Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
Parmi ces 115 martyrs de la Guerre Civile espagnole figurent deux femmes laïques (ci-dessous), dans le cortège des innombrables martyrs d’Espagne qui ont versé leur sang « à cause de » (la haine de) leur foi catholique, en particulier au XXe siècle.
(…) « Hier à Almería (Espagne), José Alvarez-Benavides y de la Torre et cent quatorze compagnons martyrs ont été proclamés bienheureux. Ces prêtres, ces religieux et ces laïcs, ont été des témoins héroïques du Christ et de son Evangile de paix et de réconciliation fraternelle. Que leur exemple et leur intercession soutiennent l’engagement de l’Eglise pour édifier la civilisation de l’amour. » (…)
Ses parents, tous deux gitans, la baptisèrent dès sa naissance dans l'église paroissiale de Santa María de leur village. Éduquée dans les coutumes des gitans, ils lui enseignèrent le métier de confection des paniers (vannerie) en sparte pour gagner honnêtement sa vie.
Bien qu'amoureuse de Juan Cortés, également gitan, elle ne put se marier à cause des persécutions religieuses. Finalement, ils s’unirent au début de 1938 et elle tomba enceinte.
Pour que son mari ne parte pas au front, elle lui enduit les yeux de sulfate après quoi ils le déclarèrent inapte.
Elle fut rapidement arrêtée et, malgré sa grossesse, elle intégra la prison pour femmes de Gachás Colorás à Almería le 21 juin 1938. Elle fut jugée et condamnée à six ans de prison le 8 juillet.
Sa codétenue, Doña María de los Ángeles Roda, racontait : « Je me souviens du visage d'Emilia, cette gitane aux très grands yeux noirs, grande, aux cheveux tirés avec un chignon sur la nuque, et elle attirait grandement notre attention par son état de grossesse, étant donné que là-bas, elles étaient toutes très maigres à cause du manque de nourriture. Aimable, elle parlait tout doucement, elle était aussi très respectueuse et religieuse. »
Admirative de l'aide que lui apportaient certaines prisonnières catholiques, elle leur demanda de lui apprendre la prière du Rosaire. La cruelle directrice de la prison, remarquant sa dévotion, lui promit de la favoriser si elle dénonçait ses catéchistes. Devant le refus de la servante de Dieu, elle fut isolée dans une cellule et soumise à des mauvais traitements pendant sa grossesse.
Le 13 janvier 1939, elle donna naissance à une fille et, après l'accouchement, ils lui refusèrent toute assistance médicale. Comme l'écrit le prêtre Gallego Fábrega : « Le 25 au matin, le martyre de la belle petite gitane de vingt-trois ans prit fin, et elle mourut abandonnée et seule, mais sans dénoncer sa catéchiste, malgré toutes les pressions auxquelles elle fut soumise. »
Bien que ses compagnes eussent elles-mêmes baptisé sa fille, les autorités l’emmenèrent et on n’eut plus jamais de nouvelles d'elle.*
(…) Arrêtée en août 1936 et internée à l’Hôpital de la Princesse (Hospital de la Princesa), elle fut transférée à Adra.
Emprisonnée dans sa propre maison, ils lui interdirent de s’habiller et ils ne lui donnaient que de l’urine à boire.
En exigeant d’elle qu’elle dénonçât les bienfaiteurs du temple 1, elle répondait : « Ma valise est prête pour l’éternité ! Vous pouvez faire avec moi et mes fils ce que vous voudrez, mais je ne vous donnerai pas la liste ! »
Torturée pendant plus de quatre mois, ils ne lui arrachèrent jamais un nom. Violée et battue à d’innombrables reprises, ils en arrivèrent à lui trancher un sein et à la noyer dans le port. De surcroît, ils assassinèrent son frère et internèrent sa tante dans un hôpital psychiatrique.
La veille du Nouvel An 1936, ils l’emmenèrent à La Albufera, en la frappant à la tête avec une houe. Après avoir abusé de son corps brisé, elle fut enterrée vivante. Cette martyre héroïque avait 49 ans. *
1 (‘’templo’’) : église abdéritaine (de l’ancien nom d’Adra : Abdera) incendiée en 1932 par les Républicains espagnols, et Carmen, en fidèle collaboratrice de sa Paroisse, participa notamment avec le BienheureuxDon Luis Eduardo López Gascón, Prêtre Passioniste, à une impressionnante campagne de quête pour réparer l’église.
