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  • : In hoc signo vinces. Parousie by ROBLES Patrick
  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
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  • Patrick ROBLES
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)

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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 14:53
Couronnement de Marie
Gentile DA FABRIANO

SEPTIÈMES DEMEURES

CHAPITRE PREMIER

Des grandes faveurs que Dieu accorde aux âmes qui sont entrées dans les Septièmes Demeures. De certaines différences entre l'âme et l'esprit bien que ici deux ne fassent qu'un. Ce chapitre contient des choses dignes de remarque.

1 Peut-être, mes soeurs, ai-je si longuement parlé de cette voie spirituelle qu'il ne semble y avoir rien d'autre à dire. Le croire serait une grande erreur ; puisque la grandeur de Dieu est sans bornes, ses oeuvres ne sauraient en avoir. Cessera-t-on jamais de narrer ses miséricordes et ses grandeurs ? C'est impossible, ne vous étonnez donc point de ce qui fut dit et de ce qui reste à dire, ce n'est qu'un abrégé de tout ce qu'on peut conter de Dieu. Il s'est montré fort miséricordieux en communiquant ces choses à quelqu'un dont nous pouvons les apprendre, afin que nous louions ses grandeurs d'autant plus que nous savons qu'il communique avec les créatures, et nous nous efforcerons de ne pas mésestimer les âmes en qui le Seigneur se complaît. Nous avons tous une âme, mais nous ne l'apprécions pas comme le mérite une créature faite à l'image de Dieu, nous ne comprenons donc pas les grands secrets qui sont en elle. Plaise à Sa Majesté, si Elle le veut, de diriger ma plume, et de m'aider à vous parler un peu de tout ce qu'il y a à dire ; Dieu le fait comprendre à ceux qu'il introduit dans cette Demeure. J'ai vivement supplié Sa Majesté, Elle sait que mon intention est de faire en sorte que ses miséricordes ne restent pas cachées, afin que son nom soit mieux loué et glorifié.

2 J'ai l'espoir que Dieu me fera cette faveur, pour l'amour de vous, mes soeurs, et non pour moi, pour que vous compreniez ce qui vous sera précieux, et que, par votre faute, votre Époux ne manque pas de célébrer ce mariage spirituel avec vos âmes, puisqu'il entraîne tous les bienfaits que nous verrons. Ô grand Dieu ! Une créature aussi misérable que moi peut trembler de parler d'une chose que je suis loin de mériter de comprendre. C'est vrai, j'ai été dans une grande confusion, et je me suis demandé s'il ne serait pas préférable de conclure cette Demeure en quelques mots, on va croire, je le suppose, que je la connais d'expérience, et j'en ai une honte extrême, car me connaissant comme je me connais, c'est chose terrible. D'autre part, il m'est apparu qu'il y a là une tentation, une faiblesse, si mal que vous me jugiez. Mais que Dieu soit un petit peu mieux loué et compris, et que tout le monde me crie après ; d'autant plus qu'il se peut que je sois morte quand ceci verra le jour. Béni soit Celui qui vit et vivra à jamais. Amen.

3 Quand Notre-Seigneur consent à prendre en pitié cette âme qui a souffert et souffre de désir et qu'il a déjà prise spirituellement pour épouse, avant la consommation du mariage spirituel il l'introduit dans sa Demeure qui est cette Septième ; de même qu'il a une demeure au ciel, il doit trouver dans l'âme une chambre où Sa Majesté habite seule : nous pouvons dire un autre ciel. Il est très important pour nous, mes soeurs, de comprendre que l'âme n'est pas quelque chose d'obscur ; car comme nous ne la voyons pas, nous pouvons croire, d'ordinaire, qu'il n'existe pas d'autre lumière intérieure, sauf celle que nous voyons, et qu'il règne dans notre âme une certaine obscurité. Je parle de l'âme qui n'est pas en état de grâce, ce n'est pas la faute du Soleil de Justice qui est en elle et qui lui donne l'être, mais c'est elle qui est incapable de recevoir la lumière, et je crois avoir dit dans la première Demeure ce que certaine personne a compris à ce sujet : ces âmes infortunées sont comme dans une prison obscure, les pieds et les mains liés, aveugles et muettes, pour qu'elles ne puissent faire le bien qui les aiderait à acquérir des mérites. Nous pouvons les plaindre, considérer qu'il fut un temps où nous nous sommes vues dans le même état, et que le Seigneur peut leur faire miséricorde, à elles aussi.

