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  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
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  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 10:28
Saint Bernard


CHAPITRE XXXI.

DE LA NAISSANCE D'ISAAC, DONT LE NOM EXPRIME LA JOIE ÉPROUVÉE PAR SES PARENTS.
Après cela, un fils naquit à Abraham6 de sa femme Sarra, selon la promesse de Dieu, et il le nomma Isaac, nom qui signifie rire, car le père avait ri quand un fils lui fut promis, témoignant par là sa joie et son contentement, et la mère avait ri aussi quand la promesse lui fut réitérée par les trois anges, quoique ce rire fût mêlé de doute, comme l'auge le lui reprocha 7. Mais ce doute fut ensuite dissipé par l'ange. Voilà d'où Isaac prit son nom. Sarra montre bien que ce rire n'était pas un rire de moquerie, mais de joie, lorsqu'elle dit, à la naissance d'Isaac « Dieu m'a fait rire, car quiconque saura ceci se réjouira avec moi 8 ». Peu de temps après, la servante
1. Voyez plus haut, livre XIV, ch. 18.
2. Voyez l'Epître de saint Jude, v. 7. Comp. II Pierre, II, 6.
3. Luc, XVII, 32, 33.- 4. Gen. XX, 2. - 5. Ibid. XX, 12. - 6. Gen. XXI, 2. - 7.Ibid. XVIII, 12. - 8. Ibid. XXI, 6.
fut chassée de la maison avec son fils; et l'Apôtre voit ici une figure des deux Testaments, où Sarra représente la Jérusalem céleste, c'est-à-dire la Cité de Dieu 1.
CHAPITRE XXXII.
OBÉISSANCE ET FOI D'ABRAHAM ÉPROUVÉES PAR LE SACRIFICE DE SON FILS; MORT DE SARRA.
Cependant Dieu tenta Abraham 2 en lui commandant de lui sacrifier son cher fils Isaac, afin d'éprouver son obéissance et de la faire connaître à toute la postérité. Car il ne faut pas répudier toute tentation, mais au contraire on doit se réjouir de celle qui sert d'épreuve à la vertu 3. En effet, l'homme, le plus souvent, ne se connaît pas lui-même sans ces sortes d'épreuves ; mais s'il reconnaît en elles la main puissante de Dieu qui l'assiste, c'est alors qu'il est véritablement pieux, et qu'au lieu de s'enfler d'une vaine gloire, il' est solidement affermi dans la vertu par, la grâce. Abraham savait fort bien que Dieu ne se plaît point à des victimes humaines; mais quand il commande, il est question d'obéir et non de raisonner. Abraham crut donc que Dieu était assez puissant pour ressusciter son fils, et on doit le louer de cette foi. En effet, quand il hésitait à chasser de sa maison sa servante et son fils, sur les vives sollicitations de Sarra, Dieu lui dit « C'est d'Isaac que sortira votre postérité 4 ». Cependant il ajouta tout de suite : « Je ne laisserai pas d'établir sur une puissante nation le fils de cette servante, parce que c'est votre postérité ». Comment Dieu peut-il assurer que c'est d'Isaac que sortira la postérité d'Abraham, tandis qu'il semble en dire autant d'Ismaël? L'Apôtre résout cette difficulté, quand, expliquant ces paroles : « C'est d'Isaac que sortira votre postérité », il dit : « Cela signifie que ceux qui sont enfants d'Abraham selon la chair ne sont pas pour cela enfants de Dieu; mais qu'il n'y a de vrais enfants d'Abraham que a ceux qui sont enfants de la promesse 5 ». Dès lors, pour que les enfants de la promesse soient la postérité d'Abraham, il faut qu'ils sortent d'Isaac, c'est-à-dire qu'ils soient réunis
1. Galat. IV,26. .- 2. Gen. XXII, 1.
2. Comp. saint Augustin, Quœst. in Gen., qu. 37, et in Exod., qu. 18.Saint Ambroise avait dit à la même occasion et dans le même sens (De Abr., lib. I, cap. 8) : « Autres sont les tentations de Dieu, autres celles du diable le diable, nous tente pour nous perdre, Dieu pour nous sauver ».
4. Gen. XXI, 12. - 5. Rom, IX, 8.
(353)
en Jésus-Christ par la grâce qui les appelle. Ce saint patriarche, fortifié par la foi de cette promesse, et persuadé qu'elle devait être accomplie par celui que Dieu lui commandait d'égorger, ne douta point que Dieu ne pût lui rendre celui qu'il lui avait donné contre son espérance. Ainsi l'entend et l'explique l'auteur de l'Epître aux Hébreux : « C'est par la foi, dit-il, qu'Abraham fit éclater son obéissance, lorsqu'il fut tenté au sujet d'Isaac; car il offrit à Dieu son fils unique, malgré toutes les promesses qui lui avaient été faites, et quoique Dieu lui eût dit : C'est d'Isaac que sortira votre véritable postérité. Mais il pensait en lui-même que Dieu pourrait bien le ressusciter après sa mort ». Et l'Apôtre ajoute : « Voilà pourquoi Dieu l'a proposé en figure 1 ». Or, quelle est cette figure, sinon celle de la victime sainte dont parle le même Apôtre, quand il dit: « Dieu n'a pas épargné son propre Fils, mais il l'a livré à la mort pour nous tous 2 ? » Aussi Isaac porta lui-même le bois du sacrifice dont il devait être la victime, comme Notre-Seigneur porta sa croix. Enfin, puisque Dieu a empêché Abraham de mettre la main sur Isaac, qui n'était pas destiné à mourir, que veut tire ce bélier, dont le sang symbolique accomplit le sacrifice, et qui était retenu par les cornes aux épines du buisson? Que représente-t-il, si ce n'est Jésus-Christ couronné d'épines par les Juifs avant que d'être immolé?
