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  • : In hoc signo vinces. Parousie by ROBLES Patrick
  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
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  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 15:01
Saint-Raphaël Archange

CHAPITRE XV.

FIN DU ROYAUME DES ARGIENS ET NAISSANCE DE CELUI DES LAURENTINS.
Vers ce temps, le royaume des Argiens prit fin et fut transféré à Mycènes, dont Agamemnon fut roi, et celui des Laurentins commença à s'établir : ils eurent pour premier roi Picus, fils de Saturne. Debbora était alors juge des Hébreux. Cette femme fut élevée à cet honneur par un ordre exprès de Dieu, car elle était prophétesse ; mais comme ses prophéties sont obscures, il faudrait trop nous étendre pour faire voir le rapport qu'elles ont à Jésus-Christ. Les Laurentins régnaient donc déjà en Italie, et ce peuple est, après les Grecs, l'origine la plus certaine de Rome 2. Cependant la monarchie des Assyriens subsistait toujours, et ils comptaient Lamparès pour leur vingt-troisième roi, quand Picus fut le premier des Laurentins. C'est aux adorateurs de ces dieux à voir ce qu'ils veulent qu'ait été Saturne, père de ce Picus ; car ils disent que ce n'était pas un homme. D'autres ont écrit qu'il avait régné en Italie avant Picus, et Virgile l'a célébré dans ces vers bien connus :
« C'est lui qui rassembla ces hommes indociles errant sur les hautes montagnes; il leur donna des lois et voulut que cette contrée s'appelât Latium, parce qu'il s'y était caché pour éviter la fureur de son fils 3. C'est sous son règne que l'on place l'âge d'or 4 »
Mais qu'ils traitent ceci de fiction poétique, et qu'ils disent, s'ils veulent, que le Père de Picus s'appelait Stercé, et qu'il fut ainsi nommé à cause qu'étant fort bon laboureur, il apprit aux hommes à amender la terre avec du fumier a, d'où vient que quelques auteurs l'appellent Stercutius. Quoi qu'il en soit, ils en ont fait pour cette raison le Dieu de l'agriculture. Ils ont mis aussi Picus parmi les
1. Comp. Ovide, Metam., lib. IV , v. 416-540, et Fast., lib. VI, v. 475-550.
2. La ville de Laurentum, d'où saint Augustin veut, d'après Eusèbe, que les Romains tirent en partie leur origine, était située entre Ardéa et les bouches du Tibre.
3. Latium, de latere, se cacher.
4. Enéide, livre VIII, v. 521-525.
5. Fumier, en latin, se dit stercus.
(394)
dieux, en qualité d'excellent augure et de grand capitaine. Picus engendra Faunus, second roi des Laurentins, qu'ils ont aussi déifié. Avant la guerre de Troie, ces apothéoses étaient fréquentes.
CHAPITRE XVI.
DE DIOMÈDE ET DE SES COMPAGNONS, CHANGÉS EN OISEAUX APRÈS LA RUINE DE TROIE.
Après la ruine de Troie, ce grand désastre illustré par les poëtes et connu même des petits enfants, qui arriva sous le règne de Latinus, fils de Faunus (ce Latinus qui donna aux Laurentins leur nom nouveau de Latins qu'ils portèrent depuis ce moment), les Grecs victorieux regagnèrent leur pays et souffrirent pendant ce retour une infinité de maux. Ils en prirent sujet d'augmenter le nombre de leurs divinités. En effet, ils firent un dieu de Diomède; ce qui ne les empêcha pas de raconter, non comme une fable, mais comme une vérité historique, que les dieux s'opposèrent au retour de ce personnage pour le châtier de ses crimes, et que ses compagnons furent changés en oiseaux 1, sans que Diomède, devenu dieu, leur pût rendre leur première forme, ni obtenir cette grâce de Jupiter pour sa bienvenue. Ils assurent même que Diomède a un temple dans l'île Diomédéa, non loin du mont Garganus en Apulie 2, et qu'autour du lieu sacré volent ces oiseaux, jadis compagnons du héros divinisé, qui remplissent leur bec d'eau et arrosent son temple pour lui faire honneur. Ils ajoutent que lorsque des Grecs viennent en cette île, non-seulement les oiseaux ne s'effarouchent point, mais ils caressent les visiteurs, au lieu que, quand ils voient des étrangers, ils volent contre eux en furie, et souvent les tuent avec leur bec, qui est d'une longueur et d'une force extraordinaires.
CHAPITRE XVII.
SENTIMENT DE VARRON SUR CERTAINES MÉTAMORPHOSES.
Varron, à l'appui de cette tradition, en rapporte d'autres qui ne sont pas moins incroyables : celle de Circé, par exemple, la fameuse magicienne, qui changea en bêtes les
1. Voyez Servius, ad Aeneid., lib. XI, v. 247.
2. Voyez Strabon. Lib. VI, cap. 3, § 9.
compagnons d'Ulysse; et encore, celle de ces Arcadiens, désignés par le sort pour passer à la nage un certain étang où ils se transformaient en loups, vivant ensuite dans les forêts avec les animaux de leur espèce. Varron ajoute que si ces loups s'abstenaient de chair humaine, ils repassaient l'étang au bout de neuf ans, et reprenaient leur première forme. Il parle en outre d'un certain Demaenetus qui, ayant goûté du sacrifice d'un petit enfant que les Arcadiens font à leur dieu Lycaeus, fut changé en loup; dix ans après, il. redevint homme et remporta le prix aux jeux olympiens. Le même auteur estime qu'en Arcadie on ne donne le nom de Lycaeus à Pan et à Jupiter qu'à cause de ces changements d'hommes en loups, attribués par le peuple à un miracle de la volonté divine ; car les Grecs appellent un loup lycos 1, d'où le nom de Lycaeus est dérivé. Enfin, selon Varron, c'est de là que les Luperques de Rome tirent leur origine.
CHAPITRE XVIII.