4 Ayons particulièrement soin, mes soeurs, de l'en supplier, ne l'oublions pas, c'est faire une très grande charité que de prier pour ceux qui sont en état de péché mortel ; bien plus grande que celle que nous ferions au chrétien que nous verrions les mains liées derrière le dos par une forte chaîne, attaché à un poteau, et mourant de faim, non par faute de nourriture, car il a auprès de lui des mets d'extrême délicatesse, mais il ne peut les prendre pour les porter à sa bouche ; bien qu'il éprouve un vif dégoût et se voire prés d'expirer, non de la mort d'ici-bas mais de celle qui est éternelle, ne serait-ce pas extrêmement cruel de le regarder sans approcher de sa bouche de quoi manger ? Qu'adviendrait-il si, par vos prières, on lui ôtait ses chaînes ? Vous voyez bien. Je vous le demande pour l'amour de Dieu, ayez toujours un souvenir pour ces âmes-là dans vos prières.

5 Ce n'est pas à elles que nous parlons en ce moment, mais à celles qui, par la miséricorde de Dieu, ont fait pénitence de leurs péchés, et qui sont en état de grâce ; nous ne pouvons la considérer cette âme, comme une chose limitée à un recoin, mais comme un monde intérieur qui contient les belles et nombreuses demeures que vous avez vues ; il est juste qu'il en soit ainsi, puisqu'il y a dans cette âme une demeure pour Dieu. Quand il plaît à Sa Majesté de lui accorder la faveur de ce mariage divin, Elle commence par l'introduire dans Sa demeure ; Sa Majesté ne se contente plus des ravissements qu'Elle lui a déjà fait connaître, où elle l'unit à Elle, à ce que je crois, ni de l'oraison d'union dont j'ai parlé où l'âme n'avait pas le sentiment d'être aussi nettement appeler à pénétrer dans son centre qu'elle l'est, ici, dans cette demeure, mais dans sa partie supérieure seulement. Peu
importe : d'une manière ou d'une autre, le Seigneur l'unit à lui ; mais c'est en la rendant aveugle et muette, comme ce fut le cas pour saint Paul lors de sa conversion (Ac 9,8), et en lui retirant la faculté de sentir ce qu'est cette faveur, et comment elle en jouit : car la grande délectation de cette âme est de se voir tout près de Dieu. Quand il l'unissait à lui, elle ne comprenait plus rien, puisque toutes ses puissances étaient aliénées.

6 Ici, il en est autrement. Notre bon Dieu, maintenant, veut faire tomber les écailles de ses yeux ; pour lui faire voir et comprendre quelque chose de la faveur qu'il lui fait, il use d'un procédé extraordinaire ; introduite dans cette Demeure par une vision intellectuelle, on lui montre, par une sorte de représentation de la vérité, la Très Sainte Trinité, toutes les trois personnes, dans un embrasement qui s'empare d'abord de son esprit à la manière d'une nuée d'immense clarté ; et de ces personnes distinctes, par une intuition admirable de l'âme, elle comprend l'immense vérité ; toutes les trois personnes sont une substance, un pouvoir, une science, et un seul Dieu. Ce que nous croyons par un acte de foi, l'âme, donc, le saisit ici, on peut le dires de ses yeux, sans qu'il s'agisse toutefois des yeux du corps ni des yeux de l'âme, car ce n'est pas une vision imaginaire. Ici, toutes les trois personnes se communiquent à elle, elles lui parlent, elles lui font comprendre ces paroles du Seigneur que rapporte l'Évangile : qu'il viendrait, Lui, et le Père, et le Saint-Esprit, demeurer avec l'âme qui l'aime et qui observe ses commandements (Jn 14,23).

7 Ô Dieu secourable ! Qu'il est donc différent d'entendre ces paroles, de les croire, ou de comprendre de cette manière-là combien elles sont vraies ! L'âme s'en étonne chaque jour davantage, car il lui semble que les Trois Personnes ne l'ont jamais quittée, elle les voit, manifestement, à l'intérieur de son âme ; au très très intime d'elle-même, dans quelque chose de très profond qu'elle ne saurait décrire car elle n'est point docte, elle sent en elle cette divine compagnie.