Mais écoutons plutôt la voix de Dieu par la bouche de l'ange : « Abraham, dit l'Ecriture, étendit la main pour prendre son glaive et égorger son fils. Mais l'ange du Seigneur lui cria du haut du ciel: Abraham ? A quoi il répondit: Que vous plaît-il? - Ne mettez point la main Sur votre fils, lui dit l'ange, et ne lui faites point de mal; car je connais maintenant que vous craignez votre Dieu, puisque vous n'avez pas épargné votre fils bien-aimé pour l'amour de moi 3 » . « Je connais maintenant » , dit Dieu, c'est-à-dire j'ai fait connaître; car Dieu ne l'avait pas ignoré. Lorsque ensuite Abraham eut immolé le bélier au lieu de son fils Isaac, l'Ecriture dit : « Il appela ce lieu le Seigneur a vu, et c'est pourquoi nous disons aujourd'hui : Le Seigneur est apparu sur la montagne » . De même que Dieu dit : Je connais maintenant, pour dire : J'ai fait maintenant connaître, ainsi Abraham
1. Héb. XI, 17-19. - 2. Rom. VIII, 32. -. 3. Gen. XXII, 10-17.
dit: Le Seigneur a vu, pour dire: Le Seigneur est apparu ou s'est fait voir. « Et l'ange appela du ciel Abraham pour la seconde fois, et lui dit : J'ai juré par moi-même, dit le Seigneur, et pour prix de ce que vous venez de faire, n'ayant point épargné votre fils bien-aimé pour l'amour de moi, je vous comblerai de bénédictions, et je vous donnerai une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable de la mer. Vos enfants se rendront maîtres des villes de leurs ennemis; et toutes les nations de la terre seront bénies en votre postérité, parce que vous avez obéi à ma voix 1 ». C'est ainsi que Dieu confirma par serment la promesse de la vocation des Gentils , après qu'Abraham lui eut offert en holocauste ce bélier, qui était la figure de Jésus-Christ. Dieu le lui avait souvent promis, mais il n'en avait jamais fait serment, et qu'est-ce que le serment du vrai Dieu, du Dieu qui est la vérité même, sinon une confirmation de sa promesse et un reproche qu'il adresse aux incrédules?
Après cela, Sarra mourut âgée de cent vingt-sept ans 2, lorsque Abraham en avait cent trente-sept; il était en effet plus vieux qu'elle de dix ans, comme il le déclara lui-même, quand Dieu lui promit qu'elle lui donnerait un fils : « J'aurai donc, dit-il, un fils à cent ans, et Sarra accouchera à quatre-vingt-dix? » Abraham acheta un champ où il ensevelit sa femme. Ce fut alors, ainsi que le rapporte saint Etienne 3, qu'il fut établi dans cette contrée, parce qu'il commença à y posséder un héritage; ce qui arriva après la mort de son père, qui eut lieu environ deux ans auparavant.
CHAPITRE XXXIII.
ISAAC ÉPOUSE RÉBECCA, PETITE-FILLE DE NACHOR.
Ensuite Isaac, âgé de quarante ans, à l'époque où son père en avait cent quarante, trois ans après la mort de sa mère, épousa Rébecca, petite-fille de son oncle Nachor 4. Or, quand Abraham envoya son serviteur en Mésopotamie, il lui dit : « Mettez votre main sur ma cuisse, et me faites serment par le Seigneur et le Dieu du ciel et de la terre que vous ne choisirez pour femme à mon fils
1. Gen. XXII, 16 et seq.- 2. Ibid. XXIII, 1 .- 3. Act. VII, 4 .- 4. Gen. XXIV, 2, 3.
(354)
aucune des filles des Chananéens 1 ». Qu'est. ce que cela signifie, sinon que le Seigneur elle Dieu du ciel et de la terre devait se revêtir d'une chair tirée des flancs de ce patriarche ? Sont-ce là de faibles marques de la vérité que nous voyons maintenant accomplie en Jésus-Christ?
CHAPITRE XXXIV.
CE QU'IL FAUT ENTENDRE PAR LE MARIAGE D'ABRAHAM AVEC CÉTHURA, APRÈS LA MORT DE SARRA.
Que signifie le mariage d'Ahraham avec Céthura 2 après la mort de Sarra 3 ? Nous sommes loin de penser qu'un si saint homme l'ait contracté par incontinence, surtout dans un âge si avancé. Avait-il encore besoin d'enfants, lui qui croyait fermement que Dieu lui en donnerait d'Isaac autant qu'il y a d'étoiles au ciel et de sable sur le rivage de la mer? Mais si Agar et Ismaël, selon la doctrine de l'Apôtre 4, sont la figure des hommes charnels de l'Ancien Testament, pourquoi Céthura et ses enfants ne seraient-ils pas de même la figure des hommes charnels qui pensent appartenir au Nouveau? Toutes deux sont appelées femmes et concubines d'Abraham, au lieu que Sarra n'est jamais appelée que sa femme. Quand Agar fut donnée à Abraham, l'Ecriture dit : « Sarra, femme d'Abraham, prit sa servante Agar dix ans après qu'Abraham fut entré dans la terre de Chanaan, et la donna pour femme à son mari 5 ». Quant à Céthura, qu'il épousa après la mort de Sarra, voici comment l'Ecriture en parle:
« Abraham épousa une autre femme nommée Céthura 6 ». Vous voyez que l'Ecriture les appelle toutes deux femmes; mais ensuite elle les nomme toutes deux concubines: «Abraham, dit-elle, donna tout son bien à son fils Isaac; et quant aux enfants de ses concubines, il leur fit quelques présents, et les éloigna de son vivant de son fils Isaac, en les envoyant vers les contrées d'Orient 7 ». Les enfants des concubines, c'est-à-dire les Juifs et les hérétiques, reçoivent donc quelques présents, mais ne partagent point le royaume promis , parce qu'il n'y a point d'autre héritier qu'Isaac, et que ce ne sont