CE QU'IL FAUT CROIRE DES MÉTAMORPHOSES.
Ceux qui lisent ces pages attendent peut-être que je donne mon sentiment; mais que pourrais-je dire , sinon qu'il faut fuir du milieu de Babylone, c'est-à-dire sortir de la cité du monde, qui est la société des anges et des hommes impies, et nous retirer vers le Dieu vivant, sur les pas de la foi -rendue féconde par la charité? Plus nous voyons que la puissance des démons est grande ici-bas, plus nous devons nous attacher au Médiateur, qui nous retire des choses basses pour nous élever aux objets sublimes. En effet, si nous disons qu'il ne faut point ajouter foi à ces sortes de phénomènes, il ne manquera pas, même aujourd'hui, de gens qui assureront en avoir appris ou expérimenté de semblables. Comme nous étions en Italie, on nous assura que certaines hôtelières de notre voisinage, initiées aux arts sacriléges, se vantaient de donner aux passants d'un certain fromage qui les changeait sur-le-champ en bêtes de somme dont elles se servaient pour transporter leurs bagages, après quoi elles leur rendaient leur première forme. Pendant la métamorphose, ils conservaient toujours leur raison, comme Apulée le raconte de lui-même dans son récit ou son roman de l'Ane d'or.
1. Lukos.
(395)
Je tiens tout cela pour faux, ou du moins ce sont là des phénomènes si rares qu'on a raison de n'y pas ajouter foi. Ce qu'il faut croire fermement, c'est que Dieu, l'être tout-puissant, peut faire tout ce qu'il veut, soit pour répandre ses grâces, soit pour punir, et que les démons, qui sont des anges, mais corrompus, ne peuvent rien au-delà de ce que leur permet celui dont les jugements sont quelquefois secrets, jamais injustes. Quand donc ils opèrent de semblables phénomènes, ils ne créent pas de nouvelles natures, mais se bornent à changer celles que le vrai Dieu a créées et à les faire paraître autres qu'elles ne sont. Ainsi, non-seulement je ne crois pas que les démons puissent changer l'âme d'un homme en celle d'une bête, mais, à mon avis, ils ne peuvent pas même produire dans leurs corps cette métamorphose. Ce qu'ils peuvent, c'est de frapper l'imagination, qui tout incorporelle qu'elle soit, est susceptible de mille représentations corporelles ; appelant d'ailleurs à leur aide l'assoupissement ou la léthargie, ils parviennent, je ne sais comment, à imprimer dans les âmes une forme toute fantastique, assez fortement pour qu'elle semble réelle à nos faibles yeux. Il peut même arriver que celui dont ils se jouent de la sorte se croie tel qu'il paraît, tout comme il lui semble en dormant qu'il est un cheval et qu'il porte quelque fardeau. Si ces fardeaux sont de vrais corps, ce sont les démons qui les portent, afin de surprendre les hommes par cette illusion et de leur faire croire que la bête qu'ils voient est aussi réelle que le fardeau dont elle est chargée. Un certain Praestantius racontait que son père, ayant par hasard mangé de ce singulier fromage dont nous parlions tout à l'heure; demeura comme endormi sur son lit sans qu'on le pût éveiller; quelques jours après, il revint à lui comme d'un profond sommeil, disant qu'il était devenu cheval et qu'il avait porté à l'armée de ces vivres qu'on appelle retica à cause des filets qui les enveloppent; or, le fait s'était passé, dit-on, comme il le décrivait, bien qu'il prît tout cela pour un songe. Un autre rapportait qu'une nuit, avant de s'endormir, il avait vu venir à lui un philosophe platonicien de sa connaissance, qui lui avait expliqué certains sentiments de Platon qu'il avait refusé auparavant de lui éclaircir. Comme on demandait à ce
1. Retia, filets.
philosophe pourquoi il avait accordé hors de chez lui ce que chez lui il avait refusé : « Je n'ai pas fait cela, dit-il, mais j'ai songé que je le faisais ». Et ainsi, l'un vit en veillant, par le moyen d'une image fantastique, ce que l'autre avait rêvé.
Ces faits nous ont été rapportés, non par des témoins quelconques, mais par des personnes dignes de foi. Si donc ce que l'on dit des Arcadiens et de ces compagnons d'Ulysse dont parle Virgile1 :
« Transformés par les enchantements de Circé »;
si tout cela est vrai, j'estime que les choses se sont passées comme je viens de l'expliquer. Quant aux oiseaux de Diomède, comme on dit que la race en subsiste encore, je pense que les compagnons du héros grec ne furent pas métamorphosés en oiseaux, mais que ces oiseaux furent mis à leur place, comme la biche à celle d'Iphigénie. Il était facile aux démons, avec la permission de Dieu, d'opérer de semblables prestiges. Mais, comme Iphigénie fut trouvée vivante après le sacrifice, on jugea aisément que la biche avait été supposée en sa place; tandis que les compagnons de Diomède n'ayant point été trouvés depuis, parce que les mauvais anges les exterminèrent par l'ordre de Dieu, on a cru qu'ils avaient été changés en ces oiseaux que les démons eurent l'art de leur substituer. Maintenant, que ces oiseaux arrosent d'eau le temple de Diomède, qu'ils caressent les Grecs et déchirent les étrangers, c'est un stratagème des mêmes démons, auxquels il importe de faire croire que Diomède est devenu dieu, afin de tromper les simples, et d'obtenir pour des hommes morts, qui n'ont pas même vécu en hommes, ces temples, ces autels, ces sacrifices, ces prêtres, tout ce culte enfin qui n'est dû qu'au Dieu de vie et de vérité.
CHAPITRE XIX.
ÉNÉE EST VENU EN ITALlE AU TEMPS OU LABDON ÉTAIT JUGE DES HÉBREUX.
Après la ruine de Troie, Enée aborda en Italie avec vingt navires qui portaient les restes des Trôyens. Latinus était roi de cette contrée, comme Mnesthéus l'était des Athéniens, Polyphidès des Sicyoniens, Tantanès des Assyriens; Labdon était juge des Hébreux.
