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  • : In hoc signo vinces. Parousie by ROBLES Patrick
  • : Blog Parousie de Patrick ROBLES (Montbéliard, Franche-Comté, France)
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  • Patrick ROBLES
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)
  • Dominus pascit me, et nihil mihi deerit. Le Seigneur est mon berger : je ne manquerai de rien. The Lord is my shepherd; I shall not want. El Señor es mi pastor, nada me falta. L'Eterno è il mio pastore, nulla mi mancherà. O Senhor é o meu pastor; de nada terei falta. Der Herr ist mein Hirte; mir wird nichts mangeln. Господь - Пастырь мой; я ни в чем не буду нуждаться. اللهُ راعِيَّ، فلَنْ يَنقُصَنِي شَيءٌ (Ps 23,1)

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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 12:28
CHAPITRE XXI.

DE L'EFFET DE LA VISION DIVINE.

1. Puisque je rappelle les bienfaits gratuits de la divine clémence envers une pauvre créature, il me semblerait injuste et même ingrat de passer sous silence la grâce que votre amoureuse condescendance daigna m'accorder pendant un Carême. Le second dimanche de ce Carême, comme à la procession qui précède la messe on chantait ce répons : Vide Dominum facie ad faciem, etc., mon âme se trouva illuminée par l'ineffable et merveilleux éclat de la lumière divine, et je vis devant ma face comme une autre face qui lui était appliquée. C'est d'elle que saint Bernard a dit : « Elle ne reçoit pas la lumière, mais la donne à tout; elle ne frappe pas les yeux du corps, mais réjouit le cœur; elle est agréable non par l'éclat du teint, mais par les dons de son amour1. » En cette vision où vos yeux, brillants comme le soleil, semblaient placés directement devant mes yeux, vous seul connaissez, ô Douceur de ma vie, à quel point votre suavité pénétra non seulement mon âme, mais mon cœur et tous mes membres. Aussi je vous demande la grâce de vous témoigner ma reconnaissance en vous servant fidèlement le reste de ma vie.

2. Quoique la rose soit plus agréable au printemps quand elle est dans la vigueur de son éclat et de son parfum, en hiver elle ne laisse cependant pas, quoique desséchée, de rappeler par ses douces senteurs le souvenir de sa beauté printanière. De même l'âme trouve une source de joies profondes dans le souvenir des faveurs qu'elle a reçues.

3. C'est pourquoi, autant que je le puis, je désire exprimer par une comparaison ce que ma petitesse a ressenti dans cette vision délicieuse ; et si quelqu'un de mes lecteurs reçoit de semblables et même de plus grandes faveurs, il sera par ce souvenir excité à la reconnaissance. Peut-être aussi qu'en rappelant plus souvent à ma mémoire les dons reçus, je dissiperai quelque peu le nuage de mes négligences, et je témoignerai ma gratitude à ce divin Soleil, miroir de justice, qui a fait darder sur moi ses rayons.

4. Lors donc que vous avez appliqué contre mon indigne visage votre face très désirable où se révèle l'abondance de toute Béatitude, je sentis que de vos yeux divins sortait une incomparable et suave lumière. Cette lumière passant par mes yeux et pénétrant l'intime de mon être, semblait agir en tous mes membres avec une vertu merveilleuse que je ne puis exprimer c'était d'abord comme si elle eût enlevé la moelle de mes os, puis anéantissant mes os eux-mêmes avec ma chair, on eût dit que toute ma substance n'était plus autre chose que cette splendeur divine, qui, se jouant en elle-même avec un charme incomparable, remplissait en même temps mon âme d'une grande douceur et sérénité.