1. Gen. I, 2.
2. Au témoignage de saint Jérôme, la tradition hébraïque identifiait Céthura avec Agar.
3. Gen. XXV, 1. - 4. Galat. IV, 24. - 5. Gen. XVI, 3. - 6. Ibid. XXV, 1 - 7. Ibid. 5.
pas les enfants de la chair qui sont fils d Dieu, mais les enfants de la promesse 1, Dieu dont se compose cette postérité de qui il a été dit : « Votre postérité sortira d'Isaac 2 ». Je n vois pas pourquoi I'Ecriture appellerait Céthura concubine, s'il n'y avait quelque mystère là-dessous. Quoi qu'il en soit, on ne peu pas justement reprocher ce mariage à ce patriarche. Que savons-nous si Dieu ne l'a point permis ainsi afin de confondre, par l'exemple d'un si saint homme, l'erreur de certain hérétiques 3 qui condamnent les seconde noces comme mauvaises? Abraham mourut 4 à l'âge de cent soixante et quinze ans; son fils en avait soixante et quinze, étant venu au monde la centième année de la vie de son père.
CHAPITRE XXXV.
DES DEUX JUMEAUX QUI SE BATTAIENT DANS LE VENTRE DE RÉBECCA.
Voyons maintenant le progrès de la Cité de Dieu dans les descendants d'Abraham Comme Isaac n'avait point encore d'enfants à l'âge de soixante ans, parce que sa femme était stérile, il en demanda à Dieu, qui l'exauçai mais dans le temps que sa femme était enceinte, les deux enfants qu'elle portait se battaient dans son sein. Les grandes douleurs qu'elle en ressentait lui firent consulter Dieu qui lui répondit: « Deux nations sont dans votre sein, et deux peuples sortiront de vos entrailles; l'un surmontera l'autre, et l'aîné sera soumis au cadet 5 ». L'apôtre saint Paul 6 tire de là un grand argument en faveur de la grâce, en ce que, avant que ni l'un ni l'autre ne fussent nés et n'eussent fait ni bien ni mal, le plus jeune fut choisi sans aucun mérite antérieur, et l'aîné réprouvé. Il est certain que, par rapport au péché originel, ils étaient également coupables, et que ni l'un ni l'autre n'avaient commis aucun péché qui leur fût propre; mais le dessein que je me suis proposé dans cet ouvrage ne me permet pas de m'étendre davantage sur ce point, outre que je l'ai fait amplement ailleurs 7. A l'égard de ces paroles: « L'aîné sera soumis
1. Rom. XX. 8. - 2. Gen. XXX, 12.
3. Ces hérétiques sont les cataphryges ou cataphrygiens, branche de la grande secte des gnostiques. Voyez saint Augustin, De haeres. ad Quodvultdeum, haer. 26.
4. Gen. XXV, 17. - 5. Ibid. XXV, 23. - 6. Rom. IX, 11.
7. Voyez les écrits de saint Augustin De peccato originali, De libero arbitrio et gratia, De correptione et gratia, De prœdestinatione sanctorum, etc.
au cadet », presque tous nos interprètes l'expliquent du peuple juif, qui doit être assujéti au peuple chrétien; et dans le fait, bien qu'il semble que cela soit accompli dans les Iduméens issus de l'aîné (il avait deux noms, Esaü et Edom), parce qu'ils ont été assujétis aux Israëlites sortis du cadet néanmoins il est plus croyable que cette prophétie: « Un peuple surmontera l'autre, et l'aîné servira le cadet », regardait quelque chose de plus grand; et quoi donc, sinon ce que nous voyons clairement s'accomplir dans les Juifs et dans les Chrétiens ?
CHAPITRE XXXVI.
DIEU BÉNIT ISAAC, EN CONSIDÉRATION DE SON PÈRE ABRAHAM.
Isaac reçut aussi la même promesse que Dieu avait si souvent faite à son père, et l'Ecriture en parle ainsi: « Il y eut une grande famine sur la terre, outre celle qui arriva du temps d'Ahraham; en sorte qu'Isaac se retira à Gérara, vers Abimélech, roi des Philistins. Là, le Seigneur lui apparut et lui dit: Ne descendez point en Egypte, mais demeurez dans la terre que je vous dirai; demeurez-y comme étranger, et je serai avec vous et vous bénirai; car je vous donnerai, ainsi qu'à votre postérité, toute cette contrée, et j'accomplirai le serment que j'ai fait à votre père Abraham. Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et lui donnerai cette terre-ci, et en elle seront bénies toutes les nations de la terre, parce qu'Abraham, votre père, a écouté ma voix et observé mes commandements 1 » Ce patriarche n'eut point d'antre femme que Rébecca, ni de concubine; mais il se contenta pour enfants de ses deux jumeaux. Il appréhenda aussi pour la beauté de sa femme, parce qu'il habitait parmi des étrangers, et, suivant l'exemple de son père, il l'appela sa soeur, car elle était sa proche parente du côté de son père et de sa mère. Ces étrangers, ayant su qu'elle était sa femme, ne lui causèrent toutefois aucun déplaisir. Faut-il maintenant le préférer à son père pour n'avoir eu qu'une seule femme? non, car la foi et l'obéissance d'Abraham étaient, tellement incomparables, que ce fut en sa considération que Dieu promit, au fils tout le bien qu'il lui devait faire.