1. Eclog. VIII, v. 70.
(396)
Après la mort de Latinus, Enée régna trois ans en Italie, tous les rois dont nous venons de parler étant encore vivants, à la réserve de Polyphidès, roi des Sicyoniens, à qui Pélasgus avait succédé. Samson était juge des Hébreux à la place de Labdon, et comme il était extraordinairement fort, on le prit pour Hercule. Enée ayant disparu après sa mort, les Latins en firent un dieu. Les Sabins mirent aussi au rang des dieux Sancus ou Sanctus, leur premier roi. Environ vers le même temps, Codrus, roi des Athéniens, se fit tuer volontairement par les Péloponésiens, et ce dévouement sauva son pays. Ceux du Péloponèse avaient reçu de l'oracle cette réponse, qu'ils vaincraient les Athéniens s'ils ne tuaient point leur roi. Codrus les trompa en changeant d'habit et leur disant des injures pour les provoquer à le tuer; c'est cette querelle de Codrus à laquelle Virgile fait quelque part allusion 1. Des Athéniens honorèrent ce roi comme un dieu. Sous le règne de Sylvius, quatrième roi des Latins et fils d'Enée (non de Créusa, de laquelle naquit Ascanius, troisième roi de ces peuples, mais de Lavinia, fille de Latinus, qui accoucha de Sylvius après la mort d'Enée), Onéus étant le vingt-neuvième roi des Assyriens, Mélanthus le seizième d'Athènes, et le grand prêtre Héli jugeant le peuple hébreu, la monarchie des Sicyoniens fut éteinte, après avoir duré l'espace de neuf cent cinquante-neuf ans.
CHAPITRE XX.
SUCCESSION DES ROIS DES JUIFS APRÈS LE TEMPS DES JUGES.
Ce fut vers ce temps-là que le gouvernement des Juges étant fini parmi les Juifs, ils élurent pour leur premier roi Saül, sous lequel vivait le prophète Samuel. Les rois latins commencèrent alors à s'appeler Sylviens, de Sylvius fils d'Enée, comme depuis on appela Césars tous les empereurs romains qui succédèrent à Auguste. Après la mort de Saiil, qui régna quarante ans, David fut le second roi des Juifs. Depuis la mort de Codrus, les Athéniens n'eurent plus de rois, et confièrent à des magistrats le soin de gouverner leur république. A David, dont le règne dura aussi quarante ans, succéda son fils Salomon, qui bâtit ce fameux temple de Jérusalem. De son temps, les
1. Eclog. V, v. 11.
Latins fondèrent Albe, qui donna son nom à leurs rois. Salomon laissa son royaume à son fils Roboam, sous qui la Judée fut divisée en deux royaumes.
CHAPITRE XXI.
DES ROIS DU LATIUM, DONT LE PREMIER ET LE DOUZIÈME, C'EST-A-DIRE ÉNÉE ET AVENTINUS, FURENT MIS AU RANG DES DIEUX.
Les Latins eurent après Enée onze rois qu'ils ne mirent point comme lui au nombre des dieux; mais Aventinus, qui fut le douzième, ayant été tué dans un combat et enseveli sur le mont qui porte encore aujourd'hui son nom, eut rang parmi ces étranges divinités. Selon d'autres historiens, il ne serait pas mort dans la bataille, mais il n'aurait plus reparu depuis, et ce n'est pas de lui que le mont Aventin aurait pris son nom, mais des oiseaux qui venaient s'y reposer 1 .Après Aventinus, les Latins ne firent plus d'autre dieu que Romulus, fondateur de Rome. Mais entre ces deux rois, il s'en trouve deux autres, dont le premier est, pour parler avec Virgile :
« Procas, la gloire de la nation troyenne 2 »
Ce fut sous le règne de celui-ci, tandis que se faisait l'enfantement de Rome, que la grande monarchie des Assyriens termina sa longue carrière. Elle passa aux Mèdes après avoir duré plus de treize cents ans, en la faisant commencer à Bélus, père de Ninus. Amulius succéda à Procas. On dit que Rhéa ou Ilia, fille de son frère Numitor, et mère de Romulus, qu'il avait faite vestale, conçut deux jumeaux du dieu Mars; la preuve qu'il donne de cette paternité divine imaginée pour la gloire ou l'excuse de la vestale, c'est que, les deux enfants ayant été exposés par ordre d'Amnulius, une louve les allaita. Or, la louve est consacrée au dieu Mars, et on veut qu'elle ait reconnu les enfants de son maître; mais il ne manque pas de gens pour soutenir que les deux jumeaux furent recueillis par une femme publique (on appelait cette sorte de femmes louves, lupae d'où est venu lupanar), laquelle les allaita et les mit ensuite entre les mains de Faustulus, l'un des bergers du roi, qui les fit soigner par
1. Oiseaux, en latin Aves, d'où Aventinus. Voyez les diverses étymologies que donne Varron, De lingua lat., lib. V, § 43.
2. Enéide, livre VI, v. 767.
(397)
sa femme Acca. Mais quand Dieu aurait permis que des bêtes farouches eussent nourri ces enfants qui devaient fonder un si grand empire, pour faire plus de honte à ce roi cruel qui les avait fait jeter dans la rivière, qu'y aurait-il en cela de si merveilleux? Numitor, grand-père de Romulus, succéda à son frère Amulius, et Rome fut bâtie la première année de son règne. Ainsi il gouverna conjointement avec son petit-fils Romulus.
CHAPITRE XXII.
FONDATION DE ROME A L'ÉPOQUE OU L'EMPIRE D'ASSYRIE PRIT FIN ET OU ÉZÉCHIAS ÉTAIT ROI DE JUDA.