5. Que dirai-je encore de cette très douce vision? et, puis-je l'appeler, vision, car il me semble que toute l'éloquence du monde se serait épuisée vainement pour me décrire pendant tous les jours de ma vie cette manière sublime de vous contempler, même dans la gloire céleste, si votre condescendance, ô mon Dieu, unique salut de mon âme, ne m'eût donné cette heureuse expérience. Cependant, j'ajoute volontiers que s'il en est des choses divines comme des choses humaines, que si la vertu de votre baiser divin surpasse, et je le crois, la douceur de cette vision, en vérité la force d'en haut est nécessaire pour contenir alors la créature humaine, car il serait impossible à une âme de jouir d'une telle faveur, même un seul instant, et de demeurer unie à son corps. Je n'ignore pas que votre toute-puissance s'unit à votre sagesse infinie, pour ménager graduellement les visions, les baisers, les étreintes divines et les autres démonstrations de l'amour, d'après les circonstances, les lieux, les temps et les personnes.

6. O Seigneur, je vous rends grâces, en m'unissant à ce mutuel amour qui règne dans la très adorable Trinité, pour la douce expérience que vous m'avez souvent donnée de votre baiser divin : parfois lorsque j'étais assise au chœur pensant à vous dans l'intime de mon âme, ou lorsque je récitais les heures canoniales ou l'office des défunts, il arrivait que vous déposiez sur mes lèvres, dix fois et plus, durant un seul psaume, le baiser de l'amour, baiser sacré dont la suavité l'emporte sur les parfums les plus exquis et le miel le plus doux. Souvent aussi, j'ai remarqué l'amour du regard que vous arrêtez sur moi, et mon âme a senti la puissante étreinte de vos embrassements. Je le confesse cependant, malgré l'incomparable douceur de ces caresses, aucune ne produisit en moi l'action profonde qu'opéra le regard sublime dont j'ai parlé plus haut. En reconnaissance de cette faveur et de toutes les autres, dont seul vous connaissez, les effets, je souhaite pour vous, ô mon Dieu, l'éternelle jouissance que les personnes divines se communiquent entre elles dans l'ineffable suavité qui surpasse tout sentiment.

1. Sermon. XXXI sur le Cantique

CHAPITRE XXII.

ACTIONS DE GRACES POUR UNE GRANDE FAVEUR DEMEURÉE SECRÈTE.

1. Q'une égale action de grâces ou une plus grande encore, s'il est possible, vous soit rendue, ô mon Dieu, pour un don excellent et connu de vous seul! Mes faibles paroles ne sauraient en exprimer la magnificence, et je ne puis toutefois le taire, car si la faiblesse humaine m'en faisait perdre la mémoire, il faudrait au moins que cet écrit réveillât mes souvenirs, afin d'exciter ma reconnaissance. Que grâce à votre bonté, ô mon Dieu, la plus indigne des créatures n'en vienne pas â ce degré de folie d'oublier volontairement, un seul instant, le don précieux de cette visite que votre infinie libéralité m'a gratuitement accordé, et que j'ai gardé tant d'années sans jamais le mériter.

2. Bien que je sois la dernière des créatures, j'avoue que ce don surpasse tout ce qu'un homme peut obtenir ici-bas. Aussi je prie cette divine Bonté, qui voulut bien me l'accorder avec tant de condescendance et sans mérites de ma part, de daigner me le garder pour votre gloire. Que ce don exerce sur ma misère sa profonde action, et tout l'univers vous en louera éternellement, car plus mon indignité est manifeste, plus éclatante sera la gloire de votre condescendante bonté.

CHAPITRE XXIII.

ACTION DE GRACES, ET ÉNUMÉRATION DE DIVERS BIENFAITS, QUELLE AVAIT COUTUME DE RELIRE
A ÉPOQUES FIXES, Y JOIGNANT LES PRIÈRES QUI PRÉCÈDENT ET CELLES QUI SUIVENT.

