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Blog Parousie de Patrick ROBLES (Puget-Théniers, Alpes-Maritimes - FRANCE)

L'Ordre des Prêcheurs de Saint-Dominique, 3


Approbation de la prédication apostolique

(Innocent III donne mandat à son légat Raoul de Fontfroide de constituer des prédicateurs apostoliques. Au Latran, 17 novembre 1206.)


Le bruit est parvenu à nos oreilles qu'une telle quantité d'apostats s'est multipliée dans la province de Narbonnaise que, par la défaillance du glaive matériel, on méprise le spirituel, et que la corruption des vignes à verjus [cf. Is. V, 4] s'insinue jusqu'aux plants [Nahum, ii, 2] catholiques, parce que, pour protéger ceux qui n'ont pas encore coulé comme du plomb [Ex. xv, 10] dans la mer pestilentielle, pour relever s'il est possible ceux qui gisent déjà dans les cachots de l'aveuglement, on ne trouve personne qui se dresse comme une muraille pour la maison du Seigneur et ose monter sur les brèches [Ez. xiu, 5].

Il est vrai que la nouvelle de la folie de ces figuiers stériles est parvenue jusqu'à l'oreille de quelques religieux et les a animés dans leur courage à détourner contre les hérétiques les sources de leur science et à distribuer leurs eaux avec la ferveur de l'esprit sur les places publiques [Prov. v, 16]; mais parce qu'ils n'ont personne qui leur donne mission [Rom. x, 15] et qu'ils n'osent assumer de leur propre autorité l'office de prêcheurs, pour ne pas partager l'héritage de Dathan et d'Abiron que la terre engloutit vivants [Num. xvi, 32 et Deut. xi, 6], il ne se trouve finalement personne qui présente la cause de Dieu au peuple qui dérive.

Parce que le zèle de sa maison nous dévore [Ps. LXVIII, 10], nous, auquel il a concédé sans que nous l'ayons mérité de siéger dans la plus haute guette [Is. xxi, 8] et qui voulons être faible avec les faibles [I Cor. ix, 22] et donner des conseils paternels qui apportent le remède aux blessures et soignent autant qu'il est en notre pouvoir la plaie tuméfiée [Is. I, 6], nous ordonnons et prescrivons à ta discrétion, par cet écrit apostolique, de t'occuper d'enjoindre - en rémission de leurs péchés - à des hommes éprouvés que tu verras propres à remplir cet office, qui n'hésiteront pas, en imitant la pauvreté du Christ pauvre, à aborder les gens méprisés dans une tenue méprisée mais avec un esprit plein d'ardeur, de leur enjoindre d'aller sans retard aux hérétiques et de les rappeler si bien de leur erreur, si le Seigneur veut bien le concéder, par l'exemple de leur agir et l'enseignement de leur dire, que (si la fréquence de leur faute n'a pas durci leur front dans l'impudence au point qu'on puisse avec raison redire à leur sujet : « Vous avez acquis un front de courtisane et n'avez pas voulu rougir » [Jér. III, 3]) ils aient la joie de posséder un jour, ce dont le mot de l'Evangile leur donne l'espérance : « N'aie pas de crainte petit troupeau, car il a plu à mon Père [de te donner le royaume] » [Luc XII, 32]. Alors ces mêmes religieux verront s'accomplir en eux la sentence de Salomon : celui qui reprend les actions mauvaises de l'homme recevra davantage de grâce que celui qui dit d'agréables paroles [Prov. xxiv, 24-25] et reviendront remplis de joie en rapportant les gerbes issues de la semence qu'ils auront répandue [Ps. Cxxv, 6].

Donné au Latran, le XV des calendes de décembre, la IX° année.


Confirmation du nom et de l'office de prêcheurs


[Honorius III loue le zèle du prieur et des frères de SaintRomain, prêcheurs au pays de Toulouse, les exhorte à persévérer avec courage, leur accorde le privilège de « fils spéciaux » du Saint-Siège et leur enjoint leurs labeurs en rémission de leurs péchés.] [Au Latran, le 21 janvier 1217.]

Honorius, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses chers fils le prieur et les frères de Saint-Romain, prêcheurs au pays de Toulouse : salut et bénédiction apostolique.