* Extraits des deux biographies d’après le site du Diocèse d’Almería. Traduction par Patrick ROBLES, à Montbéliard le 25 août 2023.
1 Noble par son ascendance, Eulalie est plus noble encore par le genre de sa mort : vierge sainte, ses ossements sont l’ornement de sa ville de Mérida au sein de laquelle elle a vu le jour et sur laquelle veille son amour.
6 Tout près du couchant est le lieu qui reçut cet honneur insigne, puissant par sa ville, riche de ses habitants, mais plus puissant encore par le sang du martyre et le tombeau virginal.
11 Après trois et neuf cycles, elle avait atteint quatre fois trois hivers, quand, dans les crépitements du bûcher, elle terrifia, farouche, les bourreaux tout tremblants, considérant que le supplice lui était doux.
16 Elle avait déjà laissé entrevoir précédemment qu’elle se dirigeait vers le trône du Père et que ses membres n’étaient pas destinés au lit nuptial : elle avait d’elle-même refusé les hochets, toute petite, ne sachant pas s’amuser.
21 Elle méprisait les bijoux d’ambre, pleurait devant les roses, rejetait les colliers d’or fauve ; le visage sérieux, le pas humble, elle avait médité, quand son caractère était tout jeune, la sagesse chenue des vieillards.
26 Mais lorsque le fléau se dresse en fureur contre les serviteurs du Seigneur et que, sanglant, il ordonne aux chrétiens de faire fumer de l’encens et de brûler le foie de bestiaux pour les dieux porteurs de mort,
31 l’esprit sanctifié d’Eulalie grogne là-contre ; elle se prépare, avec son tempérament fougueux, à des combats violents ; cette femme, dont le cœur sans apprêts aspire à Dieu, provoque les armes des hommes.
36 Mais les pieux soucis parentaux font en sorte que l’ombrageuse vierge reste cachée chez elle, retirée dans la campagne et loin de la ville, de peur que, farouche, la jeune fille ne s’élance vers le prix du sang par amour de la mort.
41 Elle a horreur de supporter l’avantage de la tranquillité, avec un retard honteux ; de nuit, sans témoin, elle fait bouger les portes et, dans sa fuite, ouvre les barrières closes, puis de là, emprunte un chemin à travers champs.
46 Elle pénètre, les pieds déchirés, dans des lieux abandonnés et hérissés d’épines, escortée par un chœur d’anges ; même si l’affreuse nuit reste silencieuse, elle possède pourtant une lumière comme guide.
51 Ainsi, la noble troupe ancestrale possédait un rayon en forme de colonne, capable de trancher les ténèbres et qui, dans une nuit éclaircie par son flambeau, a fourni un chemin alors que le chaos s’évanouissait.
56 Ce n’est pas autrement que la pieuse vierge, ayant suivi son chemin dans la nuit, a gagné le jour ; elle ne fut pas recouverte de ténèbres, tandis qu’elle fuyait les royaumes de Canope et qu’elle se préparait une voie au-dessus des astres.
61 À marche forcée durant tout le temps du sommeil, elle parcourt de nombreux milles avant que l’Orient n’ouvre le ciel ; de bon matin, elle se présente au tribunal, fière, et se tient au milieu des faisceaux.
66 Elle hurle : « Je le demande, quelle est cette folie furieuse, de perdre des âmes qui se précipitent, d’abaisser devant des rochers polis des cœurs qui ont le tort de faire bon marché d’eux-mêmes, et de nier le Dieu Père de toute chose ?
71 « Vous recherchez, groupe misérable, la race des chrétiens ? Eh bien me voici. Ennemie des sacrifices démoniaques, je foule les idoles aux pieds et je confesse Dieu en mon cœur et sur mes lèvres.
76 « Isis, Apollon, Vénus, ça n’est rien, Maximien lui-même n’est rien. Ceux-là, parce qu’ils sont fabriqués de main d’homme, celui-ci parce qu’il vénère ce qui est manuellement fabriqué ; pacotille sont les uns et l’autre, ils ne sont rien.
81 « Maximien, seigneur des biens de ce monde et pourtant lui-même client de pierres, prostitue et voue à ses divinités sa propre tête : mais pourquoi frappe-t-il des cœurs pleins de noblesse ?