1. Que mon âme vous bénisse, ô mon Seigneur ! Que mon âme vous bénisse, ô Dieu mon Créateur ! Que tout mon être, dans ses profondeurs les plus intimes, proclame les miséricordes infinies dont vous m'avez prévenue, ô mon très doux Amant. Je rends grâces autant que je le puis â votre immense miséricorde : avec elle je loue cette patience infinie qui semble vous avoir fait oublier les années de mon enfance et de ma jeunesse. Pendant ce temps et jusqu'à la vingt-sixième année de mon âge, j'ai vécu dans un tel aveuglement, que si vous ne m'aviez donné une horreur naturelle du mal, un attrait pour le bien avec les sages conseils de mon entourage, il me semble que je serais tombée dans toutes les occasions de faute, sans remords de conscience, absolument comme si j'avais été une païenne vivant au milieu des infidèles, et que je n'eusse jamais compris comment votre justice réserve la récompense pour les bons et le châtiment pour les coupables. Cependant vous m'aviez choisie dès ma plus tendre enfance, afin de me faire grandir au milieu des vierges consacrées, dans le sanctuaire béni de la Religion.

2. Quoique votre divine béatitude ne puisse ni croître ni décroître et que vous n'ayez aucun besoin de nos biens (Ps xv, 2), toutefois, ma vie négligente et coupable semble avoir causé un détriment à votre gloire, puisque à chaque instant tout mon être et toute créature devraient vous louer, ô mon Dieu ! Vous seul savez ce que mon cœur éprouve de douleur à cette pensée, depuis que vous avez daigné vous incliner vers lui pour l'ébranler jusque dans ses fondements.

3. Pénétrée de ce souvenir, je vous offre, ô Père très aimant, pour la rémission de mes fautes, les souffrances de votre Fils unique, depuis l'heure où, étendu dans la crèche sur la paille, il fit entendre ses premiers vagissements, supportant ensuite les privations de son enfance et les travaux de sa jeunesse, jusqu'à cette heure dernière où, la tête inclinée, il poussa un grand cri du haut de la croix et expira. Pour réparer aussi mes négligences, je vous offre, Père très aimant, la très sainte vie tout entière de votre divin Fils, cette vie dont toutes les pensées, les paroles et les actions furent d'une perfection absolue. Je vous l'offre depuis le premier instant où, descendant de son trône, votre Fils passa par le sein virginal de Marie pour habiter le lieu de notre exil, jusqu'à cette heure où il se présenta à vos yeux dans toute la gloire de sa chair victorieuse.

4. Ensuite, comme il est juste, ô Père très saint, que le cœur de vos amis répare les injures faites à votre gloire, je vous prie par votre Fils unique, dans la vertu du Saint-Esprit, d'appliquer les mérites de la Passion et de la vie de ce Fils bien-aimé, pour la rémission et la satisfaction de toutes ses fautes, à celui qui s'efforcera, pendant ma vie ou après ma mort, de suppléer quelque peu à ce qui me manque. Afin que ce désir soit exaucé, je vous prie de le garder en vous à tout jamais, même lorsque, par votre miséricorde, je régnerai près de vous dans les cieux.

5. Pour vous rendre grâces, je me plonge dans l'abîme très profond de l'humilité. Je loue et j'adore votre suprême miséricorde et votre infinie bonté, qui vous ont porté, ô Père tout-puissant, à diriger vers moi des pensées de paix et non d'affliction (Jérém. XXIX, 11) au moment où je menais une vie insensée. Par la grandeur et la multitude de vos bienfaits, vous m'avez exaltée, comme si, différente des autres mortels, j'avais mené sur terre la vie des anges.

