maux, et cela pendant toute l'éternité. Le Saint-Esprit nous dit partout quel sera le sort des pécheurs dans l'autre vie ; il nous dit : « Le Seigneur répandra sur leur chair le feu, afin qu'ils brûlent et qu'ils soient éternellement dévorés. » Le saint roi David dit que « le pécheur qui a méprisé son Dieu pendant sa vie sera jeté dans l'enfer. » Si vous voulez aller plus loin, saint Jean-Baptiste, prêchant aux Juifs le baptême de la pénitence pour les préparer à la venue du Messie, leur apprend encore quel sera le sort du pécheur dans l'autre monde, en leur disant que Jésus-Christ viendra un jour, qu'il séparera le bon grain d'avec le mauvais grain et la paille : Les bons grains qui sont les justes, le Père éternel les mettra dans son grenier qui est le ciel ; les mauvais grains et la paille qui sont les pécheurs, seront liés en bottes et on les jettera dans le feu qui est l'enfer ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Jésus-Christ nous dit dans l'Évangile que le mauvais riche meurt et que l'enfer est son sépulcre, où il souffre des maux infinis ; Lazare, lui, est transporté par les anges dans le sein d'Abraham, c'est-à-dire, dans le ciel. Dans un autre endroit il nous dit, parlant du pécheur : « Va, maudit, au feu qui a été préparé au démon et à ceux qui l'ont imité. » Saint Augustin nous dit en parlant du pécheur : « Va, maudit, tu as méprisé ton Dieu et ses grâces pendant la vie ; va, maudit, tu seras précipité dans un étang de feu et de soufre pendant toute l'éternité. » Non, M.F., non, tout ceci est inutile ; il n'est pas besoin d'aller à de si grandes preuves pour vous montrer qu'il y a une vie heureuse ou malheureuse, selon que nous aurons bien ou mal vécu. Ouvrez seulement votre catéchisme, et vous y trouverez tout ce que vous devez croire, savoir et faire. En effet, M.F., quelle est la pre-mière demande que l'on vous a faite lorsque vous êtes venus à l'Église vous faire instruire ? N'est-ce pas celle-ci : qui vous a créé et conservé jusqu'à présent ? N'avez-vous pas répondu tout simplement que c'est Dieu ? Et pourquoi ? vous a-t-on dit. - C'est, avez-vous répondu, pour le connaître, l'aimer, le servir, et par ce moyen acquérir la vie éternelle. Voilà donc toute l'occupation d'un bon chrétien et tout son bonheur. Il doit apprendre à connaître Dieu, c'est-à-dire, à savoir les moyens les plus sûrs qu'il doit employer pour plaire au bon Dieu, éviter le mal et faire le bien.

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