Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : In hoc signo vinces. Parousie by ROBLES Patrick
  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
  • Contact

Profil

  • Patrick ROBLES
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)

Translation. Traduzione

 

Info Coronavirus

Covid-19 Santé Publique France

OMS - WHO

 
Live Traffic Statistics

 

56 millions de femmes avorteront cette année

56 million abortions worldwide every year

Photo © Marcelle RAPHAEL Fine Arts Newborns

 

Non à la peine de mort en Biélorussie !

Say no to the Death Penalty in Belarus!

 

3D Live Statistics

 


Live Blog Stats

 

 

Flag Counter

 

Online

 

 

 

LE MONDE

 

 

 

 

 

Horaires-messes-Info-parousie.over-blog.fr.jpg

 


Created with Admarket's flickrSLiDR.

 

 

Recueil Poèmes chrétiens de Patrick ROBLES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Light a candle -Allumez une bougie

 

 

Offices-Abbaye-du-Barroux-en-direct--Prime-Sexte-Vepres-Co.jpg

 

Sainte-Therese-et-Pape-Francois-parousie.over-blog.fr.jpg

 

 

Recherche

Thou shalt not kill

 

 

 

 

Lookup a word or passage in the Bible


BibleGateway.com
Include this form on your page

 

 

Made-in-papa-maman-parousie.over-blog.fr.jpg

 

 

bebe-carte-ancienne-parousie.over-blog.fr.jpg

1 Père + 1 Mère, c'est élémentaire !

 

Snow-leopard-leopard-des-neiges-parousie.over-blog.fr.jpg

 

Visites

 

 

Icone-Toast.png

 

 

Pour le poète. Merci !

Facebook Fan Club

27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 10:24
Saint Stanislas KOSTKA


CHAPITRE XVII.