6. C'est pendant l'Avent que vous avez commencé cette oeuvre de votre amour, quelques jours avant la fête de l'Épiphanie où je devais accomplir la vingt-cinquième année de mon âge ; vous avez ébranlé mon cœur d'une façon si mystérieuse, qu'il n'éprouva plus que du dégoût pour les folies du jeune âge et se trouva comme préparé à recevoir votre visite. Quand je venais d'entrer dans ma vingt-sixième année, en la deuxième férie avant la fête de la Purification, au moment du crépuscule un peu après Complies, vous avez bien voulu, ô vraie lumière qui brillez dans les ténèbres, mettre un terme, et à la nuit du trouble profond dans lequel j'étais plongée, et au jour des vanités de ma jeunesse ignorante. Mon âme sentit votre présence, d'une manière évidente et admirable, et je goûtai d'ineffables délices à cette heure où, par une aimable réconciliation, vous avez daigné vous révéler à moi et me donner votre amour. Eclairée par cette divine clarté, je découvrais les célestes richesses que vous aviez déposées dans mon âme; vous agissiez avec moi par des moyens admirables et mystérieux afin de trouver toujours vos délices en mon cœur, et pour que j'eusse avec vous désormais les rapports qu'entretient un ami avec son ami, ou mieux encore un époux avec son épouse.

7. Pour continuer ce commerce d'amour, vous avez bien des fois visité mon âme de diverses manières, surtout en la vigile de l'Annonciation et avant l'Ascension, où, commençant dès le matin à me faire sentir la douceur de votre paix, vous avez le soir achevé votre oeuvre. C'est alors que vous n'avez conféré ce don si merveilleux, digne d'être admiré par toute créature; je veux dire que depuis ce jour mon âme n'a pas cessé, un seul instant, de jouir de votre douce présence : quand je descends en moi-même, toujours je vous y trouve, excepté une fois où je ne vous trouvai pas pendant onze jours. Comme les paroles me manquent pour exprimer le nombre et la valeur des dons qui accompagnèrent celui de votre salutaire présence, donnez-moi, ô Dispensateur de toute grâce, de vous offrir en esprit d'humilité un sacrifice de jubilation et d'actions de grâces au sujet de cette habitation que vous avez préparée dans mon âme, afin d'y trouver votre joie et de m'y faire goûter à moi-même d'incomparables douceurs. Tout ce que j'ai entendu dire des beautés du temple de Salomon et des magnifiques salles de festin du roi Assuérus ne saurait être comparé à ces délices que l'effet puissant de votre grâce vous avait préparées dans mon âme, délices que vous m'invitiez à partager avec vous malgré mon indignité, comme la reine partage les joies de son époux.

8. Parmi ces faveurs, il en est deux que je place au-dessus des autres : la première est l'empreinte que vous avez formée sur mon cœur, par les splendides joyaux de vos plaies sacrées. La seconde est cette blessure d'amour si profonde et si efficace que, (dussé-je vivre mille ans dans le plus complet délaissement), je goûterais sans cesse un bonheur ineffable au souvenir de ces deux bienfaits. Ils me seraient à chaque heure une source suffisante de consolation, de lumière et de gratitude.

9. Pour ajouter à ces faveurs, vous m'avez encore admise à l'incomparable familiarité de votre tendresse, en m'offrant l'arche très noble de votre divinité, c'est-à-dire votre Cœur sacré , pour que j'y trouve mes délices : vous me le donniez gratuitement, ou vous l'échangiez contre le mien comme marque plus évidente encore de votre tendre intimité. Par ce Cœur divin j'ai connu vos secrets jugements, par lui vous m'avez donné de si nombreux et de si doux témoignages de votre amour, que si je ne connaissais votre ineffable condescendance, je serais dans l'étonnement de vous les voir prodiguer à votre bienheureuse Mère elle-même, quoiqu'elle soit la créature la plus excellente et qu'elle règne avec vous dans le Ciel.

10. Souvent vous m'avez amenée à la connaissance salutaire de mes défauts : et vous m'avez alors tellement épargné la confusion, que vous paraissiez pour ainsi dire considérer comme moins grave de perdre la moitié de votre royaume, que d'effrayer ma timidité enfantine. Prenant un détour plein d'adresse, vous me montriez votre aversion pour les défauts des personnes qui m'entouraient, et quand je jetais les yeux sur moi-même, je me voyais aussitôt bien plus coupable : votre douce lumière avait donc éclairé ma conscience, sans qu'un signe de votre part ait pu me faire supposer que vous aviez même remarqué en moi un défaut capable de vous contrister.