8 Il va vous sembler, d'après cela, qu'elle doit être hors de sens, si absorbée qu'elle ne peut plus s'occuper de rien. En fait, bien mieux que naguère, en tout ce qui touche au service de Dieu, ou lorsqu'elle n'a pas d'occupation, elle vit dans cette agréable compagnie ; et si cette âme ne fait pas défaut à Dieu, jamais il ne manquera, ce me semble, de lui faire discerner très clairement sa présence ; elle a la ferme confiance que Dieu ne l'abandonnera point, il ne lui a pas accordé cette faveur pour qu'elle la perde ; et elle est en droit de le penser, sans cesser toutefois d'être plus attentive que jamais à ne lui déplaire en rien.

9 Cette présence dans laquelle elle vit, comprenez-le, n'est pas aussi totalement manifestée, je précise, aussi clairement, que la première fois, et certain nombre d'autres, où Dieu voulut lui faire ce don ; s'il en était ainsi, il lui serait impossible de s'occuper de quoi que ce soit, et même de vivre au milieu des gens ; mais bien que cette présence ne s'accompagne pas d'une lumière aussi claire, elle constate toujours qu'elle se trouve en cette compagnie. On peut la comparer à une personne qui serait avec d'autres dans une pièce très claire, mais on ferme les fenêtres, et elle reste dans l'obscurité : l'absence de lumière l'empêche de les voir, elle ne les verra pas jusqu'à ce que la lumière revienne, elle ne cesse toutefois pas de comprendre qu'elles sont là. On peut demander si lorsque la lumière revient il lui est possible de les revoir à son gré. Ça n'est pas en son pouvoir, il faut que Notre-Seigneur consente à ouvrir la fenêtre de l'entendement ; il témoigne d'une grande miséricorde en lui permettant de comprendre si clairement qu'il ne la quitte jamais.

10 Il semble que la divine Majesté veuille, ici, par cette admirable compagnie, disposer l'âme à recevoir davantage ; il est clair que cela l'aidera fort à avancer dans la perfection en toutes choses et perdre les craintes que lui ont parfois inspirées les autres faveurs que Dieu lui a faites, comme nous l'avons dit. Et il en fut ainsi, elle faisait, en tout, des progrès, il lui semblait que malgré tant d'épreuves et d'affaires, l'essentiel de son âme ne quittait jamais cette Demeure. Comme s'il y avait, en quelque sorte, des compartiments dans son âme, peu après cette faveur que lui accorda Dieu, elle eut à s'occuper de grands travaux, elle s'en plaignit, comme Marthe se plaignit au Seigneur de Marie (Lc 10,40) qui jouissait toujours à son gré de cette quiétude, et qui lui laissait tant de travail, tant d'occupations, qu'elle ne pouvait jouir de sa compagnie.

11 Vous jugerez que c'est de la folie, mes soeurs, mais cela se passe vraiment ainsi, bien qu'on comprenne que l'âme est une ; ce que j'ai dit n'est pas une idée que je me forge, car telle est l'impression qu'on a ordinairement. J'en ai donc déduit qu'on voit des choses intérieures dans lesquelles on distingue vraiment certaines différences, fort visibles, entre l'âme et l'esprit, malgré que tout soit un. La division qu'on perçoit est si subtile que l'âme et l'esprit semblent parfois agir différemment, comme sont différentes les saveurs que le Seigneur veut leur donner. Il me semble aussi que l'âme diffère des puissances, qu'elles ne sont pas une seule chose. Il y a tant de ces différences, et si délicates, dans l'intime de nous-même que je serais bien téméraire si je me mettais à les expliquer. Nous verrons cela là-haut, si, dans sa miséricorde, le Seigneur nous fait la grâce de nous conduire là où nous comprendrons ces secrets.

CHAPITRE II

Suite du même sujet. De subtiles comparaisons aident à comprendre la déférence qu'il y a entre l'union spirituelle et le mariage spirituel.

