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Blog Parousie de Patrick ROBLES (Puget-Théniers, Alpes-Maritimes - FRANCE)

Denis Tillinac, écrivain catholique

Denis-Tillinac--parousie.over-blog.fr.jpgDenis Tillinac

né le 26 mai 1947 à Paris

 

 

 

 

"Hors de l'Amour de Dieu, je me fous de tout"

 

Denis Tillinac

 

 

 

Denis Tillinac, écrivain et journaliste catholique de droite (personne n’est parfait !), vient ressusciter avec passion notre identité chrétienne millénaire, qui a fondé les valeurs de notre civilisation européenne en particulier.

En effet, dans son nouveau livre : « Dictionnaire amoureux du Catholicisme », qui sort le 7 février 2011, il proclame sa Foi de toujours dans ce monde déchristianisé, malade spirituellement, allant vers un nihilisme qui le mène imperceptiblement vers l’abîme du néant. L’homme contemporain a peu à peu tourné le dos à Dieu, et parfois l’a renié, pour mieux servir ses instincts de liberté effrénée, loin de la rigueur morale, se prenant même pour Dieu souvent, ou Le calomniant sans raison, injustement, pour mieux « s’en laver les mains ».

Comme le disait André Malraux : « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». C’est plutôt visionnaire, quand on constate le succès de « Spiritus Dei » ("Les Prêtres") et « Des hommes et des dieux » (le film de Xavier Beauvois, avec Lambert Wilson et Michael Lonsdale, retraçant la vie des moines de Tibhirine).

Alors, avant d’avoir bouclé la boucle et de revenir à l’âge de pierre, prions pour que le monde, et notamment l’Europe, se souvienne de l’héritage de Pierre.

Patrick, du blog Parousie.

 

 

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Auteur : Denis Tillinac

Illustrations : Alain Bouldouyre

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur

 

"Le catholicisme romain a enfanté puis mis en forme toutes les figures de l'imaginaire occidental. On lui doit notre éthique, notre métaphysique, notre esthétique, notre rapport à la féminité, nos aspirations idéales. Le cloître, le vitrail, Don Rodrigue et Don Quichotte, l'art depuis le roman jusqu'au baroque, le monachisme, les mystiques d'Avila et les docteurs des grandes universités, les semaines saintes à Séville, les anges, le grégorien, les utopies politiques : le patrimoine spirituel et culturel du catholicisme est d'une variété et d'une fécondité extraordinaires. Au-delà des apparences d'une institution aux péripéties historiques fabuleuses, son universalisme continue de rayonner. Cet abécédaire effeuille avec tendresse, humour et gratitude les aspects les plus insolites et les visages les plus émouvants de la religion catholique.

Écrivain, ancien journaliste, ancien éditeur, Denis Tillinac a publié des essais, des récits, des romans, des chroniques, de la poésie couronnés par de nombreux prix littéraires, dont un Dictionnaire amoureux de la France remarqué par la critique."

 

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Extrait de l'introduction

Copyright © éditions Plon

 

« C’est un sentiment de gratitude qui m’incite à chroniquer mes noces de naguère et de toujours avec le catholicisme romain. Ma liberté chérie, mon anarchisme invétéré, mes fringales d’harmonie, mes appétences pour les paroxysmes : toutes les instances de ma sensibilité ont éclos sur ce terreau d’une fertilité merveilleuse. Toutes les équivoques qui chahutent le cœur d’un mortel, et dans mon cas menaçaient de tourner à l’aigre, ont trouvé au sein du catholicisme un mode de cohabitation ; il en est résulté une manière d’équilibrisme de funambule qui m’a immunisé contre le désespoir, à tous les âges de ma vie. Même à l’adolescence, quand la foi bat de l’aile en rasant les murs. (...)

Sans le catholicisme, je n’aurais pas su, je n’aurais pas pu démêler l’écheveau des émotions qui tantôt m’éblouissent, tantôt me déroutent. Prendre sans billet le train d’un idéal et le lâcher sur les rails de l’infini ne va pas de soi. On risque de dérailler, ou bien de dériver d’une gare l’autre dans une nuit où elles se ressemblent toutes. Et pas de terminus à l’horizon. Toute la littérature « moderne », depuis la mélancolie des romantiques jusqu’à la nausée des personnages de Simenon, nous raconte l’errance de ce train fantôme cahotant sans fin au gré d’aiguillages sans manœuvrier. Toute la philosophie, toute l’esthétique, toute la psychologie « modernes » nous racontent l’histoire triste d’une quête éperdue dans les grisailles du désarroi. L’« idéal » : piège infernal si l’impétrant n’a pas de quoi l’armer et le nourrir. Au mieux, il rémunère ses aspirations en se faisant aventurier, esthète ou révolutionnaire. Avec, forcément, le nihilisme en ligne de mire. Sans le catholicisme, j’en serais là : un fétu humain tâtonnant en aveugle dans le maquis de mes désirs, y compris le moins fallacieux, le désir d’éterniser ce que j’ose appeler immodestement mon âme. (...)