DES TROIS MONARCHIES QUI FLORISSAIENT DU TEMPS D'ABRAHAM, ET NOTAMMENT DE CELLE DES ASSYRIENS.
En ce temps-là, il y avait trois puissants empires où florissait merveilleusement la cité de la terre, c'est-à-dire l'assemblée des hommes qui vivent selon l'homme sous la domination des anges prévaricateurs, savoir : ceux des Sicyoniens, des Egyptiens et des Assyriens 4. Celui-ci était le plus grand et le plus puissant de tous; car Ninus, fils de Bélus, avait subjugué toute l'Asie, à la réserve des Indes. Par
1. Gen. XII, 4. - 2. Act. VII, 2. - 3. Galat. III, 17.
4. Dans tous ces développements historiques, saint Augustin suit la chronique d'Eusèbe.
(344)
l'Asie, je n'entends pas parler de celle 1 qui n'est maintenant qu'une province de la seconde partie de la terre (ou, selon d'autres, de la troisième), mais de cette troisième partie elle-même, le monde étant ordinairement partagé en trois grandes divisions, l'Asie, l'Europe et l'Afrique, qui ne forment pas au reste trois portions égales. L'Asie s'étend du midi par l'orient jusqu'au septentrion; au lieu que l'Europe ne s'étend que du septentrion à l'occident, et l'Afrique de l'occident au midi, de sorte qu'il semble que l'Europe et l'Afrique n'occupent ensemble qu'une partie de la terre et que l'Asie toute seule occupe l'autre. Mais on a fait deux parties de l'Europe et de l'Afrique, à cause qu'elles sont séparées l'une de l'autre par la mer Méditerranée. En effet, si l'on divisait tout le monde en deux parties seulement, l'orient et l'occident, l'Asie tiendrait l'une, et l'Europe et l'Afrique l'autre. Ainsi, des trois monarchies qui existaient alors , celle des Sicyoniens n'était pas sous les Assyriens, parce qu'elle était en Europe : mais comment l'Egypte ne leur était-elle pas soumise, puisqu'ils étaient maîtres de toute l'Asie, aux Indes près? C'est donc principalement dans l'Assyrie que florissait alors la cité de la terré, cité impie dont la capitale était Babylone, c'est-à-dire Confusion, nom qui lui convient parfaitement. Ninus en était roi et avait succédé à son père Bélus, qui avait tenu le sceptre soixante-cinq ans : lui-même régna cinquante-deux ans, et en avait déjà régné quarante-trois lorsqu'Abraham vint au monde, c'est-à-dire environ douze cents ans avant la fondation de Rome, qui fut comme la Babylone d'Occident.
CHAPITRE XVIII.
DE LA SECONDE APPARITION DE DIEU A ABRAHAM, À QUI IL PROMET LA TERRE DE CHANAAN POUR LUI ET SA POSTÉRITÉ.
Abraham sortit donc de Charra la soixante-quinzième année de son âge, et la cent quarante-cinquième de celui de son père, et passa avec Lot, son neveu, et sa femme Sarra, dans la terre de Chanaan jusqu'à Sichem, où il reçut encore un avertissement du ciel, que l'Ecriture rapporte ainsi : « Le Seigneur apparut à Abraham, et lui dit : Je donnerai
1. L'Asie Mineure, qu'on appelait quelquefois l'Asie tout court.
cette terre à votre postérité 1 ». Il ne lui est rien dit ici de cette postérité qui devait le rendre père de toutes les nations, mais seulement de celle qui le rendait père du peuple hébreu : c'est en effet ce peuple qui a possédé la terre de Chanaan.
CHAPITRE XIX.
DE LA PUDICITÉ DE SABRA, QUE DIEU PROTÉGE EN ÉGYPTE, OU ABRAHAM LA FAISAIT PASSER, NON POUR SA FEMME, MAIS POUR SA SOEUR.
Lorsque ensuite Abraham eut dressé un autel en cet endroit 2 et invoqué Dieu, il alla demeurer au désert, d'où, pressé de la faim, il passa en Egypte. Là il dit que Sarra était sa soeur, ce qui était vrai parce qu'elle était sa cousine germaine 3, de même que Lot, qui le touchait au même degré, est aussi appelé son frère. Il dissimula donc qu'elle était sa femme, mais il ne le nia pas, remettant à Dieu le soin de son honneur, et se gardant comme homme des insultes des hommes. S'il n'eût pris en cette rencontre toutes les précautions possibles, il aurait plutôt tenté Dieu que témoigné sa confiance en lui., Nous avons dit beaucoup de choses à ce sujet en répondant aux calomnies de Fauste le manichéen 4. Aussi arriva-t-il ce qu'Abraham s'était promis de Dieu, puisque Pharaon, roi d'Egypte, qui avait choisi Sarra pour épouse, frappé de plusieurs plaies, la rendit à son mari 5. Loin de nous la pensée que sa chasteté ait reçu aucun outrage de ce prince, tout portant à croire qu'il en fut détourné par ces fléaux du ciel.
CHAPITRE XX.
DE LA SÉPARATION D'ABRAHAM ET DE LOT, QUI EUT LIEU SANS ROMPRE LEUR UNION.
Lorsque Abraham fut retourné d'Egypte dans le lieu d'où il était sorti, Lot, son neveu, se sépara de lui sans rompre la bonne intelligence qui était entre eux, et se retira vers Sodome. Les richesses que tous deux avaient acquises et les fréquents démêlés de leurs bergers les déterminèrent à prendre ce parti, afin d'empêcher que les querelles des serviteurs ne vinssent à jeter la désunion parmi les maîtres. Abraham, voulant prévenir ce
1. Gen. XII, 7.- 2. Ibid. XII,7 et seq.
3. Voyez plus haut, livre XV, ch. 16.
4. Comp. Faust., lib. XXII, cap. 36. - 5. Gen. XII, 20.
(345)
malheur, dit à Lot: « Je vous prie, qu'il n'y ait point de différend entre vous et moi, ni entre vos bergers et les miens, puisque nous sommes frères. Toute cette contrée n'est-elle pas à nous? Je suis donc d'avis que nous nous séparions. Si vous allez à gauche, j'irai à droite; et si vous allez à droite, j'irai à gauche 1 ». Il se peut que la coutume reçue dans les partages, où l'aîné fait les lots et le cadet choisit de la son origine.
CHAPITRE XXI.