11. De plus, ô Seigneur, vous m'avez fait entrevoir les grâces innombrables dont vous combleriez les derniers jours de mon exil, et les ineffables douceurs qui me sont réservées dans la céleste patrie. Cette vue a tellement réjoui mon âme, que pour ce seul bienfait je devrais m'attacher éternellement à vous par une invincible espérance. Mais l'océan sans bornes de votre tendresse ne devait pas être encore épuisé ; lorsque je vous priais pour les pécheurs et pour les âmes qui m'entouraient, vous exauciez si fréquemment mes demandes, que, sachant l'incrédulité du cœur humain, j'hésitais à redire vos bienfaits à mes amis les plus intimes.

12. Enfin vous m'avez donné pour avocate votre très douce Mère la bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu'en mettrait un époux à confier à sa propre aère l'épouse qu'il s'est choisie1. Souvent vous députiez pour mon service spécial les plus nobles princes de votre cour céleste, non seulement les anges et les archanges, mais aussi les ministres des plus hautes hiérarchies. Votre bonté les choisissait, ô Seigneur, suivant l'harmonie de leurs aptitudes particulières et de mes besoins spirituels. Lorsqu'il vous plaisait, pour le bien de mon âme, de me sevrer en partie de vos délices, aussitôt par une lâche et honteuse ingratitude j'oubliais toutes vos faveurs comme si elles n'avaient aucun prix, jusqu'au moment où, touchée de repentir et revenant à vous, je vous priais de me rendre le bien que j'avais perdu ou de le remplacer par un autre. Aussitôt vous me le remettiez intact, comme si je l'avais soigneusement déposé dans votre sein avec intention de le reprendre un jour.

13. La plus merveilleuse de ces grâces est celle que je reçus spécialement au saint jour de la Nativité, au dimanche Esto mihi, et un autre dimanche après la Pentecôte. En ces jours vous m'avez ravie dans une telle union avec vous, que j'estime un miracle d'avoir pu vivre ensuite ici-bas comme une simple mortelle. J'ajouterai, pour ma honte et confusion, qu'après un si grand bienfait, je ne m'appliquai pas encore selon tout mon pouvoir à la correction de mes défauts.

14. Mais tout cela n'a pu tarir la source de vos miséricordes, ô Jésus, vous qui, entre tous ceux qui aiment, êtes le plus aimant, car vous savez aimer gratuitement et en vérité, vos indignes créatures.

15. En effet, quand, peu de temps après, je commençais à ne plus m'appliquer à goûter ces faveurs dignes des applaudissements du ciel et de la terre, (car le Dieu de suprême Majesté s'abaissait vers la dernière des créatures), vous avez daigné, ô Dispensateur, Rénovateur et Conservateur de tout bien, secouer ma torpeur et exciter ma reconnaissance, en révélant les grâces dont j'étais comblée à des personnes qui vivaient dans votre intimité. Et j'apprenais de leur bouche les secrets de mon cœur, quoiqu'eIles ne dussent rien en connaître naturellement, puisque je n'en avais parlé à personne.

16. Par ces paroles, ô mon Dieu, et par d'autres qui se représentent en même temps à ma mémoire, je vous rends ce qui est vôtre. Aidée par la vertu du Saint-Esprit, je les fais résonner sur l'instrument mélodieux de votre divin Coeur2 et je chante : A vous, Seigneur Dieu, Père adorable, louanges et actions de grâces de la part de tout ce qui est au ciel, sur la terre et dans les enfers, de la part de tout ce qui a été, de ce qui est et sera à jamais !