1. Gen. XXVI, 1-5.
« Toutes les nations de la terre, dit-il, seront bénies en votre postérité, parce que votre père Abraham a écouté ma voix et observé mes commandements »; et dans une autre vision: « Je suis le Dieu de votre père Abraham, ne craignez point, car je suis avec vous et vous ai béni, et je multiplierai votre postérité à cause d'Abraham, votre père1 » ; paroles qui montrent bien qu'Abraham a été chaste dans les actions mêmes que certaines personnes, avides de chercher des exemples dans l'Ecriture pour justifier leurs désordres, veulent qu'il ait faites par volupté. Cela nous apprend aussi à ne pas comparer les hommes ensemble par quelques actions particulières, mais par toute la suite de leur vie. Il peut fort bien arriver qu'un homme l'emporte sur un autre en quelque point, et qu'il lui soit beaucoup intérieur peur tout le reste. Ainsi, quoique la continence soit préférable au mariage, toutefois un chrétien marié vaut mieux qu'un païen continent, et même celui-ci est d'autant plus digne de blâme qu'il demeure infidèle en même temps qu il est continent. Supposons deux hommes de bien: sans doute celui qui est plus fidèle et plus obéissant à Dieu vaut mieux, quoique marié, que celui qui est moins fidèle et moins soumis, encore qu'il garde le célibat ; mais toutes choses égales d'ailleurs, il est indubitable qu'on doit préférer l'homme continent à celuI qui est marié.
CHAPITRE XXXVII.
CE QUE FIGURAIENT PAR AVANCE ÉSAÜ ET JACOB.
Or, les deux fils d'Isaac, Esaü et Jacob, croissaient également en âge, et l'aîné vaincu par son intempérance, céda volontairement au plus jeune son droit d'aînesse pour un plat de lentilles 2. Nous apprenons de là que ce n'est pas la qualité des viandes, mais la gourmandise qui est blâmable. Isaac devient vieux et perd la vue par suite de son grand âge 3. Il veut bénir son aîné, et, sans le savoir, il bénit son cadet à la, place de l'autre, qui était velu, et auquel le cadet s'était substitué en ayant soin de se couvrir les mains et le cou d'une peau de chèvre, symbole des péchés d'autrui. Afin qu'on ne s'imaginât pas. que cet artifice de Jacob fût répréhensible et ne contînt aucun mystère , l'Ecriture a eu soin auparavant de nous avertir « qu'Esaü était
1.Gen. XXVI, 24. - 2. Ibid. XXV, 33, 34. - 3. Ibid. XXVII, 1.
(356)
un homme farouche et grand chasseur, et que Jacob était un homme simple et qui demeurait au logis 1 ». Quelques interprètes, au lieu de simple, traduisent sans ruse. Mais qu'on entende sans ruse ou simple, ou encore sans artifice, en grec aplastos quelle peut être, en recevant cette bénédiction, la ruse de cet homme sans ruse, l'artifice de cet homme simple, la feinte de cet homme incapable de mentir, sinon un très-profond mystère de vérité? Cela ne paraît-il point dans la bénédiction même? « L'odeur qui sort de mon fils, dit Isaac, est semblable à l'odeur d'un champ émaillé de fleurs que le Seigneur a béni. Que Dieu fasse tomber la rosée du ciel sur vos terres et les rende fécondes en blé et en vin; que les nations vous obéissent, et que les princes vous adorent. Soyez le maître de votre frère, et que les enfants de votre père se prosternent devant vous. Celui qui vous bénira sera béni, et celui qui vous maudira sera maudit 2 ». La bénédiction de Jacob, c'est la prédication du nom de Jésus-Christ par toutes les nations. Elle se fait, elle s'accomplit en ce moment même. Isaac est la figure de la loi et des prophètes. Cette loi, ces prophéties, par la bouche des Juifs , bénissent Jésus-Christ sans le connaître, n'étant pas connues elles-mêmes par les Juifs. Le monde, comme un champ, est parfumé du nom de ce Sauveur. La parole de Dieu est la pluie et la rosée du ciel qui rendent ce champ fécond. Sa fécondité est la vocation des Gentils. Le blé et le vin dont il abonde, c'est la multitude des fidèles que le blé et le vin unissent dans le sacrement de son corps et de son sang. Les nations lui obéissent, et les princes l'adorent. Il est le maître de son frère, parce que son peuple commande aux Juifs. Les enfants de son père l'adorent, c'est-à-dire les enfants d'Abraham selon la foi, parce qu'il est lui-même fils d'Abraham selon la chair. Celui qui le maudira sera maudit, et celui qui le bénira sera béni. Ce Christ, qui est notre sauveur, est béni, je le répète, par la bouche des Juifs, dépositaires de la loi et des prophètes, bien qu'ils ne les comprennent pas et qu'ils attendent un autre Sauveur. Lorsque l'aîné demande à son père la bénédiction qu'il lui avait promise, Isaac s'étonne; et, après avoir vu qu'il avait béni l'un pour l'autre, il admire cet événement, et toutefois ne se plaint pas
1. Gen. XXV, 27. - 2. Ibid. XX, 27 et seq.
d'avoir été trompé: au contraire, éclairé sur ce grand mystère par une lumière intérieure, au lieu de se fâcher contre Jacob, il confirme la bénédiction qu'il lui a donnée. « Quel est, dit-il, celui qui m'a apporté de la venaison dont j'ai mangé avant que vous vinssiez ? Je l'ai béni et il demeurera béni 1 ». Qui n'attendrait ici la malédiction d'un homme en colère, si tout cela ne se passait plutôt par une inspiration d'en haut que selon la conduite ordinaire des hommes? O merveilles réellement arrivées, mais prophétiquement ; arrivées sur la terre, mais inspirées par le ciel; arrivées par l'entremise des hommes, mais conduites par la providence de Dieu ! A examiner toutes ces choses en détail, elles sont si fécondes en mystères, qu'il faudrait des volumes entiers pour les expliquer ; mais les bornes que je me suis prescrites dans cet ouvrage m'obligent à passer à d'autres considérations.