Nous rendons de dignes actions de grâces au dispensateur de toutes grâces pour la grâce de Dieu qui vous est donnée [i Cor. I, 4], dans laquelle vous restez [I Petr. v, 15] et resterez établis, nous l'espérons, jusqu'à la fin. En effet, brûlant à l'intérieur de la flamme de la charité, vous répandez au-dehors le parfum d'une réputation qui réjouit les âmes saines et rétablit les malades. A celles-ci, vous présentez en médecins zélés les mandragores spirituelles pour qu'elles ne demeurent pas stériles, vous les fécondez par la semence de la parole de Dieu par votre éloquence salutaire. Ainsi, comme de fidèles serviteurs, vous placez les talents qu'on vous a confiés, pour en rapporter le double au Seigneur [Match. xxv, 20]. Ainsi, comme des athlètes invaincus du Christ, armés du bouclier de la foi et du casque du salut [Eph. vi, 16], sans craindre ceux qui peuvent tuer le corps [Matth. X, 28], vous tirez avec magnanimité contre les ennemis de la foi la parole de Dieu, plus pénétrante qu'un glaive à deux tranchants [Hebr. iv, 12]. Ainsi, vous haïssez vos âmes en ce monde, afin de les garder pour la vie éternelle [Joh. xii, 25].

Du reste, parce que c'est le succès et non pas le combat qui obtient la couronne et que seule la persévérance, parmi toutes les vertus qui concourent dans le stade, remporte le prix proposé [I Cor. ix, 24], nous adressons à votre charité cette demande et cette exhortation pressante, vous en faisant commandement par ces lettres apostoliques et vous l'imposant en rémission de vos péchés : que confirmés de plus en plus dans le Seigneur, vous vous appliquiez à annoncer la parole de Dieu [Act. VIII, 4], en insistant à temps et à contre-temps, pour accomplir pleinement et de manière digne d'éloge votre tâche de prédicateur de l'Evangile [II Tim, iv, 2-5]. Si vous avez à souffrir des tribulations pour cette cause, ne vous contentez pas de les supporter avec une âme égale : tirez-en gloire, avec l'apôtre [Rom. V, 3] et réjouissez-vous en elles de ce qu'on vous a jugés dignes d'endurer des outrages pour le nom de Jésus [Act. v, 41]; car cette affliction légère et temporaire produit un immense poids de gloire [II Cor. Iv, 17] auquel on ne peut comparer les souffrances du temps présent [Rom. viii, 18].

Nous aussi, qui désirons vous réchauffer de notre faveur comme des fils spéciaux, nous vous demandons d'offrir au Seigneur à notre intention le sacrifice de vos lèvres [Hébr. xiii, 15], pour obtenir peut-être par vos suffrages ce que nous ne pouvons par nos mérites.

Donné au Latran, le XII des calendes de février, l'an premier de notre pontificat.


Lettre d'approbation de l'Ordre


(Foulques, évêque de Toulouse, approuve, institue et dote comme prédicateurs évangéliques dans son diocèse Dominique et ses compagnons. Toulouse 1215.)

Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Nous portons à la connaissance de tous, présents et à venir, que nous Foulques, par la grâce de Dieu humble ministre du siège de Toulouse, nous instituons comme prédicateurs dans notre diocèse frère Dominique et ses compagnons, afin d'extirper la corruption de l'hérésie, de chasser les vices, d'enseigner la règle de la foi et d'inculquer aux hommes des moeurs saines. Leur programme régulier est de se comporter en religieux, d'aller à pieds, dans la pauvreté évangélique, en prêchant la parole de vérité évangélique.

Mais parce que l'ouvrier mérite sa nourriture [Matth. x, 10] et qu'on ne saurait museler le boeuf qui foule le grain [1 Cor. Ix, 9], à plus forte raison celui qui prêche l'Evangile doit-il vivre de l'Evangile [I Cor. Ix, 14]. Nous voulons donc que ces ouvriers, lorsqu'ils iront prêcher, reçoivent du diocèse la nourriture et tout le nécessaire. Avec le consentement du chapitre de l'église du Bx Etienne et du clergé diocésain de Toulouse, nous assignons à perpétuité aux susdits prédicateurs et à ceux que le zèle du Seigneur et l'amour du salut des âmes armeraient pour accomplir de la même manière le même office de prédication, la moitié de cette troisième partie de la dîme qui est affectée à l'ameublement et à la fabrique de toutes les églises paroissiales qui dépendent de nous. Ainsi pourront-ils se vêtir, se procurer ce dont ils ont besoin durant leurs maladies et se reposer quand ils le voudront. A la fin de l'année, s'il reste quelque superflu, nous voulons et statuons que celui-ci soit réservé pour l'embellissement des mêmes églises paroissiales ou pour l'usage des pauvres, selon que l'évêque le jugera opportun.

Puisque le droit prévoit qu'une partie notable des dîmes doit toujours être assignée et distribuée aux pauvres, il est évident que nous sommes tenus d'assigner de préférence une partie des dîmes à ceux qui, pour le Christ, ont choisi la pauvreté évangélique et s'efforcent ainsi, non sans labeur, d'enrichir tous et chacun des dons célestes, tant par leur exemple que par leur doctrine. Ainsi les fidèles dont nous moissonnons les biens temporels nous mettront-ils en mesure de semer, par nousmêmes et par d'autres, les biens spirituels en toute convenance et opportunité.