Si ses sources sont en Orient, et si elle a rayonné en Occident, l’aventure du catholicisme n’a pas de frontières. L’espérance qu’il véhicule depuis 20 siècles transcende les attaches du sol et du sang, de la mémoire, de la culture. Rome n’est pas le chef-lieu d’un canton de l’Histoire, mais le siège d’une majesté qui ne doit rien à César. C’est l’autre versant de ma gratitude : un accès direct à l’Universel par le biais de la religion que m’ont inculquée des clercs à la mode de leur temps et de leur pays. J’ai assisté à des messes sous toutes les latitudes ; elles commémoraient la même Cène en récitant un Credo qui n’a pas changé depuis le concile de Nicée (354). En latin ou en langue vernaculaire, ce qui n’a aucune importance. Accompagnement des cantiques aux grandes orgues, à la guitare ou au tam-tam, ce qui n’en a pas davantage. (...)

Dans 20 siècles peut-être, les âmes percevront la présence divine sur un registre conceptuel et émotionnel qu’on ne peut même pas imaginer. On honorera Dieu dans un autre langage, on théologisera avec d’autres syntaxes. Peut-être les fidèles

s’étonneront-ils de notre dénuement pour exprimer les attendus de notre foi. Sans doute, notre culture religieuse rejoindra la profane dans les cryptes de la mémoire des civilisations qui ont précédé la nôtre. L’universalisme de la catholicité romaine exige que nous relativisions la part affective de notre lien avec l’Église. Exigence douloureuse, qui m’inonde de nostalgie en m’infligeant un sentiment de dépossession.

De cette nostalgie, l’écrivain que je tâche d’être fait son miel, faute de mieux. Car le fait est qu’en Occident, où elle a connu ses floraisons majeures, la culture catholique impulsée par l’emprise temporelle de l’Église, entre la fondation des premiers monastères et les ultimes bisbilles qui opposent don Camillo et Peppone, semble au bout d’un rouleau. L’État du Vatican est réduit aux acquêts d’une symbolique, et les clercs n’animent plus la vie sociale. Surtout dans mon pays où les liens entre Rome et Paris ont toujours été compliqués. Mais partout où, il y a moins d’un demi-siècle, le cléricalisme sévissait encore, pour le meilleur et pour le pire, une minorité va à la messe le dimanche, une autre minorité s’agrippe à un « laïcisme » qui entretient la fiction d’une influence de la calotte pour occulter sa propre agonie. La majorité silencieuse est indifférente. Pas tout à fait déchristianisée puisque, dans les sondages de popularité, mère Teresa, sœur Emmanuelle ou l’abbé Pierre l’emportent encore sur les divinités païennes, stars du cinéma, du foot ou du show-biz. Le compassionnel inoculé par les médias et entretenu par les politiques est un ersatz pâlichon de l’amour évangélique ; il témoigne malgré tout d’une sollicitude pour les humbles que les mœurs ambiantes n’encouragent, ni ne cautionnent, c’est le moins qu’on puisse dire. En outre, elles récusent par principe toute autorité verticale adossée à une tradition. À cet égard, l’Église écope une lame de fond historique : la désacralisation du pouvoir. César est nu. C’est au christianisme que l’on doit ce refus de diviniser l’autorité d’un homme sur ses semblables. Ou d’une institution. Or, l’Église est hiérarchisée, elle respecte des rites immémoriaux, et en outre son message heurte de front l’alliance du rationalisme, de l’hédonisme, du mercantilisme et du scepticisme, scellée sous le règne sans frein de l’ego. Autant de raisons qui expliquent la désaffection vis-à-vis du catholicisme sur ses terres d’élection initiales. (...)