DE LA TROISIÈME APPARITION DE DIEU A ABBAHAM, OU IL LUI RÉITÈRE LA PROMESSE DE LA TERRE DE CHANAAN POUR LUI ET SES DESCENDANTS A PERPÉTUITÉ.
Après qu'Abraham et Lot se furent ainsi séparés et que l'un se fut fixé dans la terre de Chanaan et l'autre à Sodome, Dieu apparut à Abraham pour la troisième fois, et lui dit:
« Regardez de tous côtés, autant que votre vue peut s'étendre vers les quatre points du monde ; je vous donnerai, à vous et à tous vos descendants jusqu'à la fin du siècle, toute cette terre que vous voyez, et je multiplierai votre postérité comme la poussière de la terre. Si quelqu'un peut compter les grains de poussière de la terre, il pourra aussi compter votre postérité. Levez-vous, et mesurez cette terre en long et en large, car je vous la donnerai 2». On ne voit pas bien si, dans cette promesse, est comprise celle qui a rendu Abraham père de toutes les nations; on peut néanmoins le conjecturer d'après ces paroles: « Je multiplierai votre postérité comme la poussière de la terre », expression figurée que les Grecs appellent hyperbole et qui a lieu quand ce qu'on dit d'une ,chose la surpasse de beaucoup. Qui ne sait combien la poussière de la terre surpasse le nombre des hommes, quel qu'il p,uisse être, depuis Adam jusqu'à la fin du siècle, et à plus forte raison la postérité d'Abraham, soit la charnelle, soit la spirituelle? En effet, cette dernière postérité est peu de chose en comparaison de la multitude des méchants, et cependant, malgré sa petitesse, elle forme encore un nombre innombrable, d'où vient que l'Ecriture la désigne par la poussière de la terre. Mais elle n'est innombrable qu'aux hommes, et non à Dieu, qui sait même le compte de tous les grains de
1. Gen. XII, 8, 9. - 2. Ibid. 14-17.
poussière. Ainsi, comme l'hyperbole de l'Ecriture est mieux remplie par les deux postérités d'Abraham, on peut croire que cette promesse s'applique à l'une et à l'autre 1. Si j'ai dit que cela n'est pas très-clair, c'est que le seul peuple juif a tellement multiplié qu'il s'est presque répandu dans toutes les contrées du monde, de sorte qu'il suffit pour justifier l'hyperbole, outre qu'on ne peut pas nier que la terre dont il est question ne soit celle de Chanaan. Néanmoins, ces mots : « Je vous la donnerai, à vous et à vos descendants jusqu'à la fin du siècle », peuvent en faire douter, si, par cette expression, jusqu'à la fin du siècle, on entend éternellement; mais si on les prend comme nous pour la fin de ce monde et le commencement de l'autre, il n'y a point de difficulté. Bien que les Juifs aient été chassés de Jérusalem, ils demeurent dans les autres villes de la terre de Chanaan et y demeureront jusqu'à la fin du monde; ajoutez à cela que, quand cette terre est habitée par des chrétiens, c'est la postérité d'Abraham qui l'habite.
CHAPITRE XXII.
ABRAHAM SAUVE LOT DES MAINS DES ENNEMIS ET EST BÉNI PAR MELCHISÉDECH.
Abraham, après avoir reçu cette promesse, alla demeurer en un autre endroit de cette contrée, près du chêne de Mambré, qui était en Hébron 2. Ensuite, les ennemis ayant ravagé le pays de Sodome et vaincu les habitants en bataille rangée, Abraham, accompagné de trois cent dix-huit des siens, alla au secours de Lot, que les vainqueurs avaient fait prisonnier, et le délivra de leurs mains après les avoir défaits, sans vouloir rien prendre des dépouilles que le roi de Sodome lui offrait. C'est en cette occasion qu'il fut béni par Melchisédech 3, prêtre du Dieu souverain, dont il est beaucoup parlé dans J'Epître aux Hébreux 4, que plusieurs disent être de saint Paul, ce dont quelques-uns ne tombent pas d'accord 5. On vit là pour la première fois le sacrifice que les chrétiens offrent aujourd'hui à Dieu par toute la terre, pour accomplir cette parole du Prophète à Jésus-Christ, qui ne s'était pas encore incarné : « Vous êtes prêtre
1. Comp. Cont. Faust., lib. XXII, cap. 89.
2. Gen. XIII, 18. - 3. Ibid. XIV, 1-20. - 4. Hébr. VII.
5. Marcion, Basilide et plusieurs autres hérétiques niaient l'authenticité de 1'Epître aux Hébreux.
(346)
pour jamais selon l'ordre de Melchisédech 1 ».
Il ne dit pas selon l'ordre d'Aaron, lequel devait être aboli par la vérité dont ces ombres étaient la figure.
CHAPITRE XXIII.
DIEU PROMET A ABRAHAM QUE SA POSTÉRITÉ SERA AUSSI NOMBREUSE , QUE LES ÉTOILES, ET LA FOI D'ABRAHAM AUX PAROLES DE DIEU LE JUSTIFIE, QUOIQUE NON CIRCONCIS.
Dieu parla encore à Abraham dans une vision 2, et l'assura de sa protection et d'une ample récompense; et comme Abraham se plaignit à lui qu'il était déjà vieux, qu'il mourrait sans postérité, et qu'Eliézer, l'un de ses esclaves, serait son héritier, Dieu lui promit qu'il aurait un fils, et que sa postérité serait aussi nombreuse que les étoiles du ciel; par où il me semble que Dieu voulait spécialement désigner la postérité spirituelle d'Abraham. Que sont, en effet, les étoiles, pour le nombre, en comparaison de la poussière de la terre, à moins qu'on ne veuille dire qu'il y a ici cette ressemblance qu'on ne peut compter les étoiles et que l'on ne saurait même toutes les voir? On en découvre à la vérité d'autant plus qu'on a de meilleurs yeux; mais il résulte précisément de là qu'il en échappe toujours quelques-unes aux plus clairvoyants, sans parler de celles qui se lèvent et se couchent dans l'autre hémisphère. C'est donc une rêverie de s'imaginer qu'il y en a qui ont connu et mis par écrit le nombre des étoiles, comme on le dit d'Aratus 3 et d'Euxode 4; et l'Ecriture sainte suffit pour réfuter cette opinion. Au reste, c'est dans ce chapitre de la Genèse que se trouve la parole que l'Apôtre rappelle pour relever la grâce de Dieu : « Abraham crut Dieu, et sa foi lui fut imputée à justice 5 » ; et il prouve par là que les Juifs ne devaient point se glorifier de leur circoncision, ni empêcher que les incirconcis ne fussent admis à la foi de Jésus-Christ, puisque, quand la foi d'Abraham lui fut imputée à justice, il n'était pas encore circoncis.