Pour abréger le plus possible, je dirai que Rome fut bâtie comme une autre Babylone, ou comme la fille de la première, et qu'il a plu à Dieu de s'en servir pour dompter l'univers et réduire toutes les nations à l'unité de la même république et des mêmes lois. Il y avait alors des peuples puissants et aguerris, qui ne se soumettaient pas aisément, et ne pouvaient être vaincus sans qu'il en coûtât beaucoup de peine et de sang aux vainqueurs. En effet, lorsque les Assyriens conquirent presque toute l'Asie, les peuples n'étaient ni en si grand nombre ni si exercés aux armes, de sorte qu'ils en eurent bien meilleur marché. Depuis ce grand déluge, dont il ne se sauva que huit personnes, jusqu'à Ninus qui se rendit maître de toute l'Asie, il ne s'était écoulé qu'environ mille ans. Mais Rome ne vint pas si aisément à bout de l'Orient et de l'Occident et de tant de nations que nous voyons aujourd'hui soumises à son empire, iarce qu'elle trouva de toutes parts des ennemis puissants et belliqueux. Lors donc qu'elle fut fondée, il y avait déjà sept cent dix-huit ans que les Juifs dominaient dans la terre promise, Jésus Navé ayant gouverné ce peuple vingt-sept ans, les Juges trois cent vingt-neuf ans, et les Rois trois cent soixante-deux. Achaz régnait alors en Juda, ou, selon d'autres, son successeur Ezéchias , prince excellent en vertu et en piété, qui vivait du temps de Romulus; Osée tenait le sceptre d'Israël.
CHAPiTRE XXIII.
DE LA SIBYLLE D'ÉRYTHRA, BIEN CONNUE ENTRE TOUTES LES AUTRES SIBYLLES POUR AVOIR FAIT LES PROPHÉTIES LES PLUS CLAIRES TOUCHANT JÉSUS-CHRIST.
Plusieurs historiens estiment que ce fut en ce temps que parut la sibylle d'Erythra. On sait qu'il y a eu plusieurs sibylles, selon Varron. Celle-ci a fait sur Jésus-Christ des prédictions très-claires que nous avons d'abord lues en vers d'une mauvaise latinité et se tenant à peine sur leurs pieds, ouvrage de je ne sais quel traducteur maladroit, ainsi que nous l'avons appris depuis. Car le proconsul Flaccianus 1, homme éminent par l'étendue de son savoir et la facilité de son éloquence, nous montra, un jour que nous nous entretenions ensemble de Jésus-Christ, l'exemplaire grec qui a servi à cette mauvaise traduction. Or, il nous fit en même temps remarquer un certain passage, où en réunissant les premières lettres de chaque vers, on forme ces mots : Iesous Kreistos Theou Uios Soter, c'est-à-dire
Jésus-Christ, fils de Dieu, Sauveur 2. Or, voici le sens de ces vers, d'après une autre traduction latine, meilleure et plus régulière :
« Aux approches du jugement, la terre se couvrira d'une sueur glacée. Le roi immortel viendra du ciel et paraîtra revêtu d'une chair pour juger le monde, et alors les bons et les méchants verront le Dieu tout-puissant accompagné de ses saints. Il jugera les âmes aussi revêtues de leurs corps, et la terre n'aura plus ni beauté ni verdure. Les hommes effrayés laisseront à l'abandon leurs trésors et ce qu'ils avaient de plus précieux. Le feu brûlera la terre, la mer et le ciel, et ouvrira les portes de l'enfer. Les bienheureux jouiront d'une lumière pure et brillante, et les coupables seront la proie des flammes éternelles. Les crimes les plus cachés seront découverts et les consciences mises à nu. Alors il y aura des pleurs et des grincements de dents. Le soleil perdra sa lumière et les étoiles seront éteintes. La lune s'obscurcira, les cieux seront ébranlés sur leurs pôles, et les plus hautes montagnes abattues et égalées aux vallons. Plus rien dans les choses humaines de sublime ni de grand. Toute la machine de l'univers sera détruite, et le feu consumera l'eau des fleuves et des fontaines. Alors on entendra sonner la trompette, et tout retentira de cris et de plaintes. La terre s'ouvrira jusque dans ses abîmes; les rois paraîtront tous devant le tribunal du souverain Juge, et les cieux verseront un fleuve de feu et de soufre 3 ».
Ce passage comprend en grec vingt-sept vers, nombre qui compose le cube de trois.
1. Saint Augustin a parlé de ce Flaccianus dans son livre Contre les Académiciens, livre I, n. 18-21.
2. On attribuait déjà aux sibylles de ces vers en acrostiches au temps de Cicéron, qui fit remarquer avec une justesse parfaits combien cette forme régulière et travaillée a peu le caractère de l'inspiration. Ce sont là, dit-il, les jeux d'esprit d'un homme de lettres et non les accents d'une âme en délire. Voyez le De divinat., lib. II, cap. 54.
3. On trouvera le texte grec de ces vers sibyllins dans la dernière édition de saint Augustin, tome VII, p. 807.
(398)
Ajoutez à cela que, si l'on joint ensemble les premières lettres de ces cinq mots grecs que nous avons dit signifier Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur, on trouvera Ichthus, qui veut dire en grec poisson, nom mystique du Sauveur, parce que lui seul a pu demeurer vivant, c'est-à-dire exempt de péché, au milieu des abîmes de notre mortalité, semblables aux profondeurs de la mer.