Confesser sans fausse pudeur mon enracinement dans le catholicisme ne me conduit pas à dédaigner le judaïsme, l’islam, les christianismes séparés de l’Église, les sagesses issues de l’hindouisme ou du bouddhisme. Dieu le Père ne fait pas d’exclusive, la promesse de salvation de Son Fils vaut pour la multitude éparpillée sur le globe, et l’Esprit saint habite les âmes qui le méritent, de quelque chapelle qu’elles se réclament. Voire d’aucune. J’ai du respect pour toute piété, pourvu qu’elle soit sincère et ne jette pas d’anathème. Même respect pour les us et coutumes des croyants de toutes obédiences, leurs références traditionnelles et les morales qui s’ensuivent. Leur invocation du divin, si éloignée soit-elle de la mienne, la rejoint de quelque façon dans l’économie mystérieuse du Salut. Rien ne m’est plus étranger que le mol relativisme d’un jouisseur – et Dieu sait mon goût pour le bonheur, et Dieu sait aussi que l’Église ne l’a pas contrarié. Mettons qu’elle l’ait canalisé, à défaut d’une sanctification dont je n’ai pas les moyens. C’est dire ma sympathie pour quiconque met la barre de son existence un peu plus haut que le nombril de ses pulsions. Quoi qu’on ait prétendu, les religions y prédisposent, chacune selon son genre. L’Histoire les a enrôlées pour couvrir des haines de tribus, mais c’était de la fraude grossière ; foncièrement, les spiritualités préconisent toutes l’oubli de soi et le respect d’autrui en parallèle à l’éveil des consciences. Le message du Christ est d’une simplicité lumineuse : amour de Dieu et du prochain jusqu’au sacrifice de soi, indifférence au reste. Aucun pouvoir ne saurait l’invoquer pour couvrir son incurie, ses abus ou ses exactions. Dois-je rappeler que les deux totalitarismes du XXe siècle, celui de Lénine et celui de Hitler, ont pareillement misé sur la mort de Dieu, érigeant l’athéisme en doctrine officielle et persécutant les clergés avec une obstination maniaque ? On ne peut pas dire que « l’homme nouveau » censé émerger des ruines du christianisme se soit montré très avenant, tant à Moscou qu’à Berlin. Mieux vaut respecter les attachements religieux qui depuis la nuit des temps aident les hommes à ne pas se sentir trop orphelins sous ce faux plafond qu’on appelle le ciel. »

 

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Autre extrait

 

« AMOUR »

 

« A l'orée de l'âge adulte, je n'imaginais pas de destin plus enviable que celui d'un contemplatif reclus dans un monastère. Faire converger vers les crimes l'embrouillamini d'aspirations et de désirs qui me chahutaient ; peuple le temps de rituels aux fins de l'apprivoiser : alors, me disais-je naïvement, mes émois trouveront un sens et, accessoirement, mes nerfs un exutoire. J'admirais les moines et les moniales, je les admire encore, et plus l'observance est rigoureuse, plus me fascine l'absolutisme de leur renoncement : une carmélite, un chartreux, un cistercien incarnent pour moi le plus grandiose des héroïsmes. Je les enviais de psalmodier leur existence. L'idée même de cloître avait pour moi de grandes séductions. L'idée et la forme, ce carré de verdure à ciel ouvert, serti dans une guirlande de pierre. Mais outre un naturel enclin à l'escapade et rétif à la discipline, un attrait invincible pour le cotillon m'interdisait la bure. Je m'amourachais comme on s'enrhume, tout en déplorant de ne pouvoir étreindre les égéries éventuelles qui traversaient mon regard. Don, ma libido. Oh ! je n'étais pas dupe. Si peu théologien que je fusse, je mesurais l'abîme qui sépare l'amour dit de concupiscence et l'amour de charité. Celui qui désire l'effusion pour le vertige et celui qui s'oublie dans une offrande à autrui. Donc à Dieu. L'amour qui soulève les jupes, j'aurais voulu qu'il favorisât une envolée de l'âme, ou à défaut qu'il la conviât à ses jeux de mains et autres égarements. Pas très loin du panthéisme, j'avais tendance à associer dans un même hymne au divin mes émotions esthétiques, mes frissons érotiques et les élans passionnels assaisonnés de romantisme à l'eau de rose dont je souhaitais l'immortalité. C'était confus au possible. Tout de même, le catéchisme aidant, je pressentais que l'Amour, avec une majuscule, était le fin mot de ma religiosité. De ma recherche de l'absolu. De ma quête du bonheur. De ma destinée, pour tout dire. L'Amour embrasé par le sacrifice du Christ, apuré et ennobli par un culte de la Vierge intact depuis mon enfance. Je croyais percevoir une connivence mystérieuse entre l'amitié (virile, celle des vestiaires sportifs), la compassion (envers les pauvres), le sentiment de la beauté (poésie, nature, etc.), et cette fièvre qui me nouait la gorge quand survenait une minette bien contournée. Avec ce barda incommode, l'Eglise pouvait faire un fidèle lambda, pas un saint. Ni un moine. Elle a fait un écrivain qui se confesse sur des pages blanches, tout à fait conscient des limites du genre. Sans elle j'aurais succombé à l'absolutisme le plus stérile, celui qui divinise l'art littéraire en lui vouant une passion sacerdotale. Je n'écris que pour meubler mes trous d'air en en peignant les vertiges. Pour suggérer en creux cet Amour innommable que je consume dans une boulimie épuisante. Mais pas tout à fait vaine car, grâce à Dieu, et à Son Eglise, je sais au moins vers où, vers quoi, vers qui il doit converger. »

 

 

Revoir pendant 7 jours Denis Tillinac dans l'émission de Franz-Olivier Giesbert : "Semaine critique", du 4 février 2011

 

 

 

 

 

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