86 « Ce bon empereur, ce juge remarquable s’abreuve de sang innocent et, guettant la bouche ouverte les corps des fidèles, déchire leurs sobres entrailles et se réjouit de mettre leur foi à la torture.
91 « Allons donc, bourreau, brûle, tranche, sépare les membres unis avec de la boue ! Il est facile de désagréger une réalité faite pour disparaître, mais avec l’aiguillon de la douleur, on n’atteindra pas l’âme qui est à l’intérieur. »
96 Mis en fureur par de tels propos, le préteur dit : « Saisis cette provocatrice, licteur, et accable-la de supplices ! Qu’elle sente qu’il y a des dieux ancestraux et que le pouvoir du prince n’est pas chose légère.
101 « Comme j’aimerais pourtant, avant ton trépas, si cela est possible, te faire revenir, sale gamine, de ta méchanceté ! Regarde quelles joies tu sacrifies, tout ce que t’apportera un honorable mariage !
106 « Ta famille effondrée te suit en larmes et ton noble lignage, anxieux, gémit devant ce que tu fais périr dans la tendre fleur de ta jeunesse, toi qui es toute proche de la dot et de l’hymen.
111 « Le prestige doré du mariage ne t’émeut-il donc pas, et la vénérable piété des vieillards que, téméraire, tu fais chanceler ? Voici que sont prêts les dispositifs d’un trépas dans les tortures :
116 « soit ta tête sera frappée du glaive, soit tes membres seront déchirés par les fauves, ou alors, livrée aux torches enfumées et objet de pitoyables lamentations pour les tiens, tu t’écouleras, réduite en cendres.
121 « Cela, je le demande, quelle difficulté y a-t-il d’y échapper ? Toucher une pincée de sel et un peu d’encens du bout de tes doigts : si tu voulais gentiment le faire, vierge, la lourde peine disparaîtrait, au loin. »
126 À cela, la martyre ne répond rien, mais de fait, elle grogne et lance un crachat dans les yeux du tyran, puis elle renverse les statues et foule aux pieds la galette placée dans les cassolettes.
131 Sans retard, la paire de bourreaux déchire sa poitrine souple comme le jonc, les ongles de fer attaquent les deux flancs de la vierge et les tranchent jusqu’à l’os, tandis qu’Eulalie fait le compte de ces marques.
136 « Voici que tu es inscrit sur moi, Seigneur : que j’aime à lire ces traits qui marquent tes victoires, ô Christ ! Ce nom sacré, la pourpre même du sang qui jaillit le prononce ! »
141 Elle chantait cela sans pleurs ni gémissements, joyeuse et intrépide. La douleur funeste est absente de l’âme et les membres peints d’un sang nouveau lavent sa peau à cette source qui tiédit.
146 Puis ce sont les dernières tortures : non pas la lacération qui blesse jusqu’à la claie des os, ni le labour de la peau, mais la flamme des torches qui, partout, fait fureur sur les flancs et sur le ventre.
151 Tandis que la chevelure parfumée avait glissé sur la gorge, enveloppant les épaules, afin que la chaste pudeur et l’honneur virginal soient cachés, voilés par cette parure de la tête,
156 la flamme pétillante s’envole vers le visage et, croissant le long des cheveux, s’empare de la tête et en dépasse le sommet. La vierge, désireuse d’une mort prompte, recherche le feu du bûcher et l’avale.
161 Alors, une colombe s’élance soudain ; on la voit, plus blanche que neige, quitter la bouche de la martyre et se diriger vers les astres : c’était l’esprit d’Eulalie, tout de lait, rapide, innocent.
166 Le cou s’incline tandis que l’âme s’en va, et le bûcher enflammé s’éteint ; la paix est donnée aux membres inanimés, le souffle dans le ciel frémit, triomphant, et gagne les demeures élevées, à tire d’aile.
171 Le sbire lui aussi a vu l’oiseau sortir de la bouche féminine, aux yeux de tous ; stupéfait et étonné, il s’élance et fuit ses forfaits, et le licteur lui aussi s’enfuit effrayé.
176 Voici que l’hiver de glace fait tomber la neige et recouvre toute la place, il recouvre en même temps les membres d’Eulalie gisant sous le ciel gelé, en lieu et place d’un petit suaire de lin.
181 Qu’il cesse, l’amour des hommes en larmes qui ont coutume de célébrer les obsèques, qu’il cesse, l’office des pleurs ! Les éléments eux-mêmes, sur l’ordre de Dieu, te procurent des funérailles, ô vierge.