1. Ps. CIX, 5. - 2. Gen. XV, 1 et seq.
3. On sait qu'Aratus est l'auteur d'un poëme astronomique, souvent traduit du grec en latin, notamment par Cicéron. Il florissait vers l'an 280 avant J-C.
4. Eudoxe, de Cnide, contemporain de Platon, et son compagnon de voyage en Egypte, si l'on en croit la tradition. Il est cité par Aristote (Metaph., lib. XII, cap. 7) et par Cicéron (De divin., lib. II, cap. 42) comme un astronome de premier ordre.
5.Gen. XV, 6; Rom. IV, 3, et Galat. III, 6.
CHAPITRE XXIV.
CE QUE SIGNIFIE LE SACRIFICE QUE DIEU COMMANDA A ABRAHAM DE LUI OFFRIR, QUAND CE PATRIARCHE LE PRIA DE LUI DONNER QUELQUE SIGNE DE L'ACCOMPLISSEMENT DE SA PROMESSE,
Dans cette même vision, Dieu lui dit encore : « Je suis le Dieu qui vous ai tiré
du pays des Chaldéens, pour vous donner cette terre et vous en mettre en possession ». Sur quoi, Abraham lui ayant demandé comment il connaîtrait qu'il la devait posséder, Dieu lui répondit: « Prenez une génisse de trois ans, une chèvre et un bélier de même âge, avec une tourterelle et une colombe ». Abraham prit tous ces animaux; et, après les avoir divisés en deux, mit ces moitiés vis-à-vis l'une de l'autre; mais il ne divisa point les oiseaux. Alors, comme il est écrit, les oiseaux descendirent sur ces corps qui étaient divisés, et Abraham s'assit auprès d'eux. Sur le coucher du soleil il fut saisi d'une grande frayeur qui le couvrit de ténèbres épaisses, et il lui fut dit : « Sachez que votre postérité demeurera parmi des étrangers qui la persécuteront et la réduiront en servitude l'espace de quatre cents ans; mais je ferai justice de leurs oppresseurs, et elle sortira de leurs mains, chargée de dépouilles. Pour vous, vous vous en irez en paix avec vos pères, comblé d'une heureuse vieillesse, et vos descendants ne reviendront ici qu'à la quatrième génération, car les Amorrhéens n'ont pas encore comblé la mesure de leurs crimes ». Comme le soleil fut couché, une flamme s'éleva tout à coup et l'on vit une fournaise fumante et des brandons de feu qui passèrent au milieu des animaux divisés. Ce jour-là, Dieu fit alliance avec Abraham et lui dit : « Je donnerai cette terre à vos enfants, depuis le fleuve d'Egypte jusqu'au grand fleuve d'Euphrate; je leur donnerai les Cénéens, les Cénézéens, les Cedmonéens, les Céthéens, les Phéréséens, les Raphaïms, les Amorrhéens, les Chananéens, les Evéens, les Gergéséens et les Jébuséens 1 »
Voilà ce qui se passa dans cette vision; mais l'expliquer en détail nous mènerait trop loin et passerait toutes les bornes de cet ouvrage. Il suffira de dire ici qu'Abraham ne perdit
pas la foi dont l'Ecriture le loue, pour avoir
1. Gen. XV, 7-21
(347)
dit à Dieu: « Seigneur, comment connaîtrai-je que je dois posséder cette terre? » Il ne dit pas: Comment se pourra-t-il faire que je la possède? comme s'il doutait de la promesse de Dieu, mais : Comment connaîtrai-je que je dois la posséder? afin d'avoir quelque signe qui lui fit connaître la manière dont cela devait se passer : de même que la Vierge Marie n'entra en aucune défiance de ce que l'ange lui annonçait, quand elle dit: « Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point « d'homme 1? » Elle ne doutait point de la chose, mais elle s'informait de la manière 2. C'est pourquoi l'ange lui répondit : « Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre 3 ». Ici, de même, Dieu donna à Abraham le signe d'animaux immolés, comme la figure de ce qui devait arriver et dont il ne doutait pas. Par la génisse était signifié le peuple juif soumis au joug de la loi; par la chèvre, le même peuple pécheur, et par le bélier, le même encore régnant et dominant. Ces animaux ont trois ans, à cause des trois époques fort remarquables: depuis Adam jusqu'à Noé, depuis Noé jusqu'à Abraham, et depuis Abraham jusqu'à David, qui, le premier d'entre les Israélites, monta sur le trône par la volonté de Dieu après la réprobation de Saül, dernière époque durant laquelle ce peuple prit ses plus grands accroissements. Que cela figuré ce que je dis, ou toute autre chose, au moins ne douté-je point que les hommes spirituels ne soient désignés par la tourterelle et par la colombe; d'où vient qu'il est dit qu'Abraham ne divisa point les oiseaux. En effet, les charnels sont divisés entre eux, mais non les spirituels, soit qu'ils se retirent du commerce des hommes, comme la tourterelle, soit qu'ils vivent avec eux, comme la colombe. Quoi qu'il en soit, l'un comme l'autre de ces deux oiseaux est simple et innocent; et ils étaient un signe que, même dans ce peuple juif, à qui cette terre devait être donnée, il y aurait des enfants de promission et des héritiers du royaume et de la félicité éternelle. Pour les oiseaux qui descendirent sur ces corps divisés, ils figurent les malins esprits, habitants de l'air et toujours empressés de se repaître de la division des hommes charnels.
1. Luc, I, 34.
2. Comp. saint Ambroise, De Abrah. patr., lib. II, cap. 8.
3. Luc, I, 35.