1 Venons-en donc à parler du mariage spirituel et divin, bien que cette haute faveur ne doive pas atteindre à sa perfection de notre vivant, puisque nous perdrions cet immense bienfait si nous nous écartions de Dieu. La première fois que Sa Majesté accorde cette faveur par une vision imaginaire, Elle veut montrer à l'âme sa très Sainte Humanité pour qu'elle en ait la pleine connaissance et n'ignore rien du don souverain qu'elle reçoit. A d'autres personnes, le Seigneur pourra se présenter sous une autre forme ; à celle dont nous parlons, alors qu'elle venait de communier, il apparut, dans la splendeur, la beauté, la majesté qu'on lui vit après sa résurrection ; Il lui dit qu'il était temps qu'elle s'occupe de ses affaires à lui, qu'il s'occuperait des siennes, et d'autres paroles plus sensibles que communicables (Relations, chap. 35).

2 Il n'y avait là, semblera-t-il, rien de nouveau, puisque le Seigneur s'était déjà manifesté à cette âme de cette manière. Ce fut toutefois si différent qu'elle en fut bien affolée et effrayée ; d'abord, parce que cette vision fut fort intense, ensuite, à cause des paroles que le Seigneur lui dit, enfin, parce qu'il se manifesta à l'intérieur de son âme, ce qui ne s'était jamais produit, sauf dans la vision précédente. Comprenez-le, la différence est immense entre toutes les visions précédentes et celles de cette Demeure ; entre les fiançailles spirituelles et le mariage spirituel il y a la même différence qu'entre l'état de deux fiancés et celui de ceux qui ne pourront désormais se séparer.

3 J'ai déjà dit que malgré ces comparaisons dont j'use à défaut d'en trouver de meilleures, il faut entendre qu'ici il n'est pas plus question du corps que si l'âme ne l'habitait point, et qu'elle ne soit qu'esprit ; son rôle est encore bien moindre dans le mariage spirituel ; cette union secrète s'accomplit au centre le plus profond de l'âme où doit se tenir Dieu lui-même, et, ce me semble, il n'a pas besoin de porte pour y entrer. Je dis qu'il n'a pas besoin de porte, parce que tout ce qui a été dit jusqu'ici semble se réaliser au moyen des sens et des puissances et il doit en être ainsi de cette apparition de l'Humanité du Seigneur ; mais l'union dans le mariage spirituel est bien différente. Le Seigneur apparaît en ce centre de l'âme non pas dans une vision imaginaire, mais intellectuelle, plus subtile toutefois que les précédentes : il apparut ainsi aux Apôtres, sans entrer par la porte, quand il leur dit : " Pax vobis " (Lc 24,35). Ce que Dieu communique alors à l'âme en un instant est un si grand mystère, une faveur si haute, la délectation de l'âme est si immense, que je ne sais à quoi la comparer ; je puis seulement dire que le Seigneur veut lui manifester à ce moment la gloire du ciel avec plus d'élévation que par toutes les visions ou plaisirs spirituels. D'après ce qu'on comprend, et on ne saurait dire plus, l'âme, c'est-à-dire l'esprit de cette âme, ne fait plus qu'une avec Dieu ; Sa Majesté, qui Elle aussi est esprit, pour montrer son amour pour nous, veut faire concevoir à certaines personnes jusqu'où va cet amour, pour que nous louions sa grandeur ; Dieu a tenu à s'unir à la créature si intimement que comme ceux qui ne peuvent désormais se séparer, il ne veut pas se séparer d'elle.

4 Il en est autrement des fiançailles spirituelles, car souvent les fiancés se séparent, et l'union également est différente ; car bien que l'union soit la jonction de deux choses en une, elles peuvent, enfin, se séparer, et chacune d'elles se retrouver seule ; ainsi, à l'ordinaire, cette faveur du Seigneur passe vite, l'âme ensuite est privée de cette compagnie, c'est-à-dire qu'elle ne la perçoit plus. Dans cette autre faveur du Seigneur, non : l'âme demeure en ce centre avec son Dieu. On peut comparer l'union à deux cierges de cire qui s'uniraient si étroitement que leurs lurnières ne feraient qu'une, ou que la mèche, et la lumière, et la cire, ne sont qu'une même chose ; on peut toutefois séparer les cierges l'un de l'autre, et il reste deux cierges, comme on peut séparer la mèche de la cire. Ici encore, il en est comme de l'eau du ciel qui tombe dans une rivière ou dans une fontaine, tout se confond en une eau unique, jamais on ne pourra séparer ni trier l'eau de la rivière de l'eau tombée du ciel ; de même, si un petit ruisseau se jette dans la mer, il n'y aura nul moyen de l'en séparer ; et dans une pièce percée de deux fenêtres par où pénètre une vive clarté, les deux clartés, divisées à l'arrivée, se fondent en une seule.