Donné en l'an de l'Incarnation 1215, sous le règne de Philippe, roi des Français, le comte de Montfort tenant la principauté de Toulouse et le même Foulques y étant évêque.

 

Angelino Medoro (1576-1631)
La Vierge à l'enfant avec Saint Jean-Baptiste,
Saint-Joseph endormi et Saint-Dominique


Privilège de confirmation


[Honorius III prend sous sa protection, confirme et enrichit de privilèges la communauté canoniale de Saint-Romain de Toulouse.] [A Saint-Pierre, 22 décembre 1216.]

Honorius, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses fils Dominique, prieur de Saint-Romain de Toulouse, et à ses frères présents et à venir, profès dans la vie régulière. A perpétuité.

A ceux qui choisissent la vie religieuse, il convient qu'on assure la protection apostolique, pour éviter que d'éventuelles et téméraires attaques ne les détournent de leur propos, ni, ce qu'à Dieu ne plaise, ne brisent la vigueur de la sainte institution religieuse.

C'est pourquoi, chers fils dans le Seigneur, nous accédons avec bienveillance à vos justes requêtes; nous plaçons sous la protection du bienheureux Pierre et la nôtre l'église de Saint-Romain de Toulouse, dans laquelle vous vous êtes consacrés au culte divin, et nous la fortifions par le privilège du présent rescrit.

Tout d'abord nous statuons que la régularité canoniale qui est notoirement instituée dans cette église, selon Dieu et la règle de saint
Augustin, y soit pour toujours et inviolablement observée.

De plus, que toute espèce de biens-fonds, toutes les formes de valeurs dont cette église possède actuellement la jouissance, selon la justice et le droit canonique, ou qu'elle pourra acquérir à l'avenir, si le Seigneur l'accorde, par concession des pontifes, par la libéralité des rois ou des princes, par l'offrande des fidèles ou de toutes les autres manières équitables, demeurent votre propriété et celle de vos successeurs de façon stable et inviolée.

Parmi ces biens, nous jugeons bon d'exprimer en propres termes
- le lieu même où se trouve la susdite église avec toutes ses dépendances,
- l'église de Prouille avec toutes ses dépendances,
- le domaine de Casseneuil avec toutes ses dépendances,
- l'église de Sainte-Marie de Lescure avec toutes ses dépendances,
- l'hospice de Toulouse, dit d'Arnaud Bernard, avec toutes ses dépendances,
- l'église de la Sainte-Trinité de Loubens avec toutes ses dépendances,
- et les dîmes que, dans sa bonne et prévoyante libéralité, notre vénérable frère Foulques, évêque de Toulouse, vous a concédées avec le consentement de son chapitre, comme il est dit plus explicitement dans ses lettres.

Que personne n'ait la prétention d'exiger de vous ou de vous extorquer des dîmes sur les terres nouvellement défrichées que vous culyivez de vos propres mains, ou à vos frais, ni sur les fourrages de vos bêtes.

Il vous est également permis de recevoir et de conserver, sans qu'on puisse y faire aucune opposition, les clercs et laïcs de condition libre, déliés de tout empêchement qui fuient le siècle pour entrer en religion.

En outre, nous dénions le droit à qui que ce soit parmi vos frères, après qu'il ait fait profession dans votre église, de s'en aller de ce lieu religieux sans permission de son supérieur, à moins qu'il n'ait pour motif l'entrée dans une religion plus austère. S'il s'en va, que personne n'ait l'audace de le recevoir sans la garantie d'une lettre émanée de votre communauté.

Pour les églises paroissiales dont vous êtes possesseurs, vous avez le droit de choisir les prêtres et de les présenter à l'évêque du diocèse. Celui-ci, s'ils sont aptes, leur confiera la charge d'âme, en sorte qu'ils devront répondre devant lui du spirituel, et devant vous du temporel.

Nous statuons encore que personne n'ait le droit de charger votre église d'impositions nouvelles et indues, de promulguer contre vous et ou contre votre église, sans cause évidente et raisonnable, des sentences d'excommunication et d'interdit.

En cas d'interdit général sur le pays, vous pourrez célébrer l'office divin, les portes closes, étant exclus les excommuniés et les interdits, sans sonnerie de cloches et à voix basse.