Abraham, venant s'asseoir auprès d'eux, signifie que, même au milieu de ces divisions des hommes charnels, il y aura toujours quelques vrais fidèles jusqu'à la fin du monde. Par la frayeur dont Abraham fut saisi vers le coucher du soleil, entendez que, vers la fin du monde, il s'élèvera une cruelle persécution contre les fidèles, selon cette parole de Notre-Seigneur dans l'Evangile : « La persécution sera si grande alors, qu'il n'y en a jamais eu de pareille 1 »
Quant à ces paroles de Dieu à Abraham: « Sachez que votre postérité demeurera parmi des étrangers qui la persécuteront et la tiendront captive l'espace de quatre cents ans », cela s'entend sans difficulté du peuple juif qui devait être captif en Egypte. Ce n'est pas néanmoins que sa captivité ait duré quatre cents ans, mais elle devait arriver dans cet espace de temps; de même que l'Ecriture dit de Tharé, père d'Abraham, que tout le temps de sa vie à Charra fut de deux cent cinq ans 2, non qu'il ait passé toute sa vie en ce lieu, mais parce qu'il y acheva le reste de ses jours. Au reste, l'Ecriture dit quatre cents ans pour faire un compte rond, car il y en a un peu plus, soit qu'on les prenne du temps que cette promesse fut faite à Abraham, ou du temps de la naissance d'Isaac. Ainsi que nous l'avons déjà dit, depuis la soixante-quinzième année de la vie d'Abraham que la première promesse lui fut faite, jusqu'à la sortie d'Egypte, on compte quatre cent trente ans, dont l'Apôtre parle ainsi: « Ce que je veux dire, c'est que Dieu ayant contracté une alliance avec Abraham, la loi, qui n'a été donnée que quatre cents ans après, ne l'a pu rendre nulle, ni anéantir la promesse faite à ce patriarche 3 ». L'Ecriture a donc fort bien pu appeler ici quatre cents ans ces quatre cent trente ans; outre que depuis la première promesse faite à Abraham jusqu'à celle-ci, cinq années s'étaient déjà écoulées, et vingt-cinq jusqu'à la naissance d'Isaac 4 .
Ce qu'elle ajoute que le soleil étant déjà couché, une flamme s'éleva tout d'un coup, et que l'on vit une fournaise fumante et des brandons de feu qui passèrent au milieu des animaux divisés, cela signifie qu'à la fin du monde les charnels seront jugés par le feu. De même, en effet, que la persécution de la
1. Matth. XXIV, 21. - 2. Gen. XI, 32. - 3. Galat. III, 17.
2. Comp. saint Augustin, Quœst. in Exod., qu. 47.
(348)
Cité de Dieu, qui sera la plus grande de toutes sous l'Antéchrist, est marquée par cette frayeur extraordinaire qui saisit Abraham sur le coucher du soleil, symbole de la fin du monde, ainsi ce feu, qui parut après que le soleil fut couché, marque le jour du jugement qui séparera les hommes charnels que le feu doit sauver, de ceux qui sont destinés à être damnés dans ce feu. Enfin, l'alliance de Dieu avec Abraham, signifie proprement la terre de Chanaan, où onze nations 1 sont nommées depuis le fleuve d'Egypte jusqu'au grand fleuve d'Euphrate. Or, par le fleuve d'Egypte, il ne faut pas entendre le Nil, mais un petit fleuve qui la sépare de la Palestine et passe à Rhinocorure 2.
CHAPITRE XXV.
D'AGAR, SERVANTE DE SARRA, QUE SARRA DONNA POUR CONCUBINE A SON MARI.
Viennent ensuite les enfants d'Abraham, l'un de la servante Agar, et l'autre de Sarra, la femme libre, dont nous avons déjà parlé au livre précédent 3. En ce qui touche les rapports d'Abraham avec Agar, on ne doit point les lui imputer à crime 4, puisqu'il ne se servit de cette concubine que pour en avoir des enfants, et non pour contenter sa passion, et plutôt pour obéir à sa femme que dans l'intention de l'outrager. Elle-même crut en quelque façon se consoler de sa stérilité en s'appropriant la fécondité de sa servante, et en usant du droit qu'elle avait en cela sur son mari, selon cette parole de l'Apôtre : « Le mari n'est point maître de son corps, mais sa femme ». Il n'y a ici aucune intempérance, aucune débauche. La femme donne sa servante à son mari pour en avoir des enfants, le mari la reçoit avec la même intention; ni l'un ni l'autre ne recherche le déréglement de la volupté, ils ne songent tous deux qu'au fruit de la nature. Aussi, quand la servante devenue enceinte commença à s'enorgueillir et à mépriser sa maîtresse, comme Sarra, par une défiance de femme, imputait l'orgueil d'Agar à son mari, Abraham fit bien voir de
1. Onze, suivant les Septante; car la Vulgate et le texte hébreu nomment dix nations seulement.
2. Rhinocorure, ou Rhinocolure, ville située sur les confins de l'Egypte et de l'Arabie. Voyez Diodore de Sicile (lib. II, cap. 62).
3. Au ch. 3.
4. Comme faisait Fauste le Manichéen. Voyez le Cont.. Faust., lib. II, cap. 30.
5. I Cor. VII, 4.
nouveau qu'il n'était pas l'esclave, mais le maître de son amour, qu'il avait gardé, en la personne d'Agar, la foi qu'il devait à Sarra, qu'il n'avait connu la servante que pour obéir à l'épouse, qu'il avait reçu d'elle Agar, mais qu'il ne l'avait pas demandée, qu'il s'en était approché, mais qu'il ne s'y était pas attaché, qu'il avait engendré, mais qu'il n'avait point aimé. Il dit en effet à Sarra : « Votre servante est en votre pouvoir, faites-en ce qu'il vous plaira 1 ». Homme admirable, qui use des femmes comme un homme en doit user, de la sienne avec tempérance, de sa servante avec docilité, et chastement de l'une et de l'autre !
CHAPITRE XXVI.
DIEU PROMET A ABRAHAM, DÉJA VIEUX, UN FILS DE SA FEMME SARRA, QUI ÉTAIT STÉRILE; IL LUI ANNONCE QU'IL SERA LE PÈRE DES NATIONS, ET CONFIRME SA PROMESSE PAR LA CIRCONCISION.