D'ailleurs, que ce poëme, dont je n'ai rapporté que quelques vers, soit de la sibylle d'Erythra ou de celle de Cumes, car on n'est pas d'accord là-dessus, toujours est-il certain qu'il ne contient rien qui favorise le culte des faux dieux ; au contraire, il parle en certains endroits si fortement contre eux et contre leurs adorateurs qu'il me semble qu'on peut mettre cette sibylle au nombre des membres de la Cité de Dieu. Lactance a aussi inséré dans ses oeuvres quelques prédictions d'une sibylle (sans dire laquelle) touchant Jésus-Christ, et ces témoignages, qui se trouvent dispersés en divers endroits de son livre, m'ont paru bons à être ici réunis : « Il tombera, dit la sibylle, entre les mains des méchants, qui lui donneront des soufflets et lui cracheront au visage. Pour lui, il présentera sans résistance son dos innocent aux coups de fouet, et il se laissera souffleter sans rien dire, afin que personne ne connaisse quel Verbe il est, ni d'où il vient pour parler aux enfers et être couronné d'épines. Les barbares, pour toute hospitalité, lui ont donné du fiel à manger et du vinaigre à boire. Tu n'as pas reconnu ton Dieu, nation insensée ! ton Dieu qui se joue de la sagesse des hommes; tu l'as couronné d'épines et nourri de fiel. Le voile du temple se rompra, et il y aura de grandes ténèbres en plein jour pendant trois heures. Il mourra et s'endormira durant trois jours. Et puis retournant à la lumière, il montrera aux élus les prémices de la résurrection ».
Voilà les textes sibyllins que Lactance rapporte en plusieurs lieux de ses ouvrages et que nous avons réunis. Quelques auteurs assurent que la sibylle d'Erythra ne vivait pas à l'époque de Romulus, mais pendant la guerre de Troie.
1. Voyez Lactance, Instit., lib. IV, cap. 18 et 19.
CHAPITRE XXIV.
LES SEPT SAGES ONT FLEURI SOUS LE RÈGNE DE ROMULUS, DANS LE TEMPS OU LES DIX TRIBUS D'ISRAËL FURENT MENÉES CAPTIVES EN CHALDÉE.
Sous le règne de ce même Romulus vivait Thalès le Milésien 1, l'un des Sages qui succédèrent à ces poëtes théologiens parmi lesquels Orphée tient le premier rang. Environ au même temps, les dix tribus d'Israël furent vaincues par les Chaldéens et emmenées captives, tandis que les deux autres restaient paisibles à Jérusalem. Romulus ayant disparu d'une façon mystérieuse, les Romains le mirent au rang des dieux, ce qui ne se pratiquait plus depuis longtemps, et ne se fit dans la suite à l'égard des Césars que par flatterie. Cicéron prend de là occasion de donner de grandes louanges à Romulus pour avoir mérité cet honneur, non à ces époques de grossièreté et d'ignorance où il était si aisé de tromper les hommes, mais dans un siècle civilisé, déjà plein de lumières, bien que l'ingénieuse et subtile loquacité des philosophes ne se fût pas encore répandue de toutes parts. Mais si les-époques suivantes n'ont pas transformé les hommes morts en dieux, elles n'ont pas laissé d'adorer les anciennes divinités, et même d'augmenter la superstition en construisant des idoles, usage inconnu à l'antiquité. Les démons portèrent les peuples à représenter sur les théâtres les crimes supposés des dieux et à consacrer des jeux en leur honneur, pour renouveler ainsi ces vieilles fables, le monde étant trop civilisé pour en introduire de nouvelles. Numa succéda à Romulus; et bien qu'il eût peuplé Rome d'une infinité de dieux, il n'eut pas le bonheur, après sa mort, d'être de ce nombre, peut-être parce qu'on crut que le ciel en était si plein qu'il n'y restait pas de place pour lui. On dit que la sibylle de Samos vivait de son temps, vers le commencement du règne de Manassès, roi des Juifs, qui fit mourir cruellement le prophète Isaïe.
1. Thalès est moins ancien d'un siècle que ne le fait saint Augustin. Il florissait 600 avant J.-C
(399)
CHAPITRE XXV.
DES PHILOSOPHES QUI SE SONT SIGNALÉS SOUS LE RÈGNE DE SÉDÉCHIAS, ROI DES JUIFS, ET DE TARQUIN L'ANCIEN, ROI DES ROMAINS, AU TEMPS DE LA PRISE DE JÉRUSALEM ET DE LA RUINE DU TEMPLE.
Sous le règne de Sédéchias, roi des Juifs, et de Tarquin l'Ancien, roi des Romains, qui avait succédé à Ancus Martius, le peuple juif fut mené captif à Babylone, après la ruine de Jérusalem et du temple de Salomon. Ce malheur leur avait été prédit par les Prophètes, et particulièrement par Jérémie, qui même en avait marqué l'année. Pittacus, de Mitylène, l'un des sept sages, vivait en ce temps-là, et Eusèbe y joint les cinq autres, car Thalès a déjà été mentionné, savoir : Solon d'Athènes, Chilon de Lacédémone, Périandre de Corinthe, Cléobule de Lindos, et Bias de Priène. Ils furent nommés Sages, parce que leur genre de vie les élevait au-dessus du commun des hommes, et comme ayant tracé quelques préceptes courts et utiles pour les moeurs. Du reste, ils n'ont point laissé d'autres écrits à la postérité, si ce n'est quelques lois qu'on dit que Solon donna aux Athéniens. Thalès a aussi composé quelques livres de physique, qui contiennent sa doctrine. D'autres physiciens 1 parurent encore en ce temps, comme Anaximandre, Anaximène et Xénophane 2. Pythagore florissait aussi alors, et c'est lui qui porta le premier le nom de philosophe 3.
CHAPITRE XXVI.
FIN DE LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE ET DU RÈGNE DES ROIS DE ROME.
En ce temps-là, Cyrus, roi de Perse, qui commandait aussi aux Chaldéens et aux Assyriens, relâchant un peu de la chaîne des Juifs, en renvoya cinquante mille pour rebâtir le temple. Mais ils se bornèrent à en jeter les fondements et à dresser un autel, à cause des courses continuelles des ennemis, de sorte que l'ouvrage fut différé jusqu'au règne de Darius. Ce fut alors qu'arriva ce qui est rapporté dans le livre de Judith que les Juifs ne
1. En ces premiers âges de la science, physicien et philosophe, c'est tout un, la physique ayant pour objet la phusis tout entière, c'est-à-dire l'ensemble des choses.