5 C'est peut-être ce que dit saint Paul à propos de ce sublime mariage, supposant que Sa Majesté se rapproche de l'âme par l'union : " Celui qui s'unit au Seigneur ne fait qu'un esprit avec Lui " (Cor 6,17). Il dit aussi : " Mihi vivere Christus est, mori lucrum " (Ph 1,21) ; il me semble que l'âme peut dire la même chose ici, car c'est là que le petit papillon dont nous avons parlé meurt dans une immense joie, puisque sa vie est déjà le Christ.

6 On discerne mieux cette faveur, le temps aidant, par ses effets, car on comprend clairement que c'est Dieu qui donne vie à notre âme par de secrètes aspirations souvent si vives qu'on ne peut aucunement en douter ; l'âme les perçoit clairement, mais elles sont inexprimables ; ce sentiment est si fort qu'il se traduit parfois en paroles caressantes qu'elle ne peut contenir : " Ô vie de ma vie et substance qui me sustente ! " et autres choses de ce genre. Car de ce sein divin, où Dieu semble continuellement nourrir l'âme, jaillissent des rayons de lait qui fortifient tous les habitants du château ; il apparaît que le Seigneur veut qu'ils jouissent un peu de tout ce dont jouit l'âme, de ce fleuve opulent où la petite fontaine s'est perdue, il jaillit parfois un jet de cette eau pour soutenir ceux qui doivent pour le corporel servir ces deux époux. Et comme une personne inattentive sentirait qu'on la baigne soudain dans cette eau et ne pourrait manquer de le sentir, ainsi, et même avec plus de certitude, on perçoit les opérations dont je parle. Car de même qu'un jet d'eau ne pourrait jaillir de rien, comme je l'ai dit, on comprend clairement qu'il y a à l'intérieur quelqu'un qui lance ces flèches et donne vie à cette vie, un soleil d'où provient une grande lumière qui se projette de l'intérieur sur les puissances. L'âme, comme je l'ai dit, ne bouge pas de ce centre, et ne perd point la paix ; car celui qui l'a donnée aux Apôtres (Jn 20,19) quand ils étaient réunis peut la lui donner, à elle aussi.

7 Il me vient à l'idée que cette salutation du Seigneur devait signifier beaucoup plus qu'elle n'en a l'air, ainsi que ce qu'il a dit à la glorieuse Madeleine : " Va en paix " (Lc 7,50), car les paroles du Seigneur ont en nous valeur d'actes, elles devaient donc agir dans ces âmes déjà bien disposées, éloigner de l'âme tout ce qui est corporel afin que, pur esprit, elle puisse s'unir par cette union céleste à l'esprit incréé ; et il est très vrai que lorsque nous nous vidons de toute créature, que nous nous en détachons pour l'amour de Dieu, ce même Dieu doit nous emplir de Lui. Ainsi, un jour où Jésus-Christ Notre-Seigneur priait pour ses Apôtres, je ne sais où on le dit, il demanda que tous soient un avec le Père et avec Lu, comme Notre-Seigneur Jésus-Christ est dans le Père et le Père en Lui (Jn 17,21). Je ne sais s'il peut exister un plus grand amour que celui-là ! Et ne manquons point d'y pénétrer tous, puisque Sa Majesté a dit : e ne prie pas pour eux seulement, mais pour ceux-là aussi, qui, grâce à leur parole, croiront en moi (Jn 17,20) et Elle dit aussi : Je suis en eux (Jn 17,23).