Lorsque dans la suite Ismaël fut né d'Agar, Abraham pouvait croire que cette naissance accomplissait ce qui lui avait été promis dans le temps où, pour le faire renoncer au dessein qu'il avait d'adopter son serviteur, Dieu lui dit : « Celui-ci ne sera pas votre héritier, mais un autre qui sortira de vous 2 ». De peur donc qu'il ne crût que cette promesse fût accomplie dans le fils de sa servante, « comme Abraham était déjà âgé de quatre-vingt-dix-
neuf ans, Dieu lui apparut et lui dit : Je suis Dieu, travaillez à me plaire, et menez une vie sans reproche, et je ferai alliance avec vous, et je vous comblerai de tous les biens. Alors Abram se prosterna par terre, et Dieu ajouta: C'est moi, je ferai alliance avec vous, et vous serez le père d'une grande multitude de nations. Vous ne vous appellerez plus Abram, mais Abraham, parce que je vous ai fait le père de plusieurs nations. Je vous rendrai extrêmement puissant, et vous établirai sur un grand nombre de peuples et des rois sortiront de vous. Je
ferai alliance avec vous, et après vous avec vos descendants; et cette alliance sera éternelle, afin que je sois votre Dieu et celui de toute votre postérité. Je donnerai à vous et à vos descendants cette terre où vous êtes maintenant étranger, toute la terre de Chanaan, pour la posséder à jamais, et je serai leur Dieu. Dieu dit encore à Abraham : Pour
1. Gen. XVI, 6. - 2. Gen. XV, 4.
(349)
vous, vous aurez soin de garder mon alliance, et votre postérité après vous. Or, voici l'alliance que je désire que vous et vos enfants observiez soigneusement. Tout mâle parmi vous sera circoncis; cette circoncision se fera en la chair de votre prépuce, et sera la marque de l'alliance qui est entre vous et moi. Tous les enfants mâles qui naîtront de vous seront circoncis au bout de huit jours. Vous circoncirez aussi les esclaves, tant ceux qui naîtront chez vous que les autres que vous achèterez des étrangers. Et cette circoncision sera une marque de l'alliance éternelle que j'ai contractée avec vous. Tout mâle qui ne la recevra pas le huitième jour sera exterminé comme un infracteur de mon alliance. Dieu dit encore à Abraham : Votre femme ne s'appellera plus Sara, mais Sarra : je la bénirai et vous donnerai d'elle un fils que je bénirai aussi, et qui sera père de plusieurs nations, et des rois sortiront de lui. Là-dessus, Abraham se prosterna en terre, en souriant et disant en lui-même : J'aurai donc un fils à cent
ans, et Sarra accouchera à quatre-vingt-dix?Conservez seulement en vie, dit-il à Dieu, mon fils Ismaël! Et Dieu lui dit: Oui, votre femme Sarra vous donnera un fils que vous nommerez Isaac. Je ferai une alliance éternelle avec lui, et je serai son Dieu et le Dieu de sa postérité. Pour Ismaël, j'ai exaucé votre prière; je l'ai béni et je le rendrai extrêmement puissant. Il sera le père de douze nations , et je l'établirai chef d'un grand peuple. Mais je contracterai alliance avec Isaac, dont votre femme Sarra accouchera l'année qui va venir 1 ».
On voit ici des promesses plus expresses de la vocation des Gentils en Isaac, en ce fils de promission, qui est un fruit de la grâce et non de la nature 2, puisqu'il est promis à une femme vieille et stérile. Bien que Dieu concoure aussi aux productions qui se font selon les lois ordinaires de la nature, toutefois, lorsque sa main puissante en répare les défaillances, sa grâce paraît avec beaucoup plus d'éclat. Et parce que cette vocation des Gentils ne devait pas tant arriver par la génération des enfants que par leur régénération, Dieu commanda la circoncision, lorsqu'il promit le fils de Sarra. S'il veut que tous soient circoncis,
1. Gen. XVII, 1-21
2. Voyez l'Epître aux Galates, IV, 11-31.
tant libres qu'esclaves, c'est afin de signifier que cette grâce est pour tout le monde. Que figure, en effet la circoncision, sinon la nature renouvelée et dépouillée de sa vieillesse 1? Le huitième jour représente-t-il autre chose que Jésus-Christ, qui ressuscita à la fin de la semaine, c'est-à-dire après le jour du sabbat 2 ? Les noms même du père et de la mère sont changés; tout respire la nouveauté, et l'Ancien Testament fait pressentir le Nouveau. Qu'est-ce, en effet, que le Nouveau Testament, sinon la manifestation de l'Ancien, et qu'est-ce que celui-ci, sinon la figure de l'autre? Le rire d'Abraham est un témoignage de joie et non de défiance. Ces mots qu'il dit en son coeur: « J'aurai donc un fils à cent ans, et Sarra accouchera à quatre-vingt-dix», ne sont pas non plus d'un homme qui doute, mais d'un homme qui admire. Quant à ces paroles de Dieu à Abraham : « Je donnerai à vous et à vos descendants cette terre où vous êtes maintenant étranger, toute cette terre de Chanaan, pour la posséder éternellement »; si l'on demande comment cela s'est accompli ou doit s'accomplir, attendu que la possession d'une chose, quelque longue qu'elle soit, ne peut pas durer toujours; il faut dire qu'éternel se prend en deux façons, ou pour une durée infinie, ou pour celle qui est bornée par la fin du monde.
CHAPITRE XXVII.
DE LA RÉPROBATION PORTÉE CONTRE TOUT ENFANT MALE QUI N'AVAIT POINT ÉTÉ CIRCONCIS LE HUITIÈME JOUR, COMME AYANT VIOLÉ L'ALLIANCE DE DIEU.
On peut encore demander comment il faut interpréter ceci: « Tout enfant mâle qui ne sera point circoncis le huitième jour sera « exterminé comme infracteur de mon alliance ». Ce n'est point l'enfant qui est coupable, puisque ce n'est pas lui qui a violé l'alliance de Dieu, mais bien les parents qui n'ont pas eu soin de le circoncire. On doit répondre à cela que les enfants même ont violé l'alliance de Dieu, non pas en leur propre personne, j mais en la personne de celui par qui tous les hommes ont péché 3. Aussi bien, il y a d'autres alliances que celles de l'Ancien et du Nouveau