2. Xénophane de Colophon, chef de l'école Eléatique, florissait vers 550 ayant J.-C.
3. Sur ces philosophes, voyez plus haut, livre VIII, chap. 2 et les notes.
reçoivent point parmi les livres canoniques. Or, sous le règne de Darius, roi des Perses, les soixante-dix années prédites par Jérémie étant accomplies, la liberté fut rendue aux Juifs, pendant que les Romains chassaient Tarquin le Superbe et s'affranchissaient de la domination de leurs rois. Jusque-là, les Juifs eurent toujours des prophètes; mais à cause de leur grand nombre, il y en a peu dont les écrits soient reçus comme canoniques, tant par les Juifs que par nous. Sur la fin du livre précédent , j'ai promis d'en dire quelque chose, et il est temps de m'acquitter de ma promesse.
CHAPITRE XXVII.
DES PROPHÈTES QUI S'ÉLEVÈRENT PARMI LES JUIFS AU COMMENCEMENT DE L'EMPIRE ROMAIN.
Afin que nous puissions bien voir en quel temps ils vivaient, remontons un peu plus haut. Le livre d'Osée, qui est le premier des douze petits prophètes, porte en tête: « Voici ce que le Seigneur a dit à Osée du temps d'Ozias, de Joathan, d'Achaz et d'Ezéchias, rois de Judée 1 ». Amos de même dit 2 qu'il prophétisa sous Ozias; il ajoute et sous Jéroboam, roi d'Israël, qui vivait vers ce temps-là. Isaïe, fils d'Amos, soit du prophète, soit d'un autre Amos, indique au commencement de son ouvrage 3 les quatre rois dont parle Osée au début du sien, et déclare comme lui qu'il prophétisa sous leur règne. Michée marque aussi le temps de sa prophétie après Ozias 4, sous Joathan, Achaz et Ezéchias. Il faudrait joindre à ces prophètes Jonas et Joèl, dont l'un prophétisa sous Ozias, et l'autre sous Joathan, au moins selon les chronologistes, car eux-mêmes n'en disent rien. Or, tout cet espace de temps va depuis Procas, roi des Latins, ou Aventinus, son prédécesseur, jusqu'à Romulus, roi des Romains ou même jusqu'au commencement du règne de son successeur Numa Pompilius; car l'époque d'Ezéchias se prolonge jusque-là. Ce fut donc en cet espace de temps que jaillirent ces sources de prophéties, sur la tin de l'empire des Assyriens et au commencement de celui des Romains. Comme en effet c'est à la naissance de la monarchie des Assyriens que les promesses du Messie furent faites à Abraham, elles devaient être renouvelées à ces prophètes
1. Osée, I, 1. - 2. Amos, I, 1. - 3. Isa. I, 1, - 4. Michée, I, 1.
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au commencement de la monarchie romaine, Babylone de l'Occident, sous le règne de laquelle elles devaient s'accomplir par l'avénement de Jésus-Christ. Ces dernières prophéties sont encore plus claires que les autres, comme ne devant pas seulement servir aux Juifs, mais aussi aux païens.
CHAPITRE XXVIII.
VOCATION DES GENTILS PRÉDITE PAR OSÉE ET PAR AMOS.
Il est vrai qu'Osée est quelquefois difficile à saisir dans sa profondeur; mais il faut en rapporter ici quelque chose pour m'acquitter de ma promesse: « Et il arrivera, dit-il, qu'au même lieu où il est écrit: Vous n'êtes point mon peuple, ils seront aussi appelés les enfants du Dieu vivant 1 ». Les Apôtres mêmes ont entendu cette prophétie de la vocation des Gentils. Et comme les Gentils sont aussi spirituellement les enfants d'Abraham, et qu'à ce titre on a raison de les appeler le peuple d'Israël, le Prophète ajoute : « Et les enfants de Juda et d'Israël seront rassemblés en un même corps et n'auront plus qu'un chef, et ils s'élèveront sur la terre 2 ». Ce serait ôter sa force à cette prophétie que de vouloir l'expliquer davantage. Qu'on se souvienne seulement de la pierre angulaire et de ces deux murailles, l'une composée des Juifs, et l'autre des Gentils 3 ; celle-là sous le nom de Juda, et celle-ci sous le nom d'Israël, s'appuyant toutes deux sur un même chef , et toutes deux s'élevant sur la terre. A l'égard de ces Israélites charnels, qui ne veulent pas croire en Jésus-Christ, le même prophète témoigne qu'ils croiront un jour en lui (entendez: non pas eux, mais leurs enfants), lorsqu'il dit : « Les enfants d'Israël demeureront longtemps sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans autel, sans sacerdoce, sans prophétie 4 ». Qui ne voit que c'est l'état où sont maintenant les Juifs? Mais écoutons ce qu'il ajoute: « Et après cela, les enfants d'Israël reviendront et chercheront le Seigneur, leur Dieu , et leur roi David; et ils s'étonneront de leur aveuglement et de la grâce de Dieu dans les derniers temps 5 ». Il n'y a rien de plus clair que cette prophétie Où Jésus-Christ est marqué par David, parce
1. Osée, I, 10. - 2. Ibid. 11. - 3. Ephés. II, 14, 15, 20-22. - 4. Osée, III, 4. - 5. Ibid. 5.
que, comme dit l'Apôtre: « Il est né selon la chair de la race de David 1 ». Ce même
prophète a prédit la résurrection du Sauveur au troisième jour, mais d'une manière mystérieuse et prophétique, lorsqu'il a dit : « Il nous guérira après deux jours, et nous ressusciterons le troisième 2 ». C'est dans le même sens que l'Apôtre nous dit: « Si vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, cherchez les choses du ciel 3 » . Voici encore une prophétie d'Amos sur ce sujet : « lsraël, dit-il, préparez-vous pour invoquer votre Dieu, car c'est moi qui fais gronderie tonnerre, qui forme les tourbillons , et qui annonce aux hommes leur Sauveur 4». Et ailleurs: «En ce jour-là, dit-il, je relèverai le pavillon de Dieu qui est tombé, et je rétablirai tout ce qui est détruit; je le remettrai au même état qu'il était le premier jour; en sorte que tout le reste des hommes me chercheront, ainsi que toutes les nations qui deviendront mon peuple, dit le Seigneur qui fait ces merveilles 5 ».