CHAPITRE XXXVIII.
DU VOYAGE DE JACOB EN MÉSOPOTAMIE POUR S'Y MARIER, DE LA VISION QU'IL EUT EN CHEMIN, ET DES QUATRE FEMMES QU'IL ÉPOUSA, BIEN QU'IL N'EN DEMANDÂT QU'UNE.
Jacob est envoyé par ses parents en Mésopotamie pour s'y marier. Voici ce que son père lui dit à son départ: «Ne vous mariez pas parmi les Chananéens; mais allez en Mésopotamie, chez Bathuel, père de votre mère, et épousez là quelqu'une des filles de Laban, frère de votre mère. Que mon Dieu vous bénisse, et vous rende puissant, afin que vous soyez père de, plusieurs peuples. Qu'il vous donne, et à votre postérité, la bénédiction de votre père Abraham, afin que vous possédiez la terre où vous êtes maintenant étranger et que Dieu a donnée à Abraham 2 ». Ici paraît clairement la division des deux branches de la postérité d'Isaac, celle de Jacob et celle d'Esaü. Lorsque Dieu dit à Abraham : « Votre postérité sortira d'Isaac », il entendait parler nécessairement de celle qui devait composer la Cité de Dieu, et cette postérité d'Abraham fut dès cet instant séparée de celle qui sortit de lui par les enfants
d'Agar et de Céthura; mais il était encore douteux si cette bénédiction d'Isaac était pour ses deux enfants ou seulement pour l'un d'eux. Or, le doute disparaît maintenant dans cette
1. Gen. XXVII, 33. - 2. Gen. XXVIII, 1 et seq.
(357)
bénédiction prophétique qu'Isaac donne à Jacob, lorsqu'il lui dit : « Vous serez le père de plusieurs peuples ; que Dieu vous donne la bénédiction de votre père Abraham ».
Pendant que Jacob allait en Mésopotamie, il reçut en songe l'oracle du ciel que l'Ecriture rapporte en ces termes: « Jacob, laissant le puits du serment, prit son chemin vers Charra, et, étant arrivé en un lieu où la nuit le surprit, il ramassa quelques pierres qu'il trouva là, et, après les avoir mises « sous sa tête, il s'endormit. Comme il dormait, il lui sembla voir une échelle dont l'un des bouts posait sur terre et l'autre touchait au ciel, et les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. Dieu était appuyé dessus, et il lui dit : Je suis le Dieu d'Abraham, votre père, et le Dieu d'Isaac; ne craignez point. Je vous donnerai à vous et à votre postérité la terre où vous dormez, et le nombre de vos enfants égalera la poussière de la terre. Ils s'étendront depuis l'orient jusqu'à l'occident depuis le midi jusqu'au septentrion , et toutes les nations de la terre seront bénies en vous et en votre postérité. Je suis avec vous et vous garderai partout où vous irez, et je vous ramènerai en ce pays-ci, parce que je ne vous abandonnerai point que je n'aie accompli tout ce que je vous ai dit. Alors Jacob se réveilla, et dit: Le Seigneur est ici et je ne le savais pas. Et étant saisi de crainte : Que ce lieu, dit-il , est terrible! ce ne peut être que la maison de Dieu et la porte du ciel. Là-dessus il se leva, et prenant la pierre qu'il avait mise sous sa tête, il la dressa pour servir de monument, « et l'oignit d'huile par en haut, et nomma ce lieu la maison de Dieu 1 .» Ceci contient une prophétie; et il ne faut pas s'imaginer que Jacob versa de l'huile sur cette pierre à la façon des idolâtres, comme s'il en eût fait un Dieu, car il ne l'adora point, ni ne lui offrit point de sacrifice; mais comme le nom de Christ vient d'un mot grec qui signifie onction 2, ceci sans doute figure quelque grand mystère. Notre Sauveur lui-même semble expliquer le sens symbolique de cette échelle dans l'Evangile, lorsqu'après avoir dit de Nathanaël: « Voilà un véritable Israélite
1. Gen. XXVIII, 10-19.
2. Xrisma
en qui il n'y a point de ruse 1 », pensant à la vision qu'avait eue Israël, qui est le même
que Jacob, il ajoute: « En vérité, en vérité, je vous dis que vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le fils de l'homme 2 ».
Jacob continua donc son chemin en Mésopotamie, pour y choisir une femme. Or, l'Ecriture nous apprend pourquoi il en épousa quatre dont il eut douze fils et une fille, lui qui n'en avait épousé aucune par un désir illégitime. Il était venu pour prendre une seule épouse; mais comme on lui en supposa une autre à la place de celle qui lui était promise 3, il ne la voulut pas quitter, de peur qu'elle ne demeurât déshonorée; et comme en ce temps-là il était permis d'avoir plusieurs femmes pour accroître sa postérité, il prit encore la première à qui il avait déjà donné sa foi. Cependant, celle-ci étant stérile, elle lui donna sa servante pour en avoir des enfants; ce que son aînée fit aussi, quoique elle-même en eût déjà. Jacob n'en demanda qu'une, et il n'en connut plusieurs que pour en avoir des enfants, et à la prière de ses femmes, qui usaient en cela du pouvoir que les lois du mariage leur donnaient sur lui.
CHAPITRE XXXIX.
POURQUOI JACOB FUT APPELÉ ISRAËL.