1. Comp. saint Augustin, Cont Faust., lib. XVI, cap. 29.
2. Voyez le traité de saint Augustin : Du péché originel, n. 36.
3. Rom. V, 12.
(350)
Testament, La première alliance que Dieu fit avec l'homme est celle-ci: « Du jour où vous mangerez de ce fruit, vous mourrez 1 »; ce qui a donné lieu à cette parole de l'Ecclésiastique : « Tout homme vieillira comme un vêtement ». Tel est l'arrêt porté dès l'origine du siècle : « Vous mourrez de mort 2 ». En effet, comment cette parole du Prophète : « J'ai regardé tous les pécheurs du monde comme des prévaricateurs 3», pourrait-elle s'accorder avec cette autre de saint Paul : « Où « il n'y a point de loi, il n'y a point de prévarication 4 », si tous ceux qui pèchent n'étaient pas coupables de la violation de quelque loi? C'est pourquoi, si les enfants mêmes, comme la foi nous l'enseigne, naissent pécheurs, non pas proprement, mais originellement, d'où résulte la nécessité du baptême pour remettre leurs péchés, il faut croire aussi qu'ils sont prévaricateurs à l'égard de cette loi qui a été donnée dans le paradis terrestre, en sorte qu'il est également vrai de dire qu'où il n'y a point de loi, il n'y a point de prévarication, et que tous les pécheurs du monde sont des prévaricateurs. Ainsi, comme la circoncision était le signe de la régénération, c'est avec justice que le péché originel, qui a violé la première alliance de Dieu, perdait ces enfants, si la régénération ne les sauvait, Il faut donc entendre ainsi ces paroles de l'Ecriture : « Tout enfant mâle, etc. », comme si elle disait: Quiconque ne sera point régénéré périra, parce qu'il a violé mon alliance lorsqu'il a péché en Adam avec tous les autres hommes. Si elle avait dit: Parce qu'il a violé cette alliance que je contracte avec vous, on ne pourrait l'entendre que de la circoncision; mais comme elle n'a point exprimé quelle alliance l'enfant a violée, il est permis de l'entendre de celle dont la violation peut se rapporter à lui par voie de solidarité. Si toutefois quelqu'un prétend que cela doit s'appliquer exclusivement à la circoncision, et que l'enfant qui n'a point été circoncis a violé en cela l'alliance, il faut qu'il cherche une manière raisonnable de dire qu'une personne a violé une alliance, quoique ce ne soit pas elle qui l'ait violée, mais d'autres qui l'ont violée en lui ; outre qu'il est injuste qu'un enfant, qui demeure incirconcis sans qu'il y ait de sa faute, soit réprouvé,
1. Gen. II, 17. - 2. Eccli. XIV, 18, sec. LXX. - 3. Ps. CXVIII, 119. - 4. Rom. IV, 15.
à moins qu'on ne remonte à un péché d'origine.
CHAPITRE XXVIII.
DU CHANGEMENT DE NOM D'ABRAHAM ET DE SARRA, LESQUELS N'ÉTAIENT POINT EN ÉTAT, CELLE-CI ACAUSE DE SA STÉRILITÉ, TOUS DEUX A CAUSE DE LEUR AGE, D'AVOIR DES ENFANTS, QUAND ILS EURENT ISAAC.
Lors donc qu'Abraham eut reçu de Dieu cette promesse: « Je vous ai rendu père de peuples nombreux, et je veux accroître votre puissance et vous élever sur les nations; et des rois sortiront de vous, et je vous donnerai de Sarra un fils que je bénirai, et il sera le père de plusieurs nations, et des rois sortiront de lui »; magnifique promesse que nous voyons maintenant accomplie en Jésus-Christ, Abraham et sa femme changèrent de nom, et l'Ecriture ne les appelle plus Abram ni Sara, mais Abraham et Sarra. Elle rend raison de ce changement de nom à l'égard d'Abraham: « Car, dit le Seigneur, je vous ai établi père de plusieurs nations». C'est le sens du mot Abraham; pour Abram, qui était son premier nom, il signifie illustre père. L'Ecriture ne rend point raison du changement de nom de Sarra, mais les traducteurs hébreux disent que Sara signifie ma princesse, et Sarra, vertu; d'où vient cette parole de l'épître aux Hébreux: « C'est aussi par la foi que Sarra reçut la vertu de concevoir 2 ». Or, ils étaient tous deux fort âgés, ainsi que l'Ecriture le témoigne, et Sarra, qui d'ailleurs était stérile, n'avait plus ses mois, de sorte que, n'eût-elle pas été stérile, elle eût été incapable de concevoir. Une femme, quoique âgée, si elle a encore ses mois, peut avoir des enfants, mais d'un jeune homme, et non d'un vieillard; et de même un vieillard peut en avoir d'une jeune femme, comme Abraham, après la mort de sa femme, en eut de Céthura, parce qu'il rencontra en elle la fleur de la jeunesse. C'est pourquoi l'Apôtre regarde comme un grand miracle 3 que le corps d'Abraham étant mort, il n'ait pas laissé d'engendrer. Entendez par là que son corps était impuissant pour toute femme arrivée à l'âge de Sarra. Car il n'était mort qu'à cet égard; autrement c'eût été un cadavre. Il y a une autre solution de cette difficulté : on dit qu'Abraham eut des enfants de Céthura, parce que Dieu lui conserva,
1. Gen. XVII, 5. - 2. Hébr. XI, 11. - 3. Rom. VI, 19.
(351)
après la mort de Sarra, le don de fécondité qu'il avait accordé : mais l'explication que j'ai suivie me semble meilleure; car s'il est vrai qu'à cette heure un vieillard de cent ans soit hors d'état d'engendrer, il n'en était pas dé même alors que les hommes vivaient plus longtemps.
CHAPITRE XXIX.
DES TROIS ANGES QUI APPARURENT A ABRAHAM AU CHÊNE DE MAMBRÉ.