CHAPITRE XXIX.
PROPHÉTIES D'ISAÏE TOUCHANT JÉSUS-CHRIST ET SON ÉGLISE.
Isaïe n'est pas du nombre des douze petits prophètes, qu'on nomme ainsi parce qu'ils ont écrit peu de chose au prix de ceux qu'on appelle les grands prophètes. Parmi ceux-là est Isaïe, que je joins à Osée et à Amos, comme ayant vécu du même temps. Ce prophète donc, entre les instructions qu'il donne au peuple et les menaces qu'il lui fait de la part de Dieu, a prédit beaucoup plus de choses que tous les autres de Jésus-Christ et de son Eglise, c'est-à-dire du roi de gloire et de la cité qu'il a bâtie, tellement, qu'il y en a qui disent que c'est plutôt un évangéliste qu'un prophète. Mais, pour abréger, je n'en rapporterai ici qu'un seul endroit, celui où il dit en la personne de Dieu le père : « Mon fils sera rempli de science et de sagesse; il sera comblé d'honneur et de gloire. Comme il sera un spectacle d'horreur à plusieurs qui le verront déshonoré et défiguré, il sera un sujet d'admiration à une infinité de peuples, et les rois, pleins d'étonnement, demeureront dans un profond silence, parce que ceux à qui il
1. Rom. VIII, 31. - 2. Osée, VI, 1. - 3. Colos. III, 1. - 4. Amos, XV, 11. - 5. Ibid. XX, 11, 12.
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n'a point été annoncé le verront, et ceux qui n'ont point entendu parler de lui sauront qui il est. Seigneur, qui a cru à notre parole, et à qui le -bras de Dieu a-t-il été révélé ? Nous bégaierons devant lui comme un enfant , et notre langue sera sèche comme une racine dans une terre sans eau. Il n'a ni gloire, ni beauté. Nous l'avons vu sans majesté et sans grâce, et le dernier des hommes était moins difforme que lui. C'est un homme en butte aux coups et accablé de faiblesse. il a caché sa gloire; c'est pourquoi il a été méprisé et déshonoré. Il porte nos péchés, et c'est pour nous qu'il souffre ; et nous avons cru que c'était pour ses crimes. Cependant c'est à cause de nos iniquités qu'il a été couvert de blessures, et ce sont nos péchés qui l'ont réduit en cet état de faiblesse. Il nous a procuré la paix par ses souffrances, et ses plaies ont été notre guérison. Nous étions tous comme des brebis égarées; tous les hommes s'étaient écartés du droit chemin, et le Seigneur l'a livré pour nos péchés, et il n'a pas ouvert la bouche pour se plaindre. Il a été mené comme une brebis à la boucherie, et il est demeuré muet comme un agneau qu'on tond. Son abaissement lui a servi de degré pour monter à la gloire: qui pourra raconter sa génération? Il sera enlevé du monde, et les péchés de mon peuple le conduiront au supplice. Sa sépulture coûtera la vie aux méchants, et les riches porteront la vengeance de sa mort, parce qu'il n'a fait aucun mal, qu'il n'y a en lui ni artifice, ni déguisement, et que le Seigneur veut le guérir de ses blessures. Si vous souffrez la mort pour vos péchés, vous verrez une longue postérité. Le Seigneur veut le délivrer de toute douleur, lui rendre le jour, remplir son esprit de lumière, justifier le juste qui s'est sacrifié pour plusieurs et qui s'est chargé de leurs péchés. Aussi acquerrai-t-il un domaine sur plusieurs, et il partagera les dépouilles des puissants , parce qu'il a été livré à la mort et mis au rang des scélérats, qu'il a porté les péchés de plusieurs et qu'il est mort pour leurs péchés 1 ».
Voilà ce que dit ce prophète au sujet de Jésus-Christ.
Citons ce qu'il ajoute de l'Eglise : « Réjouissez-vous, stérile qui n'enfantez pas;
1. Isa. LII, 13 et seq.
éclatez en cris de joie, vous qui ne concevez point; car celle qui est abandonnée aura plus d'enfants que celle qui a un mari. Etendez le lieu de votre demeure et dressez vos pavillons. Ne ménagez point le terrain, prenez de grands alignements et enfoncez de bons pieux en terre. Etendez-vous à droite et à gauche, car cette postérité possédera les nations comme son héritage, et vous peuplerez les cités désertes. Vous êtes maintenant honteuse à cause des reproches qu'on vous fait; mais ne craignez rien : cette honte sera ensevelie dans un éternel oubli, et vous ne vous souviendrez plus de l'opprobre de votre veuvage, parce que le Seigneur qui vous a créée s'appelle le Dieu des armées, et celui qui vous a délivrée est le Dieu d'Israël et de toute la terre 1 ». Cette citation suffit, et bien qu'il se trouve certaines choses dans ces passages qui auraient besoin d'explication, il en est d'autres qui sont
si claires que nos ennemis mêmes les entendent; malgré qu'ils en aient.
CHAPITRE XXX.
PROPHÉTIES DE MICHÉE, JONAS ET JOEL QUI REGARDENT JÉSUS-CHRIST.