Vous recevrez de l'évêque du diocèse, à condition qu'il soit catholique, en grâce et communion avec le très saint Siège romain et veuille vous les procurer sans irrégularité, le saint chrême, l'huile sainte, les consécrations d'autels ou de basiliques, les ordinations des clercs qu'il faudra promouvoir aux ordres sacrés. Sinon, vous pourrez vous adresser à un évêque catholique que vous préférerez, en grâce et communion avec le Siège Apostolique, qui fort de notre autorité, vous procurera ce que vous demandez.

Nous décrétons aussi pour ce lieu religieux la liberté de sépulture. Que personne donc ne mette obstacle à la dévotion et à la dernière volonté de ceux qui choisiront d'y être ensevelis, à moins qu'ils ne soient excommuniés ou frappés d'interdit. Néanmoins sera sauf le juste droit des églises d'où l'on amènera chez vous le corps des défunts.

Lorsque vous viendrez à disparaître, vous, l'actuel prieur de ce lieu, ou vos successeurs, quels qu'ils soient, nul ne sera mis à la tête de la communauté par habileté clandestine ou violence. Celui-là seul occupera ce poste dont on aura procuré l'élection par l'unanimité, ou tout au moins par la partie la plus nombreuse et de plus sain conseil des frères, selon Dieu et la règle du bienheureux Augustin.

Nous ratifions aussi les libertés, les immu nités anciennes et les coutumes raisonnables concédées à votre église qui sont toujours en vigueur ; et nous les confirmons pour qu'elles demeurent à perpétuité dans leur intégrité.

Nous décrétons que nul être humain, sans exception, ne doit avoir la latitude de troubler à la légère la susdite église, de lui arracher ses possessions et, une fois arrachées, de les conserver, les diminuer ou les affaiblir par quelque mauvais traitement que ce soit; que tous ces biens, au contraire, soient conservés intégralement au profit et usage multiple de ceux auxquels ils ont été concédés, pour leur activité et leur subsistance, étant saufs l'autorité du Siège Apostolique et les justes droits canoniques de l'évêque diocésain.

Par conséquent si, à l'avenir, une personne ecclésiastique ou séculière, ayant connaissance de ce document de notre décision, tentait dans son audace d'y contrevenir et si, après le deuxième ou le troisième avertissement, elle ne corrigeait pas son attitude coupable par une digne réparation, qu'elle soit privée du pouvoir et de l'honneur dus à sa dignité; qu'elle se sache mise en accusation devant le tribunal divin, pour l'iniquité qu'elle a perpétrée ; qu'elle soit exclue de la communion au Très Saint Corps et Sang de Dieu et Seigneur notre Rédempteur Jésus-Christ et qu'au jugement dernier, elle soit livrée à son châtiment rigoureux. Par contre, paix de Notre-Seigneur Jésus-Christ à tous ceux qui respecteront les droits de ce lieu religieux ; que dès ici-bas ils reçoivent le fruit de leur bonne action et qu'ils trouvent, auprès du juge rigoureux, la récompense de l'éternelle paix. Amen, amen, amen.

Affermis mes pas dans tes sentiers.
« Bene valete »

Moi Honorius, évêque de l'Eglise catholique.
Moi Nicolas, évêque de Tusculum, ss.
Moi Guy, évêque de Préneste, ss.
Moi Hugolin, évêque d'Ostie et Velletri, ss.
Moi Pélage, évêque d'Albano, ss.
Moi Cinthius, du titre de Saint Laurent in Lucina, cardinal prêtre, ss.
Moi Léon, du titre de Sainte-Croix de Jéru salem, cardinal prêtre, ss.
Moi Robert, du titre de Saint-Pierre-de-Celius, cardinal prêtre, ss.
Moi Etienne, du titre de la basilique des Douze Apôtres, cardinal prêtre, ss.
Moi Grégoire, du titre de Sainte-Anastasie, cardinal prêtre, ss.
Moi Pierre, du titre de Saint-Laurent in Da maso, cardinal prêtre, ss.
Moi Thomas, du titre de Sainte-Sabine, car dinal prêtre, ss.
Moi Guy, de Saint-Nicolas in carcere Tulliano, cardinal diacre, ss.
Moi Octavien, des saints Serge et Bacchus, cardinal diacre, ss.
Moi jean, des saints Côme et Damien, cardinal diacre, ss.
Moi Grégoire, de Saint-Théodore, cardinal diacre, ss.
Moi Renier, de Sainte-Marie in Cosmedin, cardinal diacre, ss.
Moi Romain, de Saint-Ange, cardinal diacre, ss. Moi Etienne, de Saint-Adrien, cardinal dia cre, ss.

Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, par la main de Renier, prieur de Saint-Fridien de Lucques, vice-chancelier de la sainte Eglise romaine, le XI des calendes de janvier, V° indiction, l'année de l'Incarnation du Seigneur 1216 ; du pontificat du Seigneur pape Honorius III, l'an premier.

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