Dieu apparut encore à Abraham au chêne de Mambré dans la personne de trois hommes, qui indubitablement étaient des anges 1, quoique plusieurs estiment que l'un d'eux était Jésus-Christ, qui était visible, à les en croire, avant que de s'être revêtu d'une chair 2. Je tombe d'accord que Dieu, qui est invisible, incorporel et immuable par sa nature, est assez puissant pour se rendre visible aux yeux des hommes, sans aucun changement en son essence, non par soi-même, mais par le ministère de quelqu'une de ses créatures; mais s'ils prétendent que l'un de ces trois hommes était Jésus-Christ, parce qu'Abraham s'adressa à tous trois comme s'ils n'eussent été qu'un seul homme, ainsi que le rapporte l'Ecriture : « Il aperçut trois hommes auprès de lui, et aussitôt il courut au-devant d'eux, et dit: Seigneur, si j'ai trouvé grâce auprès de vous ... 3 » cette présomption n'a rien de concluant; car la même Ecriture témoigne que deux de ces anges étaient déjà partis pour détruire Sodome, lorsqu'Abraham s'adressa au troisième et l'appela son Seigneur, le conjurant de ne vouloir pas confondre l'innocent avec le coupable et de pardonner à Sodome. En outre, lorsque Lot parle aux deux premiers anges, il le fait comme s'il ne parlait qu'à un seul. Après qu'il leur a dit: « Seigneur, venez, s'il vous plaît, dans la maison de votre serviteur 4 », l'Ecriture ajoute : « Les anges le prirent par la main, lui, sa femme et ses deux filles, parce que Dieu lui faisait grâce. Et aussitôt qu'ils l'eurent tiré hors de la ville, ils lui dirent: Sauvez-vous, ne regardez point
1. Gen. XVIII, 1 seq.
2. C'est l'opinion de Tertulien (De carne Christi, cap. 7; Cont. Jud., cap. 9; et alibi), de saint Irénée (lib. III, cap. 6, et lib. IV, cap. 26) et de quelques autres Pères de l'Eglise. Saint Ambroise, au contraire (De Abrah., lib. I, cap. 5), a soutenu le même sentiment que saint Augustin défend ici et en d'autres écrits (De Trin., lib., II, n. 21; Cont. Maxim,, cap. 26, n. 5 et 6).
3.Gen. XVIII, 1-3. - Ibid. XIX, 2.
derrière vous, et ne demeurez point dans « toute cette contrée ; sauvez-vous dans la montagne, de peur que vous ne soyez enveloppé dans cette ruine. Et Lot leur dit: «Je vous prie, Seigneur, puisque votre serviteur a trouvé grâce auprès de vous, etc.1 »Ensuite le Seigneur lui répond aussi au singulier, par la bouche de ces deux anges en qui il était, et lui dit : « J'ai eu pitié de vous 2 » il est bien plus croyable qu'Abraham et Lot reconnurent le Seigneur en la personne de ses anges, et que c'est pour cela qu'ils lui adressèrent la parole. Au surplus, ils prenaient ces anges pour des hommes; ce qui fit qu'ils les reçurent comme tels et les traitèrent comme s'ils avaient besoin de nourriture; mais d'un autre côté, il paraissait en eux quelque chose de si extraordinaire que ceux qui exerçaient ce devoir d'hospitalité à leur égard ne pouvaient douter que Dieu ne fût présent en eux, comme il a coutume de l'être dans ses prophètes. De là vient qu'ils les appelaient quelquefois Seigneurs au pluriel en les regardant comme les ministres de Dieu, et d'autrefois Seigneur au singulier, en considérant Dieu même qui était en eux. Or, l'Ecriture témoigne que c'étaient des anges, et ne le témoigne pas seulement dans la Genèse, où cette histoire est rapportée, mais aussi dans l'épître aux Hébreux, où faisant l'éloge de l'hospitalité: « C'est, dit-elle, en pratiquant cette vertu que quelques-uns, sans le savoir, ont reçu chez eux des anges mêmes 3 ». Ce fut donc par ces trois hommes que Dieu, réitérant à Abraham la promesse d'un fils nommé Isaac qu'il devait avoir de Sarra, lui dit: « Il sera chef d'un grand peuple, et toutes les nations de la terre seront bénies en lui 4 ». Paroles qui contiennent une promesse pleine et courte du peuple d'Israël, selon la chair, et de toutes les nations, selon la foi.
CHAPITRE XXX.
DESTRUCTION DE SODOME; DÉLIVRANCE DE LOT; CONVOITISE INFRUCTUEUSE D'ABIMÉLECH POUR SARRA.
Lot étant sorti de Sodome après cette promesse, une pluie de feu tomba du ciel 5 et réduisit en cendre ces villes infâmes, où le débordement était si grand que l'amour contre
1. Gen. XIX, 16 et seq.- 2. Ibid. 21 .- 3. Hébr. XIII, 2 .- 4. Gen. XVIII, 18. - 5. Ibid. XIX, 24.
(352)
nature y était aussi commun que les autres actions autorisées par les lois 1. Ce châtiment effroyable fut une image du jugement dernier 2 . Pourquoi, en effet, ceux qui échappèrent de cette ruine reçurent-ils des anges l'ordre de ne point regarder derrière eux, sinon parce que, si nous voulons éviter la rigueur du jugement à venir, nous ne devons pas retourner par nos désirs aux habitudes du vieil homme dont nous nous sommes dépouillés par la grâce du baptême. Aussi la femme de Loi, ayant contrevenu à ce commandement, fut punie sur-le-champ, et son changement en statue de sel est un avertissement très-sensible donné aux fidèles pour qu'ils aient à se garantir d'un semblable malheur 3. Dans la suite, Abraham, à Gérara, employa, pour préserver sa femme, le même ) moyen dont il s'était servi en Egypte 4; en sorte qu'Abimélech, roi de ces pays, lui rendit Sarra sans l'avoir touchée. Et comme il blâmait Abraham de son stratagème, celui-ci, tout en avouant que la crainte l'avait obligé d'en user de la sorte, ajouta : « De plus, elle est vraiment ma soeur, car elle est fille de mon père, quoiqu'elle ne le soit pas de ma mère 5 ». En effet, Sarra, du côté de son père, était soeur d'Abraham et une de ses plus proches parentes ; et elle était si belle que même à cet âge, elle pouvait inspirer de l'amour.

Partager cet article
Repost0

commentaires