Or, Jacob eut douze fils et une fille de quatre femmes. Ensuite, il vint en Egypte, à cause de son fils Joseph qui y avait été mené et y était devenu puissant, après avoir été vendu par la jalousie de ses frères. Jacob, comme je viens de le dire, s'appelait aussi Israël, d'où le peuple descendu de lui a pris son nom, et ce nom lui fut donné par l'ange qui lutta contre lui à son retour de Mésopotamie 4 et qui était la figure de Jésus-Christ. L'avantage qu'il voulut bien que Jacob remportât signifie le pouvoir que Jésus-Christ donna sur lui aux Juifs au temps de sa passion. Toutefois, il demanda la bénédiction de celui qu'il avait surmonté, et cette bénédiction fut l'imposition de ce nom même. Israël signifie voyant Dieu, ce qui marque la récompense de tous les saints à la fin du monde. L'ange le toucha à l'endroit le plus large de la caisse et le rendit boiteux. Ainsi le même Jacob fut béni et boiteux: béni
1. Jean, I, 47.- 2. Ibid. I, 51. - 3. Gen. XXIX, 23. - 4. Gen. XXXII, 28.
(358)
en ceux du peuple juif qui ont cru en Jésus-Christ, et boiteux en ceux qui n'y ont pas cru, car l'endroit le plus large de la cuisse marque une postérité nombreuse. En effet, il y en a beaucoup plus parmi ses descendants en qui cette prophétie s'est accomplie : « Ils se sont égarés du droit chemin, et ont boité 1 ».
CHAPITRE XL.
COMMENT ON DOIT ENTENDRE QUE JACOB ENTRA, LUI SOIXANTE-QUINZIÈME, EN ÉGYPTE.
L'Ecriture dit 2 que soixante-quinze personnes entrèrent en Egypte avec Jacob, en l'y comprenant avec ses enfants; et dans ce nombre elle ne fait mention que de deux femmes, l'une fille, et l'autre petite-fille de ce patriarche. Mais à considérer la chose exactement, elle ne veut point dire que la maison de Jacob fût si grande le jour ni l'année qu'il y entra, puisqu'elle compte parmi ceux qui y entrèrent des arrière-petits-fils de Joseph, qui ne pouvaient pas être encore au monde. Jacob avait alors cent trente ans, et son fils Joseph trente-neuf. Or, il est certain que Joseph n'avait que trente ans, ou un peu plus, quand il se maria. Comment donc aurait-il pu en l'espace de neuf ans avoir des arrière-petits-fils? Quand Jacob entra en Egypte, Ephraïm et Manassé, enfants de Joseph, n'avaient pas encore neuf ans. Or, dans le dénombrement que l'Ecriture fait de ceux qui y entrèrent avec lui, elle parle de Machir, fils de Manassé et petit-fils de Joseph, et de Galaad, fils de Machir, c'est-à-dire arrière-petit-fils de Joseph. Elle parle aussi de Utalaam, fils d'Ephraïm, et de Edem, fils de Utalaam, c'est-à-dire d'un autre petit-fils et arrière-petit-fils de ce patriarche ‘. L'Ecriture donc, par l'entrée de Jacob en Egypte, n'entend pas parler du jour ni de l'année qu'il y entra, mais de tout le temps que vécut Joseph qui fut cause de cette entrée. Voici comment elle parle de Joseph : « Joseph demeura en Egypte avec ses frères et toute la maison de son père, et il vécut cent dix ans, et il vit les enfants d'Ephraïm jusqu'à la troisième génération 4 », c'est-à-dire Edem , son arrière-petit-fils du côté d'Ephraïm. C'est là, en effet, ce que l'Ecriture appelle troisième génération. Puis elle ajoute: « Et les enfants de Machir, fils de Manassé,
1. Ps. XVII, 49. - 2. Gen. XLVI, 17. - 3. Gen. L, 22; Num. XXVI, 29 et seq. - 4. Gen. L, 22.
naquirent sur les genoux de Joseph », c'est-à-dire Galaad, son arrière-petit-fils du côté de Manassé, dont l'Ecriture, suivant son usage, qui est aussi celui de la langue latine 1, parle comme s'il y en avait plusieurs, ainsi que de la fille unique de Jacob, qu'elle appelle les filles de Jacob. Il ne faut donc pas s'imaginer que ces enfants de Joseph fussent nés quand Jacob entra en Egypte, puisque l'Ecriture, pour relever la félicité de Joseph, dit qu'il les vit naître avant que de mourir; mais ce qui trompe ceux qui n'y regardent pas de si près, c'est que 1'Ecriture dit : « Voici les noms des « enfants d'Israël qui entrèrent en Egypte « avec Jacob, leur père 2 ». Elle ne parle donc de la sorte que parce qu'elle compte aussi toute la famille de Joseph, et qu'elle prend cette entrée pour toute la vie de ce patriarche, parce que c'est lui qui en fut cause.
CHAPITRE XLI.
BÉNÉDICTION DE JUDA.
Si donc, à cause du peuple chrétien, en qui la Cité de Dieu est étrangère ici-bas, nous
cherchons Jésus-Christ selon la chair dans la postérité d'Abraham, laissant les enfants des
concubines, Isaac se présente à nous; dans celle d'Isaac, laissant Esaü ou Edom, se présente Jacob ou Israël; dans celle d'Israël, les autres mis à part, se présente Juda, parce que
Jésus-Christ est né de la tribu de Juda. Voyons pour cette raison la bénédiction prophétique que Jacob lui donna lorsque, près de mourir, il bénit tous ses enfants: « Juda, dit-il, vos frères vous loueront; vous emmènerez vos ennemis captifs; les enfants de votre père vous adoreront. Juda est un jeune lion; vous vous êtes élevé, mon fils, comme un arbre qui pousse avec vigueur; vous vous êtes couché pour dormir comme un lion et comme un lionceau: qui le réveillera? Le sceptre ne sera point ôté de la maison de Juda, et les princes ne manqueront point jusqu'à ce que tout ce qui lui a été promis soit accompli. Il sera l'attente des nations, et il attachera son poulain et l'ânon de son ânesse au cep de la vigne. Il lavera sa robe dans le vin, et son vêtement dans le sang de la grappe de raisin. Ses yeux sont