17. Et comme l'or au milieu des couleurs diverses se distingue par son éclat, et comme la couleur noire paraît sombre parmi les autres parce qu'elle est la plus éloignée de l'éclat de l'or, je dévoilerai ici ce qui est mien, c'est-à-dire j'opposerai la noirceur de ma vie coupable à vos innombrables et éclatants bienfaits. Vous répandiez vos dons sur mon âme en proportion de votre divine et royale libéralité ; et je les recevais avec la rusticité de mon naturel, comme une vile esclave qui gâte tout ce qu'elle touche. Mais votre royale mansuétude semblait n'en rien voir, et continuait à répandre sur moi ses faveurs. Lors donc que vous reposiez dans le très doux sein du Père comme dans un céleste palais, vous avez daigné descendre pour habiter ma pauvre demeure; et moi, hôtesse négligente et grossière, je cherchais si peu à vous plaire, que j'aurais dû mieux traiter par simple humanité un pauvre lépreux qui, après m'avoir accablée d'injures et d'outrages, eût été forcé de me demander asile.

18. O Créateur des astres, j'ai reçu vos immenses bienfaits, c'est-à-dire les douces joies de l'âme, la marque de vos très saintes plaies, la révélation de vos secrets, les familières caresses de votre amour. En tout cela j'ai goûté plus de joies spirituelles que le monde n'eût procuré de satisfaction à mes sens, si je l'avais parcouru de l'Orient à l'Occident. Cependant je vous ai outragé avec la dernière ingratitude, en méprisant ces faveurs pour rechercher les jouissances extérieures, et préférer les oignons d'Égypte à la douceur de votre manne céleste. J'ai étouffé en moi les fruits de l'espérance en me défiant de vos promesses, ô Dieu de vérité, j'ai agi comme si vous eussiez été un homme menteur et infidèle à sa parole. Lorsque vous vous incliniez avec bonté pour exaucer mes indignes prières, j'endurcissais mon cœur à ce point (et je dis ceci avec larmes) que je feignais de ne pas comprendre votre volonté, pour que les remords de ma conscience ne pussent me contraindre à l'accomplir.

19. Tandis que vous m'aviez assuré les suffrages de votre glorieuse Mère et des esprits bienheureux, moi, misérable, j'ai cherché les suffrages de mes amis d'ici-bas, au lieu de compter sur vous seul. Malgré mes fautes, vous me laissiez tous vos dons dans leur intégrité, j'aurais donc dû justement concevoir une grande reconnaissance et éviter toutes ces négligences ; mais au contraire je mettais une malice presque diabolique à vous rendre le mal pour le bien, et je semblais prendre plus d'audace pour vivre à ma guise.

20. Ma plus grande faute cependant, c'est qu'après une union aussi incompréhensible avec vous, union connue de vous seul, je n'ai pas craint de souiller encore mon âme par les mêmes défaillances. Cependant vous ne me laissiez ces défauts que pour me donner occasion de les combattre, d'en triompher moyennant votre secours, et de jouir éternellement avec vous dans le Ciel d'une gloire plus grande. Je n'ai pas même été sans reproche lorsque, pour exciter en moi des sentiments de reconnaissance, je découvrais à vos amis les secrets de mon âme, car, négligeant le but que vous souhaitiez atteindre, je recherchais parfois une satisfaction tout humaine et je négligeais le devoir de la reconnaissance.

21. Et maintenant, ô vous qui avez créé mon cœur, souffrez que mes gémissements s'élèvent jusqu'au ciel pour l'expiation de toutes ces fautes et d'autres encore dont je pourrais me souvenir. Recevez l'expression de ma douleur à la vue de ces trop nombreuses infidélités par lesquelles j'ai offensé votre divine clémence. Recevez-la, avec cette compassion et cet amour infini que Vous nous avez. révélés par votre Fils très aimé dans l'unité du Saint-Esprit, et que le ciel, la terre et les enfers proclament tous ensemble. Puisque je suis incapable de produire de dignes fruits de pénitence, j'implore votre bonté, ô mon très doux Amant, pour que vous inspiriez le désir de me venir en aide à des personnes tellement unies à vous par une amoureuse fidélité, qu'elles apaisent votre justice en lui offrant l'holocauste de propitiation. Par leurs soupirs, leurs prières et leurs bonnes oeuvres, puissent-elles réparer mon infidélité à répondre à vos bienfaits, et vous rendre, ô mon Dieu, la gloire qui n'est due qu'à vous. Vous connaissez le fond de mon cœur, et vous n'ignorez pas que seul le pur amour de votre gloire m'a contrainte à écrire ces pages. Que ceux qui les liront après ma mort soient touchés de cette bonté infinie qui vous força à descendre vers l'abîme de ma misère, et à déposer vos dons si élevés dans une âme qui devait, hélas ! ne pas les estimer à leur valeur.