8 Ô Dieu secourable, que ces paroles sont vraies, et comme l'âme qui le voit par elle-même dans cette oraison les comprend ! Et comme nous les comprendrions toutes, si nous n'y faisions pas obstacle par notre faute, puisque les paroles de Jésus-Christ notre Roi et Seigneur ne peuvent manquer de s'accomplir ! Mais nous commettons l'erreur de ne pas nous y disposer en nous écartant de tout ce qui peut faire obstacle à cette lumière, nous ne nous voyons donc pas dans ce miroir que nous contemplons, et où notre image est gravée.

9 Pour revenir à ce que nous disions : lorsque le Seigneur a introduit l'âme dans Sa demeure, qui est le centre de l'âme elle-même, de même que le ciel empyrée où se tient Notre-Seigneur ne se meut pas, dit-on, comme les autres, dès que cette âme y pénètre, tout mouvement cesse en elle ; ni les puissances, ni l'imagination, ne peuvent lui porter tort ni lui enlever la paix. J'ai l'air de vouloir dire que lorsque l'âme a obtenu de Dieu cette faveur elle est assurée de son salut et de ne pas retomber, mais je ne dis rien de tel : chaque fois que je parlerai de cette sécurité apparente de l'âme, il s'entend qu'il en est ainsi tant que la Divine Majesté la tient par la main, pour que l'âme ne l'offense point. J'ai du moins la certitude que cette âme, bien qu'elle ait vécu dans cet état, et cela pendant des années, ne s'estime pas en sûreté ; elle craint au contraire bien plus que naguère d'offenser Dieu moindrement, elle a le vif désir de Le servir, comme on le verra plus loin, elle vit dans la peine et la confusion, sachant le peu qu'elle est capable de faire, alors qu'elle lui a tant d'obligation ; ça n'est pas une petite croix, mais une fort sérieuse mortification ; toutefois, plus cette âme se mortifie, plus grandes sont ses délices. Lorsque Dieu lui ôte la santé et les forces dont elle a besoin pour faire pénitence, c'est là sa vraie mortification ; j'ai déjà dit ailleurs le chagrin que cela cause, mais il est bien plus grand ici, et tout doit venir à l'âme du sol où elle plante ses racines ; car de même que l'arbre qui est proche d'une eau courante est le plus frais, celui qui produit plus de fruits, peut-on s'étonner des désirs qu'éprouve cette âme dont l'esprit véritable ne fait qu'un avec l'eau céleste dont nous avons parlé ?

10 Pour en revenir, donc, à ce que je disais, il ne faut pas croire que les puissances, et les sens, et les passions, jouissent toujours de cette paix ; l'âme, oui. Dans les autres Demeures, il est des combats, des moments d'épreuves et de fatigue, mais à l'ordinaire cela ne lui ôte ni sa paix, ni sa place. Ce centre de notre âme, ou cet esprit, est chose si difficile à décrire, il est même si difficile d'y croire, que je crains, mes soeurs, que faute d'avoir su m'exprimer vous ne soyez tentées de ne pas me croire ; car il est difficile de dire qu'il y a là des épreuves et des peines, mais que l'âme reste en paix. Je vais faire une ou deux comparaisons : plaise à Dieu qu'elles m'aident à expliquer quelque chose, mais si je n'y réussissais pas, je sais que je dis la vérité.

11 Le Roi est dans son Palais, la guerre et bien des choses pénibles sévissent dans son royaume, mais il n'en reste pas moins à sa place ; de même, ici ; bien qu'il y ait un grand tumulte, beaucoup de bêtes venimeuses, dans les autres Demeures, et que tout cela fasse grand bruit, rien ne pénètre dans cette Demeure-là, et ne force l'âme à en sortir ; les choses qu'elle entend, qui toutefois lui font un peu de peine, ne parviennent pas à l'agiter et à lui ôter la paix ; les passions, déjà vaincues, ont peur de pénétrer dans cette Demeure, car elles en sortent plus asservies. Le corps tout entier nous fait mal, mais si la tête est saine, nous n'aurons pas mal à la tête du fait que nous avons mal au corps. Je ris toute seule de ces comparaisons dont je ne suis pas satisfaite, mais je n'en trouve pas d'autres ; Pensez ce que vous voudrez : tout ce que j'ai dit est la vérité.

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