1. Voyez Aulu-Gelle (Noct. att., lib. II, cap. 13) et le Digeste (lib. I, tit. 16, De verborum significatione, § 148).
2. Gen. XLVI, 8.
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rouges de vin, et ses dents plus blanches que le lait 1 ». J'ai expliqué tout ceci contre Fauste le manichéen 2, et j'estime en avoir dit assez pour montrer la vérité de cette prophétie. La mort de Jésus-Christ y est prédite par le sommeil; et par le lion, le pouvoir qu'il avait de mourir ou de ne mourir pas. C'est ce pouvoir qu'il relève lui-même dans l'Evangile, quand il dit: « J'ai pouvoir de quitter mon âme, et j'ai pouvoir de la reprendre. Personne ne me la peut ôter; mais c'est de moi-même que je la quitte et que je la reprends 3 ». C'est ainsi que le lion a rugi et qu'il a accompli ce qu'il a dit. A cette même puissance encore se rapporte ce qui est dit de sa résurrection : « Qui le réveillera ? » c'est-à-dire que nul homme ne le peut que lui-même, qui a dit aussi de son corps: « Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours 4 ». Le genre de sa mort, c'est-à-dire son élévation sur la croix, est compris en cette seule parole : « Vous vous êtes élevé ». Et ce que Jacob ajoute ensuite : « Vous vous êtes couché pour dormir », l'Evangéliste l'explique lorsqu'il dit: «Et penchant la tête, il rendit l'esprit 5 » ; si l'on n'aime mieux l'entendre de son tombeau, où il s'est reposé et a dormi, et d'où aucun homme ne l'a ressuscité, comme les prophètes ou lui-même en ont ressuscité quelques-uns, mais d'où il est sorti tout seul comme d'un doux sommeil. Pour sa robe qu'il lave dans le vin, c'est-à-dire qu'il purifie de tout péché dans son sang, qu'est-ce autre chose que l'Eglise? Les baptisés savent quel est le sacrement de ce sang, d'où vient que l'Ecriture ajoute : « Et son vêtement dans le sang de la grappe. Ses yeux sont rouges de vin » . Qu'est-ce que cela signifie, sinon les personnes spirituelles enivrées de ce divin breuvage dont le Psalmiste dit : « Que votre breuvage qui enivre est excellent ! » - « Ses dents sont plus a blanches que le lait 6 » ; c'est ce lait que les petits boivent chez l'Apôtre 7, c'est-à-dire les paroles qui nourrissent ceux qui ne sont pas encore capables d'une viande solide. C'est donc en lui que résidaient les promesses faites à Juda, avant l'accomplissement desquelles les princes, c'est-à-dire les rois d'Israël, n'ont point manqué dans cette race. Lui seul
1. Gen. XLIX, 8 et seq.
2. Cont. Faust, lib. XII, cap. 42.
3. Jean, X, 18.- 4. Ibid. II, I9. - 5. Ibid. XIX, 30. - 6. Ps. XXII, 5. - 7. I Cor. III, 2.
était l'attente des nations, et ce que nous en voyons maintenant est plus clair que tout ce que nous en pouvons dire.
CHAPITRE XLII.
BÉNÉDICTION DES DEUX FILS DE JOSEPH PAR JACOB.
Or, comme les deux fils d'Isaac, Esaü et Jacob, ont été la figuré de deux peuplés, des Juifs et des Chrétiens, quoique selon la chair les Juifs ne soient pas issus d'Esaü, mais bien les Iduméens, pas plus que les Chrétiens ne le sont de Jacob, mais bien les Juifs, tout le sens de la figure se résume en ceci : « L'aîné sera soumis au cadet » ; il en est arrivé de même dans les deux fils de Joseph. L'aîné était la figure des Juifs, et le cadet celle des Chrétiens. Aussi Jacob, les bénissant, mit sa main droite sur le cadet qui était à sa gauche, et sa gauche sur l'aîné qui était à sa droite; et comme Joseph, leur père, fâché de cette méprise, voulut le faire changer, et lui montra l'aîné : « Je le sais bien, mon fils, répondit-il, je le sais bien. Celui-ci sera père d'un « peuple et deviendra très-puissant; mais son « cadet sera plus grand que lui, et de lui sortiront plusieurs nations 1 ». Voilà deux promesses clairement distinctes. « L'un , dit l'Ecriture, sera père d'un peuple, et l'autre de plusieurs nations ». N'est-il pas de la dernière évidence que ces deux promesses embrassent le peuple juif et tous les autres peuples de la terre qui devaient également sortir d'Abraham, le premier selon la chair, et le reste selon la foi?
CHAPITRE XLIII.
DES TEMPS DE MOÏSE, DE JÉSUS NAVÉ, DES JUGES ET DES ROIS JUSQU'À DAVID.