22. Mais je rends grâces selon mon pouvoir à votre divine miséricorde, ô Créateur et Réparateur des êtres, pour cette faveur de votre inépuisable tendresse. Ne m'avez-vous pas assuré que tout homme, même pécheur, recevrait une récompense spéciale s'il voulait, en mémoire de moi, pour votre gloire et selon l'intention indiquée plus haut, prier pour les pécheurs, rendre grâces pour les élus ou accomplir quelque bonne oeuvre avec dévotion ? Cette récompense consisterait à ne sortir de ce monde qu'après vous être devenu agréable, et vous avoir offert en son cœur les délices de l'intimité ? Pour un tel bien, soit à vous, ô mon Dieu, cette louange éternelle qui, procédant de l'Amour incréé, reflue perpétuellement en vous-même !

1. Voir au Livre III, ch. I

2. C'est ici que sainte Gertrude marque expressément le rôle assigné au Sacré-Cœur pour le bonheur du monde : tel est l'enseignement qui lui fut donné directement ainsi qu'à sainte MechtiIde dans les révélations dont elles furent favorisées.

CHAPITRE XXIV.

OFFRANDE DU PRÉSENT ÉCRIT.

1. Vous aviez confié à mon indignité, ô très aimé Seigneur, le précieux talent de votre divine familiarité, et voici que pour votre amour et le zèle de votre gloire je vous le rends par cet écrit et par ceux qui vont suivre. J'espère, et j'ose même affirmer, en m'appuyant sur votre grâce, que nul autre motif ne m'a poussée à écrire et à dévoiler ces choses, si ce n'est l'obéissance à votre volonté, le désir de votre gloire et le zèle des âmes. Vous êtes témoin de mon ardeur à vous louer et à vous rendre grâces pour cette incommensurable bonté qui n'a pas repoussé mon indignité. Puissiez-vous être glorifié si d'autres âmes, en lisant ces pages, sont charmées par la douceur de votre amour, et attirées à jouir dans votre intimité d'un bonheur plus grand encore. Ceux qui étudient commencent par apprendre l'alphabet pour arriver ensuite à la philosophie ; qu'ainsi ces descriptions et ces images amènent les âmes à goûter en elles-mêmes cette manne cachée qui ne peut être connue qu'au moyen des figures, mais dont celui-là seul a encore faim, qui déjà en a goûté.

2. Seigneur tout-puissant, dispensateur de tous les biens, daignez donc nous rassasier largement tandis que nous parcourons ce chemin de l'exil, jusqu'à ce que, contemplant sans voile la gloire du Seigneur, nous soyons transformés en la même image. de clarté en clarté, comme par votre Esprit très suave. (II Cor., III, 18.)

3. En attendant, selon votre fidèle promesse et l'humble désir de mon cœur, veuillez accorder à tous ceux qui par humilité liront ces écrits, de glorifier votre divine condescendance, d'avoir compassion de mon indignité, et de désirer leur propre avancement. Que de ces cœurs brûlants d'amour et semblables à des encensoirs d'or monte vers vous, ô mon Dieu, un très doux parfum qui répare surabondamment ma négligence et mon, ingratitude. Amen.

FIN DU SECOND LIVRE

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