186 Maintenant, Mérida est le lieu de la tombe, illustre colonie de Vettonie que longe le fameux fleuve Ana et dont il baigne les beaux remparts avec son courant verdoyant.
191 Ici, où grâce au marbre translucide, une auguste demeure brille d’un éclat aussi bien étranger qu’indigène, la vénérable terre garde en son sein les reliques et les cendres sacrées.
196 Au-dessus, les toits étincelants brillent de leurs lambris dorés, et les pierres des mosaïques apportent leur variété au sol, si bien que l’on croit qu’un pré couvert de roses rougeoie avec des fleurs diaprées.
201 Cueillez des violettes pourpres et moissonnez les crocus sanglants ! L’hiver fécond n’en manque pas, la glace tiédie n’enserre plus les champs, au point que nos corbeilles débordent de fleurs.
206 Ces présents cueillis dans la chevelure des feuilles, jeune fille, garçon, offrez-les ! Quant à moi, j’apporterai au milieu du cortège des guirlandes tissées dans un mètre dactylique, humbles, fanées mais festives.
211 C’est ainsi qu’il convient de vénérer les ossements et l’autel placé sur les ossements. Elle, se tenant aux pieds de Dieu, regarde cela et, apaisée par le chant, protège son peuple.
Sara, toi la sainte patronne des voyageurs et gitans du monde entier, tu as vécu en ce lieu des Saintes-Maries-de-la-Mer. Tu es venue d’un lointain pays au-delà des mers. J’aime venir te retrouver ici, te dire tout ce que j’ai dans le cœur, te confier mes peines et mes joies. Je te prie pour tous les membres de ma famille et tous mes amis. Sara, veille sur moi !
Prière aux Saintes Maries Jacobé et Salomé
Ô Sainte Marie-Jacobé et Sainte Marie-Salomé, je viens vous prier dans cette église des Saintes-Maries-de-la-Mer, le cœur rempli de toutes les peines et les joies de ma vie. Je demande votre protection. Aidez-moi à aimer Jésus comme vous L'avez aimé. Aidez-moi à suivre Jésus comme vous L'avez suivi, jusqu'à Sa mort sur la Croix. Donnez-moi de croire en Sa Résurrection comme vous y avez cru en trouvant Son tombeau vide. Puis donnez-moi le désir et la force d'annoncer SonÉvangile, la Bonne Nouvelle de Son message d'Amour, comme vous l'avez fait sur cette terre de Provence.
Dieu notre Père Miséricordieux, par la Lumière et la Force de l'Esprit Saint, Tu as permis au tzigane Ceferino de mener une véritable vie chrétienne jusqu'à une mort violente, qu’il a affrontée courageusement à la suite du Christ.
Nous Te remercions pour ce signe de Ta Miséricorde que Tu as manifesté aux peuples Sinti et Roms et nous Te prions : permets qu’il soit reconnu Saint par l’Église, et qu’il nous aide aussi à devenir de vrais chrétiens, toujours prêts à suivre le chemin de la Croix dans l’Espérance, afin de pouvoir toujours participer à Ta Gloire. Par le Christ notre Seigneur. Amen.
Prière traduite de l'allemand.
Chaleureux remerciements à Jeannine Vaquié, qui m'a fait découvrir ce "Saint" gitan. Voir son article
Gebet zum Seligen Ceferino Giménez Malla
Gott allgütiger Vater, durch das Licht und
die Kraft des heiligen Geistes hast Du den
Zigeuner Ceferino dazu befähigt, ein wahr-
haft christliches Leben zu führen bis hin
zu einem gewaltsamen Tod, dem er in der
Nachfolge Christi mutig entgegengegangen
ist. Wir danken Dir für dieses Zeichen
Deines Erbarmens, das Du dem Volk der Sinti
und Roma erwiesen hast und bitten Dich:
gib, daß er als Heiliger der Kirche aner-
kannt werde und auch uns helfe, wahre
Christen zu werden, ständig dazu bereit,
auf dem Weg des Kreuzes zu gehen in der
Hoffnung, für immer an Deiner Herrlich-
keit teilhaben zu können.
Durch Christus, unseren Herrn. Amen
Internationales Komitee für die Seligsprechung, Piazza Missori 4, 20122 Milano, Italien.