Après la mort de Jacob et de Joseph, le peuple juif se multiplia prodigieusement pendant les cent quarante-quatre années qui restèrent jusqu'à la sortie d'Egypte, quoique les Egyptiens, effrayés de leur nombre, leur fissent subir des persécutions si cruelles que, même à la fin, ils tuèrent tous les enfants mâles qui venaient au monde. Alors 2 Moïse, choisi de Dieu pour exécuter de grandes
1. Gen. XLVIII, 19. -. 2. Exod. II, 5.
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choses, fut dérobé à la fureur de ces meurtriers et porté dans la maison royale, où il fut nourri et adopté par la fille de Pharaon, nom qui était commun à tous les rois d'Egypte. Là il devint assez puissant pour affranchir ce peuple de la captivité où il gémissait depuis si longtemps, ou, pour mieux dire, Dieu, conformément à la promesse qu'il avait faite à Abraham, se servit du ministère de Moïse pour délivrer les Hébreux. Obligé d'abord de s'enfuir en Madian 1 pour avoir tué un Egyptien qui outrageait un Juif, revenu ensuite par un ordre exprès du ciel, il surmonta les mages de Pharaon 2 par la puissance de l'esprit de Dieu. Après ces prodiges, comme les Egyptiens refusaient encore de laisser sortir le peuple de Dieu, il les frappa de ces dix plaies si fameuses : l'eau changée en sang, les grenouilles, les moucherons, les mouches canines, la mort des bestiaux, les ulcères, la grêle, les sauterelles, les ténèbres et la mort de leurs aînés. Enfin, les Egyptiens, vaincus par tant de misères, furent, pour dernier malheur, engloutis sous les flots, tandis qu'ils poursuivaient les Juifs, après leur avoir permis de s'en aller. La mer, qui s'était ouverte pour donner passage aux Hébreux, submergea leurs ennemis par le retour de ses ondes. Depuis, ce peuple passa quarante ans dans le désert sous la conduite de Moïse, et c'est là que fut fait le tabernacle du témoignage, dans lequel Dieu était adoré par des sacrifices, figures des choses à venir. La loi y fut aussi donnée sur la montagne au milieu des foudres, des tempêtes et de voix éclatantes qui attestaient la présence de la divinité. Ceci arriva aussitôt que le peuple fut sorti d'Egypte et entré dans le désert, cinquante jours après la pâque et l'immolation de l'agneau, qui était si véritablement la figure de Jésus-Christ immolé sur la croix et passant de ce monde à son père (car Pâque en hébreu signifie passage 3), que lorsque le Nouveau Testament fut établi par le sacrifice de Jésus-Christ, qui est notre Pâque, cinquante jours après, le Saint-Esprit, appelé dans l'Evangile le doigt de Dieu 4, descendit du ciel afin de nous faire souvenir de l'ancienne figure, parce que la loi, au rapport de l'Ecriture, fut aussi écrite sur les tables par le doigt de Dieu.
Après la mort de Moïse, Jésus, fils de Navé,
1. Exod. II, 15. - 2. Ibid. 8, 9, 10 et 11. - 3. Ibid. XII, 11. - Luc, XI, 20.
prit la conduite du peuple et le fit entrer dans la terre promise qu'il partagea. Ces deux grands et admirables conducteurs achevèrent heureusement de grandes guerres, où Dieu montra que les victoires signalées qu'il fit remporter aux Hébreux sur leurs ennemis étaient plutôt pour châtier les crimes de ceux-ci que pour récompenser le mérite des autres. A ces deux chefs succédèrent les Juges, le peuple étant déjà établi dans la terre promise, afin que la première promesse faite à Abraham touchant un seul peuple et la terre de Chanaan commençât à s'accomplir, en attendant que l'avénement de Jésus-Christ accomplît celle de toutes les nations et de toute la terre. C'est en effet la foi de l'Evangile qui en devait faire l'accomplissement, et non les pratiques légales; et cette vérité est figurée d'avance, en ce que ce ne fut pas Moïse qui avait reçu pour te peuple la loi sur la montagne, mais Jésus, à qui Dieu même donna ce nom, qui fit entrer les Hébreux dans la terre promise. Sous les Juges, il y eut une vicissitude de prospérités et de malheurs, selon que la miséricorde de Dieu ou les péchés du peuple en décidaient.
De là on passa au gouvernement des Rois, dont le premier fut Saül, qui, ayant été réprouvé avec toute sa race et tué dans une bataille, eut pour successeur David. C'est de ce roi que Jésus-Christ est surtout appelé fils par l'Ecriture. C'est par lui que commença en quelque sorte la jeunesse du peuple de Dieu , dont l'adolescence avait été depuis Abraham jusqu'à lui. L'évangéliste saint Matthieu n'a pas marqué sans intention mystérieuse, dans la généalogie de Jésus-Christ, quatorze générations depuis Abraham jusqu'à David 1. En effet, c'est depuis l'adolescence que l'homme commence à être capable d'engendrer; d'où vient que saint Matthieu commence cette généalogie à Abraham, qui fut père de plusieurs nations, quand son nom fut changé. Avant Abraham donc, c'était en quelque sorte l'âge qui suivit l'enfance du peuple de Dieu, depuis Noé jusqu'à ce patriarche; et ce fut pour cette raison qu'il commença en ce temps-là à parler la première langue , c'est-à-dire l'hébraïque. La vérité est que c'est au sortir de l'enfance (qui tire son nom 2 de l'impossibilité où sont les
1. Matt. I, 17.
2. Infantia, de fari, parler, et de la particule négative in.
nouveau-nés de parler) que l'homme commence à user de la parole, et de même que ce premier âge est enseveli dans l'oubli, le premier âge du genre humain fut aboli par les eaux du déluge. Ainsi dans le progrès de la Cité de Dieu, comme le livre précédent contient le premier âge du monde, celui-ci contient le second et le troisième. En ce troisième âge fut imposé le joug de la loi, qui est figurée par la génisse, la chèvre et le bélier de trois ans 1 ; on y vit paraître une multitude effroyable de crimes, qui jetèrent les fondements du royaume de la terre, où néanmoins vécurent toujours des hommes spirituels figurés par la tourterelle et par la colombe.
1. Gen. XV, 9.

 

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