LE SACRÉ-COEUR DE JÉSUS ET LA FRANCE
Claire FERCHAUD (1896-1972)
Le 16 janvier, une lettre de Claire Ferchaud est remise à Raymond Poincaré, président de la République. Elle lui fait part d'un message qu'elle dit avoir reçu du Christ, qui contient une double demande : sa conversion, et l'apposition du Sacré-Coeur sur le drapeau national. Malgré leur rencontre du 21 mars, et un nouveau courrier envoyé le 1er mai, ses démarches resteront sans effet.
le 16 janvier 1917
1916, Jésus, dans une lumière spéciale, me fit voir M. le Président, l'âme fortement travaillée par la grâce ; d'abord à demi écoutant Dieu et votre conscience. Il m'a semblé voir Dieu vous adressant ces paroles : "Raymond, Raymond, pourquoi me persécutes-tu ?" À cette voix, vous avez tressailli ; puis la grâce étant plus forte que vos passions, vous êtes tombé à genoux, l'âme angoissée et vous avez dit : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?"
Plusieurs fois, pendant l'auguste mystère de la Sainte Messe, Jésus aspergea votre personne de son Sang Divin, signe de la Miséricorde que son Coeur vous offre.
Monsieur, voici les paroles sacrées que j'ai entendues de la bouche même de Notre-Seigneur :
"Va dire au chef qui gouverne la France de se rendre à la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre avec les rois des nations alliées. Là, solennellement, les drapeaux de chaque nation seront bénis, puis le Président devra épingler l'image de mon Coeur sur chacun des étendards présents. Ensuite, M. Poincaré et tous les rois alliés à la
tête de leur pays, ordonneront officiellement que le Sacré-Coeur soit peint sur tous les drapeaux de chaque régiment français et allié. Tous les soldats devront être recouverts de cet insigne de salut". »
Lettre de Marguerite-Marie à la Révérende Mère de Saumaise
(concernant les paroles qu'elle a entendues de Jésus
le 17 juin 1689 au sujet de Louis XIV) :
Le 28 août 1689 dans une autre lettre, sainte Marguerite-Marie précise les demandes de Jésus-Christ à Louis XIV :
"Heureux donc qu'il sera, s'il prend goût à cette dévotion qui lui établira un règne éternel d'honneur et de gloire dans ce Sacré-Coeur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, lequel prendra soin de l'élever et de le rendre grand dans le ciel devant Dieu son Père autant que ce Monarque en prendra de relever devant les hommes les opprobres et anéantissements que ce Divin Coeur y a souffert ; qui sera en lui rendant et lui procurant les honneurs, l'amour et la gloire qu'il en attend."
Ainsi, Louis XIV devait faire pour le Sacré-Coeur un acte de consécration du Royaume de France au Roi Jésus.
Ainsi, Louis XIV devait faire pour le Sacré-Coeur ce que son père Louis XIII avait fait pour la Vierge Marie : un acte de consécration du Royaume de France au Roi Jésus.
Il devait donc successivement :
- consacrer sa personne au Sacré-Coeur et à travers sa personne, le Royaume de France, en vertu du sacre de Reims qui lui en donnait la légitimité,
- faire graver l'image du Sacré-Coeur sur ses armes et ses étendards, afin d'obtenir une protection divine face à ses ennemis, car, avait réaffirmé sainte Jeanne d'Arc, "ceux qui font la guerre au Royaume de France font la guerre au Roi Jésus",
- faire construire un édifice religieux où l'image du Sacré-Coeur serait exposée, afin que ce Divin Coeur y reçoive un culte de la part de la nation tout entière,
- obtenir enfin du Saint-Siège une messe propre en l'honneur du Sacré-Coeur.
Aucune de ces quatre demandes du Sacré-Coeur, datées du 17 juin 1689, n'a été accomplie par Louis XIV, le Père
de la Chaise n'ayant pas su toucher son coeur.
Biographie de Sainte Marguerite-Marie Alacoque
En 1765, à la demande de Marie Leczinska, épouse de Louis XV, qui avait appuyé la demande des évêques polonais auprès du Vatican, une fête officielle du Sacré-Coeur, avec messe propre, fut obtenue. C'est la seule des quatre demandes du Sacré-Coeur à avoir été satisfaite durant le règne des Bourbons, avant la Révolution
française.
Louis XVI connaissait ces demandes du Sacré-Coeur, mais il ne se proposa d'y répondre qu'en 1792 alors qu'il était déjà prisonnier au Temple et que son pouvoir était perdu. Le Ciel tint compte néanmoins de son acte de consécration, si l'on en croit cette révélation faite par Jésus à Marie-Julie Jahenny, en 1877, à propos du
futur Roi de France :
"Il étendra davantage la dévotion de mon Sacré-Coeur et de la Croix. Il sera un des plus illustres propagateurs de mes oeuvres, c'est-à-dire qu'il consacrera la France entière à mon Sacré-Coeur. Il sera comme un nouveau Louis XVI avec son crucifix dans la main, quand il étendait cette main vers le Ciel, en consacrant dans sa prison du Temple la France à mon Coeur."
Claire Ferchaud, en religion Sœur Claire de Jésus Crucifié
Née le 5 mai 1896.
Morte à Loublande, le 29 janvier 1972.
Alors qu'elle a tout juste 20 ans, elle voit et entend le Christ, qui lui apparaît "le Cœur broyé" par le péché des hommes. Elle s'en confie au pasteur de Loublande, l'Abbé Audebert. Puis le Christ lui confie une mission : contacter le président Poincaré en vue de sa conversion, et de l'apposition du Sacré-Cœur sur les drapeaux français, dont dépendra la victoire définitive des armées du pays. Elle lui écrit en ce sens, et sa lettre est remise au Président Poincaré le 16 janvier 1917. Celui-ci reçoit Claire Ferchaud à l'Elysée le 21 mars suivant. Il semble acquiescer à ses propositions, mais n'en fait rien. Claire Ferchaud lui envoie donc un second courrier le 1° mai, qui restera lui aussi sans effet. Le 7 mai, elle adresse alors une lettre d'avertissement à 14 généraux d'armées, demandant "que l'image du Sacré-Cœur, signe d'espérance et de salut, brille officiellement sur nos couleurs nationales". Le Sacré-Cœur sera invoqué durant ce conflit par des millions de fidèles, mais ne sera jamais placé sur les étendards… Et la paix signé en 1918, comme l'avait annoncé Claire Ferchaud, ne sera pas "définitive". En 1918, elle instaure la Messe perpétuelle, approuvée par Mgr Humbrecht, évêque de Poitiers, le 11 juin. Elle se retire ensuite dans la maison du Sacré-Cœur, à Loublande, où elle restera jusqu'à sa mort sous le nom de sœur Claire de Jésus crucifié. Elle y fonde une petite communauté de religieuses laïques, en réparation des injures faites au Sacré-Cœur, réparatrices expiatrices "en substitution au refus opposé par la France de reconnaître officiellement Dieu pour maître". Benoît XV dit un jour à ce propos à Mgr Rumeau : "Dites leur que je veux qu'elles restent ensemble". La communauté recevra également la bénédiction de Pie XII. L'image du "Cœur Sacré de Jésus broyé à cause de nos péchés", peinte sous la dictée de Claire Ferchaud - et dont une reproduction en tableau est exposée dans la chapelle de la maison du Sacré-Cœur de Loublande - est encore diffusée aujourd'hui.