Le prophète Michée, parlant de Jésus-Christ sous la figure d'une. haute montagne, dit ceci: « Dans les derniers temps, la montagne du Seigneur paraîtra élevée au-dessus des plus hautes montagnes, et les peuples s'y rendront en foule de toutes parts, et diront: Venez, montons sur la montagne du Seigneur, et allons en la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera le chemin qui mène à lui , et nous marcherons dans ses sentiers. Car la loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur, de Jérusalem. Il jugera plusieurs peuples, et s'assujétira des nations puissantes pour longtemps ». Le même prophète dit du lieu de la naissance du Sauveur: « Et toi, Bethléem, maison d'Ephrata, tu es trop petite pour être mise au rang de ces villes de Juda qui fournissent des milliers d'hommes, et cependant c'est de toi que sortira le prince d'Israël. Sa sortie est dès le commencement et de toute éternité. C'est pourquoi Dieu abandonnera les siens jusqu'au temps où celle qui est en travail d'enfant doit accoucher, et le reste de ses frères se rangeront avec les enfants
1. Isa. LIV, 1 et seq. - 2. Michée, IV, I et seq.
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d'Israël. Il s'arrêtera, il contemplera et paîtra son troupeau par l'autorité et le pouvoir qu'il en a reçu du Seigneur; et ils rendront leurs hommages au Seigneur, leur Dieu, qui sera glorifié jusqu'aux extrémités de la terre 1 ».
Le prophète Jonas n'a pas tant annoncé le Sauveur par ses discours que par cette espèce de passion qu'il a subie. Car pourquoi a-t-il été englouti dans le ventre d'une baleine et rejeté le troisième jour, sinon pour signifier la résurrection de Jésus-Christ 2 ?
Pour Joël, il faudrait s'engager dans un long discours pour expliquer toutes les prophéties qu'il a faites de Jésus-Christ et de l'Eglise. Toutefois j'en rapporterai un passage
que les Apôtres mêmes alléguèrent 3, quand le Saint-Esprit descendit sur eux, selon la promesse de Jésus-Christ : « Après cela, dit-il, je répandrai mon esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions. En ce temps-là, je répandrai mon u esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes 3 ».
CHAPITRE XXXI.
SALUT DU MONDE PAR JÉSUS-CHRIST PRÉDIT PAR ABDIAS, NAHUM ET HABACUC.
Trois des petits prophètes, Abdias, Nahum et Habacuc, ne disent rien du temps où ils ont prophétisé, et l'on n'en trouve rien non plus dans les chronologies d'Eusèbe et de Jérôme. Il est vrai qu'elles joignent Abdias à Michée ; mais je pense que c'est une faute de copiste ; car elles mettent Abdias sous Josaphat, et il est certain que Michée n'est venu que longtemps après. Pour les deux autres, nous ne les avons trouvés mentionnés dans aucune chronologie. Toutefois, comme ils sont reçus parmi les livres canoniques, il ne faut pas que nous les omettions. Abdias, le. plus court de tous les Prophètes, parle contre le peuple d'Idumée, c'est-à-dire contre Esaü, l'aîné des deux enfants d'Isaac, qui fut réprouvé. Que si par l'Idumée nous entendons toutes les nations, en prenant la partie pour !e tout, comme cela est assez ordinaire dans le langage, nous pouvons fort bien appliquer à Jésus-Christ ce qu'il dit entre autres choses:
1. Michée, V, 2 et seq. - 2. Matt. XII, 39-11. - 3. Act. II, 17. - 4. Joel, II, 28 et 29.
« Le salut et la sainteté seront sur la montagne de Sion 1 » ; et un peu après, sur la fin de cette prophétie : « Ceux qui ont été rachetés de la montagne de Sion s'élèveront pour défendre la montagne d'Esaü et y faire régner le Seigneur». Il est évident que ceci a été accompli, lorsque ceux qui ont été rachetés de la montagne de Sion, c'est-à-dire les fidèles de la Judée, et surtout les Apôtres, se sont élevés pour défendre la montagne d'Esaü. Comment l'ont-ils défendue, si ce n'est par la prédication de l'Evangile, en sauvant ceux qui ont cru, et les tirant de la puissance des ténèbres pour les faire passer au royaume de Dieu ? c'est ce qui est ensuite exprimé par ces paroles: « Afin d'y faire régner le Seigneur ». En. effet, la montagne de Sion signifie la Judée, où devait commencer le salut et paraître la sainteté, qui est Jésus-Christ; et la montagne d'Esaü est l'Idumée, figure de l'Eglise des Gentils, que ceux qui ont été rachetés de la montagne de Sion ont défendue, comme je viens de le dire, pour y faire régner le Seigneur. Cela était obscur avant de s'accomplir ; mais qui ne le comprend depuis l'événement?
Pour le prophète Nahum, voici comme il parle, ou plutôt comme Dieu parle par lui: « Je briserai, dit-il, les idoles taillées et celles qui sont de fonte, et je les ensevelirai, parce que voici sur les montagnes les pieds légers de ceux qui portent et annoncent la paix. Juda, solennisez vos fêtes et offrez vos voeux; car vos jours de fête ne vieilliront plus désormais. Tout est consommé, tout est accompli. Celui qui souffle contre votre face et qui délivre de l'affliction va monter 2 ». Qui est monté des enfers et qui a soufflé l'Esprit-Saint contre la face de Juda, c'est-à-dire des Juifs ses disciples? Je le demande à quiconque a lu l'Evangile. Ceux dont les fêtes se renouvellent, de telle sorte qu'elles ne peuvent plus vieillir, appartiennent au Nouveau Testament, Du reste, nous voyons les idoles des faux dieux détruites par I'Evangile et comme ensevelies dans l'oubli; et nous reconnaissons cette prophétie encore accomplie en ce point. Quant à Habacuc, de quel autre avénement que celui du Sauveur peut-il parler, quand il dit: « Le Seigneur me répondit : Ecrivez nettement cette vision sur le buis, afin que celui qui la lira l'entende. Car cette vision
1. Abdias, 17, 21, sec. LXX. - 2. Nahum, I, 14.
(403)
s'accomplira en son temps, à la fin, et ce ne sera pas une promesse vaine. S'il tarde à venir, attendez-le en patience, car il va venir sans délai 1 ».

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